L'ÈRE DES MAMMIFÈRES SUR URANTIA
L'ÈRE des mammifères s'étend depuis l'époque des premiers mammifères
placentaires jusqu'à la fin de l'âge glaciaire et couvre un peu moins de
cinquante millions d'années.
Au cours de cet âge Cénozoïque, le panorama du monde offrit un
spectacle séduisant: collines ondulées, larges vallées, grands fleuves, et
vastes forêts. Pendant cette période, l'Isthme de Panama s'éleva et
s'affaissa deux fois, et le pont terrestre du Détroit de Béring fit trois
fois de même.
Les types d'animaux étaient à la fois nombreux et variés. Les arbres
fourmillaient d'oiseaux et le monde entier était un paradis pour les
animaux, malgré les luttes incessantes pour la suprématie de leurs espèces
en évolution.
Les dépôts accumulés au cours des cinq périodes de cette ère de
cinquante millions d'années contiennent les archives fossiles des
dynasties successives de mammifères, et conduisent directement aux temps
où l'homme lui-même apparut.
1. -- LE NOUVEAU STADE DU SOL CONTINENTAL |
L'ÈRE DES PREMIERS MAMMIFÈRES |
Il y a 50 millions d'années, les zones continentales du monde se
trouvaient en majeure partie au-dessus de l'eau ou légèrement immergées.
Les formations et les dépôts de cette période sont à la fois terrestres et
marins, mais principalement terrestres. Pendant un temps considérable, les
terres s'élevèrent graduellement, mais elles furent en même temps érodées
et entraînées vers les plaines et les mers.
Au début de cette période, les mammifères du type placentaire
apparurent soudain en Amérique du Nord; ils représentaient l'étape
la plus importante de l'évolution jusqu'à cette époque. Des ordres de
mammifères non-placentaires avaient existé auparavant, mais ce nouveau
type jaillit directement et soudainement de l'ancêtre reptile
pré-existant dont la descendance s'était perpétuée au long des temps du
déclin des dinosaures. Le père des mammifères placentaires fut un petit
dinosaure carnivore, très actif, du type sauteur.
Les instincts fondamentaux des mammifères commencèrent à se manifester
chez ces types primitifs. Les mammifères possèdent sur toutes les autres
formes de la vie animale un immense avantage pour survivre du fait qu'ils
peuvent:
|
1. Mettre au monde des petits relativement évolués
et bien développés. |
|
2. Nourrir, instruire, et protéger leur descendance
avec amour. |
|
3. Employer la supériorité de leur pouvoir cérébral
pour se perpétuer. |
|
4. Utiliser leur agilité accrue pour échapper à
leurs ennemis. |
|
5. Appliquer leur intelligence supérieure pour
s'ajuster et s'adapter à l'entourage. |
Il y a 45 millions d'années, les arêtes des continents s'élevèrent
corrélativement à un affaissement généralisé des régions côtières. Les
races de mammifères évoluaient rapidement. Un petit mammifère reptile du
type ovipare prospérait, et les ancêtres des futurs kangourous rôdaient en
Australie. Il y eut bientôt des petits chevaux, des rhinocéros agiles, des
tapirs à trompe, des porcs primitifs, des écureuils, des lémures, des
opossums, et plusieurs tribus d'animaux simiens. Ils étaient tous petits,
primitifs, et surtout adaptés à la vie dans les forêts des régions
montagneuses. Un grand oiseau terrestre du genre autruche se développa
jusqu'à atteindre trois mètres de haut; il pondait des oeufs de
vingt-trois centimètres sur trente-trois et fut l'ancêtre des gigantesques
oiseaux transporteurs ultérieurs, qui étaient si remarquablement
intelligents et véhiculaient jadis des êtres humains à travers les airs.
Les mammifères du début de l'ère cénozoïque vivaient sur terre, sous
l'eau, dans l'air, et au sommet des arbres. Ils avaient de une à onze
paires de glandes mammaires et étaient tous recouverts d'une épaisse
toison. A l'instar des espèces qui devaient apparaître plus tard, ils
portaient deux dentitions successives et possédaient un cerveau de grande
taille par rapport à leur corps, mais aucune des espèces modernes ne
figurait parmi eux.
Il y a 40 millions d'années, les zones terrestres de l'hémisphère nord
commencèrent à s'élever; ce phénomène fut suivi par de nouvelles et vastes
sédimentations, et par d'autres mouvements terrestres comprenant des
coulées de laves, des gauchissements, des formations lacustres, et des
,érosions.
Pendant la dernière partie de cette période, presque toute l'Europe fut
submergée. A la suite d'un léger exhaussement du sol, le continent se
couvrit de lacs et de baies. L'Océan Arctique coula vers le sud par la
dépression de l'Oural pour rejoindre la Méditerranée qui s'étendait alors
plus au nord; les hautes terres des Alpes, des Karpathes, des Apennins, et
des Pyrénées émergeaient nettement comme les îles au milieu de la mer. L'Isthme
de Panama était émergé; les océans Atlantique et Pacifique étaient
séparés. L'Amérique du Nord était reliée à l'Asie par le pont terrestre du
Détroit de Béring et à l'Europe par le Groenland et l'Islande. Le circuit
terrestre continental des latitudes nordiques n'était interrompu que par
le Détroit de l'Oural, qui reliait les mers arctiques à la Méditerranée
agrandie.
De grandes quantités de calcaires foraminifères se déposèrent dans les
eaux européennes. Aujourd'hui, cette roche se retrouve à une altitude de
3.000 mètres dans les Alpes, 5.000 mètres dans les Himalayas, et 6.000
mètres au Thibet. Les dépôts crayeux de cette période apparaissent le long
des côtes d'Afrique et d'Australie, sur la côte ouest de l'Amérique du
Sud, et dans la région des Antilles.
Tout au long de cette période dite Eocène, l'évolution des
mammifères et des formes de vie apparentées se poursuivit presque sans
interruption. L'Amérique du Nord était alors reliée par des terres à tous
les autres continents sauf l'Australie, et le monde était progressivement
envahi par divers types d'une faune mammifère primitive.
2. -- LE STADE RÉCENT D'INONDATION |
L'ÈRE DES MAMMIFÈRES ÉVOLUÉS |
Cette période fut caractérisée par une nouvelle et rapide évolution des
mammifères placentaires, les formes plus avancées de mammifères qui se
développèrent au cours de ces temps.
Bien que les mammifères placentaires primitifs fussent issus d'ancêtres
carnivores, des espèces herbivores apparurent très vite, et bientôt des
familles de mammifères omnivores surgirent également. Les angiospermes
constituaient la nourriture principale de ces mammifères qui se
multipliaient rapidement, car la flore terrestre moderne, y compris la
majorité des plantes et des arbres actuels, était apparue au cours de
périodes antérieures.
Il y a 35 millions d'années commença l'âge de la domination mondiale
des mammifères placentaires. Le pont terrestre du Sud était très large et
reliait à nouveau l'immense continent Antarctique à l'Amérique du Sud, à
l'Afrique du Sud, et à l'Australie. Malgré l'amoncellement des terres aux
hautes latitudes, le climat du monde restait relativement doux parce que
la surface des mers tropicales s'était énormément accrue et que les terres
n'étaient pas encore assez élevées pour produire des glaciers. De vastes
coulées de laves eurent lieu au Groënland et en Islande, et une certaine
quantité de charbon fut déposée entre ces couches.
Des changements prononcés se dessinaient dans la faune de la planète.
La vie marine était en train de subir de profondes modifications; la
majeure partie des espèces actuelles d'animaux marins existait déjà, et
les foraminifères continuaient à jouer un rôle important. Les insectes
ressemblaient beaucoup à ceux de la période précédente. Les dépôts
fossiles de Florissant, au Colorado, datent des dernières années de ces
temps lointains. La majorité des familles d'insectes actuellement vivants
remontent à cette période, mais beaucoup de celles qui existaient alors
sont maintenant éteintes, bien que leurs fossiles subsistent.
Sur les continents, cet âge fut par excellence celui de la rénovation
et de l'expansion des mammifères. Plus de cent espèces de mammifères
antérieurs et plus primitifs s'étaient éteintes avant la fin de cette
période. Les mammifères de grande taille pourvus d'un petit cerveau
périrent rapidement. Le cerveau et l'agilité avaient remplacé l'armure et
la taille dans le progrès de la survivance des animaux. Comme la famille
des dinosaures était sur son déclin, les mammifères assumèrent peu à peu
la domination de la terre en détruisant rapidement et complètement le
reste de leurs ancêtres reptiles.
Parallèlement à la disparition des dinosaures d'autres changements
importants se produisirent dans les diverses branches de la famille des
sauriens. Les membres survivants des familles primitives de reptiles sont
les tortues, les serpents, et les crocodiles, ainsi que les vénérables
grenouilles, seul groupe subsistant pour représenter les plus lointains
prédécesseurs de l'homme.
Divers groupes de mammifères tirèrent leur origine d'un animal unique
maintenant éteint. Cette créature carnivore était quelque chose comme le
croisement d'un chat et d'un phoque; elle pouvait vivre sur terre ou dans
l'eau, possédait une intelligence supérieure, et était très active. En
Europe, l'ancêtre de la famille canine apparut par évolution et donna
bientôt naissance à de nombreuses espèces de petits chiens. Vers la même
époque apparurent les rongeurs, castors, écureuils, saccophores, souris,
et lapins, qui représentèrent bientôt une forme de vie importante; très
peu de modifications se sont produites depuis lors dans cette famille. Les
derniers dépôts de cette période contiennent des restes fossiles de
chiens, de chats, de ratons laveurs, et de belettes de forme ancestrale.
Il y a 30 millions d'années, les types modernes de mammifères
commencèrent à faire leur apparition. Jusque là, les mammifères avaient
vécu en majorité dans les montagnes, car ils appartenaient à des types
montagnards. Soudain commença l'évolution du type ongulé des
plaines, l'espèce herbivore différenciée des carnivores à grilles. Ces
animaux broutants descendaient d'un ancêtre non différencié qui avait cinq
orteils et quarante-quatre dents et qui disparut avant la fin de cet âge.
L'évolution des ongulés ne progressa pas au delà du stade à trois orteils
pendant cette période.
Le cheval, remarquable exemple d'évolution, vécut à cette époque en
Amérique du Nord et en Europe, mais il n'acheva pas totalement son
développement avant l'ère glaciaire ultérieure. La famille des rhinocéros,
déjà existante à la fin de cette période, ne connut sa plus grande
expansion que plus tard. Une petite créature porcine se développa
également et devint l'ancêtre des nombreuses espèces de suidés, de
pécaris, et d'hippopotames. Chameaux et lamas eurent leur origine en
Amérique du Nord vers le milieu de cette période et envahirent les plaines
de l'Ouest. Plus tard, les lamas émigrèrent en Amérique du Sud, les
chameaux en Europe, et les deux espèces s'éteignirent bientôt en Amérique
du Nord. Quelques chameaux survécurent toutefois jusqu'à l'âge glaciaire.
Un fait important se produisit à cette époque dans l'ouest de
l'Amérique du Nord; les ancêtres primitifs des anciens lémures apparurent
pour la première fois. Bien que l'on ne puisse pas véritablement qualifier
de lémurienne cette famille, son apparition marque l'établissement de la
lignée d'où les vrais lémures sortirent ultérieurement.
A l'instar des serpents terrestres d'un âge antérieur qui s'étaient
voués à la vie marine, une tribu entière de mammifères placentaires
déserta alors la terre pour établir sa résidence dans les océans. Ils sont
depuis lors restés dans la mer où ils ont donné naissance aux baleines,
dauphins, marsouins, phoques, et otaries actuels.
Les oiseaux continuèrent à se développer sur la planète, mais avec peu
de changements évolutionnaires importants. La majorité des oiseaux des
temps modernes existait déjà, y compris les mouettes, hérons, flamants,
buses, faucons, aigles, hiboux, cailles, et autruches.
Vers la fin de cette période dite Oligocène, qui couvrit dix
millions d'années, la vie végétale, la vie marine, et les animaux
terrestres avaient très largement évolué et se trouvaient présents sur la
planète à peu près comme aujourd'hui. Des spécialisations très poussées
apparurent par la suite, mais les ancêtres de la majorité des animaux
étaient déjà en vie.
3. -- LE STADE DES MONTAGNES MODERNES |
L'ÈRE DE L'ÉLÉPHANT ET DU CHEVAL |
L'élévation des terres et la ségrégation des mers changeaient lentement
la météorologie du monde: le temps se refroidissait progressivement, mais
le climat restait encore doux. Séquoias et magnolias poussaient au
Groënland, mais les plantes subtropicales commençaient à émigrer vers le
sud. A la fin de cette période, les plantes et les arbres des climats
chauds avaient largement disparus des latitudes septentrionales; leur
place avait été prise par des plantes plus résistantes et par les arbres à
feuilles caduques.
Le nombre des variétés d'herbes augmenta considérablement; les dents de
beaucoup d'espèces de mammifères se modifièrent progressivement pour se
rapprocher du type actuel de dentition des herbivores broutants.
Il y a 25 millions d'années, une légère immersion des terres se
produisit après une longue époque d'émersion. La région des Montagnes
Rocheuses resta très élevée, de sorte que des matériaux d'érosion
continuèrent à se déposer sur l'ensemble des basses terres de l'Est. Les
Sierras furent à nouveau exhaussées; en fait, elles n'ont pas cessé de
s'élever depuis lors. La grande faille verticale californienne de six
kilomètres et demi date de ce temps-là.
Il y a 20 millions d'années, les mammifères connurent véritablement
leur âge d'or. L'isthme du détroit de Béring était émergé, ce qui permit à
de nombreux groupes d'animaux d'émigrer d'Asie vers l'Amérique du Nord;
ils comprenaient des mastodontes à quatre défenses, des rhinocéros à
courtes pattes, et de nombreuses variétés de félins.
Les premiers cervidés apparurent, et l'Amérique du Nord fut bientôt
envahie par des ruminants -- cerfs, boeufs, chameaux, bisons, et plusieurs
espèces de rhinocéros -- mais l'espèce des porcs géants qui atteignaient
plus de deux mètres de haut s'éteignit.
Les immenses éléphants de cette période et des périodes suivantes
avaient un cerveau proportionné à leur grand corps; ils envahirent bientôt
le monde entier à l'exception de l'Australie. Pour une fois, le monde fut
dominé par un animal énorme dont le cerveau était suffisamment important
pour lui permettre de subsister. En présence de la vie hautement
intelligente de ces âges, nul animal de la taille d'un éléphant n'aurait
pu survivre à moins de posséder un cerveau de grande dimension et de
qualité supérieure. En ce qui concerne l'intelligence et la faculté
d'adaptation, le cheval est seul à s'approcher de l'éléphant, lequel n'est
surpassé que par l'homme lui-même. Malgré cela, sur les cinquante espèces
d'éléphants existant au début de cette période, deux seulement ont
survécu.
Il y a 15 millions d'années, les régions montagneuses de l'Eurasie
étaient en train de s'élever; une certaine activité volcanique s'y
manifestait un peu partout, sans pourtant avoir rien de comparable aux
coulées de lave de l'hémisphère occidental. Ces conditions instables
prévalaient sur l'ensemble du monde.
Le détroit de Gibraltar se ferma, et l'Espagne fut reliée à l'Afrique
par le vieil isthme, mais la Méditerranée s'écoulait dans l'Atlantique par
un étroit canal qui traversait la France, tandis que les pics montagneux
et les hautes terres formaient des îles à la surface de cette mer
ancienne. Plus tard, ces mers européennes commencèrent à se retirer. Plus
tard encore, la Méditerranée fut reliée à l'Océan Indien, tandis qu'à la
fin de cette période la région de Suez se souleva, la Méditerrané fut
transformée pendant un temps en une mer intérieure salée.
Le pont terrestre de l'Islande fut submergé, et les eaux arctiques se
mélangèrent avec celles de l'Océan Atlantique. La côte Atlantique de
l'Amérique du Nord se refroidit rapidement, mais la côte Pacifique resta
plus chaude qu'à présent. Les grands courants' océaniques circulaient et
affectaient le climat à peu près comme aujourd'hui.
La vie des mammifères continua d'évoluer. D'immenses troupeaux de
chevaux se joignirent aux chameaux dans les plaines occidentales de
l'Amérique du Nord; cet âge fut vraiment celui des chevaux aussi bien que
celui des éléphants. Pour sa qualité animale, le cerveau du cheval vient
immédiatement après celui de l'éléphant, bien qu'il soit nettement
inférieur sur un point: le cheval ne triompha jamais complètement de sa
propension profonde à fuir lorsqu'il est effrayé. Le cheval manque du
contrôle émotionnel de l'éléphant, tandis que l'éléphant est gravement
handicapé jar sa taille et son manque d'agilité. Au cours de cette période
apparut par évolution un animal qui tenait à la fois du cheval et de
l'éléphant, mais il fut bientôt détruit par la famille des félins qui se
multipliaient rapidement.
Au moment où Urantia s'engage dans le soi-disant « âge sans chevaux »
vous devriez faire une pause et songer à ce que cet animal signifiait pour
vos ancêtres. Les hommes employèrent d'abord les chevaux pour se nourrir,
puis pour voyager, et enfin pour l'agriculture et la guerre. Le cheval a
servi l'humanité pendant longtemps et a joué un rôle important dans le
développement de la civilisation humaine.
Les développements biologiques de cette période contribuèrent beaucoup
à préparer le terrain pour l'apparition ultérieure de l'homme. En Asie
Centrale, les véritables types de singes primitifs et de gorilles
évoluèrent à partir d'un ancêtre commun maintenant éteint. Mais aucune de
ces espèces n'est rattachée à la lignée des êtres vivants destinés à
donner plus tard les ancêtres de la race humaine.
La famille des canins était représentée par plusieurs groupes,
notamment par des loups et des renards; la tribu des félins l'était par
des panthères et de grands tigres machérodes (à dents en forme de
coutelas) dont les premiers apparurent d'abord en Amérique du Nord. Les
familles félines et canines modernes se multiplièrent dans le monde
entier. Belettes, maîtres, loutres, et ratons laveurs prospérèrent et se
multiplièrent dans les latitudes septentrionales.
Les oiseaux continuèrent à évoluer sans subir de changements notables.
Les reptiles étaient semblables aux types modernes -- serpents,
crocodiles, et tortues.
Ainsi tirait à sa fin une période de l'histoire du monde très
intéressante et fertile en événements. Cette ère de l'éléphant et du
cheval est connue sous le nom de Miocène.
4. -- LE STADE RÉCENT D'ÉLÉVATION CONTINENTALE |
LA DERNIÈRE GRANDE MIGRATION DES MAMMIFÈRES |
Cette période est marquée par l'élévation pré-glaciaire des terres en
Amérique du Nord, en Europe et en Asie. La topographie de la Terre fut
largement modifiée. Des chaînes de montagnes naquirent, des fleuves
changèrent leur cours, et des volcans isolés apparurent dans le monde
entier.
Il y a 10 millions d'années commença un âge de dépôts terrestres locaux
disséminés sur les basses terres des continents, mais la plupart de ces
sédimentations furent ultérieurement érodées. En ce temps-là, une grande
partie de l'Europe était encore immergée, y compris certaines portions de
l'Angleterre, de la Belgique, et de la France; la Mer Méditerranée
recouvrait une grande partie de l'Afrique du Nord. En Amérique du Nord,
des dépôts s'accumulèrent sur de grandes surfaces à la base des montagnes,
dans les lacs, et dans les grandes cuvettes terrestres. Ces dépôts ont une
épaisseur moyenne qui ne dépasse pas soixante mètres; ils sont plus ou
moins colorés, et les fossiles y sont rares. Deux grands lacs d'eau douce
existaient dans l'ouest de l'Amérique du Nord. Les Sierras s'élevaient.
Les monts Shasta, Hood, et Rainier débutaient dans leur carrière; mais ce
n'est pas avant l'âge glaciaire suivant que l'Amérique du Nord commença
son cheminement vers la dépression Atlantique.
Pendant une brève période, toutes les terres du monde se trouvèrent à
nouveau jointes à l'exception de l'Australie, et la dernière migration
animale à l'échelle mondiale eut lieu. L'Amérique du Nord était reliée à
la fois à l'Amérique du Sud et à l'Asie, et des échanges s'effectuaient
librement dans le règne animal. Les paresseux, les tatous, les antilopes,
et les ours d'Asie pénétrèrent en Amérique du Nord, tandis que les
chameaux nord-américains allèrent en Chine. Les rhinocéros émigrèrent dans
le monde entier à l'exception de l'Australie et de l'Amérique du Sud mais,
à la fin de cette période, leur race s'était éteinte dans l'hémisphère
occidental.
En général, la vie de la période précédente continua à évoluer et à se
répandre. La famille des félins dominait la vie animale, et la vie marine
était presque stationnaire. Beaucoup de chevaux étaient encore du type à
trois orteils, mais différentes races modernes allaient surgir; des lamas
et des chameaux du genre girafe se mêlaient aux chevaux dans les plaines à
pâturages. La girafe apparut en Afrique avec un cou aussi long
qu'aujourd'hui. En Amérique du Sud, les paresseux les tatous, les
fourmiliers, et les types sud-américains de singes primitifs évoluèrent.
Avant que les continents ne soient définitivement isolés, les mastodontes,
ces animaux massifs, émigrèrent dans le monde entier sauf en Australie.
Il y a 5 millions d'années, le cheval atteignit son point d'évolution
actuel et émigra d'Amérique du Nord dans le monde entier. Mais la race
chevaline s'était éteinte sur son continent d'origine bien avant l'arrivée
de l'homme rouge.
Le climat se refroidissait progressivement, les plantes terrestres se
déplaçaient lentement vers le sud. C'est d'abord le froid accru dans les
régions nordiques qui arrêta les migrations animales par les isthmes du
nord; plus tard, les ponts terrestres de l'Amérique du Nord
s'affaissèrent. Bientôt après, la liaison terrestre entre l'Afrique et
l'Amérique du Sud fut définitivement submergée, et l'hémisphère occidental
se trouva isolé à peu près comme aujourd'hui. A partir de cette époque,
des types de vie distincts commencèrent à se développer en Orient et en
Occident.
Ainsi se clôtura cette période de près de dix millions d'années, alors
que l'ancêtre de l'homme n'avait pas encore fait son apparition. Cette
époque est généralement désignée sous le nom de Pliocène.
5. -- LE DÉBUT DE L'ÈRE GLACIAIRE
A la fin de la période précédente, les terres du nord-est de l'Amérique
du Nord et de l'Europe septentrionale étaient extrêmement élevées sur de
grandes surfaces; en Amérique du Nord, de vastes régions atteignaient une
altitude de 9.000 mètres et plus. Des climats doux avaient régné
jusqu'alors dans ces régions nordiques, et toutes les eaux arctiques
étaient sujettes à l'évaporation; elles restèrent libres de glaces presque
jusqu'à la fin de la période glaciaire.
En même temps que ces terres s'élevaient, les courants océaniques se
déplacèrent et les vents saisonniers modifièrent leur direction. Ces
conditions provoquèrent en fin de compte sur les hautes terres
septentrionales une précipitation d'humidité presque constante par suite
des mouvements de l'atmosphère fortement saturée. La neige commença à
tomber sur ces régions élevées, donc froides, et elle continua jusqu'à ce
qu'elle eut atteint une épaisseur de 6.000 mètres. Les zones de plus
grande épaisseur de neige, ainsi que l'altitude, déterminèrent les points
centraux des coulées glaciaires sous pression qui se produisirent plus
tard. L'âge glaciaire persista tant que ces précipitations excessives
continuèrent à couvrir les hautes terres nordiques d'un énorme manteau de
neige qui se métamorphosait vite en glace compacte mais cheminante.
Les grandes couches glaciaires de cette époque étaient toutes situées
sur des hautes terres, et non dans les régions montagneuses où elles se
trouvent aujourd'hui. La moitié des formations glaciaires était située en
Amérique du Nord, un quart en Eurasie, et un quart dans le reste du monde,
principalement dans l'Antarctique. L'Afrique était peu touchée par les
glaces, mais l'Australie était presque entièrement recouverte par le
manteau de glace de l'Antarctique.
Les régions nordiques d'Urantia ont connu six invasions glaciaires
séparées et distinctes, bien que des douzaines de progressions et de
reculs se soient produits en liaison avec l'activité de chaque couche de
glace individuelle. Les glaces de l'Amérique du Nord se rassemblèrent en
deux centres, et plus tard en trois. Le Groenland était couvert de glace
et l'Islande complètement ensevelie sous une coulée glaciaire. En Europe,
la glace recouvrit à différentes époques les Iles Britanniques, à
l'exception de la côte sud de l'Angleterre, et s'étendit sur l'Europe
occidentale jusqu'en France.
Il y a 2 millions d'années, l'âge glaciaire était dans sa genèse. Le
premier glacier nord-américain commença son mouvement vers le sud; il lui
fallut presque un million d'années pour avancer, puis pour se retirer vers
les centres de pression du nord. Le manteau de glace central s'étendit
vers le sud jusqu'au Kansas; les centres glaciaires de l'est et de l'ouest
n'étaient pas alors très étendus.
Il y a 1.500.000 ans, le premier grand glacier reculait vers le nord.
Entre temps, d'énormes quantités de neige étaient tombées sur le Groenland
et sur le nord-est de l'Amérique du Nord; cette masse glaciaire orientale
ne tarda pas à couler lentement vers le sud. Ce fut la seconde invasion
glaciaire.
Ces deux premières invasions ne furent pas très étendues en Eurasie. Au
cours des époques primitives de l'ère glaciaire, l'Amérique du Nord était
envahie de mastodontes, de mammouths laineux, de chevaux, de chameaux, de
cerfs, de boeufs musqués, de bisons, de tardigrades terrestres, de castors
géants, de tigres machérodes, de paresseux gros comme des éléphants, et de
nombreux groupes des familles féline et canine. A partir de cette époque,
leur nombre fut rapidement réduit par le froid croissant de la période
glaciaire. Vers la fin de l'âge glaciaire, ces espèces animales s'étaient
en majorité éteintes en Amérique du Nord.
En dehors des régions recouvertes de glace, la vie terrestre et
aquatique n'avait pas beaucoup changé dans le monde. Entre les invasions
glaciaires, le climat était à peu près aussi doux qu'aujourd'hui,
peut-être même un peu plus chaud. Après tout, les glaciers n'étaient que
des phénomènes locaux, bien qu'ils aient recouvert d'immenses surfaces. Le
climat côtier varia grandement entre les périodes d'inactivité glaciaire
et celles où d'énormes icebergs se laissaient glisser des côtes du Maine
dans l'Atlantique; d'autres s'échappaient par le Puget Sound vers le
Pacifique, ou s'écroulaient avec fracas dans les fjords norvégiens ouverts
sur la Mer du Nord.
6. -- L'HOMME PRIMITIF DANS L'ÈRE GLACIAIRE
Le grand événement de cette période glaciaire fut l'apparition
évolutive de l'homme primitif. Légèrement à l'ouest de l'Inde, sur une
terre maintenant immergée et parmi les descendants des anciens lémures
d'Amérique du Nord émigrés en Asie, les mammifères précurseurs de l'homme
apparurent soudainement. Ces petits animaux marchaient
principalement sur leurs pattes de derrière; ils possédaient un gros
cerveau proportionnellement à leur taille et comparativement au cerveau
des autres animaux. Dans la soixante-dixième génération de cet ordre de
vie, un groupe nouveau et supérieur d'animaux se différencia soudain.
Ces nouveaux mammifères intermédiaires -- qui avaient presque deux fois la
taille de leurs ancêtres et possédaient des facultés cérébrales accrues en
proportion -- venaient à peine de bien s'établir quand les Primates,
représentant leur troisième mutation vitale, apparurent soudain.
(Au même moment, un développement rétrograde, survenu au coeur de la
souche des mammifères intermédiaires, donna naissance aux ancêtres de la
race simienne; depuis ce jour et jusqu'aux temps présents, la branche
humaine a progressé selon une évolution graduelle, tandis que les tribus
simiennes sont restées stationnaires ou ont même réellement rétrogradé.)
Il y a un million d'années, Urantia fut enregistrée comme monde
habité. Une mutation à l'intérieur de la souche des Primates en
progression produisit soudain deux êtres humains primitifs, les
véritables ancêtres de l'humanité.
Cet événement eut lieu à peu près au moment où commençait la troisième
avancée glaciaire; on voit donc que vos premiers ancêtres naquirent et se
formèrent dans une ambiance difficile, tonifiante, et stimulante. Les
seuls survivants de ces aborigènes d'Urantia, les Esquimaux, préfèrent
encore maintenant vivre dans les climats nordiques très froids.
Les êtres humains n'habitèrent pas l'hémisphère occidental avant les
derniers temps de l'ère glaciaire; mais au cours des époques
inter-glaciaires, ils passèrent vers l'ouest en contournant la
Méditerranée et envahirent bientôt le continent européen. Dans les
cavernes de l'Europe occidentale on trouve des ossements humains mêlés à
des restes d'animaux aussi bien arctiques que tropicaux, ce qui témoigne
que des hommes ont vécu dans ces régions pendant les dernières époques de
progression et de recul des glaciers.
7. -- LA SUITE DE L'ÈRE GLACIAIRE
Tout au long de la période glaciaire, d'autres activités continuèrent à
progresser, mais l'action des glaces éclipsa tous les phénomènes des
latitudes nordiques. Nulle autre activité terrestre n'a laissé de preuves
topographiques aussi nettes. Les gros cailloux caractéristiques et les
clivages de la surface, tels que marmites de géants, lacs, pierres
déplacées ou pulvérisées, ne sont liés à aucun autre phénomène de la
nature. La glace est également responsable des molles ondulations de
terrain connues sous le nom de drumlins. De plus, au cours de sa
progression, un glacier déplace les rivières et modifie complètement la
face de la terre. Seuls les glaciers laissent derrière eux comme débris
révélateurs les moraines médianes, latérales, et frontales. Ces dépôts, en
particulier les moraines médianes, s'étendent vers le nord et l'ouest en
partant de la côte orientale de l'Amérique du Nord. On en trouve également
en Europe et en Sibérie.
Il y a 750.000 ans, la quatrième nappe de glace, formée par l'union des
champs glaciaires du centre et de l'est de l'Amérique du Nord, était bien
en route vers le sud. A son apogée, elle atteignit le sud de l'Illinois et
déplaça le Mississipi de quatre-vingts kilomètres vers l'ouest, tandis que
la partie orientale de la nappe s'étendit vers le sud jusqu'au fleuve Ohio
et à la Pennsylvanie centrale.
C'est en Asie que la nappe glaciaire sibérienne fit son invasion la
plus méridionale, tandis qu'en Europe la glace en régression s'arrêta
juste avant la barrière montagneuse des Alpes.
Il y a 500.000 ans, au cours de la cinquième avance glaciaire, un
nouveau phénomène accéléra le cours de l'évolution humaine. Soudain,
et en une seule génération, les six races de couleur apparurent par
mutation à partir de la souche humaine aborigène. Cette date est
doublement importante, car elle marque également l'arrivée du Prince
Planétaire.
En Amérique du Nord, le cinquième glacier en progression consista en
une invasion combinée partant des trois centres glaciaires. Toutefois, le
lobe oriental ne s'étendit que peu au sud de la vallée du Saint-Laurent et
la nappe occidentale n'avança que peu vers le sud. Par contre, le lobe
central s'étendit suffisamment vers le sud pour recouvrir presque
entièrement l'Etat d'Iowa. En Europe, cette invasion glaciaire ne fut pas
aussi étendue que la précédente.
Il y a 250.000 ans commença la sixième et dernière poussée glaciaire.
En dépôt du fait que les hautes terres nordiques avaient commencé à
s'affaisser légèrement, cette période vit les plus grands dépôts de neige
s'accumuler sur les champs de glace septentrionaux.
Au cours de cette invasion, les trois grandes nappes glaciaires se
soudèrent en une seule immense masse, et toutes les montagnes de l'ouest
participèrent à cette activité. Ce fut la plus grande de toutes les
invasions glaciaires en Amérique du Nord; la glace se déplaça vers le sud
à plus de deux mille cinq cents kilomètres de ses centres de pression, et
l'Amérique du Nord connut les températures les plus basses de son
histoire.
Il y a 200.000 ans, au cours de l'avance du dernier glacier, eut lieu
un épisode qui influença beaucoup le cours des événements sur Urantia --
la rébellion de Lucifer.
Il y a 150.000 ans, la sixième et dernière invasion glaciaire atteignit
les points extrêmes de sa progression vers le sud; la nappe occidentale
dépassait juste la frontière canadienne, la nappe centrale atteignait le
Kansas, le Missouri, et l'Illinois, et la nappe orientale recouvrait une
grande partie de la Pennsylvanie et de l'Ohio.
C'est ce glacier qui projeta les nombreuses protubérances, ou langues
glaciaires, qui sculptèrent les lacs actuels, grands et petits. Le système
des grands lacs nord-américains fut établi par ce glacier pendant son
recul. Les géologues d'Urantia ont retracé de façon très exacte les
différents stades de cette évolution et ont correctement conjecturé que
ces masses d'eau se sont vidées à des époques différentes, d'abord dans la
vallée du Mississipi, puis, vers l'est dans la vallée de l'Hudson, et
finalement par un passage nordique dans celle du Saint-Laurent. Il y a
maintenant trente sept mille ans que les eaux du système communiquant des
Grands Lacs s'écoulent par la voie actuelle du Niagara.
Il y a 100.000 ans, lors du recul du dernier glacier, les immenses
nappes polaires de glace commencèrent à se former et le centre des
accumulations glaciaires se déplaça considérablement vers le nord. Aussi
longtemps que les régions polaires seront couvertes de glaces, il sera
pratiquement impossible à un nouvel âge glaciaire de survenir, quelles que
puissent être dans l'avenir les élévations de terrain ou les modifications
des courants océaniques.
Le dernier glacier mit cent mille ans à avancer et il lui fallut un
laps de temps égal pour achever son retrait vers le nord. Les régions
tempérées sont libres de glaces depuis un peu plus de cinquante mille ans.
Les rigueurs de la période glaciaire détruisirent de nombreuses espèces
animales et en modifièrent radicalement beaucoup d'autres. Maintes espèces
furent cruellement sélectionnées au cours des migrations répétées rendues
nécessaires par les avances et reculs des glaces. Les animaux qui
suivirent les déplacements alternés des glaciers sur la terre furent
l'ours, le bison, le renne, le boeuf musqué, le mammouth, et le
mastodonte.
Les mammouths recherchaient les prairies dégagées et les mastodontes
préféraient la lisière abritée des régions boisées. Jusqu'à une date
récente, les mammouths vagabondèrent du Mexique au Canada; la variété
sibérienne se couvrit de laine. Les mastodontes continuèrent à vivre en
Amérique du Nord jusqu'à ce que les hommes rouges les aient exterminés, à
peu près comme les hommes blancs massacrèrent plus tard les bisons.
Au cours de la dernière période glaciaire, les chevaux, les tapirs, les
lamas, et les tigres machérodes disparurent de l'Amérique du Nord. Ils
furent remplacés par des paresseux des tatous, et des cabiais ou cochons
d'eau remontés de l'Amérique du Sud.
Les migrations forcées de la vie devant les progressions glaciaires
amenèrent d'extraordinaires croisements de plantes et d'animaux. Après le
retrait de la dernière invasion glaciaire, de nombreuses espèces
arctiques, tant animales que végétales, restèrent échouées sur les
hauteurs de certains pics montagneux où elles s'étaient réfugiées pour
échapper à la destruction par le glacier. C'est pourquoi l'on trouve
aujourd'hui ces plantes et ces animaux dissociés sur les hauteurs des
Alpes en Europe, et même sur les Appalaches en Amérique du Nord.
L'ère glaciaire est la dernière période géologique parachevée; elle est
dite Pléistocène et s'étend sur plus de deux millions d'années.
Il y a 35.000 ans s'acheva ce grand âge glaciaire, sauf pour les
régions polaires de la planète. Cette date est également significative
parce qu'elle coïncide à peu près avec l'arrivée d'un Fils et d'une Fille
Matériels, le début de la dispensation Adamique, et le moment où commence
la période Holocène ou post-glaciaire.
Cet exposé s'étend de l'apparition des mammifères à la régression
glaciaire et jusqu'aux temps historiques; il couvre une période de presque
cinquante millions d'années. C'est la dernière -- l'actuelle -- période
géologique. Vos chercheurs la connaissent sous le nom d'ère Cénozoïque,
ou ère des temps modernes.
[Présenté par un Porteur de Vie
résident.]
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