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       LA PREMIÈRE FAMILLE HUMAINE 
      URANTIA fut enregistrée en tant que monde habité lorsque les deux 
      premiers êtres humains -- les jumeaux -- eurent onze ans et avant qu'ils 
      fussent devenus les parents du premier-né de la seconde génération des 
      véritables êtres humains. Le message archangélique envoyé de Salvington en 
      cette occasion de reconnaissance planétaire solennelle se terminait par 
      ces paroles: 
      « La pensée humaine est apparue sur la 606 de Satania, et les parents 
      de cette nouvelle race seront appelés Andon et Fonta. Tous 
      les archanges prient pour que ces créatures puissent être rapidement 
      dotées de la présence personnelle du don de l'esprit du Père Universel ». 
      Andon est le nom nébadonien qui signifie « la première créature 
      semblable au Père et montrant une soif de perfection humaine » Fonta 
      signifie « la première créature semblable au Fils et montrant une soif de 
      perfection humaine ». Andon et Fonta ne connurent ces noms qu'au moment où 
      ils leur furent attribués lors de leur fusion avec leur Ajusteur de 
      Pensée. Tout au long de leur incarnation sur Urantia, ils s'appelèrent 
      mutuellement Sonta-an et Sonta-en, Sonta-an signifiant « aimé de la mère » 
      et Sonta-en, « aimé du père ». Ils se donnèrent eux-mêmes ces noms dont la 
      signification est une preuve du respect et de l'affection qu'ils 
      éprouvaient l'un pour l'autre. 
      1. -- ANDON ET FONTA 
      À beaucoup d'égards, Andon et Fonta formèrent le couple d'êtres humains 
      le plus remarquable qui ait jamais vécu à la surface de la terre. Ces deux 
      êtres merveilleux, les véritables parents de toute l'humanité, furent en 
      tous points supérieurs à beaucoup de leurs descendants immédiats, et 
      radicalement différents de tous leurs ancêtres, tant immédiats que 
      lointains. 
      Les parents du premier couple humain étaient apparemment peu différents 
      de la moyenne de leur tribu, bien qu'ils fissent partie de ses membres les 
      plus intelligents, du groupe qui apprit à lancer des pierres et à employer 
      des gourdins dans les combats. Ils faisaient également usage d'éclats 
      aigus de pierre, de silex, et d'os. 
      Alors qu'il vivait encore avec ses parents, Andon avait fixé, à l'aide 
      de tendons d'animaux, un morceau de silex aiguisé à l'extrémité d'un 
      gourdin et avait fait, à douze occasions au moins, bon usage de cette arme 
      pour sauver sa propre vie et celle de sa soeur qui, tout aussi curieuse et 
      aventureuse que lui, ne manquait jamais de l'accompagner dans ses 
      explorations. 
      La décision prise par Andon et Fonta de s'enfuir de la tribu des 
      primates implique une qualité de pensée très supérieure à l'intelligence 
      plus grossière caractéristique de tant de leurs descendants qui 
      s'abaissèrent jusqu'à s'unir avec leurs cousins attardés des tribus 
      simiennes. Mais ils éprouvaient le sentiment vague d'être quelque chose de 
      plus que de simples animaux, parce qu'ils possédaient une personnalité; ce 
      sentiment était fortifié par la présence intérieure de leur Ajusteur de 
      Pensée. 
      2. -- LA FUITE DES JUMEAUX 
      Après qu'Andon et Fonta eurent décidé de fuir vers le nord, ils furent 
      pendant quelque temps pris de frayeur, et spécialement de la peur de 
      déplaire à leur père et à leur famille immédiate. Ils envisagèrent 
      l'éventualité d'être assaillis par des parents hostiles et reconnurent 
      ainsi la possibilité de trouver la mort par la main de membres de leur 
      tribu qui étaient déjà jaloux d'eux. Alors qu'ils étaient enfants, les 
      jumeaux avaient passé la majeure partie de leur temps en compagnie l'un de 
      l'autre et, pour cette raison, n'avaient jamais été trop bien vus de leurs 
      cousins animaux de la tribu des primates. Le fait d'avoir bâti dans les 
      arbres un abri séparé et très supérieur aux autres n'avait pas amélioré 
      leur situation dans la tribu. 
      C'est dans ce nouveau foyer à la cime des arbres, après qu'ils eurent 
      été réveillés une nuit par un violent orage et alors qu'ils se tenaient 
      peureusement et tendrement embrassés, qu'ils prirent la décision ferme et 
      définitive de fuir leur habitat tribal et leur foyer arboricole. 
      Ils avaient déjà préparé une retraite sommaire au sommet d'un arbre à 
      environ une demi-journée de marche vers le nord. Ce fut leur cachette 
      secrète et sûre pour le premier jour qu'ils passèrent loin de leur forêt 
      natale. Bien que les jumeaux partageassent la peur mortelle des primates 
      de demeurer sur le sol pendant la nuit, ils se mirent en route vers le 
      nord au crépuscule. Il leur fallut un courage exceptionnel pour 
      entreprendre ce voyage nocturne, même avec la pleine lune, mais ils 
      pensèrent à juste titre que leur absence ne serait probablement pas 
      remarquée et qu'ils auraient moins de chances d'être poursuivis par leurs 
      parents et les membres de leur tribu. Ils arrivèrent sains et saufs peu 
      après minuit au rendez-vous préparé à l'avance. 
      Au cours de leur voyage vers le nord, ils découvrirent un dépôt de 
      silex à ciel ouvert contenant beaucoup de pierres dont les formes 
      convenaient à divers usages; ils en firent une provision pour l'avenir. En 
      essayant de tailler ces silex pour leur donner une forme mieux adaptée à 
      certains besoins, Andon découvrit qu'ils produisaient des étincelles et 
      conçut l'idée de faire du feu; mais cette notion ne pénétra pas 
      profondément sa pensée sur le moment, car le climat était encore salubre 
      et le besoin de feu ne se faisait guère sentir. 
      Mais le soleil d'automne descendait toujours plus bas dans le ciel et 
      les nuits devenaient de plus en plus froides à mesure que les jumeaux 
      progressaient vers le nord. Ils avaient déjà été obligés d'utiliser des 
      peaux de bêtes pour avoir assez chaud. Avant qu'une lune ne se fût écoulée 
      depuis leur départ du foyer familial, Andon fit part à sa compagne qu'il 
      croyait pouvoir faire du feu avec des silex. Pendant deux mois ils 
      essayèrent sans succès d'utiliser l'étincelle du silex pour allumer un 
      feu; chaque jour le couple cognait des silex et s'efforçait d'enflammer du 
      bois. Finalement, un soir au coucher du soleil, le secret de la technique 
      fut découvert lorsque Fonta eut l'idée de grimper à un arbre voisin pour 
      s'emparer d'un nid abandonné. Le nid était sec et très inflammable, si 
      bien qu'il prit feu d'un seul coup dès qu'une étincelle l'eut atteint. Ils 
      furent si surpris et effrayés de leur succès qu'ils faillirent laisser 
      éteindre leur feu, mais ils le sauvèrent en y ajoutant un combustible 
      approprié, et c'est alors que commença la première recherche de bois de 
      feu par les parents de l'humanité tout entière. 
      Ce fut un des plus joyeux moments de leur vie brève mais mouvementée. 
      Toute la nuit ils restèrent assis à regarder brûler leur feu, comprenant 
      vaguement que leur découverte leur permettrait de défier le climat et 
      d'être ainsi pour toujours indépendants de leurs parents animaux du pays 
      du sud. Après trois jours passés à se reposer et à profiter de leur feu, 
      ils continuèrent leur voyage. 
      Les ancêtres primates d'Andon avaient souvent entretenu des feux 
      allumés par des éclairs mais, jusque là, aucune créature terrestre n'avait 
      possédé une méthode pour obtenir une flamme à volonté. Toutefois il fallut 
      longtemps pour que les jumeaux apprennent que la mousse sèche et d'autres 
      matériaux permettent d'allumer un feu aussi facilement que des nids 
      d'oiseaux. 
      3. -- LA FAMILLE D'ANDON 
      Deux ans s'étaient presque écoulés depuis la nuit où les jumeaux 
      quittèrent leur foyer quand leur premier enfant naquit. Ils l'appelèrent 
      Sontad, et Sontad fut la première créature née sur Urantia à être 
      enveloppée dans une couche protectrice au moment de sa naissance. La race 
      humaine avait pris son départ et, avec cette nouvelle évolution, apparut 
      l'instinct de donner des soins appropriés aux nouveau-nés de plus en plus 
      fragiles qui devaient caractériser le développement mental progressif des 
      êtres d'ordre intellectuel, par contraste avec les types plus purement 
      animaux. 
      Andon et Fonta eurent en tout dix-neuf enfants, et ils vécurent assez 
      longtemps pour voir autour d'eux près de cinquante petits-enfants et une 
      demi-douzaine d'arrière-petits-enfants. La famille habitait dans quatre 
      abris rocheux voisins, ou semi-cavernes, dont trois communiquaient par des 
      galeries creusées dans le calcaire tendre à l'aide d'outils en silex mis 
      au point par les enfants d'Andon. 
      Ces premiers Andonites faisaient preuve d'un esprit de clan très 
      marqué; ils chassaient en groupes et ne s'écartaient jamais très loin du 
      lieu de leur demeure. Ils semblaient se rendre compte qu'ils formaient un 
      groupe isolé et exceptionnel d'êtres vivants et qu'ils devaient par 
      conséquent éviter de se séparer. Ce sentiment de parents intime provenait 
      sans aucun doute d'une intensification du ministère mental des esprits 
      adjuvats. 
      Andon et Fonta travaillèrent sans répit à nourrir et à élever leur 
      clan. Ils vécurent jusqu'à l'âge de quarante-deux ans et furent tous deux 
      tués lors d'un tremblement de terre par la chute d'un rocher en surplomb. 
      Cinq de leurs enfants et onze de leurs petits-enfants périrent avec eux, 
      et une vingtaine de leurs descendants subirent des blessures graves. 
      A la mort de ses parents, Sontad, malgré un pied gravement blessé, 
      assuma immédiatement la direction du clan avec l'aide habile de sa femme 
      qui était aussi l'aînée de ses soeurs. Leur première tâche fut de rouler 
      des pierres pour ensevelir efficacement leurs parents, leurs frères, leurs 
      soeurs, et leurs enfants morts. Il ne faut pas attacher de signification 
      exagérée à ces funérailles. Leurs idées sur la survivance a la mort 
      étaient très vagues et fort mal définies, car elles dérivaient 
      essentiellement de leurs rêves fantastiques et variés. 
      La famille d'Andon et de Fonta resta ainsi unie jusqu'à la vingtième 
      génération, quand la lutte pour la nourriture et les frictions sociales se 
      conjuguèrent pour entraîner le début de la dispersion. 
      4. -- LES CLANS ANDONITES 
      Les hommes primitifs -- les Andonites -- avaient les yeux noirs et le 
      teint bistré, un peu comme un croisement entre des jaunes et des rouges. 
      La mélanine est une substance colorante qui se trouve dans la peau de tous 
      les êtres humains. C'est le pigment originel de l'épiderme andonique. Par 
      l'aspect général et la couleur de la peau, ces premiers Andonites 
      ressemblaient plus aux Esquimaux d'aujourd'hui qu'à aucun autre type 
      d'êtres humains vivants. Ils furent les premières créatures à employer la 
      peau des animaux pour se protéger contre le froid; ils avaient un peu plus 
      de poil sur le corps que les humains d'aujourd'hui. 
      La vie tribale des ancêtres animaux de ces hommes primitifs avait 
      laissé entrevoir les débuts de nombreuses conventions sociales. 
      L'expansion des émotions et l'accroissement de la puissance cérébrale de 
      ces êtres entraînèrent un développement immédiat de l'organisation sociale 
      et une nouvelle division du travail dans le clan. Ils étaient extrêmement 
      portés à imiter, mais leur instinct de jeu était à peine développé et leur 
      sens de l'humour presque totalement absent. L'homme primitif souriait à 
      l'occasion, mais il ne se laissait jamais aller à rire à gorge déployée. 
      L'humour fut légué ultérieurement à l'homme par la race adamique. Les 
      êtres humains primitifs n'étaient ni aussi sensibles à la douleur ni aussi 
      réactifs aux situations déplaisantes que beaucoup de mortels apparus plus 
      tard par évolution. L'enfantement ne fut une épreuve douloureuse ou 
      angoissante ni pour Fonta ni pour sa progéniture immédiate. 
      Ils formaient une merveilleuse tribu. Les hommes étaient capables de 
      lutter héroïquement pour la sauvegarde de leurs compagnes et de leurs 
      descendants; les femmes étaient affectueusement dévouées à leurs enfants; 
      mais leur loyalisme était strictement limité au clan proprement dit. Ils 
      étaient très loyaux envers leur famille; ils étaient prêts à mourir sans 
      hésitation pour défendre leurs enfants, mais ils n'étaient pas capables de 
      concevoir l'idée d'essayer de rendre le monde meilleur pour leurs 
      petits-enfants. L'altruisme n'était pas encore né dans le coeur de 
      l'homme, bien que tous les sentiments essentiels à la naissance de la 
      religion fussent déjà présents chez ces aborigènes d'Urantia. 
      Ces hommes primitifs portaient une affection touchante à leurs 
      camarades et avaient certainement une idée réelle, bien que rudimentaire, 
      de l'amitié. Plus tard ce fut un spectacle courant de voir, pendant les 
      batailles sans cesse renouvelées avec les tribus inférieures, un de ces 
      hommes primitifs continuer à lutter vaillamment d'une main tout en 
      essayant avec l'autre de protéger et de sauver un camarade de combat 
      blessé. Bien des traits de caractère parmi les plus nobles et les plus 
      élevés qui s'affirmèrent au cours de l'évolution ultérieure s'ébauchaient 
      déjà d'une façon émouvante chez ces peuplades primitives. 
      Le clan andonique originel conserva une lignée de chefs ininterrompue 
      jusqu'à la vingt-septième génération quand, du fait de l'absence de 
      rejeton mâle dans la descendance directe de Sontad, deux prétendants 
      rivaux membres du clan entrèrent en guerre pour la suprématie. 
      Avant la grande dispersion des clans andoniques, un langage très évolué 
      s'était formé à la suite de leurs premiers efforts pour communiquer entre 
      eux. Ce langage ne cessa de se développer et reçut des additions presque 
      quotidiennes du fait des inventions nouvelles et des adaptations à 
      l'environnement qui voyaient le jour chez ce peuple actif, agité, et 
      curieux. Ce langage devint la parole d'Urantia, la langue de la famille 
      humaine primitive, jusqu'à l'apparition ultérieure des races de couleur. 
      À mesure que le temps passait, les clans andoniques croissaient en 
      nombre, et le contact de ces familles en expansion provoqua des frictions 
      et des malentendus. Deux sujets seulement occupaient l'esprit de ces 
      peuplades: chasser pour trouver de la nourriture, et combattre pour se 
      venger d'une injustice ou d'une insulte réelle ou supposée faite par une 
      tribu voisine. 
      Les querelles de familles prirent de l'importance, des guerres 
      éclatèrent entre les tribus, et les meilleurs éléments des groupes les 
      plus capables et les plus évolués subirent des pertes sérieuses. Certaines 
      de ces pertes furent irréparables; quelques unes des lignées douées des 
      aptitudes et des intelligences les plus précieuses furent à jamais perdues 
      pour le monde. Cette première race et sa civilisation primitive furent 
      menacées d'extinction par les guerres incessantes entre clans. 
      Il est impossible d'amener des êtres aussi primitifs à vivre longtemps 
      ensemble en paix. L'homme est le descendant d'animaux combatifs; lorsque 
      des gens incultes sont étroitement associés, ils s'irritent et s'offensent 
      mutuellement. Les Porteurs de Vie connaissent cette tendance des créatures 
      évolutionnaires et prennent leurs dispositions en conséquence pour diviser 
      finalement les êtres humains en voie de développement au moins en trois 
      races distinctes et séparées, et plus souvent en six. 
      5. -- LA DISPERSION DES ANDONITES 
      Les premières races issues d'Andon ne s'enfoncèrent pas très loin en 
      Asie et ne pénétrèrent pas dès l'abord en Afrique. La géographie de ces 
      temps-là les orientait vers le nord, et c'est toujours plus au nord que 
      ces peuples voyagèrent jusqu'au moment où ils furent arrêtés par la lente 
      progression du troisième glacier. 
      Avant que cette immense couche de glace eût atteint la France et les 
      Iles Britanniques, les descendants d'Andon et de Fonta avaient progressé 
      vers l'ouest à travers l'Europe et avaient constitué plus de mille 
      établissements séparés le long des grands fleuves qui conduisent à la Mer 
      du Nord, dont les eaux étaient alors chaudes. 
      Les membres de ces tribus andoniques furent les premiers habitants 
      installés sur les rives des fleuves de France; ils vécurent le long de la 
      Somme pendant des dizaines de milliers d'années. La Somme est la seule 
      rivière dont le cours n'ait pas été modifié par les glaciers; elle 
      s'écoulait vers la mer en ce temps-là à peu près comme aujourd'hui. C'est 
      pourquoi l'on trouve le long de sa vallée tant de traces des descendants 
      d'Andon. 
      Ces aborigènes d'Urantia n'habitaient pas dans les arbres, bien qu'ils 
      eussent gardé l'habitude de se réfugier à leur cime en cas de danger. Ils 
      demeuraient généralement à l'abri des falaises dominant les rivières et 
      dans des grottes à flanc de coteau qui leur assuraient une bonne vue sur 
      les voies d'accès et les protégeaient contre les éléments. Ils pouvaient 
      ainsi jouir du confort de leurs feux sans être trop incommodés par la 
      fumée. Ils n'étaient pas de véritables troglodytes, bien qu'au cours des 
      âges ultérieurs les nappes glaciaires progressant vers le sud eussent 
      forcé les descendants d'Andon à se réfugier dans des cavernes. Ils 
      préféraient camper près de la lisière d'une forêt et à proximité d'une 
      rivière. 
      Ils devinrent très vite remarquablement adroits pour camoufler leurs 
      demeures partiellement abritées et montrèrent une grande habileté à 
      construire des huttes de pierre en forme de dômes qui leur servaient de 
      chambres à coucher et dans lesquelles ils se glissaient la nuit. Ils 
      fermaient l'entrée de leur hutte en roulant devant elle une grosse pierre 
      qu'ils avaient logée à l'intérieur à cet effet, avant de mettre 
      définitivement en place les pierres du toit. 
      Les Andonites étaient des chasseurs intrépides et adroits. A 
      l'exception des baies sauvages et des fruits de certains arbres, ils se 
      nourrissaient exclusivement de viande. De même qu'Andon avait inventé la 
      hache de pierre, ses descendants découvrirent bientôt le javelot et le 
      harpon et s'en servirent efficacement. Enfin une pensée capable de créer 
      des outils fonctionnait en accord avec une main capable de les utiliser; 
      ces premiers humains devinrent très habiles à façonner des outils en 
      silex. Ils faisaient de longs voyages à la recherche du silex, comme les 
      hommes d'aujourd'hui vont aux confins de la terre en quête d'or, de 
      platine, ou de diamants. 
      Dans bien d'autres domaines, ces tribus andoniques firent preuve d'un 
      degré d'intelligence que leurs descendants rétrogrades n'atteignirent pas 
      en un demi-million d'années, bien qu'ils eussent redécouvert à maintes 
      reprises diverses méthodes pour allumer du feu. 
      6. -- ONAGAR -- LE PREMIER À ENSEIGNER LA VÉRITÉ 
      Parallèlement à la dispersion croissante des Andonites, le niveau 
      culturel et spirituel des clans rétrograda pendant près de dix mille ans, 
      jusqu'aux jours d'Onagar qui prit en main la direction de ces tribus, 
      ramena la paix parmi elles, et pour la première fois leur fit adorer « 
      Celui qui donne le Souffle aux hommes et aux animaux ». 
      La philosophie d'Andon avait été fort confuse; il avait failli devenir 
      un adorateur du feu à cause du grand confort procuré par sa découverte 
      accidentelle. Pourtant la raison le détourna de l'adoration du feu et 
      l'orienta vers le soleil, source supérieure et plus imposante de chaleur 
      et de lumière; mais cette source était trop lointaine, et Andon ne devint 
      pas un adorateur du soleil. 
      De très bonne heure, les Andonites eurent peur des éléments -- 
      tonnerre, foudre, pluie, neige, grêle, et glace. Mais la faim restait le 
      mobile le plus constamment pressant de ces temps primitifs, et comme les 
      Andonites tiraient en grande partie leur subsistance des animaux, ils se 
      livrèrent en fin de compte à une forme d'adoration des animaux. Pour Andon, 
      les plus gros animaux comestibles étaient des symboles de puissance 
      créative et de pouvoir fortifiant. De temps en temps, la coutume 
      s'établissait de désigner certains de ces grands animaux comme objet 
      d'adoration. Pendant la vogue d'un animal particulier, on en traçait des 
      silhouettes grossières sur les murs des cavernes. Plus tard, tandis que 
      les arts faisaient des progrès continus, on grava ces dieux animaux sur 
      différents ornements. 
      Très tôt, les peuples andoniques prirent l'habitude de renoncer à 
      manger la chair de l'animal vénéré par leur tribu. Pour créer une 
      impression plus forte sur l'esprit des jeunes, ils établirent bientôt un 
      cérémonial de vénération autour du corps de ces animaux révérés; plus tard 
      encore, cette célébration primitive se transforma chez leurs descendants 
      en cérémonies sacrificielles plus compliquées. Telle est l'origine de 
      l'introduction des sacrifices dans le culte. Cette idée fut élaborée par 
      Moïse dans le rituel hébreu et conservés dans son principe par l'apôtre 
      Paul sous la forme de la doctrine du rachat du péché par «l'effusion de 
      sang (1) ». 
        
      (1) Hébreux IX-22. 
      La nourriture avait une importance suprême dans la vie des êtres 
      humains primitifs, et ce fait est démontré par la prière enseignée à ces 
      gens simples par Onagar, leur grand instructeur. Voici cette prière: 
      « O Souffle de Vie, donne-nous aujourd'hui notre nourriture 
      quotidienne, délivre-nous de la malédiction de la glace, sauve-nous de nos 
      ennemis des forêts, et reçois-nous avec miséricorde dans le Grand Au-Delà.» 
      Onagar avait son quartier général à Oban, colonie située sur le rivage 
      septentrional de la Méditerranée ancienne, dans la région de la Mer 
      Caspienne actuelle. Cet établissement était un lieu de séjour situé en un 
      point où la piste allant de la Mésopotamie méridionale vers le nord 
      tournait vers l'ouest. D'Oban, Onagar envoya des éducateurs aux 
      établissements éloignés pour répandre sa nouvelle doctrine d'une Déité 
      unique et son concept de la vie future qu'il appelait le Grand Au-Delà. 
      Les émissaires d'Onagar furent les premiers missionnaires du monde; ils 
      furent également les premiers êtres humains à faire cuire de la viande, 
      les premiers à utiliser régulièrement le feu pour préparer la nourriture. 
      Ils cuisaient la viande sur des extrémités de baguettes et aussi sur des 
      pierres chaudes; plus tard, ils retirent au feu de gros morceaux, mais 
      leurs descendants revinrent presque entièrement à l'usage de la viande 
      crue. 
      Onagar naquit 983.323 ans avant l'an 1934 de l'ère chrétienne et vécut 
      jusqu'à l'âge de soixante-neuf ans. Le compte rendu des réalisations de ce 
      maître penseur et chef spirituel des temps qui précédèrent l'arrivée du 
      Prince Planétaire forme un récit passionnant de l'organisation de ces 
      peuples primitifs en une véritable société. Onagar institua un 
      gouvernement tribal efficace, dont les générations successives 
      n'atteignirent pas l'équivalent avant de nombreux millénaires. Jusqu'à 
      l'arrivée du Prince Planétaire, il n'y eut plus jamais sur terre de 
      civilisation d'un aussi haut degré spirituel. Ces peuples simples avaient 
      une religion réelle, mais primitive, qui fut ensuite perdue par leurs 
      descendants dont la race dégénérait. 
      Bien qu'Andon et Fonta eussent tous deux reçu un Ajusteur de Pensée, 
      comme beaucoup de leurs descendants, c'est seulement à partir de l'époque 
      d'Onagar qu'Ajusteurs et anges gardiens vinrent en grand nombre sur 
      Urantia. Cette époque fut certainement l'âge d'or de l'homme primitif. 
      7. -- LA SURVIE D'ANDON ET DE FONTA 
      Andon et Fonta, les admirables fondateurs de la race humaine, reçurent 
      la consécration de leur valeur au moment du jugement d'Urantia, lors de 
      l'arrivée du Prince Planétaire. Ils émergèrent en temps voulu du régime du 
      monde des maisons avec le statut de citoyens de Jérusem. Bien qu'ils 
      n'aient jamais été autorisés à retourner sur Urantia, ils sont au courant 
      de l'histoire de la race qu'ils ont fondée. Ils se désolèrent de la 
      trahison de Caligastia, s'attristèrent de l'échec d'Adam, mais se 
      réjouirent infiniment à la nouvelle que Micaël avait choisit leur monde 
      pour théâtre de son effusion finale. 
      Andon et Fonta fusionnèrent sur Jérusem avec leur Ajusteur de Pensée, 
      comme le firent plusieurs de leurs enfants dont Sontad, mais la majorité 
      de leurs descendants, même immédiats, n'atteignit que la fusion avec 
      l'Esprit. 
      Peu après leur arrivée sur Jérusem, Andon et Fonta reçurent du 
      Souverain du Système la permission de retourner sur le premier monde des 
      maisons pour y servir en compagnie des personnalités morontielles qui 
      accueillent les pèlerins du temps venant d'Urantia et allant vers les 
      sphères célestes. Ils furent affectés à cette tâche pour une durée 
      indéterminée. A l'occasion des présentes révélations, ils cherchèrent à 
      envoyer des voeux à Urantia, mais leur requête fut sagement rejetée. 
      Tel est le chapitre le plus héroïque et le plus passionnant de 
      l'histoire d'Urantia, le récit de la lutte pour la vie, de la mort, et de 
      la survie éternelle des parents extraordinaires de l'humanité tout 
      entière. 
        
      [Présenté par un Porteur de Vie résidant 
      sur Urantia.] 
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