L'ORIGINE D'URANTIA
EN offrant pour les annales d'Urantia des extraits des archives de
Jérusem concernant les antécédents et l'histoire primitive de cette
planète, nous avons été invités à évaluer le temps en termes d'usage
courant -- selon le calendrier urantien comportant des années moyennes de
trois cent soixante-cinq jours un quart. En règle générale, nous
n'essayerons pas de donner des nombres exacts d'années, bien qu'ils soient
connus. Nous utiliserons les nombres entiers les plus voisins, car c'est
la meilleure méthode pour présenter ces faits historiques.
Quand nous évoquerons un événement vieux de un ou deux millions
d'années, nous le daterons de ce nombre d'années comptées en remontant
dans le temps, et en prenant pour point de départ les premières décennies
du vingtième siècle de l'ère chrétienne. Nous décrirons donc le
déroulement de ces événements lointains selon des périodes arrondies en
milliers, en millions, et en milliards d'années.
1. -- LA NÉBULEUSE D'ANDRONOVER
Urantia a son origine dans votre soleil, et votre soleil est l'un des
multiples produits de la nébuleuse d'Andronover qui fut jadis organisée
comme partie composante du pouvoir matériel et de la matière physique de
l'univers local de Nébadon. Cette grande nébuleuse elle-même prit
naissance dans la charge de force universelle de l'espace du superunivers
d'Orvonton à une époque lointaine, fort lointaine.
Au moment où commence ce récit, les Maîtres Organisateurs de Force
Primaire du Paradis avaient depuis longtemps la maîtrise complète des
énergies spatiales qui furent plus tard organisées sous forme de la
nébuleuse d'Andronover.
Il y a 987 milliards d'années, l'organisateur de force associé, qui
était alors l'inspecteur adjoint numéro 811.307 de la série d'Orvonton et
voyageait hors d'Uversa, rendit compte aux Anciens des Jours que les
conditions de l'espace étaient favorables pour inaugurer des phénomènes de
matérialisation dans un certain secteur du segment, alors oriental, d'Orvonton.
Il y a 900 milliards d'années fut enregistré dans les archives d'Uversa
un permis délivré par le Conseil d'Equilibre d'Uversa au gouvernement du
superunivers, autorisant à envoyer un organisateur de force et son
personnel dans la région désignée auparavant par l'inspecteur numéro
811.307. Les autorités d'Orvonton chargèrent le premier explorateur de cet
univers en puissance d'exécuter l'ordre des Anciens des Jours prévoyant
l'organisation d'une nouvelle création matérielle.
L'enregistrement de cette autorisation signifie que l'organisateur de
force et son personnel avaient déjà quitté Uversa pour leur long voyage
vers le secteur d'espace oriental où par la suite, ils devaient
entreprendre des activités prolongées se terminant par l'émergence d'une
nouvelle création physique dans Orvonton.
Il y a 875 milliards d'années, la formation de l'énorme nébuleuse d'Andronover,
numéro 876.926, fut dûment entreprise. Seule la présence de à
l'organisateur de force et de son personnel de liaison était nécessaire
pour déclencher le tourbillon d'énergie qui devait finalement se
transformer en ce vaste cyclone spatial. A la suite du déclenchement de
ces rotations nébulaires, les organisateurs de force vivants se retirèrent
perpendiculairement au plan du disque en rotation; ensuite, les qualités
inhérentes à l'énergie assurèrent l'évolution progressive et ordonnée du
nouveau système physique.
A partir de cette époque, l'exposé passe aux agissements des
personnalités du superunivers. En réalité, c'est alors que se situe le
véritable commencement de l'histoire -- à peu près exactement au moment où
les organisateurs de force du Paradis s'apprêtèrent à se retirer après
avoir préparé les conditions de l'énergie spatiale pour l'activité des
directeurs de pouvoir et des contrôleurs physiques du superunivers d'Orvonton.
2. -- LE STADE NÉBULAIRE PRIMAIRE
Toutes les créations matérielles évolutionnaires naissent de nébuleuses
gazeuses et circulaires, et toutes ces nébuleuses primaires sont
circulaires pendant la première partie de leur existence gazeuse. A mesure
qu'elles vieillissent, elles deviennent généralement spirales, et quand
leur fonction formatrice de soleils a terminé son cours, elles prennent
souvent la forme finale d'amas d'étoiles ou d'énormes soleils entourés
d'un nombre variable de planètes, de satellites, et de formations
matérielles moindres, ressemblant sous bien des rapports à votre propre
minuscule système solaire.
Il y a 800 milliards d'années, la création avait bien pris corps, et
Andronover apparaissait comme l'une des magnifiques nébuleuses primaires
d'Orvonton. Quand les astronomes des univers voisins analysèrent ce
phénomène de l'espace, ils y virent très peu de choses susceptibles
d'attirer leur attention. Les estimations de gravité faites dans les
créations adjacentes indiquaient que des matérialisations spatiales
prenaient place dans la région d'Andronover, mais c'était tout.
Il y a 700 milliards d'années, le système d'Andronover atteignit des
proportions gigantesques, et des contrôleurs physiques supplémentaires
furent envoyés sur neuf créations matérielles environnantes pour fournir
leur appui et apporter leur concours aux centres de pouvoir du nouveau
système matériel qui évoluait si rapidement. A cette époque lointaine,
tous les matériaux légués aux créations subséquentes étaient contenus dans
les limites de cette immense roue spatiale qui continuait à tourner et
qui, après avoir atteint son diamètre maximum, tournait de plus en plus
vite à mesure quelle se condensait et se contractait.
Il y a 600 milliards d'années, l'apogée de la période de mobilisation
énergétique d'Andronover fut atteint; la nébuleuse avait acquis son
maximum de masse. A ce moment-là, elle était un gigantesque nuage de gaz
d'une forme assez analogue à celle d'un sphéroïde aplati. Telle fut la
période initiale de formation différentielle de masse et de variation de
vitesse de rotation. La gravité et d'autres influences allaient commencer
leur oeuvre de conversion des gaz de l'espace en matière organisée.
3. -- LE STADE NÉBULAIRE SECONDAIRE
L'énorme nébuleuse commença alors à prendre peu à peu la forme spirale
et à devenir nettement visible pour les astronomes des univers même
lointains. C'est l'histoire naturelle de la plupart des nébuleuses; avant
qu'elles ne commencent à projeter des soleils et à former un univers, ces
nébuleuses spatiales secondaires sont généralement observées sous l'aspect
de phénomènes spiraux.
En observant cette métamorphose de la nébuleuse d'Andronover, les
astronomes de cette époque lointaine habitant dans des univers voisins
virent exactement ce que voient les astronomes du XXième siècle quand ils
tournent leurs télescopes vers l'espace et examinent les nébuleuses
spirales actuelles de l'espace extérieur adjacent.
Au moment où le maximum de masse fut atteint, le contrôle de gravité du
contents gazeux commença à faiblir; il s'ensuivit une phase d'échappement
des gaz, le gaz jaillissant sous forme de deux bras gigantesques et
distincts qui partirent de deux côtés opposés de la masse more. La
rotation rapide de l'énorme noyau central donna bientôt un aspect spiroïde
aux deux courants de gaz jaillissants. Le refroidissement et la
condensation subséquente de portions de ces bras saillants leur donna
finalement leur aspect noueux. Ces portions plus denses étaient de vastes
systèmes et sous-systèmes de matière physique tourbillonnant dans l'espace
au milieu du nuage gazeux de la nébuleuse, tout en restant fermement
maintenus sous l'emprise gravitationnelle de la roue more.
Mais la nébuleuse avait commencé à se contracter, et l'accroissement de
sa vitesse de rotation réduisit encore le contrôle de la gravité. Peu
après, les régions gazeuses extérieures commencèrent effectivement à
échapper à l'emprise immédiate du noyau nébulaire, sortant dans l'espace
suivant des circuits de contour irrégulier, revenant aux régions
nucléaires pour boucler leurs circuits, et ainsi de suite. Mais ce n'était
qu'une phase temporaire de la progression nébulaire. La vitesse toujours
croissante du tourbillon devait bientôt lancer dans l'espace d'énormes
soleils sur des circuits indépendants.
C'est ce qui se produisit pour Andronover dans des âges extrêmement
lointains. La roue d'énergie s'accrut et grandit jusqu'à ce quelle eut
atteint son maximum d'expansion; alors, quand la contraction survint, elle
tourbillonna de plus en plus vite jusqu'au moment où la phase centrifuge
critique fut atteinte et où la grande dislocation commença.
Il y a 500 milliards d'années, le premier soleil d'Andronover naquit.
Ce rayon flamboyant échappa à l'emprise de la gravité maternelle et, une
fois séparé, se lança dans l'espace vers une aventure indépendante dans le
cosmos de la création. Son orbite fut déterminée par le tracé de sa fuite.
Les jeunes soleils de ce type deviennent rapidement sphériques et
commencent leur longue carrière mouvementée d'étoiles de l'espace. A
l'exception des noyaux nébulaires terminaux, la grande majorité des
soleils d'Orvonton naquit d'une façon semblable. Les soleils éjectés
passent par diverses périodes d'évolution et de service universel
subséquent.
Il y a 400 milliards d'années, la nébuleuse d'Andronover entra dans sa
période de recaptation. Beaucoup de petits soleils proches furent recaptés
à la suite de l'agrandissement progressif et d'une nouvelle condensation
du noyau-mère. Bientôt fut inaugurée la phase terminale de condensation
nébulaire, période qui précède toujours le fractionnement final de ces
immenses agrégats spatiaux d'énergie et de matière.
A peine un million d'années après cette époque, Micaël de Nébadon, un
Fils Créateur du Paradis, choisit cette nébuleuse en désintégration pour
cadre de son aventure dans la construction d'un univers. Presque
immédiatement commença la création des mondes architecturaux de Salvington
et des groupes planétaires, sièges des cent constellations. A fallut
presque un million d'années pour achever ces rassemblements de mondes
spécialement créés. Les planètes-sièges des systèmes locaux furent
construites au cours d'un laps de temps s'étendant de cette époque jusqu'à
cinq milliards d'années environ avant l'ère chrétienne.
Il y a 300 milliards d'années, les circuits solaires d'Andronover
étaient bien établis, et le système nébulaire passait par une période
transitoire de stabilité physique relative. A peu près à cette époque,
l'état-major de Micaël arriva sur Salvington, et le gouvernement d'Uversa,
capitale d'Orvonton, reconnut officiellement l'existence physique de
l'univers local de Nébadon.
Il y a 200 milliards d'années, la contraction et la condensation d'Andronover
progressèrent avec un énorme engendrement de chaleur dans son amas
central, ou masse nucléaire. Il apparut de l'espace relatif même dans les
régions voisines du centre de la roue-mère. Les régions extérieures
devenaient plus stables et mieux organisées; quelques planètes tournant
autour des soleils nouveau-nés s'étaient suffisamment refroidies pour
convenir à l'implantation de la vie. Les plus anciennes planètes habitées
de Nébadon datent de cette époque.
Maintenant, le mécanisme universel parachevé de Nébadon commençait à
fonctionner pour la première fois, et la création de Micaël fut
enregistrée sur Uversa en tant qu'univers d'habitation et d'ascension
humaine progressive.
Il y a 100 milliards d'années, la tension de condensation parvint à son
apogée; le point maximum de tension calorifique était atteint. Ce stade
critique de la lutte entre la chaleur et la gravité dure parfois pendant
des âges mais, tôt ou tard, la chaleur gagne la bataille sur la gravité et
la période spectaculaire de la dispersion des soleils commence. Cela
marque la fin de la carrière secondaire d'une nébuleuse de l'espace.
4. -- LES STADES TERTIAIRE ET QUATERNAIRE
Le stade primaire d'une nébuleuse est circulaire; le secondaire est
spiral; le stade tertiaire est celui de la première dispersion des
soleils, tandis que le quaternaire comprend le second et dernier cycle de
dispersion solaire au cours duquel le noyau-mère finit soit comme un amas
globulaire, soit comme un soleil solitaire fonctionnant comme centre d'un
système solaire terminal.
Il y a 75 milliards d'années, Andronover avait atteint l'apogée de son
stade de famille solaire. Ce fut le point culminant de la première période
de pertes solaires. Depuis lors, la plupart de ces soleils sont eux-mêmes
entrés en possession de systèmes étendus de planètes, de satellites,
d'îles obscures, de comètes, de météorites, et de nuages de poussière
cosmique.
Il y a 50 milliards d'années, la première période de dispersion solaire
était achevée; la nébuleuse terminait rapidement son cycle tertiaire
d'existence au cours duquel elle donna naissance à 876.926 systèmes
solaires.
L'époque d'il y a 25 milliards d'années fut témoin de l'achèvement du
cycle tertiaire de la vie nébulaire, et amena l'organisation et la
stabilisation relative des immenses systèmes stellaires dérivés de la
nébuleuse ancestrale. Mais le phénomène de contraction physique et de
production de chaleur accrue se poursuivit dans la masse centrale du
résidu nébulaire.
Il y a 10 milliards d'années commença le cycle quaternaire d'Andronover.
Le maximum de température de la masse nucléaire avait été atteint; le
point critique de condensation approchait. le noyau-mère originel se
convulsait sous la pression conjuguée de la tension de condensation de sa
propre chaleur interne et de l'attraction gravitationnelle-cyclique
croissante de l'essaim environnant de systèmes solaires libérés. Les
éruptions nucléaires qui devaient inaugurer le second cycle nébulaire de
dispersion solaire étaient imminentes. Le cycle quaternaire de l'existence
nébulaire allait commencer.
Il y a 8 milliards d'années débuta la colossale éruption terminale.
Seuls les systèmes extérieurs sont à l'abri au moment d'un tel
bouleversement cosmique. Ce fut le commencement de la fin de la nébuleuse.
Ce dégorgement final de soleils s'étendit sur une période de presque deux
milliards d'années.
L'époque d'il y a 7 milliards d'années marqua l'apogée de la
dislocation finale d'Andronover. Ce fut la période où naquirent les plus
grands soleils terminaux et où les perturbations physiques locales
atteignirent leur maximum.
L'époque d'il y a 6 milliards d'années marque la fin de la dislocation
terminale et la naissance de votre soleil, le cinquante-sixième
avant-dernier de la seconde famille solaire d'Andronover. L'éruption
finale du noyau nébulaire engendra 136.702 soleils, la plupart d'entre eux
étant des globes solitaires. Le nombre total de soleils et de systèmes
solaires issus de la nébuleuse d'Andronover fut de 1.013.128. Le système
solaire d'Urantia porte le numéro 1.013.572.
Désormais la grande nébuleuse d'Andronover n'existe plus, mais elle vit
toujours dans les nombreux soleils et les familles planétaires qui ont
leur origine dans ce nuage-mère de l'espace. Le dernier résidu nucléaire
de cette magnifique nébuleuse brûle encore avec une lueur rougeâtre et
continue à répandre une lumière et une chaleur modérées sur sa famille
planétaire résiduaire de cent soixante-cinq mondes, qui tournent encore
autour de cette vénérable mère de deux puissantes générations de monarques
de lumière.
5. -- L'ORIGINE DE MONMATIA -- LE
SYSTÈME SOLAIRE D'URANTIA
Il y a 5 milliards d'années, votre soleil était un globe incandescent
relativement isolé, qui avait recueilli en lui la majeure partie de la
matière circulant dans l'espace proche, les résidus du récent
bouleversement qui avait accompagné sa naissance.
Aujourd'hui, votre soleil a atteint une stabilité relative, mais les
cycles de onze ans et demi des tâches solaires rappellent qu'il était dans
sa jeunesse une étoile variable. Durant les premiers temps de votre
soleil, la contraction continuelle et l'élévation graduelle de la
température qui s'ensuivait provoquèrent d'immenses convulsions à sa
surface. Il fallait trois jours et demi à ces soulèvements titanesques
pour accomplir un cycle de changements d'éclat. Cet état variable, cette
pulsation périodique, rendirent votre soleil extrêmement sensible à
certaines influences extérieures qu'il devait bientôt rencontrer.
Ainsi le cadre de l'espace local était prêt pour l'origine
exceptionnelle de Monmatia, nom de la famille planétaire de votre soleil,
le système solaire auquel appartient votre monde. Moins de un pour cent
des systèmes planétaires d'Orvonton ont eu une origine semblable.
Il y a 4 milliards et demi d'années, l'énorme système d'Angona commença
à s'approcher de votre soleil isolé. Le centre de ce grand système était
un géant obscur de l'espace, solide, puissamment chargé, et possédant une
prodigieuse force d'attraction gravitationnelle.
A mesure qu'Angona s'approchait davantage du soleil, et aux pointes
d'expansion des pulsations solaires, des torrents de matière gazeuse
étaient projetés dans l'espace comme de gigantesques langues solaires. Au
début, ces langues de gaz incandescent retombaient invariablement sur le
soleil, mais à mesure qu'Angona se rapprochait, l'attraction
gravitationnelle de ce gigantesque visiteur devint si forte que les
langues de gaz se brisèrent en certains points, les racines retombant sur
le soleil tandis que les parties extérieures s'en détachaient pour former
des corps matériels indépendants, des météorites solaires, qui se
mettaient immédiatement à tourner autour du soleil sur leur propre orbite
elliptique.
A mesure que le système d'Angona se rapprochait, les épanchements
solaires devinrent de plus en plus importants; une quantité croissante de
matière fut extraite du soleil pour former des corps indépendants
circulant dans l'espace environnant. Cette situation se développa pendant
environ cinq cent mille ans, jusqu'à ce qu'Angona ait atteint son point le
plus rapproché du soleil; sur quoi, en conjonction avec une de ses
convulsions internes périodiques, le soleil subit une dislocation
partielle. Aux antipodes l'un de l'autre et simultanément, d'énormes
volumes de matière se dégorgèrent. Du côté d'Angona une grande colonne de
gaz solaires fut attirée; ses deux extrémités étaient plutôt effilées et
son centre nettement renflé; elle échappa définitivement au contrôle
gravitationnel immédiat du soleil.
Cette grande colonne de gaz solaires, ainsi séparée du soleil, évolua
ensuite en formant les douze planètes du système solaire. Le gaz éjecté
par contre-coup du côté opposé du soleil, en synchronisme cyclique avec la
gigantesque protubérance ancestrale du système planétaire, s'est condensé
depuis lors en formant les météores et la poussière spatiale du système
solaire. Toutefois, une grande, une très grande quantité de cette matière
fut recaptée ultérieurement par la gravité solaire à mesure que le système
d'Angona s'éloignait dans les profondeurs de l'espace.
Bien qu'Angona ait réussi à arracher les matériaux ancestraux des
planètes du système solaire et l'énorme volume de matière qui circule
actuellement autour du soleil sous forme d'astéroïdes et de météorites, il
ne parvint pas à s'emparer lui-même d'une partie quelconque de cette
matière solaire. Le visiteur ne passa pas tout à fait assez près pour
dérober la moindre substance à votre soleil, mais il s'en approcha
suffisamment pour attirer dans l'espace intermédiaire toute la matière
composant son système planétaire actuel.
Les cinq planètes intérieures et les cinq planètes extérieures se
formèrent bientôt en miniature à partir des noyaux en voie de
refroidissement et de condensation dans les extrémités effilées et moins
volumineuses de la gigantesque protubérance de gravité qu'Angona avait
réussi à détacher du soleil, tandis que Saturne et Jupiter se formèrent à
partir des portions centrales plus volumineuses et plus renflées. La
puissante attraction gravitationnelle de Jupiter et de Saturne capta
bientôt la plupart des matériaux dérobés à Angona, comme l'atteste le
mouvement rétrograde de certains de leurs satellites.
Jupiter et Saturne, du fait qu'ils avaient tiré leur origine du centre
même de l'énorme colonne de gaz solaires surchauffés, contenaient
tellement de matériaux solaires à haute température qu'ils brillaient
d'une lumière éclatante et émettaient d'énormes quantités de chaleur; ils
furent en réalité des soleils secondaires durant la brève période qui
suivit leur formation en tant que corps spatiaux distincts. Ces deux
planètes, les plus grosses du système solaire, sont restées largement
gazeuses jusqu'à ce jour, n'ayant même pas encore refroidi au point de se
solidifier ou de se condenser complètement.
Les noyaux de contraction gazeuse des dix autres planètes atteignirent
bientôt le stade de la solidification, et commencèrent ainsi à attirer à
eux des quantités croissantes de la matière météoritique circulant dans
l'espace environnant. Les mondes du système solaire eurent donc une double
origine: des noyaux de condensation gazeuse, accrus plus tard par la
capture d'énormes quantités de météorites. Ils continuent du reste à
capter des météorites, mais en beaucoup moins grand nombre.
Les planètes ne tournent pas autour du soleil dans le plan équatorial
de leur mère solaire, ce qu'elles feraient si elles avaient été rejetées
par la force centrifuge de sa rotation. Elles circulent plutôt dans le
plan de la protubérance solaire causée par Angona, plan qui formait un
angle accentué avec celui de l'équateur solaire.
Si Angona fut incapable de capter la moindre partie de la masse
solaire, votre soleil, lui, ajouta à sa famille de planètes en cours de
métamorphose certains matériaux circulant dans l'orbite du système
visiteur. Vu l'intensité du champ gravitationnel d'Angona, les planètes
tributaires de sa famille décrivaient leurs orbites à une distance
considérable du géant obscur. Peu après l'épanchement de la masse
ancestrale de votre système planétaire, et tandis qu'Angona était encore à
proximité du soleil, trois planètes majeures du système d'Angona passèrent
tout près de Jupiter, l'ancêtre massif de votre système planétaire. Son
attraction gravitationnelle augmentée de celle du soleil, fut suffisante
pour l'emporter sur l'emprise de gravité d'Angona et pour détacher
définitivement ces trois tributaires du vagabond céleste.
Tous les matériaux du système solaire dérivés du soleil circulaient
originellement sur des orbites de direction homogène. Sans l'intrusion de
ces trois corps spatiaux étrangers, tous les matériaux du système solaire
auraient toujours gardé la même direction de mouvement orbital. Quoi qu'il
en soit, l'impact des trois tributaires d'Angona injecta dans le système
solaire émergent de nouvelles forces directionnelles d'origine étrangère,
d'où l'apparition de mouvements rétrogrades. Dans tout système
astronomique, le mouvement rétrograde est toujours accidentel et apparaît
toujours à la suite de l'impact dû à la collision de corps spatiaux
étrangers. Les collisions ne produisent pas toujours un mouvement
rétrograde, mais nul mouvement rétrograde n'apparaît jamais ailleurs que
dans un système contenant des masses d'origines diverses.
6. -- LE STADE DU SYSTÈME SOLAIRE L'ÈRE DE
FORMATION DES PLANETES. |
Une période de diminution des décharges solaires suivit la naissance du
système. Durant une autre période de cinq cent mille ans, le soleil
continua à déverser des volumes décroissants de matière dans l'espace
environnant. Mais à cette époque primitive des orbites erratiques, quand
les corps environnants se trouvaient à leur périhélie, l'ancêtre solaire
était capable de recapter une grande partie de leurs matériaux
météoriques.
Les planètes les plus proches du soleil furent les premières à avoir
leur rotation ralentie par les frottements cycliques. Ces influences
gravitationnelles contribuent également à stabiliser les orbites
planétaires en freinant le rythme de rotation des planètes sur
elles-mêmes; de ce fait, les planètes tournent de plus en plus lentement
jusqu'à ce que leur rotation axiale s'arrête. Cela laisse un hémisphère de
la planète constamment tourné du côté du soleil ou du corps le plus grand,
comme le montrent les exemples de la planète Mercure et de la Lune, cette
dernière présentant toujours la même face à Urantia.
Quand les frottements cycliques de la Lune et de la Terre seront
égalisés, la Terre présentera toujours le même hémisphère à la Lune. Le
jour lunaire équivaudra alors au mois lunaire, avec une durée d'environ 47
jours terrestres. Quand cette stabilité des orbites sera atteinte, les
frottements cycliques agiront en sens inverse, cessant d'écarter la Lune
de la Terre et attirant au contraire progressivement le satellite vers la
planète. Alors, dans le lointain futur où la Lune se rapprochera à environ
dix huit mille kilomètres de la Terre, la force gravitationnelle de cette
dernière provoquera la dislocation de la Lune, et cette explosion de
gravité cyclique réduira la Lune en petites particules. Celles-ci pourront
se rassembler autour d'Urantia sous forme d'anneaux de matière semblables
à ceux de Saturne ou être attirées progressivement sur Urantia sous forme
de météorites.
Si des corps spatiaux ont la même taille et la même densité, des
collisions peuvent se produire. Mais si deux corps spatiaux de densité
semblable ont une taille relativement inégale, quand le plus petit se
rapproche progressivement du plus grand, le plus petit se désintègre dès
que le rayon de son orbite devient inférieur à deux fois et demie le rayon
du corps le plus grand. En fait, les collisions entre géants de l'espace
sont rares, mais les explosions cycliques gravitationnelles des corps plus
petits sont fréquentes.
Les étoiles filantes se manifestent en essaims parce qu'elles sont des
fragments de corps matériels disloqués par la gravité cyclique exercée par
des corps spatiaux voisins et plus grands. Les anneaux de Saturne sont les
fragments d'un satellite désintégré. L'une des lunes de Jupiter s'approche
maintenant dangereusement de la zone critique de dislocation cyclique;
d'ici quelques millions d'années, elle sera soit réclamée par la planète,
soit soumise à la désintégration cyclique due à la gravité. Il y a
longtemps, très longtemps, la cinquième planète de votre système solaire
parcourut une orbite irrégulière, se rapprochant périodiquement de
Jupiter, et finit par entrer dans la zone critique de dislocation
cyclique-gravitationnelle. Elle fut alors rapidement fragmentée et devint
l'essaim actuel des astéroïdes.
Il y a 4 milliards d'années eut lieu l'organisation des systèmes de
Jupiter et de Saturne sous une forme très semblable à celle d'aujourd'hui,
sauf pour leurs lunes dont la taille continua de croître pendant plusieurs
milliards d'années. En fait, toutes les planètes et tous les satellites du
système solaire s'accroissent encore aujourd'hui par des captures
météoriques continuelles.
Il y a 3 milliards et demi d'années, les noyaux de condensation des dix
autres planètes étaient bien formés, et ceux de la plupart des lunes
étaient intacts, bien que plusieurs petits satellites se soient ensuite
réunis pour former les plus grosses lunes d'aujourd'hui. On peut
considérer cet âge comme l'ère de l'assemblage planétaire.
Il y a 3 milliards d'années, le système solaire fonctionnait à peu près
comme aujourd'hui. La taille de ses membres continuait à croître à mesure
que les météorites spatiales affluaient à une cadence prodigieuse sur les
planètes et sur leurs satellites.
Vers cette époque, votre système solaire fut inscrit sur le registre
physique de Nébadon et reçut le nom de Monmatia.
Il y a 2 milliards et demi d'années, la taille des planètes avait
immensément grandi. Urantia était une sphère bien développée; elle avait
environ un dixième de sa masse actuelle et s'accroissait toujours
rapidement par absorption de météores.
Toute cette prodigieuse activité fait normalement partie de
l'édification d'un monde évolutionnaire de l'ordre d'Urantia; elle
constitue les préliminaires astronomiques de la mise en scène permettant
le début de l'évolution physique des mondes spatiaux qui se préparent aux
aventures vivantes du temps.
7. -- L'ÈRE MÉTÉORIQUE --
L'ÈRE VOLCANIQUE. L'ATMOSPHÈRE
PLANÉTAIRE PRIMITIVE |
Durant toute cette époque primitive, les régions spatiales du système
solaire fourmillaient de petits corps disruptifs et condensés. Faute d'une
atmosphère protectrice pour les comburer, ces corps spatiaux s'écrasaient
directement sur la surface d'Urantia. Ces impacts incessants maintenaient
la surface de la planète plus ou moins chaude, et ce phénomène, s'ajoutant
à l'action croissante de la gravité à mesure que la planète grossissait,
commença a mettre en oeuvre des influences qui amenèrent progressivement
les éléments tourds, tels que le fer, à s'accumuler de plus en plus vers
le centre de la planète.
Il y a 2 milliards d'années, la Terre commença nettement à gagner sur
la Lune. La planète avait toujours été plus grosse que son satellite, mais
il n'y avait pas une telle différence de taille avant cette époque au
cours de laquelle d'énormes corps spatiaux furent captés par la Terre.
Urantia avait alors environ un cinquième de sa taille actuelle et était
devenue assez grande pour retenir l'atmosphère primitive qui avait
commencé apparaître par suite du conflit élémental entre l'intérieur
chauffé et la croûte en voie de refroidissement.
L'activité volcanique proprement dite date de ces temps-là. La chaleur
interne de la Terre continua d'augmenter par suite de l'ensevelissement
toujours plus profond des éléments radio-actifs lourds apportés de
l'espace par les météores. L'étude de ces éléments radio-actifs révélera
que la surface d'Urantia est vieille de plus d'un milliard d'années.
L'horloge du radium est votre indicateur le plus infaillible pour évaluer
scientifiquement l'âge de la planète, mais toutes ces estimations sont
trop faibles, parce que les matériaux radioactifs disponibles pour votre
enquête viennent tous de la surface terrestre et représentent donc des
acquisitions relativement récentes d'Urantia dans ce domaine.
Il y a un milliard et demi d'années, la Terre avait les deux tiers de
sa taille actuelle, tandis que la Lune approchait de sa masse présente.
L'avance rapide de la Terre sur la Lune quant à la taille lui permit de
dérober lentement le peu d'atmosphère que son satellite possédait à
l'origine.
L'activité volcanique était alors à son apogée. La Terre entière était
un véritable enfer de feu; sa surface ressemblait à celle de son état
primitif de fusion avant que les métaux plus lourds n'aient gravité vers
le centre. Ce fut l'ère volcanique. Néanmoins une croûte, constituée
principalement de granit relativement plus léger, se formait
progressivement. Le cadre se préparait pour que la planète puisse un jour
entretenir la vie.
L'atmosphère planétaire primitive évoluait lentement; elle contenait
maintenant, une certaine quantité de vapeur d'eau, de l'oxyde de carbone,
du gaz carbonique, et du gaz chlorhydrique, mais il y avait peu ou pas
d'azote libre et d'oxygène libre. L'atmosphère d'un monde à l'âge
volcanique présente un spectacle étrange. En plus des gaz énumérés, elle
est lourdement chargée de nombreux gaz volcaniques. En outre, à mesure que
la ceinture atmosphérique se forme, il s'y ajoute les produits de
combustion des abondantes pluies de météores qui s'abattent constamment
sur la surface de la planète. Cette combustion des météores maintient
l'oxygène atmosphérique à un niveau proche de l'épuisement, et le rythme
des bombardements météoriques est toujours prodigieux.
Bientôt l'atmosphère devint plus stable et assez refroidie pour
inaugurer des précipitations de pluie sur la surface rocheuse brûlante de
la planète. Pendant des milliers d'années, Urantia fut enveloppée dans une
immense couche continue de vapeur. Au cours de ces âges, le soleil ne
brilla jamais sur la surface de la terre.
Une grande partie du carbone de l'atmosphère en fut soustraite pour
former les carbonates des différents métaux qui abondaient dans les
couches superficielles de la planète. Plus tard, de beaucoup plus grandes
quantités de ces gaz carbonés furent consommées par la vie prolifique des
premiers végétaux.
Au cours des périodes ultérieures, les coulées de lave persistantes et
les chutes de météorites épuisèrent presque complètement l'oxygène de
l'air. Même les premiers dépôts de l'océan primitif qui apparut bientôt ne
contenaient ni pierres ni schistes colorés. Après l'apparition de cet
océan, il n'y eut pendant longtemps pratiquement pas d'oxygène libre dans
l'atmosphère, et il n'en apparut pas en quantité notable avant que les
algues marines et d'autres formes de vie végétale n'en eussent
ultérieurement engendré.
L'atmosphère planétaire primitive de l'âge volcanique offre peu de
protection contre les impacts dus aux collisions des essaims
météoritiques. Des millions et des millions de météorites peuvent pénétrer
la couche d'air et venir s'écraser sous forme de corps solides sur la
croûte, planétaire. Mais à mesure que le temps passe, il y a de moins en
moins de météorites assez grosses pour résister au bouclier de friction
atmosphérique constamment renforcé par l'enrichissement en oxygène des
ères plus tardives.
8. -- STABILISATION DE LA CROUTE TERRESTRE
L'ÈRE DES TREMBLEMENTS DE TERRE
L'OCÉAN MONDIAL ET LE PREMIER CONTINENT |
La date du commencement effectif de l'histoire d'Urantia se situe il y
a un milliard d'années. La planète avait atteint approximativement sa
taille actuelle. A cette époque, elle fut inscrite sur les registres
physiques de Nébadon et reçut son nom, d'Urantia.
L'atmosphère, ainsi que d'incessantes précipitations d'humidité,
facilitèrent le refroidissement de la croûte terrestre. L'action
volcanique équilibra de bonne heure la pression calorifique interne et la
contraction de la croûte. Puis les volcans diminuèrent rapidement et les
tremblements de terre firent leur apparition, tandis que l'époque
d'adaptation et de refroidissement de la croûte progressait.
La véritable histoire géologique d'Urantia commença lorsque la croûte
terrestre fut assez froide pour provoquer la formation du premier océan.
Une fois que la condensation de la vapeur d'eau à la surface de la terre
en cours de refroidissement eut commencé, elle continua jusqu'à devenir
pratiquement complète. Vers la fin de cette période, l'océan recouvrait
toute la surface de la planète sur une profondeur moyenne de près de deux
kilomètres. Les marées jouaient alors presque comme aujourd'hui, mais
l'océan primitif n'était pas salé; il formait pratiquement un revêtement
d'eau douce sur l'ensemble du monde. A cette époque, la majeure partie du
chlore était combinée avec divers métaux, mais il y avait assez de chlore
combiné avec de l'hydrogène pour rendre cette eau légèrement acidulée.
Au début de cette ère lointaine, il faut considérer Urantia comme une
planète entourée d'eau. Plus tard, des coulées de lave d'origine plus
profonde, donc plus dense, débouchèrent sur le fond de l'Océan Pacifique
actuel, et cette partie de la surface recouverte d'eau s'enfonça
considérablement. La première masse de sol continental émergea de l'océan
mondial pour rétablir l'équilibre et compenser l'épaississement progressif
de la croûte terrestre.
Il y a 950 millions d'années, Urantia offrait l'image d'un grand
continent unique entouré d'une vaste nappe d'eau, l'Océan Pacifique. Les
volcans étaient toujours très nombreux et les tremblements de terre
étaient à la fois fréquents et violents. Les météorites continuaient à
bombarder la terre, mais elles diminuaient à la fois de fréquence et de
grosseur. L'atmosphère se clarifiait, mais la quantité de gaz carbonique
continuait à être importante. La croûte terrestre se stabilisait
progressivement.
C'est à cette époque qu'Urantia fut rattachée au système de Satania
pour son administration planétaire et inscrite sur le registre de vie de
la constellation de Norlatiadek. Alors commença la reconnaissance
administrative de la petite sphère insignifiante destinée à devenir la
planète sur laquelle Micaël se lancerait ultérieurement dans sa
prodigieuse entreprise d'effusion humaine et participerait aux expériences
qui depuis lors ont fait connaître localement Urantia sous le nom de
"monde de la croix."
Il y a 900 millions d'années, on vit arriver sur Urantia le premier
groupe d'explorateurs de Satania envoyé de Jérusem pour examiner la
planète et faire un rapport sur ses possibilités d'adaptation comme
station expérimentale de vie. Cette commission comportait vingt-quatre
membres et comprenait des Porteurs de Vie. des Fils Lanonandeks, des
Melchizédeks, des séraphins, et d'autres ordres de la vie céleste
s'occupant de l'organisation et de l'administration initiales des
planètes.
Après une étude soigneuse de la planète, la commission revint à Jérusem
et fit au Souverain du Système un rapport favorable, recommandant
d'inscrire Urantia sur le registre d'expérience de la vie. Votre monde fut
donc enregistré à Jérusem comme planète décimale, et l'on notifia aux
Porteurs de Vie qu'ils recevraient la permission d'instituer de nouveaux
modèles de mobilisation mécanique, chimique, et électrique au moment de
leur arrivée ultérieure avec des ordres pour transplanter et implanter la
vie.
En temps voulu, des mesures pour occuper la planète furent prises par
la commission mixte des douze sur Jérusem et approuvées par la commission
planétaire des soixante-dix sur Edentia. Ces plans, proposés par le
conseil consultatif des Porteurs de Vie, furent définitivement acceptés
sur Salvington. Bientôt après, des télédiffusions de Nébadon transmirent
la nouvelle qu'Urantia deviendrait le cadre où les Porteurs de Vie
exécuteraient dans Satania leur soixantième expérience conçue pour
amplifier et améliorer le type satanien des archétypes de vie de Nébadon.
Peu après que les télédiffusions universelles eurent pour la première
fois reconnu Urantia devant tout Nébadon, on lui accorda le plein statut
de cet univers local. Bientôt après, elle fut enregistrée dans les
archives des planètes-sièges du secteur mineur d'Ensa et du secteur majeur
de Splandon; et avant la fin de cet âge, Urantia avait été inscrite sur le
registre de la vie planétaire d'Uversa, capitale du superunivers d'Orvonton.
Cet âge tout entier fut caractérisé par des orages violents et
fréquents. La croûte terrestre primitive était dans un état de flux
continuel. Le refroidissement superficiel alternait avec d'immenses flots
de lave. Nulle part sur la face de notre monde on ne peut trouver le
moindre vestige de cette croûte planétaire originelle. Elle a été mélangée
trop de fois avec des laves issues des grandes profondeurs et des dépôts
ultérieurs de l'océan mondial primitif.
Les résidus modifiés des anciennes roches pré-océaniques ne se trouvent
nulle part à la surface d'Urantia en plus grande abondance qu'au nord-est
du Canada, autour de la Baie d'Hudson. Ce vaste plateau granitique est
composé d'une roche appartenant aux âges pré-océaniques. Ces couches
rocheuses ont été chauffées, courbées, plissées, froissées, et ont subi
maintes et maintes fois ces expériences métamorphiques déformantes.
Tout au long des âges océaniques, d'énormes couches rocheuses
stratifiées dépourvues de fossiles se déposèrent sur le fond de cet océan
ancien. (Le calcaire pu se former à la suite d'une précipitation chimique;
les calcaires anciens n'ont pas tous été produits par des dépôts de vie
marine). On ne trouvera aucune trace de vie dans ces antiques formations
rocheuses; elles ne contiennent pas de fossiles à moins que des dépôts
ultérieurs, datant des âges aquatiques, ne se soient mélangés par hasard
avec ces couches plus anciennes, antérieures à la vie.
La croûte terrestre primitive était fort instable, mais les montagnes
n'étaient pas en cours de formation. La planète s'est contractée sous la
pression de la gravité à mesure quelle se formait. Les montagnes ne
résultent pas de l'effondrement de la croûte en voie de refroidissement
d'une sphère en contraction; elles apparaissent plus tard sous l'action de
la pluie, de la gravité, et de l'érosion.
La masse continentale de cette ère s'accrut jusqu'à couvrir presque dix
pour cent de la surface terrestre. Les tremblements de terre violents ne
commencèrent pas avant que la masse continentale n'eut émergé bien
au-dessus de l'eau. Une fois qu'ils eurent commencé, ils augmentèrent en
violence et en fréquence pendant des âges. Depuis bien des millions
d'années, les tremblements de terre diminuent, mais Urantia en subit
encore une moyenne de quinze par jour.
Il y a 850 millions d'années commença véritablement la première époque
de stabilisation de la croûte terrestre. La plupart des métaux lourds
avaient été attirés vers le centre du globe, et la croûte en voie de
refroidissement avait cessé de se creuser sur une échelle aussi étendue
qu'au cours des âges antérieurs. Un meilleur équilibre s'était établi
entre les remontées de terres et le fond plus dense de l'océan. Sous la
croûte terrestre, le flux de lave s'étendait à peu près dans le monde
entier, ce qui compensait et stabilisait les fluctuations dues au
refroidissement, à la contraction, et aux glissements superficiels.
La fréquence et la violence des éruptions volcaniques et des
tremblements de terre continuèrent à diminuer. L'atmosphère s'épurait des
gaz volcaniques et de la vapeur d'eau, mais le pourcentage de gaz
carbonique restait élevé.
Les perturbations électriques décroissaient aussi dans l'air et dans la
terre. Les coulées de lave avaient amené à la surface un mélange
d'éléments qui diversifièrent la croûte et isolèrent mieux la planète
contre certaines énergies spatiales. Tout ceci contribua beaucoup à
faciliter le contrôle de l'énergie terrestre et à régulariser son flux,
comme le révèle le fonctionnement des pôles magnétiques.
Il y a 800 millions d'années, on assista à l'inauguration de la
première grande époque terrestre, l'âge de l'émergence continentale
accrue.
Depuis la condensation de l'hydrosphère d'Urantia, d'abord dans l'océan
mondial, puis dans l'Océan Pacifique, il faut se représenter que cette
dernière masse d'eau couvrait les neuf dixièmes, de la surface terrestre.
Les météorites qui tombaient dans la mer s'accumulaient au fond de
l'océan, car elles sont généralement composées de matériaux denses. Celles
qui tombaient sur le sol furent fortement oxydées, puis usés par
l'érosion, et enfin entraînées dans les bassins océaniques. Le fond de
l'océan devint ainsi de plus en plus lourd, d'autant plus qu'il s,y
ajoutait le poids d'une masse d'eau profonde de seize kilomètres a
certains endroits.
La pesée croissante qui approfondissait l'Océan Pacifique continua
d'agir pour surélever les masses terrestres continentales. L'Europe et
l'Afrique commencèrent à émerger des profondeurs du Pacifique en même
temps que les masses appelées maintenant Australie, Amérique du Nord et du
Sud, et Continent Antarctique, tandis que le lit de l'Océan Pacifique
continuait à s'enfoncer pour compenser ce mouvement. A la fin de cette
période, les terres émergées constituaient presque un tiers de la surface
du globe et ne formaient qu'une seule masse continentale.
Cet accroissement de l'élévation des terres entraîna les premières
différences climatiques de la planète. Elévation du sol, nuages cosmiques,
et influences océaniques sont les principaux facteurs des fluctuations
climatiques. L'arête de la masse continentale asiatique atteignit une
hauteur de presque quinze mille mètres lors de l'apogée de l'émergence du
sol. S'il y avait eu beaucoup d'humidité dans l'air flottant au-dessus de
ces régions très élevées, d'énormes couches de glace se seraient formés et
l'âge glaciaire serait arrivé beaucoup plus tôt. Plusieurs centaines de
millions d'années s'écoulèrent avant que d'aussi grandes masses
continentales ne réapparaissent au-dessus des eaux.
Il y a 750 millions d'années, les premières brèches commencèrent à
apparaître dans la masse continentale sous la forme du grand affaissement
Nord-Sud qui fut plus tard comblé par les eaux de l'océan. Ces brèches
préparèrent la voie à la dérive vers l'ouest des continents de l'Amérique
du Nord et du Sud, y compris le Groënland. La longue faille Est-Ouest
sépara l'Afrique de l'Europe et détacha du continent asiatique les masses
de terre de l'Australie, des Iles du Pacifique, et de l'Antarctique.
Il y a 700 millions d'années, Urantia s'approchait des conditions de
maturité nécessaire pour entretenir la vie. La dérive continentale se
poursuivait; l'océan pénétrait de plus en plus dans les terres sous forme
de longs bras de mer fournissant les eaux peu profondes et les baies
abritées qui conviennent si bien comme habitat pour la vie marine.
L'époque d'il y a 650 millions d'années fut témoin d'une nouvelle
scission des masses terrestres et, par conséquent, d'une nouvelle
extension des mers continentales dont les eaux atteignirent rapidement le
degré de salinité nécessaire pour la vie sur Urantia.
Ce sont ces mers et celles qui leur succédèrent qui établirent les
annales de la vie d'Urantia, telles qu'on les découvrit par la suite dans
des pages de pierre bien conservées, volume après volume, tandis que les
ères succédaient aux ères et que les âges s'écoulaient. Ces mers
intérieures des temps anciens furent vraiment le berceau de l'évolution.
[Présenté par un Porteur de Vie, membre du Corps
originel d'Urantia et maintenant observateur résident.] |
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