LE PRINCE PLANÉTAIRE D'URANTIA
L'AVÈNEMENT d'un Fils Lanonandek sur un monde moyen signifie que la
volonté, la faculté de choisir le sentier de la survie éternelle, a pris
naissance dans la pensée des hommes primitifs. Mais sur Urantia, le Prince
Planétaire arriva presque un demi-million d'années après l'apparition de
la volonté humaine.
Il y a environ cinq cent mille ans, concurremment avec l'apparition des
six races de couleur ou races Sangik, Caligastia, le Prince Planétaire,
arriva sur Urantia. Il y avait alors sur terre presque un demi-milliard
d'êtres humains primitifs, assez bien répartis sur l'Europe, l'Asie, et
l'Afrique. Le quartier général du Prince, établi en Mésopotamie, était à
peu près au centre du monde habité.
1. -- LE PRINCE CALIGASTIA
Caligastia était un Fils Lanonandek, le numéro 9.344 de l'ordre
secondaire. Il avait acquis de l'expérience dans l'administration des
affaires de l'univers local en général et, à une époque plus récente, dans
la direction du système local de Satania en particulier.
Antérieurement au règne de Lucifer sur Satania, Caligastia avait été
attaché au comité consultatif des Porteurs de Vie sur Jérusem. Il occupa
ensuite une situation élevée dans l'entourage personnel de Lucifer et y
accomplit assez bien cinq missions successives d'honneur et de confiance.
Caligastia chercha très tôt à obtenir un mandat de Prince Planétaire,
mais à plusieurs reprises, lorsque sa requête fut présentée à
l'approbation des conseils de la constellation, elle n'obtint pas
l'assentiment des Pères de la Constellation. Caligastia semblait
particulièrement désireux d'être envoyé comme chef planétaire sur un monde
décimal ou modificateur de vie. Après plusieurs rejets de sa demande, il
fut finalement affecté à Urantia.
Caligastia quitta Jérusem pour son poste de dirigeant d'une planète
avec une réputation enviable de fidélité et de dévouement au bien-être de
son univers d'origine et de résidence, nonobstant une certaine instabilité
caractéristique doublée d'une tendance à désapprouver, en certaines
affaires mineures, l'ordre établi.
J'étais présent à Jérusem lorsque le brillant Caligastia quitta la
capitale du système. Nul prince planétaire ne s'embarqua jamais pour une
carrière de règne sur un monde avec une expérience préparatoire plus riche
ni avec de plus belles perspectives que Caligastia en ce jour mémorable il
y a un demi-million d'années. Une chose est certaine: tandis que
j'exécutais ma tâche de transmettre le récit de cet événement sur les
télédiffusions de l'univers local, je ne nourrissais pas un instant, même
au moindre degré, l'idée que ce noble Lanonandek trahirait si tôt sa
mission sacrée de conservateur planétaire et souillerait si horriblement
le beau nom de son ordre élevé de fils de l'univers. Je considérais
vraiment Urantia comme l'une des cinq ou six planètes les plus
privilégiées de tout Satania pour avoir un penseur si expérimenté, si
brillant, et si original au gouvernail de ses affaires mondiales. Je ne
compris pas alors que Caligastia était en train de tomber insidieusement
amoureux de lui-même; je n'avais pas encore pleinement saisi les
subtilités de l'orgueil personnel.
2. -- L'ÉTAT-MAJOR DU PRINCE
Le Prince Planétaire d'Urantia ne fut pas envoyé seul pour accomplir sa
mission; il était accompagné du corps habituel d'adjoints administratifs
et d'assistants.
À la tête de ce groupe se trouvait Daligastia, l'adjoint-associé du
Prince Planétaire. Daligastia était aussi un Fils Lanonandek secondaire et
portait le numéro 319.407 de l'ordre. Il avait rang d'assistant au moment
de son affectation comme associé de Caligastia.
L'état-major planétaire comprenait un grand nombre de coopérateurs
angéliques et une foule d'autres êtres célestes chargés de faire
progresser les intérêts et de promouvoir le bien-être des races humaines.
De votre point de vue, le groupe le plus intéressant était celui des
membres corporels de l'état-major du Prince -- ceux que l'on appelle
parfois les cent de Caligastia.
Ces cent membres rematérialisés de l'état-major du Prince furent
choisis par Caligastia parmi plus de 785.000 citoyens ascendants de
Jérusem qui se portèrent volontaires pour se lancer dans l'aventure d'Urantia.
Les cent provenaient chacun d'une planète différente, et aucun d'entre eux
n'était Urantien.
Ces volontaires de Jérusem furent directement amenés de la capitale du
système sur Urantia par transport séraphique. Après leur arrivée, ils
furent maintenus enséraphinés jusqu'à ce que l'on ait pu leur procurer des
formes de personnalité appropriées à la double nature de leur service
planétaire spécial, un corps physique formé de chair et de sang, mais
également en résonance avec les circuits de vie du système.
Peu de temps avant l'arrivée de ces cent citoyens de Jérusem, les deux
Porteurs de Vie superviseurs, qui résidaient sur Urantia et qui avaient
déjà leurs plans mis au point, demandèrent à Jérusem et à Edentia la
permission de transplanter le plasma vital de cent survivants sélectionnés
de la race d'Andon et de Fonta dans les corps matériels prévus pour les
membres corporels de l'état-major du Prince. La requête fut accordée sur
Jérusem et approuvée sur Edentia.
En conséquence, les Porteurs de Vie choisirent dans la postérité d'Andon
et de Fonta cinquante hommes et cinquante femmes qui représentaient la
survivance des meilleures lignées de cette race unique. A une ou deux
exceptions près, ces Andonites qui contribuèrent à faire progresser la
race étaient étrangers les uns aux autres. Partant d'endroits très
éloignés, ils furent rassemblés au seuil du quartier général planétaire du
Prince grâce aux directives des Ajusteurs de Pensée coordonnées avec des
gouvernes séraphiques. Là, les cent sujets humains furent remis entre les
mains de la commission fort experte de volontaires venus d'Avalon (1), qui
ordonna d'extraire matériellement une portion du plasma vital de ces
descendants d'Andon. Ces matériaux vivants furent ensuite transférés dans
les corps matériels construits à l'usage des cent membres Jérusémites de
l'état-major du Prince. Entre-temps, ces citoyens nouvellement arrivés de
la capitale du système avaient été maintenus dans le sommeil du transport
séraphique.
Ces opérations, ainsi que la création physique de corps spéciaux pour
les cent de Caligastia, donnèrent naissance à de nombreuses légendes dont
beaucoup furent ultérieurement confondues avec des traditions plus
récentes touchant l'installation planétaire d'Adam et d'Eve.
L'opération de repersonnalisation toute entière, depuis l'arrivée des
transports séraphiques amenant les cent volontaires de Jérusem jusqu'au
moment où ils reprirent conscience comme êtres ternaires du royaume, dura
exactement dix jours.
(1) Univers local voisin de celui
de Nébadon
3. -- DALAMATIA -- LA VILLE DU PRINCE
Le quartier général du Prince Planétaire était situé dans la région du
Golfe Persique d'alors, dans un district correspondant à la Mésopotamie
d'aujourd'hui.
Le climat et le paysage mésopotamiens de ces temps étaient très
différents des conditions qui ont parfois prévalu depuis lors; ils
convenaient sous tous les rapports aux entreprises de l'état-major du
Prince et de ses assistants. Il était nécessaire qu'un climat aussi
favorable fit partie de l'ambiance naturelle destinée à inciter les
primitifs d'Urantia à faire certains progrès initiaux en culture et en
civilisation. La tâche essentielle de ces âges était de transformer ces
chasseurs en bergers, avec l'espoir qu'ils évolueraient plus tard en
agriculteurs casaniers et pacifiques.
Le quartier général du Prince Planétaire sur Urantia était un exemple
typique de ce genre de stations sur une jeune sphère en voie de
développement. Le noyau de l'établissement du Prince était une ville très
simple mais très belle, enclose dans une muraille de douze mètres de haut.
Ce centre mondial de culture fut nommé Dalamatia en l'honneur de
Daligastia.
Le plan de la ville comportait dix subdivisions, avec les bâtiments des
quartiers généraux des dix conseils de l'état-major corporel situés au
centre de chacune de ces subdivisions. Au milieu de la ville s'élevait le
temple du Père invisible. Le quartier général administratif du Prince et
de ses associés était réparti en douze salles groupées à proximité
immédiate du temple.
Les bâtiments de Dalamatia étaient tous à un étage, à l'exception des
quartiers généraux des conseils, qui avaient deux étages, et du temple
central du Père de tous, qui était petit mais comportait trois étages.
La ville était bâtie avec le meilleur matériau de construction de ces
temps primitifs -- la brique. On avait employé très peu de pierre ou de
bois. La construction des maisons et l'architecture des villages furent
très améliorées chez les peuplades avoisinantes par l'exemple de Dalamatia.
Près du quartier général du Prince vivaient des êtres humains de toutes
couleurs et de toutes classes. C'est parmi ces tribus voisines que furent
recrutés les premiers élèves des écoles du Prince. Bien que les premières
écoles de Dalamatia aient été rudimentaires, elles apportaient tout ce qui
pouvait être fait pour les hommes et les femmes de cet âge primitif.
L'état-major corporel du Prince attirait continuellement autour de lui
les individus supérieurs des tribus environnantes. Après avoir formé et
inspiré ces élèves, il les renvoyait chez eux enseigner et guider leurs
groupes ethniques respectifs.
4. -- LES PREMIERS JOURS DES CENT
L'arrivée de l'état-major du Prince créa une profonde impression. Il
fallut presque un millier d'années pour que la nouvelle parvint au loin,
mais les tribus voisines du quartier général mésopotamien furent
prodigieusement influencées par les enseignements et la conduite des cent
nouveaux habitants d'Urantia. Une grande partie de votre mythologie
ultérieure provient des légendes tronquées des temps primitifs où les
membres de l'état-major du Prince furent repersonnalisés sur Urantia en
tant que surhommes.
L'obstacle le plus sérieux à la bonne influence des maîtres
extra-planétaires est la tendance des mortels à les considérer comme des
dieux; mais, à part la technique de leur apparition sur terre, les cent de
Caligastia -- cinquante hommes et cinquante femmes -- n'eurent recours ni
à des méthodes surnaturelles ni à des manipulations supra-humaines.
L'état-major corporel n'en était pas moins supra-humain. Ses membres
commencèrent leur mission sur Urantia en tant qu'êtres ternaires et
extraordinaires:
1. Ils étaient corporels et relativement humains, car ils
avaient incorporé le véritable plasma vivant d'une des races humaines,
celui de la race andonique d'Urantia.
Les cent membres de l'état-major du Prince étaient divisés par moitié
quant au sexe, et répartis selon leur statut mortel antérieur. Chaque
personne du groupe était capable de participer à la naissance d'un nouvel
ordre d'êtres physiques, mais ils avaient été soigneusement avisés de
n'avoir recours à la parenté que sous certaines conditions. C'est une
coutume pour l'état-major corporel d'un Prince Planétaire de procréer ses
successeurs seulement quelque temps avant de se retirer du service
planétaire spécial. Cette procréation a généralement lieu au moment de
l'arrivée de l'Adam et de l'Eve Planétaires, ou peu après.
C'est pourquoi ces êtres spéciaux ne savaient guère ou pas du tout
quels types de créatures matérielles pourraient naître de leur union
sexuelle. Ils ne le surent jamais, car avant qu'ils fussent parvenus à
cette étape de leur oeuvre mondiale, la rébellion avait renversé le régime
tout entier, et ceux qui jouèrent plus tard le rôle de parents avaient été
isolés des courants de vie du système.
Les membres matérialisés de l'état-major de Caligastia avaient la
couleur de peau et le langage de la race andonique. Ils se nourrissaient
comme les mortels du royaume, avec la différence que les corps re-créés de
ce groupe se satisfaisaient parfaitement d'un régime végétarien. C'est une
des considérations qui fixa le choix de leur résidence dans une région
chaude, riche en fruits et en toutes sortes de noix. La pratique
consistant à vivre d'un régime végétarien remonte au temps des cent de
Caligastia, car cette coutume se répandit même au loin et affecta le mode
d'alimentation de nombreuses tribus voisines issues de races
évolutionnaires autrefois exclusivement carnivores.
2. Les cent étaient des êtres matériels mais surhumains,
du fait qu'ils avaient été reconstitués sur Urantia comme hommes et femmes
uniques d'un ordre spécial et élevé.
À l'époque où ils jouissaient d'une citoyenneté provisoire sur Jérusem,
les membres de ce groupe n'avaient pas encore fusionné avec leurs
Ajusteurs de Pensée. Quand ils se portèrent volontaires et furent envoyés
en service planétaire en liaison avec les ordres filiaux descendants,
leurs Ajusteurs furent détachés. Mais ces Jérusémites étaient des êtres
surhumains -- ils possédaient une âme de croissance ascendante. Au cours
de la vie incarnée, l'âme est à l'état embryonnaire; elle naît
(ressuscitée) dans la vie morontielle et subit une croissance dans les
mondes morontiels successifs. Les âmes des cent de Caligastia avaient
ainsi grandi par l'expérience progressive des sept mondes des maisons et
atteint le statut de citoyenneté sur Jérusem.
Conformément à leurs instructions, les membres de l'état-major ne
s'engagèrent pas dans la reproduction sexuelle, mais ils étudièrent
minutieusement leur constitution personnelle et explorèrent soigneusement
toutes les phases imaginables de liaisons intellectuelles (mentales) et
morontielles (psychiques). C'est au cours de la trente-troisième année de
leur séjour à Dalamatia, longtemps avant que le rempart ne fût terminé,
que le numéro deux et le numéro sept du groupe Danite découvrirent par
hasard un phénomène accompagnant la liaison de leurs personnalités
morontielles (censément non sexuelle et immatérielle); le résultat de
cette aventure se révéla être la première des créatures médianes
primaires. Le nouvel être était parfaitement visible pour les cent et pour
leurs associés célestes, mais demeurait invisible aux yeux des hommes et
des femmes des différentes tribus humaines. Sous l'autorité du Prince
Planétaire, tous les membres corporels de l'état-major se mirent à
procréer des êtres similaires et tous y réussirent en suivant les
instructions du couple danite de pionniers. C'est ainsi que l'état-major
du Prince amena en fin de compte à l'existence le corps originel de 50.000
médians primaires.
Ces créatures de type médian furent très utiles pour exécuter les
opérations du quartier général du monde. Elles étaient invisibles aux
êtres humains, mais l'existence de ces semi-esprits invisibles fut
enseignée aux premiers habitants de Dalamatia, et pendant des siècles ils
constituèrent l'essentiel du monde des esprits pour ces mortels en
évolution.
3. Les cent de Caligastia étaient personnellement
immortels, ou impérissables. Les compléments antidotes des courants de vie
du système circulaient dans leurs formes maternelles. Si la rébellion ne
leur avait pas fait perdre contact avec les circuits de vie, ils auraient
continué à vivre indéfiniment jusqu'à l'arrivée ultérieure d'un Fils de
Dieu ou jusqu'au moment où ils auraient été libérés de leurs fonctions
pour reprendre leur voyage interrompu vers Havona et le Paradis.
Les compléments antidotes des courants de vie de Satania provenaient du
fruit de l'arbre de vie, un arbuste d'Edentia envoyé sur Urantia par les
Très Hauts de Norlatiadek au moment de l'arrivée de Caligastia. A l'époque
de Dalamatia, l'arbre poussait dans la cour centrale du temple du Père
invisible, et le fruit de cet arbre de vie permettait aux êtres matériels
de l'état-major du Prince, qui autrement auraient été mortels, de vivre
indéfiniment tant qu'ils y avaient accès.
Sans avoir de valeur pour les races évolutionnaires, cette
super-nourriture suffisait parfaitement pour conférer une vie continue aux
cent de Caligastia ainsi qu'aux cent Andonites modifiés qui leur étaient
associés.
Il convient d'expliquer à cet égard qu'au moment où les cent Andonites
contribuèrent par une fraction de leur plasma germinatif humain à la
rematérialisation des membres de l'état-major du Prince, les Porteurs de
Vie introduisirent dans les corps mortels de ces Andonites le complément
des circuits du système. Cela leur permit de continuer à vivre
concurremment à l'état-major, siècle après siècle, en défiant la mort
physique.
Les cent Andonites furent finalement informés de leur contribution aux
nouvelles formes de leurs supérieurs, et ces mêmes cent enfants des tribus
d'Andon furent maintenus au quartier général à titre de serviteurs
personnels des membres corporels de l'état-major du Prince.
5. -- L'ORGANISATION DES CENT
Les cent étaient organisés pour le service en dix conseils autonomes de
dix membres chacun. Lorsque deux conseils au moins siégeaient en session
commune, ces assemblées de liaison étaient présidées par Daligastia. Les
dix groupes étaient constitués comme suit:
1. Le conseil de l'alimentation et du bien-être
matériel. Ce groupe était présidé par Ang. L'alimentation, la
distribution de l'eau, l'habillement, et le progrès matériel de l'espèce
humaine entraient dans les attributions de ce corps d'experts. Ils
enseignèrent le forage des puits, le captage des sources, et l'irrigation.
Ils apprirent aux gens venus des hautes altitudes et des régions nordiques
à améliorer leurs méthodes pour traiter les peaux destinées à servir de
vêtements; les professeurs d'arts et de sciences introduisirent plus tard
le tissage.
Les méthodes de conservation de la nourriture firent de grands progrès.
Les aliments furent conservés par cuisson, séchage, et fumage, devenant
ainsi la première forme de la propriété. Les hommes apprirent à se
prémunir contre les famines qui décimaient périodiquement le monde.
2. Le conseil de la domestication et de l'utilisation
des animaux. Ce conseil avait pour tâche de choisir et d'élever les
animaux les mieux adaptés pour aider les êtres humains à porter des
fardeaux et à se transporter eux-mêmes, pour fournir de la nourriture, et
plus tard pour servir à cultiver le sol. Ce corps expert était dirigé par
Bon.
Des animaux utiles de plusieurs espèces maintenant éteintes furent
dressés, ainsi que d'autres qui se perpétuèrent comme animaux domestiques
jusqu'à notre époque. L'homme vivait depuis longtemps en compagnie du
chien, et l'homme bleu avait déjà réussi à apprivoiser l'éléphant. Les
bovins furent améliorés par un élevage soigné, au point de devenir une
précieuse source de nourriture; le beurre et le fromage devinrent des
éléments courants du régime humain. Les hommes apprirent à employer les
boeufs pour porter des fardeaux, mais le cheval ne fut domestiqué qu'à une
date ultérieure. Les membres de ce corps furent les premiers à enseigner
aux hommes l'usage de la roue pour faciliter la traction.
Ce fut à cette époque que les pigeons voyageurs furent employés pour la
première fois; ils étaient emportés pour les longs voyages et servaient à
envoyer des messages ou à demander de l'aide. Le groupe de Bon réussit à
dresser les grands fandors comme oiseaux transporteurs de passagers, mais
leur race s'éteignit il y a plus de trente mille ans.
3. Les consultants chargés de triompher des bêtes de
proie. Il n'était pas suffisant que l'homme primitif essaye de
domestiquer certains animaux; il fallait encore qu'il apprenne à se
protéger de la destruction par le reste du monde animal hostile. Le groupe
instructeur correspondant était commandé par Dan.
Les murailles des anciennes villes avaient pour but aussi bien de
protéger contre les bêtes féroces que d'empêcher les attaques inopinées
d'humains hostiles. Les gens qui ne vivaient pas à l'abri des murailles
devaient compter sur des habitations arboricoles, des huttes de pierre, et
des feux entretenus toute la nuit. C'est pourquoi il était tout à fait
normal que ces éducateurs consacrent beaucoup de temps à instruire leurs
élèves en matière d'améliorations de l'habitat humain. Grâce à l'emploi de
meilleures techniques et de pièges, de grands progrès furent accomplis
dans la soumission du monde animal.
4. Le collège chargé de propager et de conserver la connaissance. Ce
groupe organisa et dirigea les efforts purement éducatifs de ces âges
primitifs. Il était présidé par Fad. Les procédés éducatifs de Fad
consistaient à superviser les emplois tout en enseignant des méthodes de
travail améliorées. Fad formula le premier alphabet et introduisit un
système d'écriture. Son alphabet comprenait vingt-cinq caractères. Les
peuples primitifs écrivaient sur des écorces d'arbre, des tablettes
d'argile, des plaques de pierre, un genre de parchemin fait de peaux
martelées, et une sorte de papier rudimentaire tiré des nids de guêpes. La
bibliothèque de Dalamatia, détruite peu après la révolte de Caligastia,
contenait plus de deux millions de manuscrits séparés; on l'appelait la «
maison de Fad ».
Les hommes bleus avaient une prédilection marquée pour l'écriture
alphabétique; ce sont eux qui firent les plus grands progrès dans cette
direction. Les hommes rouges préféraient l'écriture picturale, tandis que
les races jaunes s'orientèrent vers l'emploi de symboles pour les mots et
les idées, très semblables à ceux qu'elles emploient actuellement. Mais
l'alphabet et bien d'autres valeurs importantes furent ensuite perdus pour
le monde pendant les désordres qui accompagnèrent la rébellion.
L'apostasie de Caligastia détruisit l'espoir d'un langage universel, au
moins pour des âges innombrables.
5. La commission de l'industrie et du commerce. Ce
conseil était chargé de développer l'industrie parmi les tribus et de
promouvoir le commerce entre les divers groupes pacifiques. Son chef était
Nod. Toutes les formes de manufacture primitive furent encouragées par les
membres de ce corps. Ils contribuèrent directement à élever le niveau de
vie en fournissant de nombreuses marchandises nouvelles destinées à
frapper l'imagination des hommes primitifs. Ils étendirent énormément le
commerce du sel amélioré par le conseil des sciences et des arts.
C'est parmi les groupes éclairés instruits dans les écoles de Dalamatia
que fut pratiqué le premier crédit commercial. Une bourse centrale de
crédit fournissait des jetons symboliques qui étaient acceptés au lieu des
objets réels de troc. Le monde n'améliora ces méthodes d'affaires que des
centaines de milliers d'années plus tard.
6. Le collège de la religion révélée. Ce corps fut
lent à fonctionner. La civilisation d'Urantia fut littéralement forgée
entre l'enclume de la nécessité et les marteaux de la peur. Ce groupe
avait cependant fait des progrès considérables dans sa tentative pour
substituer la crainte du Créateur à la peur de la créature (culte des
fantômes) quand ses travaux furent interrompus par les désordres
accompagnant l'éclatement de la rébellion. Le président de ce conseil
s'appelait Hap.
Aucun membre de l'état-major du Prince ne voulut présenter des
révélations susceptibles de compliquer l'évolution; ils ne le firent que
comme un apogée après avoir épuisé les forces de l'évolution. Mais Hap
céda au désir des habitants de la ville de voir établir une forme de
service religieux. Son groupe donna aux Dalamatiens les sept cantiques du
culte ainsi que la formule de louange quotidienne, puis leur enseigna
finalement la « prière au Père qui était:
« Père de tous, dont nous honorons le Fils, considère-nous avec faveur.
Délivre-nous de la crainte de tout, sauf de toi. Fais de nous une joie
pour nos divins maîtres et place pour toujours la vérité sur nos lèvres.
Délivre-nous de la violence et de la colère; donne-nous le respect de nos
aînés et de ce qui appartient à nos voisins. Pour réjouir notre coeur,
donne-nous cette saison de verts pâturages et des troupeaux féconds. Nous
prions pour hâter la venue de celui qui nous est promis et doit nous
élever, et nous souhaitons de faire ta volonté sur ce monde comme d'autres
la font sur des mondes supérieurs.
Bien que l'état-major du Prince fît limité aux moyens naturels et aux
méthodes ordinaires d'amélioration des races, il présenta la promesse du
don adamique d'une nouvelle race comme but de la croissance évolutionnaire
après que le développement biologique aurait atteint son apogée.
7. Les gardiens de la santé et de la vie. Ce
conseil s'occupa d'introduire un système sanitaire et d'encourager une
hygiène primitive; il était dirigé par Lut.
Ses membres enseignèrent beaucoup de choses qui furent perdues dans le
désordre des âges ultérieurs et ne furent jamais redécouvertes avant le
vingtième siècle. Ils apprirent à l'humanité que cuire, rôtir, et faire
bouillir étaient des moyens d'éviter les maladies; ils enseignèrent
également que la cuisson des aliments diminuait grandement la mortalité
infantile et facilitait le sevrage précoce.
Bon nombre des premiers enseignements donnés par les gardiens de la
santé du groupe de Lut furent conservés parmi les tribus terrestres
jusqu'à l'époque de Moïse, mais très dénaturés et profondément modifiés.
Le principal obstacle à la promotion de l'hygiène chez ces peuples
ignorants consistait dans le fait que les facteurs réels de nombreuses
maladies étaient trop petits pour être vus à l'oeil nu, et aussi que ces
hommes avaient tous un respect superstitieux pour le feu. Il fallut des
milliers d'années pour les persuader de brûler les détritus. Entre-temps,
on les pressa vivement d'enterrer leurs immondices en putréfaction. Le
grand progrès sanitaire de cette époque provint de la propagation des
connaissances concernant les propriétés vivifiantes et antitoxiques de la
lumière solaire.
Avant l'arrivée du Prince, les bains avaient été un cérémonial
exclusivement religieux. Il fut vraiment très difficile de persuader les
hommes de laver leur corps pour leur santé. Finalement, Lut incita les
maîtres religieux à inclure les ablutions dans les cérémonies
purificatrices qui devaient être accomplies une fois par semaine en
liaison avec les dévotions de midi concernant le culte du Père de tous.
Les gardiens de la santé cherchèrent également à remplacer par la
poignée de main l'échange de salive ou la boisson de sang qui étaient le
sceau de l'amitié personnelle et le gage de la loyauté tribale. Mais une
fois dégagées de l'influence pressante des enseignements de leurs maîtres
supérieurs, ces peuplades primitives ne tardèrent pas à reprendre leurs
pratiques destructives de santé et propagatrices de maladies, nées de
l'ignorance et de la superstition.
8. Le Conseil planétaire des arts et des sciences.
Ce corps contribua beaucoup à améliorer les techniques industrielles des
hommes primitifs et à élever leur concept de la beauté. Son chef
s'appelait Mek.
Les arts et les sciences étaient à un niveau très bas dans le monde
entier, mais les rudiments de la physique et de la chimie furent
enseignées aux Dalamatiens. La poterie et les arts décoratifs furent tous
améliorés, et les idéaux de la beauté humaine bien rehaussés, mais la
musique ne fit guère de progrès avant l'arrivée de la race violette.
Malgré les incitations réitérées de leurs maîtres, les hommes primitifs
ne consentirent pas à faire des expériences sur l'énergie de la vapeur;
ils ne purent jamais surmonter leur peur du pouvoir explosif de la vapeur
en vase clos. Toutefois, ils se laissèrent finalement persuader de
travailler les métaux au feu, bien qu'un morceau de métal chauffé au rouge
fût pour eux un objet de terreur.
Mek contribua beaucoup à élever la culture des Andonites et a améliorer
les arts des hommes bleus. Un croisement des hommes bleus avec les souches
andoniques produisit des hommes très doués artistiquement, et beaucoup
d'entre eux devinrent des maîtres sculpteurs. Ils ne travaillaient ni la
pierre ni le marbre, mais leurs oeuvres d'argile, durcies par cuisson,
ornaient les jardins de Dalamatia.
Les arts ménagers firent de grands progrès dont la plupart furent
perdus pendant les longs âges sombres de la rébellion et ne furent jamais
retrouvés avant les temps modernes.
9. Les gouverneurs des relations tribales supérieures.
C'était le groupe chargé d'élever la société humaine au niveau d'un Etat.
Son chef était Tut.
Ces dirigeants contribuèrent beaucoup à provoquer des mariages entre
membres de tribus différentes. Ils encouragèrent les humains à se faire la
cour et à se marier après mûre réflexion et amples occasions de faire
connaissance. Les danses purement guerrières furent affinées et mises au
service de fins sociales précieuses. De nombreux jeux d'émulation furent
introduits, mais les anciens peuples étaient austères; le sens de l'humour
ne fleurissait guère dans ces tribus primitives. Ces pratiques ne
survécurent guère aux désordres causés par l'insurrection planétaire.
Tut et ses associés travaillèrent à promouvoir des associations
collectives de nature pacifique, à réglementer et à humaniser la guerre, à
coordonner les relations entre tribus, et à améliorer les gouvernements
tribaux. Une culture plus avancée se développa dans les parages de
Dalamatia, et cette amélioration des relations sociales eut une influence
très heureuse sur les tribus plus lointaines. Mais le type de civilisation
qui prévalait au quartier général du Prince était tout à fait différent de
la société barbare qui évoluait ailleurs, tout comme au Cap, en Afrique du
Sud, la société contemporaine est totalement différente de la culture
rudimentaire des Boschimans de petite taille vivant plus au nord.
10. La cour suprême de coordination tribale et de
coopération raciale. Ce conseil suprême était dirigé par Van et
servait de cour d'appel pour les neuf autres commissions spéciales
chargées de superviser les affaires humaines. Ce conseil avait un vaste
champ d'action, car il était chargé de toutes les affaires terrestres ne
ressortissant pas spécifiquement des autres groupes. Ce corps choisi avait
reçu d'Edentia l'approbation des Pères de la Constellation avant d'être
autorisé à remplir les fonctions de cour suprême d'Urantia.
6. -- LE RÈGNE DU PRINCE
Le degré de culture d'une planète se mesure à l'héritage social de ses
autochtones; la rapidité de son expansion culturelle est entièrement
déterminée par l'aptitude des habitants à assimiler des idées nouvelles et
avancées.
L'assujettissement à la tradition produit une stabilité et une
coopération en liant sentimentalement le présent au passé, mais en même
temps il étouffe l'esprit d'initiative et asservit le pouvoir créateur de
la personnalité. Le monde entier était près dans une impasse de moeurs
traditionnelles quand les cent de Caligastia arrivèrent et commencèrent à
proclamer le nouvel évangile de l'initiative individuelle à l'intérieur
des groupes sociaux du moment. Mais cette règle bénéfique fut si
rapidement interrompue que les races n'ont jamais été entièrement libérées
de l'esclavage des coutumes; la mode continue encore à dominer indûment
Urantia.
Les cent de Caligastia -- sortant des mondes des maisons de Satania --
connaissaient bien les arts et la culture de Jérusem, mais cette
connaissance est presque sans valeur sur une planète barbare peuplée
d'humains primitifs. Ces êtres sages savaient mieux faire que
d'entreprendre la transformation soudaine, ou le relèvement en
masse, des races primitives de ce temps. Ils comprenaient bien la lenteur
de l'évolution de l'espèce humaine et ils s'abstinrent sagement de toute
tentative pour modifier radicalement le mode de vie des hommes sur terre.
Chacune des dix commissions planétaires se mit à faire progresser
lentement et naturellement les intérêts dont elle avait la charge. La
technique consistait à attirer les meilleurs éléments des tribus
environnantes et, après les avoir formés, à les renvoyer chez leurs
peuples respectifs comme émissaires de progrès social.
Jamais des émissaires étrangers ne furent envoyés à une race, sauf à la
demande spécifique du peuple en question. Ceux qui travaillèrent à
l'élévation et au progrès d'une tribu ou d'une race données étaient
toujours natifs de cette tribu ou de cette race. Les cent n'auraient
jamais tenté d'imposer à une tribu les habitudes et les moeurs d'une autre
race, même supérieure. Ils travaillaient toujours patiemment à élever et à
faire progresser dans chaque race les moeurs ayant subi l'épreuve du
temps. Les peuples simples d'Urantia apportèrent leurs coutumes sociales à
Dalamatia non pour les échanger contre des pratiques nouvelles et
meilleures, mais pour qu'elles fussent magnifiées au contact d'une culture
plus élevée et en s'associant à des pensées supérieures. Le processus
était lent, mais très efficace.
Les instructeurs de Dalamatia cherchèrent à ajouter une sélection
sociale consciente à la sélection purement naturelle de l'évolution
biologique. Ils ne déréglèrent pas la société humaine, mais accélérèrent
notablement son évolution normale et naturelle. Leur mobile était la
progression par évolution et non la révolution par révélation. Il avait
fallu des âges à la race humaine pour acquérir le peu de religion et de
morale qu'elle possédait; les surhommes avaient mieux à faire que de
dérober à l'humanité ces quelques progrès en la jetant dans la confusion
et la consternation qui apparaissent toujours quand des êtres savants et
supérieurs entreprennent d'élever les races arriérées en les instruisant
et en les éclairant à l'excès.
Lorsque des missionnaires chrétiens s'en vont au coeur de l'Afrique, où
fils et filles sont censés rester sous l'autorité et la direction de leurs
parents pendant toute la vie de ces derniers, ils n'apportent que le
désordre et l'effondrement de toute autorité quand ils cherchent, au cours
d'une seule génération, à remplacer cette pratique par l'enseignement que
les enfants doivent être libérés de toute entrave familiale après l'âge de
vingt-et-un ans.
7. -- LA VIE À DALAMATIA
Bien que d'une beauté exquise et conçu pour inspirer du respect aux
primitifs de cet âge, le quartier général du Prince était somme toute
modeste. Les bâtiments n'étaient pas particulièrement importants du fait
que les instructeurs importés avaient pour but d'encourager le
développement éventuel de l'agriculture par l'introduction de l'élevage.
Les réserves de terres dans l'enceinte de la ville étaient suffisantes
pour que les pâtures et les jardins maraîchers puissent nourrir une
population d'environ vingt mille âmes.
Les intérieurs du temple cultuel central et des bâtiments des dix
groupes de surhommes superviseurs étaient vraiment de belles oeuvres
d'art. Les bâtiments résidentiels étaient des modèles de netteté et de
propreté, mais tout y était très simple et tout à fait primitif en
comparaison des développements ultérieurs. A ce quartier général de la
culture, on n'employait que des méthodes appartenant naturellement à
Urantia.
Les membres corporels de l'état-major du Prince habitaient des demeures
simples, mais exemplaires, qu'ils entretenaient comme foyers familiaux
destinés à inspirer et à impressionner favorablement les observateurs
séjournant au centre social et au quartier général éducatif du monde.
L'ordre défini de la vie familiale et le groupement d'une seule famille
dans une seule résidence à un endroit relativement stable datent du temps
de Dalamatia et furent principalement dus à l'exemple et aux enseignements
des cent et de leurs élèves. Le foyer en tant qu'unité sociale ne fut
jamais une réussite avant que les super-hommes et les super-femmes de
Dalamatia eussent amené les humains à aimer leurs petits-enfants et les
enfants de leurs petits-enfants et à faire des projets pour eux. Le
sauvage aime son fils, mais le civilisé aime également son petit-fils.
Les membres de l'état-major du Prince vivaient par couples comme des
pères et des mères. Il est vrai qu'eux-mêmes n'avaient pas d'enfants, mais
les cinquante maisons modèles de Dalamatia n'abritaient jamais moins de
cinq cents enfants adoptés, dont beaucoup d'orphelins, choisis parmi les
familles supérieures des races andonique et sangik. Ces enfants
bénéficiaient de la discipline et de la formation de ces super-parents et
ensuite, après avoir passé trois ans dans les écoles du Prince (ils y
entraient entre treize et quinze ans), ils étaient tout à fait aptes au
mariage et prêts à recevoir leur mandat d'émissaires du Prince auprès des
tribus nécessiteuses de leurs races respectives.
Fad présenta le plan d'éducation de Dalamatia, qui fut exécuté sous
forme d'une école industrielle dans laquelle les élèves apprenaient par la
pratique et se formaient eux-mêmes par l'accomplissement quotidien de
tâches utiles. Ce plan d'éducation ne négligeait pas la place de la
méditation et de la sensibilité dans le développement du caractère, mais
il mettait au premier plan la formation manuelle. L'instruction était
individuelle et collective. L'enseignement était donné par des hommes et
des femmes et par des couples agissant conjointement. La moitié de
l'instruction collective se faisait en séparant les élèves par sexe,
l'autre moitié en éducation mixte. Les étudiants apprenaient
individuellement la dextérité manuelle et se réunissaient en groupes ou
classes pour acquérir le sens de la société. Ils étaient entraînés à
fraterniser avec des groupes tantôt plus jeunes, tantôt plus âgés, et avec
des adultes, ainsi qu'à travailler en équipe avec ceux de leur âge. On les
familiarisait également avec des associations telles que les groupes
familiaux, les équipes de jeu, et les classes d'école.
Parmi les derniers étudiants formés en Mésopotamie pour travailler avec
leurs races respectives se trouvaient des Andonites des hautes terres de
l'Inde occidentale mêlés à des représentants des hommes rouges et des
hommes bleus; plus tard encore, un petit nombre d'hommes jaunes furent
également admis.
Hap offrit aux races primitives une loi morale. Ce code s'appelait « Le
Chemin du Père » et consistait dans les sept commandements suivants:
|
1. Tu ne craindras ni ne serviras aucun
Dieu, sauf le Père de tous. |
|
2. Tu ne désobéiras pas au Fils du
Père, le souverain du monde, et tu ne manqueras pas de respect
envers ses associés surhumains. |
|
3. Tu ne mentiras pas quand tu seras
appelé devant les juges du peuple. |
|
4. Tu ne tueras ni homme, ni femme, ni
enfant. |
|
5. Tu ne déroberas ni les biens ni le
bétail de ton voisin. |
|
6. Tu ne toucheras pas à la femme de
ton ami. |
|
7. Tu ne feras pas montre d'irrévérence
envers tes parents ni envers les anciens de la tribu. |
Ceci resta la loi de Dalamatia pendant près de trois cent mille ans. De
nombreuses pierres sur lesquelles cette loi fut gravée reposent
actuellement sous la mer au large de la Mésopotamie et de la Perse. La
coutume se forma de garder en mémoire un de ces commandements pour chaque
jour de la semaine et de l'employer comme salut et comme action de grâces
aux repas.
À cette époque, la mesure du temps était le mois lunaire compté pour
vingt-huit jours. A l'exception du jour et de la nuit, c'était la seule
unité de temps connue des peuples primitifs. La semaine de sept jours fut
introduite dans les moeurs par les instructeurs de Dalamatia pour la
simple raison que sept est le quart de vingt-huit. La signification du
chiffre sept dans le superunivers leur offrit sans aucun doute l'occasion
d'insérer un rappel spirituel dans le calcul habituel du temps, mais la
période hebdomadaire n'a pas d'origine naturelle.
La campagne était très bien colonisée dans un rayon de cent soixante
kilomètres autour de la ville. Aux alentours immédiats, des centaines
d'anciens élèves des écoles du Prince s'engageaient dans l'élevage et
mettaient encore autrement en pratique l'instruction qu'ils avaient reçue
de son état-major et de ses nombreux assistants humains. Quelques-uns se
lancèrent dans l'agriculture et l'horticulture.
L'humanité ne fut pas contrainte au dur labeur de la terre, en
pénitence d'un péché supposé. « Tu mangeras le fruit des champs à la sueur
de ton front (1) » ne fut pas un châtiment prononcé contre l'homme pour
avoir participé aux folies de la rébellion de Lucifer sous la direction du
traître Caligastia. La culture du sol est inhérente à l'établissement
d'une civilisation progressive sur les mondes évolutionnaires, et cette
injonction fut le centre de tout l'enseignement du Prince Planétaire et de
son état-major pendant les trois cent mille ans qui séparèrent leur
arrivée sur Urantia des jours tragiques où Caligastia prit parti pour le
rebelle Lucifer. Le travail de la terre n'est pas une malédiction; c'est
plutôt une suprême bénédiction pour tous ceux qui peuvent ainsi se livrer
à la plus humaine de toutes les activités humaines.
Au moment où la rébellion éclata, Dalamatia avait une population fixe
de presque six mille habitants. Ce chiffre comprend les étudiants à
demeure, mais ne tient pas compte des visiteurs et des observateurs dont
le nombre s'élevait toujours à plus de mille. Vous ne pouvez guère, ou pas
du tout, vous rendre compte des merveilleux progrès de ces temps très
lointains. Les admirables bénéfices de cette époque furent pratiquement
tous effacés par l'horrible confusion et les abjectes ténèbres
spirituelles qui suivirent la tromperie et la sédition catastrophiques de
Caligastia.
(1) Genèse III-19.
8. -- LES MÉCOMPTES DE CALIGASTIA
Quand nous nous penchons sur la longue carrière de Caligastia, nous ne
trouvons dans sa conduite qu'un seul trait caractéristique susceptible
d'attirer l'attention; il était extrêmement individualiste. Il avait
tendance à prendre parti pour presque tous les protestataires et il
accordait généralement sa sympathie à ceux qui exprimaient avec modération
des critiques implicites. Nous détectons que cette tendance à mal
supporter l'autorité, à s'offenser légèrement de toute forme de contrôle,
apparut de bonne heure chez lui. S'il était légèrement froissé des
conseils de ses aînés et quelque peu rétif à toute autorité supérieure, il
n'en avait pas moins fait preuve de loyauté envers les chefs de l'Univers
et d'obéissance aux ordres des Pères de la Constellation chaque fois qu'il
avait été mis à l'épreuve. Nulle véritable faute ne fut jamais trouvée en
lui jusqu'au moment de sa honteuse trahison d'Urantia.
Il convient de remarquer que Lucifer et Caligastia avaient tous deux
été patiemment instruits et affectueusement avertis de leur tendance à
critiquer et du développement subtil de leur orgueil, qui avait pour
corollaire un sentiment exagéré de leur propre importance. Mais tous ces
efforts pour les aider avaient été interprétés à tort comme des critiques
sans fondement et des ingérences injustifiées dans leurs libertés
personnelles. Caligastia et Lucifer estimèrent que leurs conseillers
amicaux étaient animés par les mobiles fort répréhensibles qui
commençaient à dominer leur propre pensée déformée et leur propre
conception erronée. Ils jugèrent leurs généreux conseillers d'après
l'évolution de leur propre égocentrisme.
À partir de l'arrivée du Prince Caligastia, la civilisation planétaire
progressa d'une manière assez normale pendant près de trois cent mille
ans. A part le fait qu'Urantia était une sphère modificatrice de vie, donc
sujette à de nombreuses irrégularités et à des épisodes inhabituels de
fluctuations évolutionnaires, la carrière de la planète se poursuivit de
façon très satisfaisante jusqu'au moment de la rébellion de Lucifer et de
la trahison simultanée de Caligastia. Toute la partie de l'histoire qui
leur est postérieure a été définitivement modifiée par cette erreur
catastrophique ainsi que par l'échec ultérieur d'Adam et d'Eve dans
l'accomplissement de leur mission planétaire.
Le Prince d'Urantia sombra dans les ténèbres au moment de la rébellion
de Lucifer, précipitant ainsi la planète dans un long désordre. Il fut
ensuite privé de l'autorité souveraine par l'action coordonnée des chefs
de la constellation et d'autres autorités de l'univers. Il partagea les
inévitables vicissitudes de l'isolement d'Urantia jusqu'à l'époque du
séjour d'Adam sur la planète et contribua à faire échouer le plan de
relèvement des races humaines par l'infusion du sang vital de la nouvelle
race violette -- les descendants d'Adam et d'Eve.
Le pouvoir qu'avait le Prince déchu de troubler les affaires humaines
fut considérablement restreint par l'influence de Machiventa Melchizédek
qui s'incarna à l'époque d'Abraham. Par la suite, au cours de
l'incarnation de Micaël, le Prince traître fut finalement dépouillé de
toute autorité sur Urantia.
La doctrine d'un démon personnel sur Urantia, bien qu'elle ait quelque
fondement dans la présence planétaire du traître et perfide Caligastia,
est néanmoins totalement fictive lorsqu'elle enseigne qu'un tel « démon »
peut influencer la pensée humaine normale à l'encontre de son libre choix
naturel. Même avant l'effusion de Micaël sur Urantia, ni Caligastia ni
Daligastia ne furent jamais capables d'opprimer les mortels ni de forcer
aucun individu normal à faire quoi que ce soit à l'encontre de sa volonté
humaine. Le libre arbitre humain est suprême en matière de morale. Même
l'Ajusteur de Pensée intérieur se refuse à contraindre l'homme à former
une seule pensée ou à accomplir un seul acte contraires au choix de la
volonté personnelle de son associé humain.
Maintenant le rebelle du royaume, dépouillé de tout pouvoir de nuire à
ses anciens sujets, attend que les Anciens des Jours d'Uversa jugent en
dernier ressort tous ceux qui ont participé à la rébellion de Lucifer.
[Présenté par un Melchizédek de Nébadon.]
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