L'ÉTABLISSEMENT DE LA VIE
SUR URANTIA
Il n'existe dans tout Satania que soixante-et-un mondes semblables à
Urantia -- des planètes modificatrices de la vie. Les mondes habités sont
en majorité peuplés suivant des techniques établies; sur ces sphères, les
Porteurs de Vie n'ont guère la faculté de s'écarter de leurs plans pour
l'implantation de la vie. Mais environ un monde sur dix est désigné comme
planète décimale et inscrit sur le registre spécial des Porteurs de Vie.
Sur ces planètes, il leur est permis d'entreprendre certaines expériences
sur la vie pour essayer de modifier, ou peut-être d'améliorer, les types
universels courants d'êtres vivants.
1. -- CONDITIONS PRÉALABLES À LA VIE PHYSIQUE
Il y a 600 millions d'années, la commission des Porteurs de Vie envoyée
de Jérusem arriva sur Urantia et commença l'étude des conditions physiques
préparatoires à la promotion de la vie sur ce monde numéro 606 du système
de Satania. Ceci devait être notre six cent sixième expérience
d'inauguration des archétypes vitaux de Nébadon dans Satania, et notre
soixantième occasion d'introduire des changements et d'instituer des
modifications dans les types de vie courants et fondamentaux de l'univers
local.
Il convient de préciser que les Porteurs de Vie ne peuvent pas
promouvoir la vie avant qu'une sphère ne soit mûre pour l'inauguration du
cycle évolutionnaire. Nous ne pouvons pas davantage accélérer le
développement de la vie au delà des progrès physiques et des adaptations
supportables pour la planète.
Les Porteurs de Vie de Satania avaient projeté un archétype de vie au
chlorure de sodium; aucune mesure ne pouvait donc être prise pour
l'implanter avant que les eaux de l'océan ne soient devenues suffisamment
saumâtres. Le type de protoplasme d'Urantia ne peut fonctionner que dans
une solution convenablement salée. Toute la vie ancestrale -- végétale et
animale -- a évolué dans un habitat de solution salée. Même les animaux
terrestres les plus hautement organisés ne pourraient continuer à vivre si
cette solution salée essentielle ne circulait pas à travers leur corps
dans le courant sanguin qui baigne largement jusqu'à la plus minuscule
cellule vivante et l'immerge littéralement dans cette "onde amère."
Vos ancêtres primitifs se déplaçaient librement dans l'océan salé;
aujourd'hui, une solution salée semblable à l'océan circule librement dans
votre corps. Elle baigne individuellement chaque cellule dans un liquide
chimique comparable, sur tous les points essentiels, à l'eau salée qui
stimula les premières réactions protoplasmiques des premières cellules
vivantes qui fonctionnèrent sur la planète.
Au moment où cette ère commença, Urantia évoluait de toutes les
manières vers un état favorable à l'entretien des formes initiales de la
vie marine. Lentement mais surement, les développements physiques sur
terre et dans les régions adjacentes de l'espace préparaient le cadre pour
des tentatives ultérieures destinées à établir certaines formes de vie,
celles dont nous (les Porteurs de Vie) avions décidé qu'elles seraient les
mieux adaptées à l'ambiance physique en voie de développement aussi bien
sur terre que dans l'espace.
Ensuite la commission Satanienne des Porteurs de Vie retourna sur
Jérusem, car elle préférait attendre de nouvelles dislocations de la masse
continentale, qui fourniraient encore plus de mers intérieures et de baies
abritées, avant de commencer effectivement l'implantation de la vie.
Sur une planète où la vie a une origine marine, les conditions idéales
pour l'implantation de la vie sont offertes par un grand nombre de mers
intérieures et par un long littoral d'eaux peu profondes et de baies
abritées; et justement, les eaux de votre planète se répartissaient
rapidement de cette façon. Les anciennes mers intérieures avaient rarement
plus de cent cinquante à deux cents mètres de profondeur, et la lumière
solaire peut pénétrer l'eau de l'océan au delà de deux cents mètres.
Ce fut à partir de ces rivages que, dans des climats doux et réguliers
d'un âge ultérieur, la vie végétale primitive parvint jusqu'à la terre. La
forte teneur en carbone de l'atmosphère offrait aux nouvelles terres des
occasions variées permettant à la vie de croître rapidement et avec
luxuriance. Bien que cette atmosphère fût alors idéale pour la croissance
des plantes, elle contenait tellement de gaz carbonique que nul animal, et
encore moins les hommes, n'auraient pu vivre à la surface de la terre.
2. -- L'ATMOSPHÈRE D'URANTIA
L'atmosphère planétaire laisse filtrer jusqu'à la terre environ un
deux-milliardième de l'émanation lumineuse totale du soleil. Si la lumière
tombant sur l'Amérique du Nord était payée au taux d'un nouveau franc par
dix kilowatts-heure, la facture annuelle de lumière dépasserait quatre
quintillions de N.F. La facture de la lumière solaire pour Chicago se
monterait à bien plus de 500 millions de N.F. par jour. Il ne faut pas
oublier que vous recevez du soleil d'autres formes d'énergie, car la
lumière n'est pas la seule contribution solaire qui atteigne votre
atmosphère. De vastes énergies solaires se déversent sur Urantia en
utilisant des longueurs d'onde qui s'étendent au-dessus et au-dessous du
champ de perception de la vision humaine.
L'atmosphère terrestre est presque opaque pour beaucoup de radiations
solaires de l'extrémité ultra-violette du spectre. La plupart de ces ondes
courtes sont absorbées par une couche atmosphérique continue contenant de
l'ozone. Cette couche commence a environ seize kilomètres de la surface de
la terre et s'étend vers l'espace sur seize autres kilomètres. Si l'ozone
en suspension dans cette région de l'atmosphère se trouvait à la pression
qui règne à la surface de la terre, il formerait une couche n'ayant que
deux millimètres et demi d'épaisseur. Cette quantité d'ozone relativement
faible et apparemment insignifiante protège néanmoins les habitants d'Urantia
de l'excès des dangereuses et destructives radiations ultra-violettes
présentes dans la lumière du soleil. Mais si cette couche d'ozone était un
tout petit peu plus épaisse, vous seriez privés de certains rayons
ultra-violets importants et vivifiants qui atteignent actuellement la
surface terrestre et sont à l'origine de l'une de vos vitamines majeures.
Malgré tout, certains des moins imaginatifs de vos mécanistes mortels
s'obstinent à considérer la création matérielle et l'évolution humaine
comme un accident. Les médians d'Urantia ont rassemblé plus de cinquante
mille faits physiques et chimiques qu'ils jugent incompatibles avec les
lois du hasard et qui, d'après eux, démontrent de façon irréfutable la
présence d'un dessein intelligent dans la création matérielle. Tout ceci
ne tient pas compte de leur catalogue de plus de cent mille constatations
extérieures au domaine de la physique et de la chimie, et qui,
affirment-ils, prouvent la présence d'une pensée dans la préparation, la
création, et l'entretien du cosmos matériel.
Votre soleil déverse un véritable déluge de rayons meurtriers. La vie
acceptable que vous menez sur Urantia est due à l'influence "fortuite" de
plus de quarante phénomènes protecteurs apparemment accidentels et
semblables à l'action de cette couche d'ozone très spéciale.
N'était l'effet d' "édredon" de l'atmosphère pendant la nuit, la
chaleur se perdrait si rapidement par rayonnement qu'il serait impossible
de maintenir la vie sans dispositions artificielles.
Les huit ou dix premiers kilomètres de l'atmosphère terrestre
constituent la troposphère; c'est la région des vents et des courants
aériens qui produisent les phénomènes météorologiques. Au-dessus de cette
région se trouve l'ionosphère interne, et immédiatement au-dessus, la
stratosphère. Quand on s'élève en partant de la surface de la terre, la
température décroît progressivement sur dix à douze kilomètres; à cette
attitude, elle accuse environ centigrades au-dessous de zéro. Cette gamme
de températures de 54* à 56* centigrades au-dessous de zéro reste ensuite
inchangée pendant que l'on s'élève de soixante-cinq kilomètres; cette zone
de température constante est la stratosphère. A une altitude de
soixante-dix ou quatre-vingts kilomètres, la température commence à
s'élever, et cette hausse se poursuit jusqu'au niveau des aurores boréales
où règne une température de 650*; c'est cette chaleur intense qui ionise
l'oxygène. Mais la température dans une atmosphère aussi raréfiée n'est
guère comparable à l'évaluation de la chaleur à la surface de la terre.
Rappelez-vous que la moitié de votre atmosphère est concentrée dans les
premiers cinq mille mètres d'altitude. L'épaisseur de l'atmosphère de la
terre est indiquée par les plus hautes aurores boréales -- environ six cent
cinquante kilomètres.
Les phénomènes d'aurores boréales sont directement reliés aux taches du
soleil, ces cyclones qui tourbillonnent dans des directions opposées
au-dessus et au-dessous de l'équateur solaire, tout comme les ouragans
tropicaux d'Urantia tournent en sens inverse selon qu'ils se produisent
au-dessus ou au-dessous de l'équateur terrestre.
Le pouvoir qu'ont les taches du soleil de modifier les fréquences de la
lumière montre que les foyers d'orages solaires fonctionnent comme
d'énormes aimants. Ces champs magnétiques sont capables d'arracher des
particules chargées aux cratères des taches solaires et de les projeter
dans l'espace jusqu'à l'atmosphère externe de la Terre où leur influence
ionisante produit des déploiements spectaculaires d'aurores boréales.
C'est pourquoi les plus importants phénomènes de ce genre ont lieu quand
les taches du soleil sont à leur apogée -- ou peu après -- et à ce moment-là
les taches solaires sont généralement situés près de l'équateur.
Même l'aiguille de la boussole est sensible à l'influence du soleil,
puisqu'elle s'incline légèrement vers l'est au lever du soleil, et
légèrement vers l'ouest quand il est près de se coucher. Ce phénomène se
produit chaque jour mais, au moment de l'apogée cyclique des taches
solaires, la variation de l'aiguille aimantée est deux fois plus
importante. Les déviations diurnes anormales de la boussole correspondent
à un accroissement de l'ionisation de l'atmosphère supérieure produit par
la lumière solaire.
C'est la présence de deux niveaux différents de régions conductrices
électrisées qui permet la transmission à longue distance de vos émissions
de radio sur ondes courtes et longues. Vos transmissions sont parfois
troublées par les formidables orages qui se déchaînent de temps à autre
dans les zones de ces ionosphères externes.
3. -- LE MILIEU SPATIAL
Durant les premiers temps de la matérialisation d'un univers, les
régions de l'espace sont parsemées de vastes nuages d'hydrogène, très
semblables aux nuages astronomiques de poussière qui caractérisent
maintenant beaucoup de régions de l'espace lointain. Une grande partie de
la matière organisée que les soleils ardents désagrègent et dispersent
sous forme d'énergie rayonnante fut accumulée à l'origine dans ces nuages
spatiaux d'hydrogène qui apparurent de très bonne heure. Dans certaines
conditions inhabituelles, la désintégration des atomes a lieu également au
centre des grandes masses d'hydrogène. De même que dans les nébuleuses
extrêmement chaudes, tous ces phénomènes de constitution et de
désagrégation atomique comportent l'émission d'un flot de rayons d'énergie
radiante à courte longueur d'onde. Ces diverses radiations sont
accompagnées d'une forme d'énergie spatiale inconnue sur Urantia.
Cette charge d'énergie à courte longueur d'onde de l'espace universel
est quatre cents fois plus intense que toutes les autres formes d'énergie
radiante existant dans les domaines organisés de l'espace. L'émission des
rayons spatiaux courts, qu'ils viennent de nébuleuses flamboyantes, de
champs électriques à haute tension, de l'espace extérieur, ou des vastes
nuages de poussière d'hydrogène, est modifiée qualitativement et
quantitativement par les fluctuations de la température ou les changements
soudains de la gravité et des pressions électroniques.
Ces variations dans l'origine des rayons de l'espace sont déterminées
par de nombreux phénomènes cosmiques aussi bien que par les orbites de la
matière circulante, qui varient entre des formes presque circulaires et
des ellipses extrêmement allongées. Les conditions physiques peuvent aussi
être grandement modifiées du fait que des électrons tournent parfois en
sens inverse de la matière plus condensée, même à l'intérieur d'une zone
physique donnée.
Les immenses nuages d'hydrogène sont de véritables laboratoires
cosmiques de chimie et abritent toutes les phases de l'évolution de
l'énergie et de la métamorphose de la matière. De puissantes activités
énergétiques s'exercent également dans les gaz marginaux des grandes
étoiles binaires qui se chevauchent si fréquemment et, par conséquent, se
mélangent largement. Mais aucune de ces activités énergétiques énormes et
très étendues de l'espace n'exerce la moindre influence sur les phénomènes
de la vie organisée -- le plasma germinatif des plantes et des êtres
vivants. Elles sont en rapport avec le milieu essentiel pour établir la
vie, mais sont sans effet sur les modifications subséquentes des facteurs
transmissibles du plasma germinatif, contrairement à certains rayons à
plus grande longueur d'onde de l'énergie de radiation. La vie implantée
par les Porteurs de Vie résiste entièrement à tout cet étonnant
rayonnement d'énergie universelle à courte longueur d'onde.
Il fallait que toutes ces conditions cosmiques essentielles aient
évolué vers un statut favorable avant que les Porteurs de Vie puissent
commencer effectivement à établir la vie sur Urantia.
4. -- L'ÈRE DE L'AURORE DE LA VIE
Le fait que nous soyions appelés Porteurs de Vie ne doit pas vous
déconcerter. Nous pouvons apporter la vie aux planètes et nous le faisons,
mais nous n'avons pas apporté la vie sur Urantia. La vie sur Urantia est
unique et a son origine sur cette planète. Cette sphère est un monde
modificateur de vie; toute la vie qui y apparaît a été élaborée par nous
ici-même sur cette planète; il n'y a pas d'autre monde dans tout Satania,
ni même dans tout Nébadon, qui ait une existence vivante exactement
semblable à celle d'Urantia.
Il y a 550 millions d'années, le corps des Porteurs de Vie revint sur
Urantia. En coopération avec des puissances spirituelles et avec des
forces hyperphysiques, nous organisâmes et inaugurâmes les archétypes
originels de vie de ce monde, et nous les implantâmes dans les eaux
hospitalières du royaume. Toute la vie planétaire (à l'exception des
personnalités extra-planétaires) qui exista jusqu'à l'époque de Caligastia,
le Prince Planétaire, est issue de nos trois implantations de vie marine
originelles, identiques, et simultanées. Ces trois implantations de vie
ont été dénommées: la centrale ou Eurasienne-Africaine, l'orientale ou
Australasienne, et l'occidentale, englobant le Groënland et les Amériques.
Il y a 500 millions d'années, la vie végétale primitive des mers était
bien établie sur Urantia. Le Groënland et la masse des terres arctiques,
ainsi que l'Amérique du Nord et du Sud, commençaient leur longue et lente
dérive vers l'ouest. L'Afrique se déplaçait légèrement vers le sud, créant
une cuvette Est-Ouest, le Bassin Méditerranéen, entre elle-même et le
continent-mère. L'Antarctique, l'Australie, et la terre marquée par les
Iles du Pacifique se détachèrent au sud et à l'est et ont considérablement
dérivé depuis lors.
Nous, les Porteurs de Vie, nous avions implanté la forme primitive de
vie marine dans les baies tropicales abritées des mers centrales de la
faille Est-Ouest produite par la dislocation de la masse continentale. En
faisant trois implantations de vie marine, notre but était de nous assurer
que chaque grande masse continentale emporterait cette vie avec elle dans
ses eaux marines chaudes, quand les terres se scinderaient. Nous
prévoyions que de vastes océans sépareraient les masses continentales en
dérive au cours de l'âge suivant où la vie terrestre émergerait.
5. -- LA DÉRIVE CONTINENTALE
La dérive continentale continuait. Le noyau terrestre était devenu
aussi dense et rigide que l'acier, car il était soumis à une pression de
l'ordre de 3.500 tonnes par centimètre carré; du fait de l'énorme pression
de la gravité, il était et est encore très chaud dans ses profondeurs. La
température s'accroît en descendant jusqu'à de venir, au centre de la
Terre, légèrement supérieure à la température superficielle du soleil.
Dans ses seize cents kilomètres extérieurs, la masse terrestre est
principalement constituée par différentes sortes de roches. Au-dessous se
trouvent les éléments métalliques plus concentrés et plus lourds. Tout au
long des âges primitifs pré-atmosphériques, du fait de son état de fusion
et de chaleur intense, le monde était presque fluide, si bien que les
métaux plus lourds s'enfoncèrent profondément à l'intérieur. Ceux que l'on
trouve aujourd'hui près de la surface représentent l'exsudation de volcans
anciens, d'importantes coulées de lave ultérieures, et des dépôts
météoriques plus récents.
La croûte extérieure avait une épaisseur d'environ soixante-cinq
kilomètres. Cette coquille reposait directement sur un support constitué
par une mer de basalte en fusion d'une épaisseur variable; cette couche
mobile de lave en fusion était maintenue sous forte pression, mais tendait
sans cesse à s'écouler çà et là pour équilibrer les déplacements des
pressions planétaires afin de stabiliser la croûte terrestre.
Aujourd'hui encore, les continents flottent sur le support
non-cristallisé de cette mer de basalte en fusion. Si ce phénomène
protecteur n'existait pas, les tremblements de terre seraient plus
violents et réduiraient littéralement le monde en pièces. Les tremblements
de terre sont dus au glissement et à la poussée de la croûte externe
solide, et non aux volcans.
Une fois refroidies, les couches de lave de la croûte terrestre forment
du granit. La densité moyenne d'Urantia est légèrement supérieure à cinq
fois et demie celle de l'eau. La densité du granit est inférieure à trois
fois celle de l'eau. Le noyau terrestre est douze fois plus dense que
l'eau.
Les fonds marins sont plus denses que les masses continentales, ce qui
a pour effet de maintenir les continents au-dessus de l'eau. Quand les
fonds marins sont refoulés au-dessus du niveau de la mer, on s'aperçoit
qu'ils sont constitués en majeure partie de basalte, forme de lave
considérablement plus dense que le granit des masses continentales. Encore
une fois, si les continents n'étaient pas plus légers que le fond des
océans, la gravité ferait remonter le bord des océans sur la terre, mais
on n'observe pas un tel phénomène.
Le poids des océans contribue aussi à accroître la pression exercée sur
le fond des mers. Les fonds océaniques plus bas mais comparativement plus
lourds et l'eau qui les recouvre ont un poids voisin de celui des
continents, plus élevés mais beaucoup plus légers. Tous les continents
tendent pourtant à glisser dans les océans. La pression continentale au
niveau des fonds océaniques est d'environ 1.400 kilogrammes par centimètre
carré. Cela correspond à la pression d'une masse continentale s'élevant à
5.000 mètres au-dessus du fond de l'océan. La pression de l'eau sur ce
fond n'est que d'environ 350 kilogrammes par centimètre carré. Ces
pressions différentielles tendent à faire glisser les continents vers le
fond des océans.
L'affaissement du fond de l'océan au cours des âges antérieurs à la vie
avait élevé une masse continentale solitaire à une hauteur telle qu'il en
résulta une forte poussée latérale. Celle-ci tendit à faire glisser vers
le bas les rivages orientaux, occidentaux, et méridionaux du continent sur
les lits sous-jacents de laves semi-visqueuses et jusque dans les eaux
environnantes de l'Océan Pacifique. Ce phénomène compensa si parfaitement
la pression continentale qu'il ne se produisit pas de large faille sur la
rive orientale de cet ancien continent asiatique. Mais depuis lors son
littoral oriental a toujours vacillé au-dessus du précipice des
profondeurs océaniques qui le bordent et menace encore de glisser dans une
tombe marine.
6. -- LA PÉRIODE DE TRANSITION
Il y a 450 millions d'années, la transition de la vie végétale à la vie
animale se produisit. Cette métamorphose prit place dans les eaux peu
profondes des baies et des lagunes tropicales abritées situés sur les
longs rivages des continents en train de se séparer. Le phénomène,
entièrement inhérent aux archétypes de vie originels, eut lieu
progressivement. De nombreux stades de transition intervinrent entre les
formes primitives de la vie végétale et les organismes animaux ultérieurs
bien définis. Des empreintes limoneuses de transition existent encore
aujourd'hui, et il est difficile de les rattacher au règne végétal ou au
règne animal.
On peut suivre à la trace l'évolution de la vie végétale à la vie
animale, et l'on trouve des séries échelonnées de plantes et d'animaux qui
conduisent progressivement des organismes les plus simples aux plus
complexes et aux plus évolués. Par contre, vous ne pourrez pas trouver de
traits d'union semblables entre les grandes divisions du règne animal, ni
entre les types les plus évolués d'animaux pré-humains et les hommes de
l'aurore des races humaines. Ces fameux "chaînons manquants" manqueront
toujours, pour la simple raison qu'ils n'ont jamais existé.
Des espèces radicalement nouvelles de vie animale surgissent d'une ère
à l'autre. Ce n'est pas par suite d'une accumulation progressive de
petites variantes qu'elles évoluent; elles surgissent comme ordres de vie
nouveaux et parachevés et apparaissent soudainement.
L'apparition soudaine de nouvelles espèces et d'ordres diversifiés
d'organismes vivants est un phénomène entièrement biologique et
strictement naturel. Ces mutations génétiques n'ont rien de surnaturel.
Quand les océans eurent un degré de salinité convenable, la vie animale
évolua; il fut relativement simple de faire circuler les eaux saumâtres
dans le corps des animaux marins. Mais lorsque les océans se concentrèrent
et que leur teneur en sel augmenta considérablement, ces mêmes animaux
acquirent par évolution la faculté de réduire la salinité de leur fluide
corporel. Il en fut exactement de même pour les organismes qui apprirent à
vivre dans l'eau douce en acquérant la faculté de conserver à leur fluide
corporel une teneur convenable en chlorure de sodium au moyen de
techniques ingénieuses de conservation du sel.
L'étude des fossiles marins incrustés dans les roches révèle les luttes
ancestrales de ces organismes primitifs pour s'adapter. Les plantes et les
animaux n'ont jamais cessé de faire ces expériences d'adaptation.
L'ambiance est en perpétuelle modification et les organismes vivants
s'efforcent toujours de s'adapter à ces incessantes fluctuations.
L'équipement physiologique et la structure anatomique de tous les
nouveaux ordres de vie correspondent à l'action de lois physiques, mais le
don subséquent de la pensée est une effusion des esprits-mentaux adjuvats
en rapport avec la capacité innée du cerveau. Bien que n'étant pas une
évolution physique, la pensée dépend entièrement de la capacité cervicale
obtenue par des développements purement physiques et évolutionnaires.
A travers des cycles presque interminables de gains et de pertes,
d'adaptations et de réadaptations, tous les organismes vivants progressent
ou régressent d'âge en âge. Ceux qui atteignent l'unité cosmique
demeurent, tandis que ceux qui ne parviennent pas à ce but cessent
d'exister.
7. -- LE LIVRE DE L'HISTOIRE GÉOLOGIQUE
Le vaste ensemble de systèmes rocheux qui constitue la croûte externe
du monde pendant l'ère de l'aurore de la vie, ou ère Protérozoïque,
n'apparaît plus maintenant qu'en peu de points de la surface terrestre.
Quand il émerge à travers tous les sédiments des âges suivants, on n'y
trouve que les restes fossiles de la vie végétale et de la vie animale
très primitive. Certaines roches anciennes déposées par les eaux sont
mêlées à des couches plus récentes et présentent parfois des restes
fossiles de quelques formes antérieures de la vie végétale, alors qu'on
peut trouver à l'occasion, dans les couches supérieures, quelques formes
plus anciennes des organismes animaux de la vie marine primitive. On
rencontre en beaucoup d'endroits les couches rocheuses stratifiées très
anciennes qui contiennent des fossiles de la vie marine primitive, tant
végétale qu'animale, directement au-dessus de la pierre plus ancienne et
indifférenciée.
Les fossiles de cette ère comprennent des algues, des plantes
comparables au corail, des protozoaires primitifs, et des organismes de
transition qui ressemblent aux éponges. Mais l'absence de ces fossiles
dans les couches rocheuses primitives ne prouve pas nécessairement que des
organismes vivants n'existaient pas ailleurs au moment où elles se sont
déposées. La vie fut clairsemée tout au long de ces temps primitifs, et
c'est lentement quelle fit son chemin à la surface de la terre.
Les roches de cet âge ancien affleurent maintenant ou sont près
d'affleurer sur un huitième environ des continents actuellement émergés.
L'épaisseur moyenne de cette pierre de transition formant les plus
anciennes couches rocheuses stratifiées est d'environ 2.500 mètres. En
certains points, l'épaisseur de ces systèmes rocheux anciens atteint 6.500
mètres, mais nombre de couches attribuées à cette ère appartiennent à des
périodes plus récentes.
En Amérique du Nord, la couche ancienne et primitive de roches
fossilifères affleure à la surface des régions orientales, centrales, et
septentrionales du Canada. Cette roche apparaît également le long d'une
arête Est-Ouest intermittente qui s'étend de la Pennsylvanie et des
montagnes anciennes de l'Adirondack en direction de l'ouest par le
Michigan, le Wisconsin, et le Minnesota. D'autres arêtes s'étendent de
Terre-Neuve à l'Alabama et de l'Alaska au Mexique.
Les roches de cette ère sont apparentes çà et là sur l'ensemble du
monde, mais il n'y en a pas de plus faciles à interpréter que celles des
environs du Lac Supérieur et du Grand Canyon du Colorado, où elles
existent en plusieurs couches et témoignent des soulèvements et des
fluctuations superficielles de ces temps reculés.
Cette assise de pierre, la plus ancienne couche fossilifère de la
croûte terrestre, a été écrasée, repliée, et capricieusement plissée par
les effets des tremblements de terre et des volcans primitifs. Les coulées
de lave de cette époque firent remonter beaucoup de fer, de cuivre, et de
plomb près de la surface de la terre.
Il existe peu d'endroits sur la planète où ces activités soient
inscrites de façon plus vivante que dans la vallée de Sainte Croix, dans
le Wisconsin. Dans cette région, cent vingt-sept coulées de lave
successives se sont répandues sur le sol qui a été ensuite submergé par
les eaux et recouvert ainsi d'un dépôt rocheux. Bien qu'une grande partie
de la sédimentation rocheuse supérieure et des coulées de lave
intermittentes fasse aujourd'hui défaut et que la partie inférieure du
système soit profondément ensevelie dans le sol, environ soixante-cinq ou
soixante-dix de ces archives stratifiées des âges passés sont maintenant
exposées à la vue.
En ces âges lointains, le niveau d'une grande partie des terres était
voisin de celui des mers, de sorte que les plaines furent successivement
submergées et découvertes un grand nombre de fois. La croûte terrestre
entrait juste dans sa dernière période de stabilisation relative. Les
ondulations, exhaussements, et affaissements provoqués par la dérive
continentale antérieure contribuèrent à la fréquence des affaissements
périodiques des grandes masses continentales.
Au cours de ces temps de la vie marine primitive, d'importantes
étendues du rivage continental s'enfoncèrent dans les mers sur des
profondeurs allant de quelques mètres à huit cents mètres. Une grande
partie des grès et des conglomérats anciens correspond aux accumulations
sédimentaires de ces rivages antiques. Les roches sédimentaires
appartenant à cette stratification primitive reposent directement sur des
couches datant de bien avant l'origine de la vie et remontant à la
première apparition de l'océan mondial.
Certaines couches supérieures de ces dépôts rocheux de transition
contiennent de petites quantités de schistes ou d'ardoises de couleur
sombre, qui révèlent la présence de carbone organique et témoignent de
l'existence des ancêtres des formes de vie végétale qui envahirent la
terre au cours de l'âge suivant appelé âge Carbonifère ou âge du charbon.
Une grande partie du cuivre contenu dans ces couches rocheuses a été
déposée par les eaux. On en trouve parfois dans les fissures des roches
plus anciennes; il vient de la concentration des eaux marécageuses
stagnantes d'un ancien littoral abrité. Les mines de fer d'Amérique du
Nord et d'Europe sont situés dans des dépôts et des épanchements qui
s'étendent en partie dans les roches stratifiées plus récentes des
périodes transitoires de formation de la vie.
Cette ère fut témoin de l'expansion de la vie dans toutes les eaux du
monde; la vie marine était désormais bien établie sur Urantia. Le fond des
mers intérieures étendues et peu profondes était progressivement envahi
par une profusion de végétation luxuriante, tandis que les eaux du
littoral fourmillaient des formes simples de la vie animale.
Toute cette histoire est racontée de façon vivante dans le contenu
fossile de l'immense "livre de pierre" des archives du monde. Les pages de
ce gigantesque compte-rendu bio-géologique vous diront infailliblement la
vérité à condition que vous appreniez à les interpréter. Beaucoup
d'anciens fonds marins sont maintenant exhaussés bien au-dessus du niveau
de la mer, et leurs dépôts racontent d'âge en âge l'histoire des luttes
pour la vie au cours de ces temps primitifs. Comme votre poète l'a dit, il
est littéralement vrai que "la poussière que nous foulons fut jadis
vivante."
[Présenté par un membre du Corps des Porteurs de
Vie d'Urantia, résidant actuellement sur la planète.] |
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