L'ÈRE DE LA VIE MARINE
SUR URANTIA
Nous estimons que l'histoire d'Urantia commença il y a environ un
milliard d'années et quelle s'étend sur cinq époques majeures:
1. L'ère de la pré-vie comprend les premiers 450 millions
d'années, à peu près depuis le moment où la planète atteignit sa taille
actuelle jusqu'au moment de l'établissement de la vie. Vos savants
appellent cette période Archéozoïque.
2. L'ère de l'aurore de la vie s'étend ensuite sur 150 millions
d'années. Cette époque se place entre l'âge précédent, âge de la pré-vie
ou des cataclysmes, et la période suivante de vie marine plus hautement
développée. Cette ère est connue de vos chercheurs sous le nom de
Protérozoïque.
3. L'ère de la vie marine couvre les 250 millions d'années
suivantes; elle vous est surtout connue sous le nom de Paléozoïque.
4. L'ère de la vie terrestre primitive s'étend sur les 100
millions d'années suivantes et s'appelle Mésozoïque.
5. L'ère des mammifères occupe les derniers 50 millions
d'années. Ces temps récents sont connus sous le nom de Cénozoïques.
L'ère de la vie marine couvre donc environ un quart de l'histoire de
votre planète. On peut la subdiviser en six longues périodes,
caractérisées chacune par des développements bien définis, tant dans les
royaumes géologiques que dans les domaines biologiques.
Au moment où commence cette ère, les fonds marins, les grandes
plates-formes continentales, et les nombreux bassins littoraux peu
profonds sont couverts d'une végétation prolifique. Les formes primitives
assez simples de la vie animale se sont déjà développées à partir des
organismes végétaux précédents, et les organismes animaux primitifs ont
progressivement fait leur chemin le long des rivages des différentes
masses continentales; les nombreuses mers intérieures fourmillent de vie
marine primitive. Fort peu de ces organismes primitifs avaient des
coquilles; il existe donc très peu de fossiles de cette époque. Néanmoins,
la scène était prête pour les premiers chapitres du grand "livre de
pierre" consacré à la préservation des annales de la vie, que les âges
suivants rédigeront si méthodiquement.
Le continent de l'Amérique du Nord possède de merveilleuses richesses
en dépôts fossiles couvrant toute l'ère de la vie marine. Les premières et
plus anciennes couches sont séparées des dernières strates de la période
précédente par de grands dépôts dus à l'érosion, qui divisent nettement
ces deux stades du développement planétaire.
1. -- LA VIE MARINE PRIMITIVE DANS LES MERS PEU
PROFONDES L'ÈRE DES TRILOBITES |
A l'aube de cette période, la surface terrestre jouissait d'un calme
relatif, et la vie était confinée dans les différentes mers intérieures et
le long des rivages océaniques; pour le moment, aucune forme d'organisme
terrestre n'était encore apparue. Les animaux marins primitifs étaient
bien affermis et prêts pour le prochain développement évolutionnaire. Les
amibes, qui avaient fait leur apparition vers la fin de la période de
transition précédente, sont des survivants typiques de ce stade initial de
la vie animale.
Il y a 400 millions d'années, la vie marine, tant végétale qu'animale,
était assez bien répartie sur l'ensemble du monde. Le climat se
réchauffait légèrement et devenait plus régulier. Il se produisit une
inondation générale des rivages des différents continents, en particulier
de l'Amérique du Nord et du Sud. De nouveaux océans apparurent et les
masses d'eau plus anciennes s'agrandirent considérablement.
Pour la première fois, la végétation monta en rampant sur la terre
ferme, et son adaptation à un habitat non marin y fit bientôt des progrès
considérables.
Soudain et sans progression ancestrale, les premiers animaux
multicellulaires firent leur apparition. Les trilobites apparurent, et
pendant des âges ils dominèrent les mers. Du point de vue de la vie
marine, ce fut l'ère des trilobites.
Vers la fin de cette période, une grande partie de l'Amérique du Nord
et de l'Europe émergea de la mer. La croûte terrestre était temporairement
stabilisée; des montagnes, ou plutôt des hautes terres, surgirent le long
des côtes de l'Atlantique et du Pacifique, dans les Antilles, et dans le
Sud de l'Europe. Toute la région des Caraïbes se trouva considérablement
exhaussée.
Il y a 390 millions d'années, les continents se dressaient toujours. On
peut trouver dans certaines parties de l'Est et de l'Ouest de l'Amérique
et de l'Europe occidentale les strates rocheuses déposées à cette époque;
ce sont les plus anciennes roches contenant des fossiles trilobites. Elles
se déposèrent dans les longs et nombreux bras de mer qui s'enfonçaient
profondément à l'intérieur des masses continentales.
Au bout de quelques millions d'années, l'Océan Pacifique commença à
envahir les continents américains. L'affaissement des terres fut
principalement causé par une adaptation de la croûte, bien que l'expansion
latérale des terres, ou cheminement continental, ait également joué son
rôle.
Il y a 380 millions d'années, l'Asie s'affaissa, tandis que tous les
autres continents subissaient une émergence de courte durée. Au cours du
progrès de cette époque, l'Océan Atlantique nouvellement apparu fit de
grandes incursions sur tous les littoraux avoisinants. L'Atlantique Nord,
où Océan Arctique, était alors relié aux eaux du Golfe méridional. Lorsque
cette mer du Sud pénétra dans la coupure des Monts Appalaches, ses vagues
s'écrasèrent à l'est contre des montagnes aussi hautes que les Alpes; mais
en général les continents étaient formés de basses terres sans intérêt,
totalement dépourvues de beauté naturelle.
Les dépôts sédimentaires de ces âges sont de quatre sortes:
|
1. Des conglomérats -- matériaux déposés près du littoral. |
|
2. Des grès -- formés dans des eaux peu profondes dont les vagues
étaient pourtant assez fortes pour empêcher la boue de se déposer. |
|
3. Des schistes -- déposés dans des eaux plus profondes et plus calmes. |
|
4. Des calcaires -- comprenant les dépôts de coquilles de trilobites en
eau profonde. |
Les fossiles trilobites de cette époque présentent à la fois une
certaine uniformité fondamentale et des variantes bien marquées. Les
animaux primitifs qui évoluèrent à partir des trois implantations
originelles de vie étaient caractéristiques; ceux qui apparurent dans
l'hémisphère occidental étaient légèrement différents de ceux du groupe
Eurasien et du type Australasien ou Australien-Antarctique.
Il y a 370 millions d'années se produisit la grande inondation qui
submergea presque entièrement l'Amérique du Nord et du Sud, et fut suivie
par l'effondrement de l'Afrique et de l'Australie. Seules certaines
parties de l'Amérique du Nord émergeaient de ces mers cambriennes peu
profondes. Cinq millions d'années plus tard, les mers se retiraient devant
l'élévation des terres émergeantes. Aucun de ces phénomènes d'affaissement
et d'élévation des terres ne fut spectaculaire, car ils s'effectuèrent
lentement au cours de millions d'années.
Les couches fossilifères de cette époque contenant des trilobites,
affleurent çà et là dans tous les continents sauf en Asie Centrale. Ces
roches sont horizontales dans beaucoup de régions, mais dans les montagnes
elles sont inclinées et tordues du fait de la pression et du plissement.
En bien des endroits, cette pression a modifié le caractère originel des
dépôts. Le grès a été transformé en quartz, les schistes changés en
ardoises, et le calcaire converti en marbre.
Il y a 360 millions d'années, la terre continuait à s'élever.
L'Amérique du Nord et l'Amérique du Sud étaient nettement au-dessus de
l'eau. L'Europe Occidentale et les Iles Britanniques étaient en train
d'émerger, à l'exception de quelques parties du pays de Galles qui étaient
profondément immergées. Il n'y eut pas de grandes couches de glace pendant
ces époques. Les dépôts présumés glaciaires, dont l'apparition est liée à
ces couches en Europe, en Afrique, en Chine, et en Australie, sont dus à
des glaciers de montagne isolés ou à des déplacements de débris glaciaires
d'origine plus récente. Le climat mondial était océanique et non
continental. Les mers équatoriales étaient plus chaudes qu'aujourd'hui et
s'étendaient vers le nord par dessus l'Amérique du Nord jusqu'aux régions
polaires. Le Gulf-Stream parcourait la partie centrale de l'Amérique du
Nord et déviait vers l'est pour baigner et réchauffer les rives du
Groënland, faisant de ce continent, aujourd'hui couvert d'un manteau de
glace, un véritable paradis tropical.
La vie marine était presque uniforme sur l'ensemble du monde et
consistait en algues, en organismes unicellulaires, en éponges simples, en
trilobites et autres crustacés -- crevettes, crabes, et homards. Trois
mille variétés de brachiopodes, dont deux cents seulement ont survécu,
apparurent à la fin de cette période. Ces animaux représentent une variété
de la vie primitive qui est parvenue jusqu'à l'époque actuelle
pratiquement sans changement.
Les trilobites dominaient parmi les créatures vivantes. C'étaient des
animaux sexués existant sous de nombreuses formes; mauvais nageurs, ils
flottaient paresseusement dans l'eau ou rampaient le long des fonds
marins; ils s'enroulaient pour se protéger contre les attaques de leurs
ennemis apparus plus tardivement. Ils atteignaient une longueur de cinq à
trente centimètres et se divisèrent en quatre groupes distincts:
carnivores, herbivores, omnivores, et "mangeurs de boue." La faculté
qu'avaient ces derniers de se nourrir en grande partie de matières
inorganiques -- ils furent les derniers animaux multicellulaires à la
posséder -- explique leur multiplication et leur longue survie.
Tel était le tableau bio-géologique d'Urantia à la fin de cette longue
période de l'histoire du monde qui embrasse cinquante millions d'années et
qui est appelée Cambrienne par vos géologues.
2. -- LE STADE DE LA PREMIÈRE INONDATION DES
CONTINENTS. L'ÈRE DES INVERTÉBRÉS |
Les phénomènes périodiques d'élévation et d'affaissement du sol qui
caractérisèrent cette époque se produisirent tous progressivement et sans
rien de spectaculaire, du fait que l'activité volcanique concomitante
était infime ou nulle. Pendant toutes ces élévations et dépressions
successives, le continent-mère asiatique ne partagea pas complètement le
sort des autres masses terrestres. Il subit de nombreuses inondations,
s'affaissa dans une direction puis dans une autre, plus particulièrement
au cours de son histoire primitive, mais il ne présente pas les dépôts
rocheux uniformes que l'on peut découvrir sur les autres continents.
Durant les figes récents, l'Asie a été la plus stable de toutes les masses
continentales.
Il y a 350 millions d'années commença la grande période d'inondation de
tous les continents, sauf de l'Asie Centrale. Les masses terrestres furent
recouvertes à maintes reprises par les eaux; seules les hautes terres
littorales demeurèrent au-dessus de ces mers intérieures oscillantes peu
profondes, mais très étendues. Trois inondations majeures marquèrent cette
période, mais avant sa fin, les continents surgirent de nouveau,
l'émergence terrestre totale dépassant de quinze pour cent celle qui
existe actuellement. La région des Caraïbes était très élevée. Cette
période ne se discerne pas très bien en Europe du fait que les
fluctuations terrestres y furent moindres, tandis que l'activité
volcanique y était plus continue.
Il y a 340 millions d'années se produisit un autre affaissement
important des terres, sauf en Asie et en Australie. Les eaux des
différents océans du monde subirent un brassage général. Ce fut un grand
âge de dépôts calcaires, dont une grande partie provenait d'algues
secrétant de la chaux.
Quelques millions d'années plus tard, de vastes portions des continents
américain et européen commencèrent à émerger des eaux. Dans l'hémisphère
occidental, seul un bras de l'Océan Pacifique subsista au-dessus du
Mexique et de la région des Montagnes Rocheuses actuelles, mais vers la
fin de cette époque les côtes de l'Atlantique et du Pacifique
recommencèrent à s'affaisser.
L'époque d'il y a 330 millions d'années marque le commencement d'une
période de calme relatif sur l'ensemble du monde, avec beaucoup de terres
au-dessus des eaux. La seule exception à ce règne de calme terrestre fut
l'éruption du grand volcan de l'Amérique du Nord à l'est du Kentucky, une
des plus grandes manifestations volcaniques isolées que la Terre ait
jamais connues. Les cendres de ce volcan couvrirent une surface de douze
cent cinquante kilomètres carrés sur une profondeur de cinq à six mètres.
Il y a 320 millions d'années se produisit la troisième inondation
majeure de cette période. Les eaux couvrirent toutes les terres submergées
par le précédent déluge et s'étendirent plus loin dans beaucoup de
directions sur l'ensemble de l'Amérique et sur toute l'Europe. L'Est de
l'Amérique du Nord et l'Europe Occidentale se trouvèrent sous 3.000 à
4.500 mètres d'eau.
Il y a 310 millions d'années, les masses continentales du monde étaient
à nouveau bien surélevées, à l'exception des parties méridionales de
l'Amérique du Nord. Le Mexique émergea, créant le Golfe des Antilles qui a
toujours conservé sa forme depuis lors.
La vie continua d'évoluer pendant cette période. Une fois de plus le
monde était calme et relativement paisible; le climat restait doux et
uniforme; les plantes terrestres gagnaient des zones de plus en plus
,éloignées du littoral. Les archétypes de vie étaient bien développés,
quoique l'on trouve peu de fossiles végétaux de cette époque.
Ce fut le grand âge de l'évolution des organismes animaux individuels,
bien que de nombreux changements fondamentaux, tels que la transition de
la plante à l'animal, se fussent produits auparavant. La faune marine se
développa au point que tous les types de vie inférieurs aux vertébrés
furent représentés parmi les fossiles des roches déposées à cette époque.
Tous ces animaux étaient des organismes marins. Nul animal terrestre
n'était encore apparu, sauf quelques types de vers qui fouissaient le sol
le long des côtes maritimes; les plantes terrestres n'avaient pas non plus
couvert les continents. Il y avait encore trop de gaz carbonique dans
l'atmosphère pour permettre l'existence des respirateurs d'air. En effet
tous les animaux, sauf quelques-uns des plus primitifs, dépendent
directement ou indirectement de la vie végétale pour leur existence.
Les trilobites prédominaient encore. Ces petits animaux existaient sous
des dizaines de milliers de types et furent les prédécesseurs des
crustacés modernes. Certains trilobites avaient entre vingt-cinq et quatre
mille petits yeux ou ocelles minuscules, et d'autres avaient des yeux
rudimentaires. A la fin de cette période, les trilobites partageaient la
domination des mers avec plusieurs autres formes de la vie invertébrée,
mais ils disparurent totalement au commencement de la période suivante.
Les algues secrétant de la chaux étaient largement répandues. Il
existait des milliers d'espèces des ancêtres primitifs des coraux. Les
vers de mer étaient abondants et il y avait de nombreuses variétés de
méduses désormais éteintes. Les coraux et les types ultérieurs d'éponges
évoluèrent. Les céphalopodes étaient bien développés; leurs survivants
sont les modernes nautilus nacrés, poulpes, seiches, et calmars.
Il existait de nombreuses variétés d'animaux à coquilles, mais leurs
coques ne leur étaient pas aussi nécessaires pour se défendre que dans les
âges suivants. Les gastéropodes étaient présents dans les eaux des mers
anciennes; ils comprenaient des univalvaires foreurs, des bigorneaux, et
des escargots. Les gastéropodes bivalves ont traversé pratiquement sans
changement les millions d'années qui nous séparent de cette époque et
comprennent les moules, palourdes, huîtres, et pétoncles. Les organismes à
coquille univalve évoluèrent également, et ces brachiopodes vécurent dans
les mers anciennes à peu près sous la même forme qu'aujourd'hui; leur
valve était même munie de charnières, de dentelures, et d'autres sortes de
dispositifs protecteurs.
Ainsi se termine l'histoire évolutionnaire de la seconde période de la
vie marine connue de vos géologues sous le nom d'Ordovicienne.
3. -- STADE DE LA SECONDE GRANDE INONDATION. LA
PÉRIODE DU CORAIL -- L'ÈRE DES BRACHIOPODES |
Il y a 300 millions d'années commença une autre grande période de
submersion des terres. La progression des mers siluriennes anciennes vers
le nord et vers le sud se préparait à engloutir la majeure partie de
l'Europe et de l'Amérique du Nord. Les terres n'étaient pas très élevées
au-dessus du niveau de la mer, si bien qu'il ne se produisit pas de dépôts
importants près des rivages. Les mers fourmillaient d'animaux à coquilles
calcaires, et la chute de ces coquilles sur le fond de la mer provoqua
l'accumulation progressive de couches de calcaire très épaisses. Ce fut le
premier dépôt calcaire largement répandu; il couvre pratiquement l'Europe
et l'Amérique du Nord tout entières, mais n'apparaît qu'en peu d'endroits
à la surface du sol. L'épaisseur moyenne de cette couche rocheuse ancienne
est d'environ trois cents mètres, mais en beaucoup d'endroits ces dépôts
ont été grandement déformés depuis lors par des renversements, des
soulèvements, et des failles, et transformés ailleurs en quartz, en
schistes, et en marbres.
On ne trouve ni roches ignées ni laves dans les couches rocheuses de
cette période, à l'exception de celles des grands volcans du sud de
l'Europe et de l'est du Maine et des coulées de lave du Québec. L'activité
volcanique était en grande partie terminée. Ce fut l'apogée des grands
dépôts marins, et il ne se forma que très peu de chaînes de montagnes.
Il y a 290 millions d'années, les mers s'étaient largement retirées des
continents, et les fonds des océans environnants étaient en train de
s'affaisser. Les masses continentales changèrent peu, avant d'être à
nouveau submergées. Les premiers plissements montagneux commençaient sur
tous les continents; les plus grands soulèvements de la croûte furent
alors les Himalayas en Asie et les grandes Montagnes Calédoniennes
s'étendant de l'Islande au Spitzberg par l'Ecosse.
C'est dans les dépôts de cet âge que se trouve la majeure partie du
gaz, du pétrole, du zinc, et du plomb; le gaz et le pétrole dérivent des
énormes accumulations de matériaux végétaux et animaux qui furent déposés
au moment de la précédente submersion terrestre, tandis que les dépôts de
minerais représentent la sédimentation de masses d'eau stagnantes.
Beaucoup de dépôts de sel gemme datent de cette époque.
Les trilobites déclinaient rapidement; le centre de la scène fut occupé
par de plus gros mollusques, les céphalopodes. Ces animaux atteignirent
cinq mètres de long sur trente centimètres de diamètre et devinrent les
maîtres des mers. Cette espèce d'animaux apparut soudainement et domina la
vie marine.
La grande activité volcanique de cet âge eut lieu dans le secteur
européen. Depuis des millions et des millions d'années il ne s'était pas
produit d'éruptions volcaniques aussi violentes et aussi étendues que
celles qui eurent alors lieu autour de la fosse méditerranéenne, et
particulièrement au voisinage des Iles Britanniques. La coulée de lave sur
la région des Iles Britanniques apparaît aujourd'hui sous forme de couches
alternées de lave et de roches d'une épaisseur de huit mille mètres. Ces
roches furent déposées par les coulées de lave intermittentes qui
s'étalèrent sur un lit marin peu profond et se mêlèrent ainsi aux dépôts
rocheux; le tout fut ensuite soulevé à une grande altitude au-dessus de la
mer. De violents tremblements de terre se produisirent dans le nord de
l'Europe, particulièrement en Ecosse.
Le climat océanique restait doux et uniforme; les mers chaudes
baignaient les rives des terres polaires. On peut trouver dans leurs
dépôts jusqu'au Pôle Nord des fossiles de brachiopodes et autres spécimens
de vie marine. Gastéropodes, brachiopodes, éponges, et coraux bâtisseurs
de récifs continuèrent à se multiplier.
La fin de cette époque fut témoin de la seconde avancée des mers
siluriennes et de la réunion des eaux océaniques du Nord et du Sud,
accompagnée d'un nouveau brassage. Les céphalopodes dominaient la vie
marine, tandis que des formes de vie associées se développaient et se
différenciaient progressivement.
Il y a 280 millions d'années, les continents avaient largement émergé
de la seconde inondation silurienne. Les dépôts rocheux datant de cette
submersion sont connus en Amérique du Nord sous le nom de calcaires du
Niagara, parce que le Niagara coule maintenant sur une couche de cette
roche. Celle-ci s'étend des montagnes de l'Est à la vallée du Mississipi,
mais pas plus loin vers l'ouest, sauf au sud. Plusieurs couches recouvrent
le Canada, des portions de l'Amérique du Sud, l'Australie, et la majeure
partie de l'Europe; l'épaisseur moyenne de cette série de couches du
Niagara est d'environ deux cents mètres. On trouve dans beaucoup de
régions, juste au-dessus du dépôt de type Niagara, des amas de
conglomérats, de schistes, et de sel gemme. Ces accumulations sont dues à
des affaissements secondaires. Le sel se fixa dans de grandes lagunes
alternativement ouvertes sur la mer, puis coupées de la mer, si bien que
l'évaporation laissa des dépôts de sel avec d'autres matières qui étaient
en solution dans l'eau. Dans certaines régions, les couches de sel gemme
atteignent vingt mètres d'épaisseur.
Le climat était doux et régulier, et des fossiles marins se déposaient
dans les régions arctiques. Mais à la fin de cette époque, les mers
étaient tellement salées qu'il y subsistait peu de vie.
Vers la fin de la submersion silurienne finale, les échinodermes -- les
lis de pierre -- se multiplièrent rapidement ainsi qu'en témoignent les
dépôts de calcaire crinoïde. Les trilobites avaient presque disparus et
les mollusques étaient toujours les rois des mers. La formation de récifs
coralliens s'accroissait fortement. Au cours de cet âge, les scorpions
d'eau primitifs se développèrent pour la première fois dans les sites les
plus favorables. Peu après, et soudain, les véritables scorpions -- respirant réellement de l'air
-- firent leur apparition.
Ces développements terminent la troisième période de vie marine, qui
couvre 25 millions d'années et que vos chercheurs appellent Silurienne.
4. -- LE STADE DE LA GRANDE ÉMERGENCE DES TERRES.
LA PÉRIODE DE LA VIE VÉGÉTALE TERRESTRE. L'ÈRE DES POISSONS. |
Au cours du combat séculaire entre la terre et l'eau, les mers avaient
été relativement victorieuses pendant de longues périodes, mais l'heure de
la victoire des terres était toute proche. Les dérives continentales qui
s'étaient produites jusque là avaient presque toujours laissé toutes les
terres du monde réunies par de minces isthmes et d'étroits ponts de terre.
Quand la terre émergea de la dernière inondation silurienne, une
importante période du développement du monde et de l'évolution de la vie
prit fin. Ce fut l'aurore d'un nouvel âge. Le paysage nu et sans attrait
des temps passés commençait à se couvrir d'une verdure luxuriante, et les
premières grandes forêts magnifiques étaient sur le point d'apparaître.
La vie marine de cet âge était très variée parce que les espèces
s'étaient séparées de bonne heure, mais tous ces différents types devaient
ultérieurement s'associer et s'entremêler librement. Les brachiopodes
atteignirent rapidement leur apogée, puis les arthropodes leur
succédèrent, et enfin les bernacles firent leur première apparition; mais
l'événement capital fut l'apparition soudaine de la famille des poissons.
Cette époque devint l'ère des poissons, période de l'histoire du monde
caractérisée par les types d'animaux vertébrés.
Il y a 270 millions d'années, tous les continents émergeaient nettement
de la mer. Depuis des millions et des millions d'années il n'y avait pas
eu simultanément autant de terres au-dessus de l'eau; ce fut l'une des
plus grandes époques d'émergence des terres dans l'histoire d'Urantia.
Cinq millions d'années plus tard, les terres de l'Amérique du Nord et
du Sud, de l'Europe, de l'Afrique, de l'Asie du Nord, et de l'Australie,
furent inondées pendant une courte durée, la submersion de l'Amérique du
Nord étant presque complète de temps à autre; les couches calcaires qui en
résultèrent ont des épaisseurs variant de cent cinquante à quinze cents
mètres. Les différentes mers dévoniennes s'étendirent d'abord dans une
direction, puis dans une autre, de sorte que l'immense mer intérieure
arctique de l'Amérique du Nord trouva un débouché sur l'Océan Pacifique à
travers la Californie du Nord.
Il y a 260 millions d'années, vers la fin de cette époque
d'affaissement terrestre, l'Amérique du Nord était partiellement
recouverte par des mers communiquant simultanément avec les eaux du
Pacifique, de l'Atlantique, de l'Océan Arctique, et du Golfe du Mexique.
Les dépôts de ces stades plus récents de la première inondation dévonienne
ont une épaisseur moyenne d'environ trois cents mètres. Les récifs
coralliens caractéristiques de cette époque indiquent que les mers
intérieures étaient limpides et peu profondes. Ces dépôts coralliens
apparaissent sur les berges de la rivière Ohio près de Louisville
(Kentucky) et ont environ trente mètres d'épaisseur; ils contiennent plus
de deux cents variétés de coraux. Ces formations coralliennes s'étendent à
travers le Canada et le Nord de l'Europe jusqu'aux régions arctiques.
Après ces submersions, une grande partie du littoral fut
considérablement exhaussée, si bien que les dépôts primitifs furent
recouverts de boues ou de schistes. Il existe également une couche de grès
rouge caractéristique de l'une des sédimentations dévoniennes; elle
s'étend sur une grande partie de la surface de la terre; on la trouve en
Amérique du Nord et du Sud, en Europe, en Russie, en Chine, en Afrique, et
en Australie. Ces dépôts rouges évoquent des conditions climatiques arides
ou semi-arides, mais le climat de cette époque resta doux et régulier.
Tout au long de cette période, les terres situées au sud-est de l'Ile
de Cincinnati restèrent nettement au-dessus de l'eau. Mais une très grande
partie de l'Europe occidentale, comprenant les Iles Britanniques, fut
submergée. Au Pays de Galles, en Allemagne, et en différents endroits de
l'Europe, les roches dévoniennes ont 6.000 mètres d'épaisseur.
Il y a 250 millions d'années se situe l'une des étapes les plus
importantes de l'évolution pré-humaine, l'apparition de la famille des
poissons, des vertébrés.
Les arthropodes, ou crustacés, furent les ancêtres des premiers
vertébrés. Les précurseurs de la famille des poissons furent deux ancêtres
arthropodes modifiés; l'un avait un long corps reliant la tête et la queue
et l'autre était un pré-poisson sans arête dorsale ni mâchoires. Mais ces
types préliminaires furent rapidement détruits quand les poissons,
premiers vertébrés du monde animal, apparurent soudain venant du nord.
Beaucoup des plus grands poissons proprement dits appartiennent à cet
âge; quelques variétés pourvues de dents avaient de huit à dix mètres de
long. Les requins d'aujourd'hui sont les survivants de ces espèces
anciennes. Les poissons dipneustes et cuirassés atteignirent l'apogée de
leur évolution et, avant la fin de cette époque, la faune marine s'était
adaptée à la vie en eau douce et en eau salée.
On trouve de véritables lits osseux de squelettes et de dents de
poissons dans les dépôts accumulés vers la fin de cette période, de riches
couches fossiles sont situées le long de la côte de Californie, du fait
que beaucoup de baies abritées de l'Océan Pacifique s'enfonçaient dans les
terres de cette région.
La terre était rapidement envahie par les nouveaux genres de végétation
terrestre. Jusque là, peu de plantes poussaient sur terre, sauf au bord de
l'eau. La prolifique famille des fougères apparut alors soudain
et se
répandit très vite à la surface des terres en cours d'élévation rapide
dans toutes les parties du monde. Des types d'arbres dont le tronc avait
soixante centimètres de diamètre et douze mètres de hauteur se
développèrent bientôt; plus tard, les feuilles évoluèrent, mais les
variétés primitives n'avaient qu'un feuillage rudimentaire. Il y avait
aussi beaucoup de plantes plus petites, mais leurs fossiles sont
introuvables car ces plantes furent généralement détruites par des
bactéries, apparues précédemment.
Les continents s'élevaient, et l'Amérique du Nord fut reliée à l'Europe
par des ponts terrestres s'étendant jusqu'au Groënland. Aujourd'hui, les
restes des plantes terrestres primitives sont conservés sous le manteau de
glace du Groënland.
Il y a 240 millions d' années, certaines parties des terres de l'Europe
et des deux Amériques commencèrent à s'affaisser. Cet effondrement marqua
l'apparition de la dernière et la moins étendue des inondations
dévoniennes. Les mers arctiques se déplacèrent à nouveau vers le sud et
envahirent une grande partie de l'Amérique du Nord; l'Atlantique inonda
une large portion de l'Europe et de l'Asie occidentale, tandis que le
Pacifique Sud recouvrait la majeure partie de l'Inde. Cette inondation fut
aussi lente à apparaître qu'à se retirer. Les Monts Catskill, qui longent
la rive occidentale du Fleuve Hudson, sont un des plus grands monuments
géologiques de cette époque que l'on puisse trouver à la surface de
l'Amérique du Nord.
Il y a 230 millions d'années, les mers continuaient à se retirer. Une
grande partie de l'Amérique du Nord était au-dessus de l'eau et une
violente activité volcanique se produisit dans la région du Saint-Laurent.
Le Mont-Royal, à Montréal, est la cheminée érodée de l'un de ces volcans.
Les dépôts de toute cette époque sont nettement visibles dans les Monts
Appalaches en Amérique du Nord, à l'endroit où la rivière Susquehanna a
taillé une vallée qui met à nu ces couches successives dépassant 4.000
mètres d'épaisseur.
L'élévation des continents se poursuivait et l'atmosphère
s'enrichissait en oxygène. La terre était recouverte d'immenses étendues
de fougères de trente mètres de haut et de forêts d'arbres particuliers à
cette époque, forêts silencieuses où l'on n'entendait pas le moindre
bruit, pas même le bruissement d'une feuille, car ces arbres n'avaient pas
de feuilles.
Ainsi se termina l'une des plus longues périodes de l'évolution de la
vie marine, l'ère des poissons. Cette époque de l'histoire du monde dura
presque cinquante millions d'années; vos chercheurs la connaissent sous le
nom de Dévonienne.
5. -- LE STADE DE DÉRIVE DE LA CROUTE TERRESTRE.
LA PÉRIODE CARBONIFÈRE DES FORETS DE FOUGÈRES. |
L'ÈRE DES GRENOUILLES. |
L'apparition des poissons au cours de la période précédente marque le
point culminant de l'évolution de la vie marine; à partir de là,
l'évolution de la vie terrestre devient de plus en plus importante. Cette
période s'ouvre dans des conditions presque idéales pour l'apparition des
premiers animaux terrestres.
Il y a 220 millions d'années, beaucoup de zones continentales, dont la
majeure partie de l'Amérique du Nord, se trouvaient au-dessus des eaux. La
terre était envahie d'une végétation luxuriante; ce fut véritablement
l'ère des fougères. Il y avait encore du gaz carbonique dans l'atmosphère,
mais en moindre proportion.
Peu de temps après, la portion centrale de l'Amérique du Nord fut
inondée, ce qui créa deux vastes mers intérieures. Les hautes terres des
côtes de l'Atlantique et du Pacifique étaient situées juste au delà du
littoral actuel. Ces deux mers se rejoignirent bientôt, mêlant leurs
différentes formes de vie. La réunion de leurs faunes marines marque le
commencement du rapide déclin mondial de la vie marine et le début de la
période suivante de vie terrestre.
Il y a 210 millions d'années, les eaux chaudes des mers arctiques
couvraient la majeure partie de l'Amérique du Nord et de l'Europe. Les
eaux polaires antarctiques inondaient l'Amérique du Sud et l'Australie,
tandis que l'Afrique et l'Asie étaient surélevées.
Quand les mers atteignirent leur niveau maximum, un nouveau
développement évolutionnaire se produisit soudain. Brusquement, les
premiers animaux terrestres apparurent. Il y en eut de nombreuses espèces
capables de vivre sur la terre ou dans l'eau. Ces amphibies respirant de
l'air se développèrent à partir des arthropodes, dont les vessies
natatoires s'étaient transformées en poumons.
Des serpents, des scorpions, et des grenouilles sortirent des eaux
marines saumâtres et rampèrent sur la terre. Aujourd'hui encore les
grenouilles pondent leurs oeufs dans l'eau, et leurs petits débutent dans
l'existence sous forme de poissons minuscules, les tétards. On pourrait
appeler cette période l'ère des grenouilles.
Très peu de temps après, les premiers insectes apparurent et envahirent
bientôt les continents du monde en même temps que des araignées, des
scorpions, des cancrelats, des grillons, et des sauterelles. Des
libellules mesuraient soixante-quinze centimètres d'envergure. Mille
espèces de cancrelats se développèrent, dont certaines atteignirent une
taille de dix centimètres.
Deux groupes d'échinodermes se développèrent particulièrement bien; en
fait, ils sont les fossiles pilotes de cette époque. Les grands requins
mangeurs de coquillages avaient également atteint un haut degré
d'évolution; ils dominèrent les océans pendant plus de cinq millions
d'années. Le climat était encore doux et régulier; la vie marine avait peu
changé. Les poissons d'eau douce se multipliaient et les trilobites
étaient près de disparaître. Il y avait peu de coraux et une grande partie
du calcaire était produite par les crinoïdes. Les meilleurs calcaires à
bâtir furent déposés à cette époque.
Les eaux de beaucoup de mers intérieures étaient si chargées de chaux
et d'autres minéraux qu'elles gênèrent grandement le progrès et le
développement de nombreuses espèces marines. Les mers se décantèrent
finalement en laissant de vastes dépôts rocheux contenant par endroits du
zinc et du plomb.
Les dépôts de cet âge carbonifère initial ont une épaisseur de 150 à
600 mètres et se composent de grès, de schistes, et de calcaires. Les
couches les plus anciennes renferment des fossiles d'animaux et de plantes
terrestres et marines, avec beaucoup de graviers et de sédiments. On
trouve peu de charbon exploitable dans ces strates anciennes. Dans toute
l'Europe, les dépôts de ce genre sont très similaires à ceux de l'Amérique
du Nord.
Vers la fin de cette époque, les terres de l'Amérique du Nord
commencèrent à s'élever. Il y eut une courte interruption, puis les mers
revinrent couvrir environ la moitié de leurs anciens lits. Cette
inondation fut brève, et la plupart des terres se retrouvèrent bientôt
très au-dessus de l'eau. L'Amérique du Sud était encore reliée à l'Europe
par l'Afrique.
Le commencement de la formation des Vosges, de la Forêt Noire, et de
l'Oural date de cette époque. On retrouve les assises d'autres montagnes
plus anciennes en Grande Bretagne et dans toute l'Europe.
Il y a 200 millions d'années commencèrent les stades vraiment actifs de
la période carbonifère. Pendant vingt millions d'années avant cette
époque, les premières couches de charbon avaient commencé à se déposer,
mais les processus formatif de charbon furent alors actifs sur une plus
vaste échelle. La durée de l'époque proprement dite des dépôts de charbon
dépassa vingt-cinq millions d'années.
Les terres s'exhaussaient et s'enfonçaient périodiquement à cause des
variations du niveau de la mer provoqués par les mouvements des fonds
océaniques. Cette instabilité de la croûte -- le tassement et l'élévation
des terres -- en corrélation avec la végétation prolifique des marécages
littoraux, contribua à former d'immenses dépôts de charbon, ce qui a fait
donner à cette période le nom de Carbonifère. Le climat était toujours
doux sur l'ensemble du monde.
Les couches de charbon alternaient avec des schistes, des roches, et
des conglomérats. L'épaisseur des gisements de charbon du centre et de
l'Est des Etats-Unis varie de douze à quinze mètres; mais beaucoup de ces
dépôts ont été emportés par les eaux au cours d'élévations de terrains
ultérieures. Dans certaines parties de l'Amérique du Nord et de l'Europe,
les strates carbonifères ont 5.500 mètres d'épaisseur.
La présence de racines d'arbres poussant dans l'argile sous-jacente aux
gisements actuels de houille démontre que le charbon a été formé
exactement à l'endroit où il se trouve maintenant. Il est constitué par
les restes de la végétation exubérante qui croissait dans les marécages et
sur les rives des marais de cet âge reculé. Ces résidus ont été préservés
par l'eau et modifiés par la pression. Les couches de charbon contiennent
souvent à la fois du gaz et du pétrole. Les gisements de tourbe, restes
d'une ancienne végétation, se transforme raient en un type de charbon
s'ils étaient soumis à une température et à une pression appropriées.
L'anthracite a été soumis à une pression et à une température plus élevées
que les autres charbons.
En Amérique du Nord, le nombre des couches carbonifères des divers
gisements indique combien de fois la terre s'éleva et s'affaissa; ce
nombre va de dix dans l'Illinois à vingt en Pennsylvanie, trente-cinq dans
l'Alabama, et jusqu'à soixante-quinze au Canada. Dans les gisements de
charbon, on trouve simultanément des fossiles d'eau douce et des fossiles
d'eau salée.
Tout au long de cette époque, les montagnes de l'Amérique du Nord et du
Sud furent en mouvement; les Andes et les très anciennes Montagnes
Rocheuses du Sud surgissaient. Les grandes régions élevées de la côte de
l'Atlantique et du Pacifique commencèrent à s'enfoncer et furent en fin de
compte si érodées et submergées que le littoral des deux océans recula
approximativement jusqu'à sa position actuelle. Les dépôts de cette
inondation ont une épaisseur moyenne d'environ 300 mètres.
Il y a 190 millions d'années, la mer carbonifère de l'Amérique du Nord
s'étendit vers l'ouest; elle recouvrit la région actuelle des Montagnes
Rocheuses et déboucha sur l'Océan Pacifique à travers la Californie du
Nord. Le charbon continua à s'accumuler sur l'ensemble des Amériques et de
l'Europe, couche après couche, à mesure que les régions côtières
s'élevaient et s'abaissaient au cours de cette période d'oscillations
littorales.
L'époque d'il y a 180 millions d'années mit un terme à la période
carbonifère au cours de laquelle le charbon s'était formé dans le monde
entier -- en Europe, aux Indes, en Chine, en Afrique du Nord et dans les
Amériques. A la fin de cette période, la partie de l'Amérique du Nord
située à l'est de la vallée du Mississipi s'éleva, et la majeure partie de
cette région est restée depuis lors au-dessus du niveau de la mer. Cette
époque de soulèvements de terrains marque le commencement de la formation
des montagnes actuelles de l'Amérique du Nord, aussi bien dans la région
des Appalaches que dans l'Ouest. Des volcans étaient actifs dans l'Alaska
et en Californie, ainsi que dans les régions d'Europe et d'Asie où des
montagnes étaient en voie de formation. L'Est de l'Amérique et l'Ouest de
l'Europe étaient reliés par le continent du Groënland.
L'élévation du terrain commença à modifier le climat maritime des âges
précédents et à y substituer les prémisses du climat continental, moins
doux et plus variable.
Les plantes de ce temps étaient porteuses de spores que le vent pouvait
disséminer dans toutes les directions. Le tronc des arbres carbonifères
avait couramment deux mètres de diamètre et souvent trente-cinq mètres de
hauteur. Les fougères d'aujourd'hui ne sont plus que des vestiges de ces
âges passés.
Dans l'ensemble, ces temps furent marqués par le développement des
organismes vivant dans l'eau douce; la vie marine antérieure subit peu de
changements. La caractéristique dominante de cette période fut
l'apparition soudaine des grenouilles et de leurs nombreux cousins. Les
caractéristiques de la vie durant l'ère carbonifère furent les fougères et
les grenouilles.
6. -- LE STADE DE TRANSITION CLIMATIQUE. |
LA PÉRIODE DES PLANTES À GRAINES. |
L'ÈRE DES TRIBULATIONS BIOLOGIQUES. |
Cette période marque le tournant entre la fin du développement
évolutionnaire de la vie marine et l'ouverture de la période de transition
qui conduisit aux âges ultérieurs des animaux terrestres.
Au cours de cette ère, la vie fut grandement appauvrie. Des milliers
d'espèces marines périrent alors que la vie était à peine établie sur
terre. Ce fut un temps de tribulations biologiques, l'ère où la vie
disparut presque entièrement de la surface de la terre et des profondeurs
des océans. Vers la fin de la longue ère de vie marine, plus de cent mille
espèces d'animaux vivaient sur notre globe. A la fin de la période de
transition, moins de cinq cents avaient survécu.
Les particularités de cette nouvelle période ne sont pas dues tellement
au refroidissement de la croûte terrestre ou à la longue absence
d'activité volcanique qu'à la combinaison inhabituelle d'influences
banales et pré-existantes: resserrement des mers et exhaussement croissant
d'énormes masses continentales. Le doux climat maritime des temps passés
était en voie de disparition, et le type plus rude de climat continental
s'étendait rapidement.
Il y a 170 millions d'années, de grandes adaptations et de grands
changements évolutionnaires se produisirent sur toute la surface de la
terre. Les continents s'élevaient sur l'ensemble du monde tandis que les
fonds océaniques s'abaissaient. Des chaînes montagneuses isolées
apparurent. La partie orientale de l'Amérique du Nord s'élevait très haut
au-dessus de la mer; l'Ouest se soulevait lentement. Les continents
étaient couverts de lacs salés de toutes tailles et de nombreuses mers
intérieures reliées aux océans par de minces détroits. L'épaisseur des
strates de cette période transitoire varie de 200 à 2.000 mètres.
Au cours de ces élévations de terrain, la croûte terrestre se plissa
sur de vastes étendues. Ce fut une époque d'émergence continentale, bien
que certains ponts terrestres aient alors disparu et, parmi eux, les
continents qui avaient si longtemps relié l'Amérique du Sud à l'Afrique et
l'Amérique du Nord à l'Europe.
Les mers intérieures et les lacs s'asséchaient progressivement sur
l'ensemble du monde. Des glaciers montagneux régionaux isolés commencèrent
à apparaître, spécialement dans l'hémisphère Sud; dans certaines régions,
les dépôts de ces formations glaciaires locales se retrouvent même parmi
les couches supérieures des derniers dépôts de charbon. Deux nouveaux
facteurs climatiques apparurent, la glace et l'aridité. Beaucoup de hautes
régions de la terre étaient devenues arides et stériles.
Tout au long de ces époques de changements climatiques, de grandes
variations se produisirent également dans la végétation terrestre. Les
plantes à graines apparurent les premières et procurèrent une meilleure
alimentation aux animaux terrestres qui se multiplièrent par la suite. Les
insectes subirent un changement radical. Leurs stades de repos évoluèrent
pour s'adapter aux exigences des périodes d'hibernation et de sécheresse
où la vie est en suspens.
Parmi les animaux terrestres, les grenouilles, qui avaient atteint leur
apogée pendant l'âge précédent, déclinèrent rapidement. Elles survécurent
parce qu'elles pouvaient vivre longtemps même dans les mares et les étangs
en voie de dessèchement dans ces temps lointains extrêmement éprouvants.
Durant le déclin de l'ère des grenouilles, la première étape de leur
évolution en reptiles se produisit en Afrique. Comme les masses
continentales étaient encore reliées entre elles, ces créatures
pré-reptiliennes, respirant de l'air, se répandirent sur le monde entier.
A cette époque, l'atmosphère s'était si bien modifiée quelle convenait
admirablement à l'entretien de la respiration animale. C'est peu après
l'arrivée de ces grenouilles pré-reptiliennes que l'Amérique du Nord fut
temporairement isolée, coupée de l'Europe, de l'Asie, et de l'Amérique du
Sud.
Le refroidissement progressif des eaux océaniques contribua beaucoup à
la destruction de la vie dans les mers. Les animaux marins de ces âges se
réfugièrent temporairement dans trois retraites propices: la région
actuelle du Golfe du Mexique, la Baie du Gange aux Indes, et la Baie de
Sicile dans le bassin méditerranéen. C'est à partir de ces trois régions
que de nouvelles espèces marines, nées pour affronter l'adversité,
partirent plus tard pour repeupler les mers.
Il y a 160 millions d'années, la terre était largement couverte d'une
végétation adaptée à l'entretien de la vie animale terrestre, et
l'atmosphère était devenue idéale pour la respiration animale. Ainsi se
terminent la période de réduction de la vie marine et ces temps d'épreuves
biologiques adverses qui éliminèrent toutes les formes de vie, sauf celles
qui avaient une valeur de survivance; ces dernières devenaient ainsi
qualifiées pour servir d'ancêtres à la vie plus hautement différenciée et
au développement plus rapide des âges suivants de l'évolution planétaire.
La fin de cette période de tribulation biologique, connue de vos
savants sous le nom de Permienne, marque également la fin de la longue ère
Paléozoïque qui couvre un quart de l'histoire planétaire, soit 250
millions d'années.
La vaste pépinière de vie que furent les océans d'Urantia avait rempli
son rôle. Au cours des longs âges pendant lesquels la terre fut impropre à
entretenir la vie, avant que l'atmosphère ne contint assez d'oxygène pour
sustenter les animaux terrestres supérieurs, la mer donna naissance aux
formes de vie primitives du royaume et les entretint. Maintenant,
l'importance biologique de la mer diminuait progressivement et le second
stade de l'évolution commençait à se dérouler sur Urantia.
[Présenté par un Porteur de Vie de Nébadon,
appartenant au corps originel affecté à Urantia.] |
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