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       UN GOUVERNEMENT SUR UNE PLANÈTE VOISINE 
      AVEC la permission de Lanaforge et l'approbation des Très Hauts d'Édentia, 
      je suis autorisé à vous décrire certains aspects de la vie sociale, 
      morale, et politique de la race humaine la plus évoluée d'une planète peu 
      éloignée appartenant au système de Satania. 
      Parmi tous les mondes de Satania qui furent isolés pour avoir participé 
      à la rébellion de Lucifer, c'est cette planète dont l'histoire ressemble 
      le plus à celle d'Urantia. La similitude des deux sphères explique 
      indubitablement pourquoi la permission de faire cette présentation 
      extraordinaire fut accordée, car il est fort inhabituel aux chefs 
      systémiques de laisser raconter sur une planète les affaires d'une autre. 
      La planète en question fut égarée comme Urantia par la déloyauté de son 
      Prince Planétaire en liaison avec la rébellion de Lucifer. Elle reçut un 
      Fils Matériel peu après l'arrivée d'Adam sur Urantia, et ce Fils fit 
      également défaut; cela laissa ce monde isolé, car jamais un Fils Magistral 
      ne fut attribué à ses races humaines. 
      1. -- LA NATION CONTINENTALE 
      Malgré tous ces handicaps planétaires, une civilisation très supérieure 
      est en voie d'évolution sur un continent isolé ayant à peu près les 
      dimensions de l'Australie. Cette nation compte environ 140 millions 
      d'habitants. Ils sont de race mixte, avec prédominance de sang bleu et de 
      sang jaune, et une proportion de sang violet un peu plus élevée que chez 
      la race dite blanche d'Urantia. Les différentes races ne sont pas encore 
      pleinement mêlées, mais elles fraternisent et forment une société très 
      acceptable. La durée moyenne de la vie humaine sur ce continent est 
      maintenant de quatre-vingt-dix ans, soit quinze pour cent de plus que pour 
      n'importe quel autre peuple de cette planète. 
      Le mécanisme industriel de cette nation bénéficie d'un grand avantage 
      dû à la topographie exceptionnelle de son continent. Les hautes montagnes, 
      sur lesquelles de fortes pluies tombent huit mois par an, sont situées au 
      centre même du pays. Ce dispositif naturel favorise l'emploi de l'énergie 
      hydraulique et facilite grandement l'irrigation du quart occidental 
      relativement aride du continent. 
      Ces peuples sont autarchiques, c'est-à-dire qu'ils peuvent vivre 
      indéfiniment sans rien importer des nations environnantes. Leurs 
      ressources naturelles sont surabondantes, et ils ont appris par des 
      techniques scientifiques la manière de compenser la pénurie de certains 
      produits indispensables à la vie. Ils ont un commerce intérieur très 
      actif, mais peu de commerce extérieur à cause de l'hostilité universelle 
      de leurs voisins moins progressifs. 
      Dans les grandes lignes, cette nation continentale a suivi la tendance 
      évolutionnaire de la planète. Son développement entre le stade de la tribu 
      et l'apparition de puissants chefs et rois occupa des milliers d'années. 
      La monarchie absolue fut suivie de nombreux genres différents de 
      gouvernements. Républiques avortées, États communautaires, et dictateurs 
      apparurent et disparurent en une profusion sans fin. Cette croissance se 
      poursuivit jusqu'à cinq siècles environ avant l'époque actuelle. Durant 
      une période de fermentation politique, l'un des puissants triumvirs-dictateurs de la nation changea alors de sentiment. Il offrit 
      d'abdiquer volontairement à condition que l'un des deux autres chefs, le 
      plus indigne des deux qui restaient, renonce également à sa dictature. La 
      souveraineté du continent fut donc placée entre les mains d'un seul chef. 
      L'État unifié progressa sous une forte loi monarchique pendant plus de 
      cent ans durant lesquels une magistrale charte de liberté fut mise au 
      point. 
      La transition subséquente entre la monarchie et une forme 
      représentative de gouvernement fut graduelle. Les rois subsistèrent comme 
      de simples figurants sociaux ou sentimentaux et finirent par disparaître 
      quand la lignée de leurs descendants mâles s'éteignit. La république 
      actuelle a maintenant (1) juste deux cents ans d'existence, durant lesquels 
      elle a progressé d'une manière continue vers les techniques 
      gouvernementales que nous allons décrire. Les derniers développements dans 
      les domaines industriel et politique ont été effectués au cours des dix 
      années qui viennent de s'écouler. 
        (1) En l'année 1934 sur Urantia. 
      2. -- L'ORGANISATION POLITIQUE 
      La nation continentale dont nous parlons a maintenant un gouvernement 
      représentatif avec une capitale nationale située au centre du pays. Le 
      gouvernement central consiste en une solide fédération de cent États 
      relativement libres. Ces États élisent pour dix ans leurs gouverneurs et 
      leurs législateurs, dont aucun n'a le droit d'être réélu. Des juges d'État 
      sont nommés à vie par les gouverneurs et confirmés par leurs législatures 
      qui comprennent un représentant par tranche de cent mille citoyens. 
      Il y a cinq types différents de gouvernements urbains, selon la 
      dimension de la ville, mais aucune ville n'est autorisée à avoir plus d'un 
      million d'habitants. Dans l'ensemble, l'organisation municipale est très 
      simple, directe, et économique. Les rares postes d'administration urbaine 
      sont ardemment recherchés par les citoyens du type le plus élevé. 
      Le gouvernement fédéral comporte trois départements coordonnés, 
      l'exécutif, le législatif, et le judiciaire: Le chef exécutif fédéral est 
      élu tous les six ans par suffrage territorial universel. Il n'est pas 
      rééligible, sauf sur la demande d'au moins soixante-quinze parlements 
      d'État appuyés par leurs gouverneurs, et dans ce cas pour un terme 
      seulement. Il est conseillé par un super-cabinet composé de tous les chefs 
      exécutifs encore vivants. 
      Le département législatif comprend trois chambres: 
         1. La chambre haute est élue par des groupes de travailleurs de 
      l'industrie, des professions libérales, de l'agriculture, et d'autres 
      métiers, votant selon leur fonction économique. 
         2. La chambre basse est élue par certaines organisations de la société 
      comprenant les groupes sociaux, politiques, et philosophiques non inclus 
      dans l'industrie et les autres métiers. Tous les citoyens honorablement 
      connus participent à l'élection des deux classes de représentants, mais 
      ils sont groupés différemment selon que l'élection concerne la chambre 
      haute ou la chambre basse. 
         3. La troisième chambre -- les doyens des hommes d'État -- englobe les 
      vétérans du service civique et comprend de nombreuses personnes 
      distinguées nommées par le chef exécutif, par les administrateurs 
      régionaux (sub-fédéraux), et par les présidents de chacune des deux autres 
      chambres législatives. Ce groupe est limité à cent membres qui sont élus à 
      la majorité par les anciens hommes d'État eux-mêmes. Les titulaires sont 
      nommés à vie, et si une vacance se produit, la personne figurant sur la 
      liste des candidats et qui a recueilli le plus grand nombre de votes se 
      trouve régulièrement élue. Ce corps a une action purement consultative, 
      mais il est un grand régulateur de l'opinion publique et il exerce une 
      puissante influence sur toutes les branches du gouvernement. 
      Une partie importante du travail administratif est exécutée par les dix 
      autorités régionales (sub-fédérales) dont chacune consiste en 
      l'association de dix États. Ces départements régionaux sont entièrement 
      exécutifs et administratifs, sans fonctions législatives ni judiciaires. 
      Les dix chefs exécutifs régionaux sont nommés personnellement par le chef 
      exécutif fédéral pour une durée égale à celle de son propre mandat -- six 
      ans. Le tribunal fédéral suprême approuve la nomination de ces dix 
      administrateurs régionaux. Bien que leur mandat ne puisse être renouvelé, 
      chacun de ceux qui se retirent devient automatiquement l'associé et le 
      conseiller de son successeur. Par ailleurs, les chefs régionaux 
      choisissent leur propre état-major d'agents administratifs. 
      L'action judiciaire s'exerce dans la nation par deux systèmes majeurs 
      de tribunaux -- les tribunaux civils et les tribunaux socio-économiques. 
      Les tribunaux civils fonctionnent aux trois niveaux ci-après: 
         1. Les cours mineures de juridiction municipale et locale, dont les 
      décisions sont susceptibles d'appel auprès des hauts tribunaux d'État. 
         2. Les cours suprêmes des États, dont les décisions sont finales dans 
      toutes les affaires où le gouvernement fédéral n'est pas impliqué et où 
      les droits et libertés des citoyens ne sont pas en danger. Les 
      administrateurs régionaux ont le pouvoir de soumettre immédiatement 
      n'importe quel cas à la barre du tribunal fédéral suprême. 
         3. La cour fédérale suprême -- le haut tribunal pour le jugement des 
      litiges nationaux et des appels provenant des tribunaux des États. Ce 
      tribunal suprême se compose de douze hommes âgés de plus de quarante ans 
      et de moins de soixante-quinze ans, ayant servi au moins deux ans dans un 
      tribunal d'État. Ils sont nommés à cette haute position par le chef 
      exécutif avec l'approbation de la majorité du super-cabinet et de la 
      troisième chambre de l'assemblée législative. Toutes les décisions de ce 
      corps judiciaire suprême sont prises à la majorité d'au moins deux tiers 
      des voix. 
      Les tribunaux socio-économiques fonctionnent dans les trois divisions 
      suivantes: 
         1. Tribunaux des familles, associés aux départements législatif et 
      économique des foyers et du système social. 
         2. Tribunaux de l'enseignement -- les corps juridiques reliés aux 
      systèmes scolaires des États et des régions et associés aux branches 
      exécutive et législative du mécanisme administratif de l'éducation. 
         3. Tribunaux de l'industrie -- les tribunaux juridictionnels investis 
      de la pleine autorité pour régler tous les malentendus économiques. 
      La cour fédérale suprême ne juge pas les cas socio-économiques à moins 
      d'y être invitée par la troisième branche législative du gouvernement 
      national, la chambre des anciens votant à la majorité des trois quarts. 
      Autrement, toutes les décisions des hauts tribunaux familiaux, éducatifs, 
      et industriels sont sans appel. 
      3. -- LA VIE AU FOYER 
      Sur le continent dont nous parlons, la loi interdit à deux familles de 
      vivre sous le même toit. Les habitations collectives ayant été proscrites, 
      la plupart des maisons à appartements ont été démolies. Cependant les 
      célibataires vivent encore dans des clubs, des hôtels, et d'autres 
      bâtiments collectifs. Le plus petit logis familial autorisé doit comporter 
      un demi hectare de terre. Toutes les terres et tous les bâtiments à usage 
      de foyers sont exempts de taxes sur dix fois le minimum de surface exigé 
      pour une famille. 
      La vie de famille de ce peuple s'est grandement améliorée au cours du 
      dernier siècle. Il est obligatoire aussi bien pour les pères que pour les 
      mères d'assister aux cours des écoles de puériculture pour parents. Même 
      les agriculteurs qui résident dans de petits hameaux de campagne suivent 
      ces cours par correspondance et se rendent aux centres voisins 
      d'instruction orale une fois tous les dix jours -- toutes les deux 
      semaines, car la semaine est de cinq jours. 
      Les familles ont une moyenne de cinq enfants qui restent pleinement 
      sous le contrôle de leurs parents. Si l'un des deux parents ou les deux 
      font défaut, la garde est exercée par les personnes désignées par les 
      tribunaux des familles. Toute famille considère comme un grand honneur de 
      se voir confier la garde d'un orphelin de père et de mère. Des concours 
      ont lieu entre parents, et l'orphelin est attribué au foyer de ceux qui 
      font preuve des meilleures qualifications parentales. 
      Ces gens considèrent le foyer comme l'institution fondamentale de leur 
      civilisation. Ils escomptent que la partie la plus précieuse de 
      l'éducation et du caractère d'un enfant sera fournie par ses parents et à 
      son foyer. Les pères consacrent autant d'attention que les mères à la 
      formation des enfants. 
      Toute l'éducation sexuelle est donnée à la maison par les parents ou 
      les gardiens légaux. L'instruction morale est offerte par des maîtres 
      pendant les périodes de repos dans les ateliers-écoles, mais il n'en va 
      pas de même pour l'éducation religieuse. On estime que celle-ci est le 
      privilège exclusif des parents, car la religion est considérée comme 
      faisant partie intégrante de la vie de famille. L'instruction religieuse 
      n'est donnée publiquement que dans les temples de philosophie, car aucune 
      institution purement religieuse ressemblant aux Églises d'Urantia ne s'est 
      développée parmi ces populations. Dans leur philosophie, la religion est 
      l'effort pour connaître Dieu et pour manifester de l'amour aux compagnons 
      de route en les servant, mais cela n'est nullement typique du statut 
      religieux des autres nations de cette planète. Chez celle que nous 
      étudions, la religion est si complètement une affaire de famille qu'il 
      n'existe pas de lieux publics exclusivement consacrés à des assemblées 
      religieuses. Pour employer le langage des Urantiens, l'Église et l'État 
      sont entièrement séparés politiquement, mais il existe un étrange 
      chevauchement de la religion et de la philosophie. 
      Jusqu'à il y a vingt ans, les instructeurs spirituels (comparables aux 
      pasteurs d'Urantia), qui visitent périodiquement chaque famille pour 
      examiner les enfants et vérifier qu'ils ont été convenablement instruits 
      par leurs parents, étaient placés sous la supervision du gouvernement. Ces 
      conseillers et examinateurs spirituels se trouvent maintenant sous la 
      direction de la Fondation du Progrès Spirituel, une institution 
      nouvellement créée et soutenue par des contributions volontaires. Il est 
      possible que cette institution n'évolue pas davantage avant l'arrivée d'un 
      Fils Magistral du Paradis. 
      Les enfants restent légalement soumis à leurs parents jusqu'à l'âge de 
      quinze ans, où ils reçoivent leur première initiation aux responsabilités 
      civiques. Ensuite, tous les cinq ans et durant cinq périodes successives, 
      des exercices similaires ont lieu pour les groupes de même âge. Les 
      obligations vis-à-vis des parents y sont chaque fois diminuées, tandis que 
      de nouvelles responsabilités civiques et sociales envers l'État sont 
      assumées. Le droit de vote est conféré à vingt ans, le droit de se marier 
      sans le consentement des parents n'est pas accordé avant vingt-cinq ans, 
      et les enfants doivent quitter leur foyer quand ils atteignent l'âge de 
      trente ans. 
      Les lois du mariage et du divorce sont uniformes dans toute la nation. 
      Le mariage avant vingt ans -- âge de l'admission au suffrage -- n'est pas 
      permis. L'autorisation de se marier n'est accordée qu'un an après le 
      préavis d'intention, et après que les deux fiancés aient présenté des 
      certificats montrant qu'ils ont été dûment instruits dans les écoles de 
      parents au sujet des responsabilités de la vie conjugale. 
      Les règles du divorce sont un peu vagues, mais on ne peut obtenir le 
      jugement de séparation émis par le tribunal des familles avant qu'un an se 
      soit écoulé depuis l'enregistrement de la demande, et les années sur cette 
      planète sont considérablement plus longues que sur Urantia. Malgré les 
      lois qui rendent le divorce facile, la proportion actuelle des divorces 
      n'atteint que le dixième de celle des races civilisées  
      4. -- LE SYSTÈME ÉDUCATIF 
      Le système éducatif de cette nation est obligatoire et mixte dans les 
      écoles que les élèves fréquentent entre cinq ans et dix-huit ans, avant 
      d'aller au collège. Ces écoles sont extrêmement différentes de celles d'Urantia. 
      Il n'y a pas de classes, on ne poursuit qu'une étude à la fois et, après 
      les trois premières années, tous les élèves deviennent des instituteurs 
      adjoints pour instruire ceux qui en savent moins qu'eux. On n'emploie des 
      livres que pour se procurer les renseignements qui aident à résoudre les 
      problèmes surgissant dans les ateliers-écoles et les fermes-écoles. On 
      produit dans ces ateliers une grande partie des meubles employés sur le 
      continent et de nombreux appareils mécaniques -- car c'est une grande 
      époque d'inventions et de machinisme. Attenante à chaque atelier se trouve 
      une bibliothèque pratique où les élèves peuvent consulter les livres de 
      référence nécessaires. Pendant toute la période éducative, on enseigne 
      également l'agriculture et l'horticulture dans les vastes fermes contiguës 
      à chaque école locale. 
      On n'apprend aux débiles mentaux que l'agriculture et l'élevage et on 
      les envoie pour la vie dans des colonies de surveillance spéciales où ils 
      sont séparés par sexes pour empêcher la procréation, qui est interdite à 
      tous les anormaux. Ces mesures restrictives sont en vigueur depuis 
      soixante-quinze ans. Les mandats d'internement sont délivrés par les 
      tribunaux pour parents. 
      Tout le monde prend un mois de vacances chaque année. L'année a dix 
      mois; les écoles pré-collégiales sont ouvertes pendant neuf mois; les 
      vacances se passent à voyager avec des parents ou des amis. Les voyages 
      font partie du programme d'éducation des adultes et se continuent pendant 
      toute la vie; les fonds pour y faire face sont accumulés par les mêmes 
      méthodes que les fonds d'assurance vieillesse. 
      Un quart du temps à l'école est consacré aux jeux -- aux compétitions 
      athlétiques. Les élèves progressent dans les concours locaux, puis 
      provinciaux, puis régionaux, vers les épreuves nationales d'habileté et de 
      prouesses. Les concours oratoires et musicaux ainsi que les épreuves de 
      science et de philosophie occupent également l'attention des élèves depuis 
      les sections locales mineures jusqu'aux épreuves récompensées par des 
      honneurs nationaux. 
      Le ministère de l'instruction publique est une réplique du gouvernement 
      national avec ses trois branches en corrélation. L'état-major éducatif 
      opère à titre consultatif comme la troisième division législative. L'objet 
      principal de l'éducation sur ce continent consiste à faire de chaque élève 
      un citoyen capable de gagner sa vie. 
      Tous les élèves qui sortent diplômés du système scolaire pré-collégial 
      à dix-huit ans sont des artisans habiles. Alors commencent l'étude des 
      livres et la recherche des connaissances spéciales, soit dans les 
      collèges, soit dans les écoles d'adultes. Quand un brillant élève achève 
      son travail en avance sur le programme, on lui accorde en récompense le 
      temps et les moyens d'exécuter un projet cher à sa propre imagination. 
      Tout le système éducatif est prévu pour éduquer les individus d'une 
      manière appropriée. 
      5. -- L'ORGANISATION INDUSTRIELLE 
      La situation industrielle chez ce peuple est loin de ses idéaux. Le 
      capital et le travail ont encore leurs difficultés, mais ils tendent à se 
      conformer à un plan de coopération sincère. Sur ce continent exceptionnel, 
      les ouvriers deviennent de plus en plus les actionnaires de toutes les 
      affaires industrielles; tout travailleur intelligent se transforme 
      lentement en un petit capitaliste. 
      Les antagonismes sociaux diminuent, et la bonne volonté grandit 
      rapidement. L'abolition de l'esclavage (il y a plus de cent ans) n'a 
      suscité aucun problème grave parce qu'il a été effectué graduellement en 
      libérant deux pour cent des esclaves chaque année. Le droit de citoyenneté 
      fut accordé aux esclaves qui passaient d'une manière satisfaisante des 
      épreuves morales, mentales, et physiques. Beaucoup de ces esclaves 
      supérieurs étaient des prisonniers de guerre ou des enfants de ces 
      captifs. Il y a environ cinquante ans, la nation déporta le reste de ses 
      esclaves inférieurs; plus récemment encore, elle entreprit la tâche de 
      réduire le nombre des individus appartenant aux classes dégénérées et 
      vicieuses. 
      Ce peuple a récemment développé de nouvelles techniques pour dissiper 
      les malentendus industriels et pour corriger les abus économiques; elles 
      représentent une amélioration marquée sur les anciennes méthodes employées 
      pour résoudre ces problèmes. La violence a été proscrite comme procédé 
      pour régler les différends personnels ou industriels. Les salaires, les 
      profits, et les autres questions industrielles ne sont pas rigidement 
      réglementés; ils sont en général contrôlés par les corps législatifs 
      industriels, tandis que toutes les querelles issues de l'industrie sont 
      jugées par les tribunaux industriels. 
      Ces derniers n'existent que depuis trente ans, mais fonctionnent d'une 
      manière très satisfaisante. Les dernières dispositions prévoient que les 
      tribunaux industriels reconnaîtront dorénavant que les rémunérations 
      légales sont de trois sortes: 
      
        
          
            |   | 
            1. Le taux légal d'intérêt sur le capital investi; | 
           
          
            |   | 
            2. Des appointements raisonnables pour les cadres employés aux 
      opérations industrielles. | 
           
          
            |   | 
            3. Des salaires justes et équitables pour les ouvriers. | 
           
         
       
      Pour faire face à ces obligations, on commence par se référer aux 
      contrats. Si les bénéfices ont diminué, les trois classes subissent une 
      réduction temporaire proportionnelle. Ensuite, tous les bénéfices 
      dépassant ces charges fixes sont considérés comme des dividendes et 
      distribués au prorata à chacune des trois divisions, capital, cadres, et 
      main-d'oeuvre. 
      Tous les dix ans, les chefs exécutifs régionaux fixent et décrètent les 
      heures légales de labeur quotidien rémunéré. L'industrie travaille 
      actuellement quatre jours par semaine de cinq jours, le cinquième jour 
      étant consacré aux délassements. Ce peuple travaille six heures par jour 
      ouvrable et, à l'instar des étudiants, neuf mois sur les dix de l'année. 
      Les vacances sont généralement employées à voyager. En conséquence, de 
      nouveaux modes de transport ont été récemment développés, de sorte que 
      toute la nation pense à voyager. Le climat est propice aux déplacements 
      environ huit mois sur dix, et les habitants tirent le meilleur parti des 
      occasions qui leur sont offertes. 
      Il y a deux cents ans, le mobile du profit dominait complètement 
      l'industrie, mais aujourd'hui il est rapidement remplacé par des 
      impulsions différentes et supérieures. La concurrence est active sur ce 
      continent, mais elle a été transférée en grande partie de l'industrie aux 
      jeux, à l'habileté, aux réalisations scientifiques, et aux réussites 
      intellectuelles. Elle est fort vive dans les services sociaux et dans la 
      loyauté envers le gouvernement. Chez ce peuple, le service public devient 
      rapidement le principal but de l'ambition. L'homme le plus riche du 
      continent travaille six heures par jour dans le bureau de son usine de 
      mécanique et se hâte ensuite d'aller à la branche locale de l'école pour 
      hommes d'État où il cherche à se qualifier pour le service public. 
      La main d'oeuvre acquiert plus de considération sur ce continent. Tous 
      les citoyens valides de plus de dix-huit ans travaillent, soit à leur 
      foyer et dans les fermes, soit dans une industrie reconnue, soit aux 
      travaux publics qui absorbent les chômeurs temporaires, soit enfin dans le 
      corps du travail forcé dans les mines. 
      Ce peuple commence également à développer une nouvelle forme de dégoût 
      social -- le dégoût de l'oisiveté aussi bien que de la fortune non gagnée. 
      Lentement mais sûrement, les citoyens triomphent de leurs machines. Eux 
      aussi luttèrent jadis pour la liberté politique et ensuite pour la 
      libération économique. Ils commencent maintenant à jouir des deux et en 
      outre à apprécier leurs loisirs bien gagnés qu'ils peuvent consacrer à 
      mieux s'épanouir. 
      6. -- L'ASSURANCE VIEILLESSE 
      Cette nation fait un effort résolu pour remplacer l'espèce de charité 
      destructrice du respect de soi-même par des garanties de sécurité pour la 
      vieillesse, dignifiées par des assurances gouvernementales. La nation 
      fournit une éducation à tous les enfants et une occupation à tous les 
      hommes; elle peut donc mettre en oeuvre avec succès un plan d'assurance 
      pour la protection des vieux et des infirmes. 
      Chez ce peuple, toutes les personnes doivent se retirer des fonctions 
      rémunérées à l'âge de soixante-cinq ans, à moins de recevoir du 
      commissaire d'État au travail une permis leur donnant droit de travailler 
      jusqu'à soixante-dix ans. Cette limite d'âge ne joue ni pour les 
      serviteurs du gouvernement ni pour les philosophes. Les mutilés physiques 
      ou les invalides permanents peuvent être inscrits à n'importe quel âge sur 
      la liste des retraités, sur un ordre du tribunal contresigné par le 
      commissaire aux pensions du gouvernement régional. 
      Les fonds pour les pensions de vieillesse proviennent de quatre 
      sources: 
      
        
          
            |   | 
            1. Le gain d'une journée par mois est réquisitionné à cet effet par le 
      gouvernement fédéral, et tout le monde travaille dans le pays. | 
           
          
            |   | 
            2. Les legs -- nombre de citoyens riches laissent des fonds à cet 
      effet. | 
           
          
            |   | 
            3. Les gains du travail forcé dans les mines de l'État. Après que les 
      ouvriers enrôlés par conscription aient pourvu à leurs propres besoins et 
      mis de côté leur contribution à leur propre retraite, tout l'excédent du 
      bénéfice de leur travail est versé à ce fonds de pensions. | 
           
          
            |   | 
            4. Le revenu des ressources naturelles. Toutes les richesses naturelles 
      du continent sont détenues comme dépôt social par le gouvernement fédéral, 
      et le revenu qu'elles procurent est employé à des buts sociaux tels que la 
      lutte préventive contre les maladies, l'éducation des génies, et 
      l'entretien des élèves spécialement prometteurs dans les écoles pour 
      hommes d'État. La moitié du revenu des ressources naturelles va au fonds 
      de pensions pour la vieillesse. | 
           
         
       
      Bien que des fondations provinciales et régionales basées sur les 
      calculs d'actuaires fournissent de nombreuses formes d'assurances 
      protectrices, les pensions de vieillesse sont exclusivement administrées 
      par le gouvernement fédéral et par l'intermédiaire des dix départements 
      régionaux. 
      Ces fonds gouvernementaux ont été administrés honnêtement depuis 
      longtemps. Après la trahison et le meurtre, c'est à la trahison de la 
      confiance publique que les tribunaux infligent les châtiments les plus 
      sévères. La déloyauté sociale et politique est maintenant considérée comme 
      le plus odieux des crimes. 
      7. -- LES IMPÔTS 
      Le gouvernement fédéral n'est paternaliste que dans l'administration 
      des pensions de vieillesse et l'aide apportée au génie et à l'imagination 
      créative. Les gouvernements d'État s'occupent un peu plus des individus, 
      tandis que les gouvernements locaux sont beaucoup plus paternalistes ou 
      socialistes. La ville (ou l'une de ses subdivisions) s'occupe d'affaires 
      telles que la santé, l'hygiène, l'urbanisme, les embellissements, 
      l'adduction d'eau, l'éclairage, le chauffage, les récréations, la musique, 
      et les communications. 
      Dans toute l'industrie, la première préoccupation est la santé. 
      Certaines phases de bien-être physique sont considérées comme des 
      prérogatives de l'industrie et de la communauté, mais la santé 
      individuelle et essentiellement des affaires personnelles. En médecine 
      comme dans toutes les questions purement personnelles, le plan du 
      gouvernement consiste de plus en plus à s'abstenir d'interférer. 
      Les villes n'ont ni le pouvoir de taxer ni le droit d'emprunter. Elles 
      reçoivent de la trésorerie d'État une allocation par habitant; il leur 
      faut compléter ce revenu par le bénéfice de leurs entreprises socialisées 
      et en donnant des licences pour l'exercice de diverses activités 
      commerciales. 
      Les facilités de transit rapide, qui permettent une extension 
      considérable des limites urbaines, sont placées sous contrôle municipal. 
      Les départements urbains des pompiers sont soutenus par les fondations de 
      protection et d'assurance contre l'incendie. Tous les bâtiments de la 
      ville ou de la campagne sont ignifugés  -- et l'ont été depuis 
      soixante-quinze ans. 
      Il n'y a pas d'officiers de paix appointés par les municipalités; les 
      forces de police sont entretenues par les gouvernements des États. Les 
      hommes de ce département sont recrutés à peu près exclusivement parmi les 
      célibataires de vingt-cinq à cinquante ans. La plupart des États taxent 
      assez lourdement les célibataires, mais ceux qui entrent dans les rangs de 
      la police d'État sont dispensés de cet impôt. Dans la moyenne des États, 
      les forces de police n'atteignent que le dixième de leur importance d'il y 
      a cinquante ans. 
      Il n'y a guère d'uniformité dans les plans fiscaux des cent États 
      relativement libres et souverains, car les conditions économiques ou 
      autres varient grandement dans les différents secteurs du continent. La 
      constitution de chaque État comporte dix clauses fondamentales qui ne 
      peuvent être modifiées sans le consentement de la cour fédérale suprême, 
      et l'une d'elle empêche d'établir un impôt de plus de un pour cent par an 
      sur la valeur d'un bien quelconque, les domiciles urbains ou ruraux 
      restant totalement exemptés. 
      Le gouvernement fédéral n'a pas le droit de s'endetter, et il faut un 
      référendum à la majorité des trois quarts pour permettre à un État 
      d'emprunter, sauf pour les besoins de la guerre. En cas de guerre, puisque 
      le gouvernement fédéral ne peut contracter de dettes, le Conseil National 
      de la Défense a le pouvoir d'exiger des États une contribution en argent 
      aussi bien qu'en hommes et en matériels, selon les besoins. Tout emprunt 
      doit être remboursé en moins de vingt-cinq ans. 
      Les revenus destinés à entretenir le gouvernement fédéral proviennent 
      des cinq sources suivantes: 
         1. Les droits d'importation. Toutes les importations sont soumises à un 
      droit de douane destiné à protéger le standard de vie qui est beaucoup 
      plus élevé sur ce continent que dans n'importe quelle autre nation de la 
      planète. Les tarifs douaniers sont fixés par le plus haut tribunal 
      industriel après que les deux chambres du parlement industriel aient 
      ratifié les recommandations du chef exécutif des affaires économiques, 
      lequel est nommé conjointement par ces deux corps législatifs. La chambre 
      haute industrielle est élue par les travailleurs, la chambre basse par les 
      capitalistes. 
         2. Les redevances. Le gouvernement fédéral encourage les inventions et 
      les créations originales dans les dix laboratoires régionaux. Il aide les 
      génies de tous genres -- artistes, auteurs, et savants -- et protège leurs 
      brevets. En retour, il prélève la moitié des bénéfices provenant de toutes 
      leurs inventions et créations, qu'elles concernent des machines, des 
      livres, des oeuvres d'art, des plantes, ou des animaux. 
         3. Les taxes successorales. Le gouvernement fédéral prélève un impôt 
      successoral progressif allant de un à cinquante pour cent selon 
      l'importance de la succession et certaines autres conditions. 
         4. L'équipement militaire. Le gouvernement tire des sommes 
      considérables de la location d'équipements militaires et navals pour des 
      usages commerciaux ou récréatifs. 
         5. Les ressources naturelles. Le revenu des ressources naturelles, 
      quand il n'est pas entièrement affecté aux buts désignés dans la charte 
      des États Fédéraux, est versé au trésor national. 
      Les autorisations de dépenses fédérales, sauf les fonds de guerre 
      évalués par le Conseil National de la Défense, sont proposées dans la 
      haute chambre législative, soumises à l'accord de la chambre basse, 
      approuvées par le chef exécutif, et finalement validées par la commission 
      du budget fédéral. Les cent membres de cette commission sont nommés par 
      les gouverneurs des États et élus par les législatures des États pour 
      servir pendant vingt-quatre ans. Ils se renouvellent par quarts tous les 
      six ans. Tous les six ans également, à la majorité des trois quarts, ce 
      corps choisit un chef dans ses rangs, et celui-ci devient par    là-même 
      directeur-contrôleur des finances fédérales. 
      8. -- LES COLLÈGES SPÉCIAUX 
      En plus du programme fondamental d'instruction obligatoire entre les 
      âges de cinq ans et de dix-huit ans, on entretient les écoles spéciales 
      suivantes: 
         1. Les écoles d'administration. Elles se divisent en trois classes: les 
      écoles nationales, régionales, et celles des États. Les offices publics de 
      la nation sont groupés en quatre divisions. La première division de 
      responsabilité publique concerne principalement l'administration 
      nationale; tous les détenteurs de postes dans ce groupe doivent avoir le 
      double diplôme des écoles d'administration régionales et nationales. Dans 
      la seconde division, les candidats peuvent accepter un poste politique, 
      électoral, ou par nomination, après avoir obtenu leur diplôme de l'une des 
      dix écoles régionales d'administration; leur mission concerne des 
      responsabilités dans l'administration régionale et dans le gouvernement 
      des États. La troisième division comprend des responsabilités dans les 
      États, et ses fonctionnaires ont seulement besoin d'avoir le grade 
      correspondant à l'administration des États. Les fonctionnaires de la 
      quatrième et dernière division n'ont besoin d'aucun diplôme 
      d'administration, tous leurs postes étant attribués par nomination. Ils 
      représentent des situations mineures d'assistants, de secrétaires, ou de 
      techniciens, remplies par les membres des différentes professions 
      libérales qui opèrent avec capacité administrative gouvernementale. 
      Les juges des tribunaux mineurs et des tribunaux des États sont 
      diplômés des écoles d'administration des États. Les juges des tribunaux 
      jugeant les affaires sociales, éducatives, et industrielles sont gradués 
      des écoles régionales. Les juges du tribunal fédéral suprême doivent avoir 
      des diplômes des trois classes d'écoles d'administration. 
         2. Écoles de philosophie. Ces écoles sont affiliées aux temples de 
      philosophie et plus ou moins attachées à la religion en tant que fonction 
      publique. 
         3. Instituts scientifiques. Ces écoles techniques sont coordonnées avec 
      l'industrie plutôt qu'avec le système éducatif. Elles sont administrées en 
      quinze divisions. 
         4. Écoles d'éducation professionnelle. Ces institutions spéciales 
      procurent l'instruction technique pour les diverses professions libérales, 
      qui sont au nombre de douze. 
         5. Écoles militaires et navales. Près du quartier général national et 
      dans les vingt-cinq centres militaires côtiers, on entretient les 
      institutions consacrées à l'instruction militaire des citoyens volontaires 
      âgés de dix-huit à trente ans. Pour être admis à ces écoles avant 
      vingt-cinq ans, le consentement des parents est exigé. 
      9. -- LE PLAN DU SUFFRAGE UNIVERSEL 
      Bien qu'un diplôme de l'une des écoles d'administration provinciales, 
      régionales, ou fédérales ait été obligatoire pour faire acte de 
      candidature à toutes les fonctions publiques, les chefs éclairés de cette 
      nation découvrirent un sérieux défaut dans leur plan de suffrage 
      universel. Il y a environ cinquante ans, ils prirent des dispositions 
      constitutionnelles pour adopter un mode de scrutin modifié comportant les 
      caractéristiques suivantes: 
         1. Chaque homme et chaque femme de vingt ans et plus dispose d'une 
      voix. Quand ils atteignent cet âge, tous les citoyens doivent appartenir à 
      deux groupes d'électeurs: ils s'inscrivent au premier selon leur fonction 
      économique -- industrielle, artisanale, agricole, ou commerciale; ils 
      entrent dans le second selon leurs inclinations politiques, 
      philosophiques, et sociales. Tous les travailleurs appartiennent ainsi à 
      un groupe électoral économique. A l'instar des associations non 
      économiques, ces corporations ont des règlements très semblables à ceux du 
      gouvernement national avec sa triple division des pouvoirs. L'inscription 
      à un groupe ne peut plus être changée pendant douze ans. 
         2. Sur la proposition des gouverneurs des États ou des chefs exécutifs 
      régionaux, et sur confirmation des conseils régionaux suprêmes, les 
      personnes qui ont rendu de grands services à la société, ou fait preuve 
      d'une sagesse extraordinaire au service du gouvernement, peuvent recevoir 
      un droit de vote additionnel, mais pas plus souvent que tous les cinq ans, 
      et sans dépasser neuf voix additionnelles. Le suffrage maximum d'un 
      électeur à vote multiple est donc de dix voix. Les savants, les 
      inventeurs, les éducateurs, les philosophes, et les chefs spirituels sont 
      ainsi reconnus et honorés d'un pouvoir politique accru. Ces privilèges 
      civiques élevés sont conférés par les conseils suprêmes des États et des 
      régions d'une manière très semblable aux diplômes offerts par les collèges 
      spéciaux. Les bénéficiaires sont fiers de joindre ces symboles de 
      reconnaissance civique, à côté de leurs autres diplômes, à la liste de 
      leurs accomplissements personnels. 
         3. Tous les individus condamnés au travail forcé dans les mines et tous 
      les fonctionnaires payés par le revenu des impôts perdent leur droit de 
      vote pendant la période où ils exécutent ces services. Cette disposition 
      ne s'applique pas aux personnes âgées qui reçoivent une pension après 
      avoir pris leur retraite à soixante-cinq ans. 
         4. Il y a cinq échelons de suffrage traduisant la moyenne des impôts 
      payés durant chaque période quinquennale. Les contribuables ayant beaucoup 
      payé reçoivent un droit de vote supplémentaire allant jusqu'à cinq voix. 
      Cette concession est indépendante de toute autre reconnaissance, mais en 
      aucun cas un électeur ne dispose de plus de dix voix. 
         5. Au moment où l'on adopta ce plan électoral, la méthode territoriale 
      de vote fut abandonnée en faveur du système fonctionnel ou économique. 
      Tous les citoyens votent maintenant en tant que membres de groupes 
      industriels, sociaux, ou professionnels, indépendamment de leur résidence. 
      Le corps électoral est donc composé de groupes intégrés, unifiés, et 
      intelligents qui élisent seulement leurs meilleurs membres aux postes 
      gouvernementaux de confiance et de responsabilité. Ce plan de suffrage 
      fonctionnel ou collectif comporte une exception; l'élection d'un chef 
      exécutif fédéral tous les six ans s'effectue par un vote national où nul 
      citoyen ne dispose de plus d'une voix. 
      Ainsi, sauf dans l'élection du chef exécutif, le suffrage est exercé 
      par des groupements économiques, professionnels, intellectuels, et sociaux 
      de citoyens. L'État idéal est organique, et chaque groupe libre et 
      intelligent d'habitants représente un organe vital et fonctionnel à 
      l'intérieur du plus grand organisme gouvernemental. 
      Les écoles d'administration ont le pouvoir d'engager une action devant 
      les tribunaux d'État pour faire retirer le droit de vote à tout individu 
      vicieux, oisif, apathique, ou criminel. Ces gens reconnaissent que si une 
      nation a cinquante pour cent d'éléments inférieurs ou dégénérés possédant 
      le droit de vote, elle est condamnée à périr. Ils croient que la 
      domination de la médiocrité provoque l'effondrement de n'importe quelle 
      nation. Le vote est obligatoire, et les électeurs qui ne déposent pas leur 
      bulletin sont frappés de lourdes amendes. 
      10. -- DISPOSITIONS À L'ÉGARD DU CRIME 
      Les méthodes de ce peuple pour traiter les criminels, les fous, et les 
      dégénérés, plairont à la plupart des Urantiens sous certains rapports, 
      mais sous d'autres ils les choqueront. Les anormaux et les criminels 
      ordinaires sont placés par sexes dans différentes colonies agricoles où 
      ils font plus que de subvenir à leurs besoins. Les criminels les plus 
      invétérés et les aliénés incurables sont condamnés par les tribunaux à 
      mourir dans des chambres à gaz. De nombreux crimes autres que le meurtre, 
      y compris la trahison de la confiance du gouvernement, comportent aussi la 
      peine de mort, et l'action de la justice est certaine et rapide. 
      Ce peuple est en train de sortir de l'ère négative de la loi pour 
      entrer dans l'ère positive. Récemment l'on est allé jusqu'à essayer 
      d'empêcher préventivement les crimes en condamnant à la détention à vie 
      dans les colonies pénitentiaires les individus que l'on croit être 
      potentiellement des assassins ou de grands criminels. Si ces condamnés 
      démontrent ultérieurement qu'ils sont devenus plus normaux, ils peuvent 
      être libérés sur parole ou pardonnés. Le nombre des homicides sur ce 
      continent n'atteint qu'un pour cent de celui des autres nations. 
      Des efforts pour empêcher la reproduction des criminels et des 
      dégénérés ont été entrepris il y a plus de cent ans et ont déjà donné des 
      résultats très satisfaisants. Il n'existe ni prisons ni hôpitaux pour les 
      aliénés. Ces efforts ont suffi pour que ces groupes soient dix fois moins 
      nombreux que sur Urantia. 
      11. -- L'ÉTAT DE PRÉPARATION MILITAIRE 
      Les diplômes des écoles militaires fédérales peuvent être commissionnés 
      comme « gardiens de la civilisation » en sept grades, selon leur 
      compétence et leur expérience, par le président du Conseil National de la 
      Défense. Ce conseil est composé de vingt-cinq membres nommés par les 
      tribunaux familiaux, éducatifs, et industriels les plus élevés; il est 
      confirmé par la cour fédérale suprême et présidé d'office par le chef 
      d'état-major des affaires militaires coordonnées. Ses membres servent 
      jusqu'à l'âge de soixante-dix ans. 
      Les cours suivis par ces officiers commissionnés durent quatre ans et 
      sont invariablement en corrélation avec la maîtrise dans un commerce ou un 
      métier. L'instruction militaire n'est jamais donnée sans que l'on y 
      associe cette éducation industrielle, scientifique, ou professionnelle. 
      Quand l'instruction militaire est terminée, l'intéressé a reçu pendant ses 
      quatre ans de cours la moitié de l'éducation donnée dans n'importe quelle 
      école spéciale où les cours durent également quatre ans. De cette manière, 
      on évite la formation d'une classe de militaires de carrière en 
      fournissant à un grand nombre d'hommes l'occasion de gagner leur vie tout 
      en acquérant la première moitié d'une instruction technique ou 
      professionnelle. 
      Le service militaire en temps de paix est purement volontaire. On 
      s'engage dans chaque branche de service pour quatre ans, pendant lesquels 
      chaque homme poursuit des études dans une branche spéciale en plus de 
      l'approfondissement de la tactique militaire. L'éducation musicale est 
      l'une des principales visées des écoles militaires centrales et des 
      vingt-cinq camps d'entraînement répartis à la périphérie du continent. 
      Durant les périodes de ralentissement dans l'industrie, des milliers de 
      chômeurs sont employés automatiquement à renforcer les défenses militaires 
      du continent sur terre, sur mer, et dans les airs. 
      Bien que cette nation entretienne de puissants effectifs de guerre pour 
      se défendre contre les invasions des peuples environnants, on peut 
      inscrire à son crédit que depuis plus de cent ans elle n'a employé ces 
      ressources militaires à aucune guerre offensive. Ces gens se sont 
      civilisés au point où ils peuvent vigoureusement défendre la civilisation 
      sans céder à la tentation d'employer leur potentiel de guerre à des 
      agressions. Ils n'ont pas connu de guerres civiles depuis l'établissement 
      de l'État continental unifié, mais ils ont été appelés à soutenir neuf 
      guerres défensives acharnées, dont trois contre de puissantes 
      confédérations de pouvoirs mondiaux. Bien que cette nation entretienne une 
      défense adéquate contre toute attaque par des voisins hostiles, elle 
      consacre beaucoup plus de soins à éduquer des hommes d'État, des savants, 
      et des philosophes. 
      Quand elle est en paix avec le monde, tous les mécanismes mobiles de 
      défense sont pleinement employés aux affaires, au commerce, et aux 
      divertissements. Quand la guerre est déclarée, la nation tout entière est 
      mobilisée. Pendant la durée des hostilités, toute l'industrie paye son 
      personnel au tarif des soldes militaires, et les chefs de tous les 
      départements militaires deviennent membres du cabinet du chef exécutif. 
      12. -- LES AUTRES NATIONS 
      Bien que la société et le gouvernement de ce peuple unique soient sous 
      beaucoup de rapports supérieurs à ceux des nations d'Urantia, il faudrait 
      préciser que sur les autres continents (il y en a onze sur cette planète) 
      les gouvernements sont nettement inférieurs à ceux des nations les plus 
      évoluées d'Urantia. 
      À l'heure actuelle, ce gouvernement supérieur projette d'établir des 
      relations d'ambassades avec les peuples inférieurs, et pour la première 
      fois a surgi un grand chef religieux qui recommande l'envoi de 
      missionnaires aux nations environnantes. Nous craignons que cette nation 
      soit sur le point de faire la faute que tant d'autres ont commise en 
      essayant d'imposer une culture et une religion supérieures à d'autres 
      races. Quel merveilleux résultat on obtiendrait sur ce monde si cette 
      nation continentale de culture avancée se bornait à se faire connaître et 
      à amener chez elle les hommes d'élite des peuples voisins pour ensuite, 
      après les avoir éduqués, les renvoyer comme émissaires de culture chez 
      leurs frères plongés dans l'ignorance! Bien entendu, si un Fils Magistral 
      devait bientôt venir chez cette notion évoluée, de grands événements 
      pourraient se produire rapidement sur ce monde. 
      Ce récit des affaires d'une planète voisine est fait par autorisation 
      spéciale dans le but de faire progresser la civilisation et d'accélérer 
      l'évolution gouvernementale sur Urantia. On pourrait donner beaucoup plus 
      de détails qui sans aucun doute intéresseraient et surprendraient les 
      Urantiens, mais les révélations ci-dessus vont à la limite de ce que notre 
      mandat nous permet. 
      Les Urantiens devraient toutefois prendre note que leur sphère soeur 
      dans Satania n'a bénéficié ni de missions magistrales ni de missions 
      d'effusion des Fils du Paradis. Les divers peuples d'Urantia ne sont pas 
      non plus séparés les uns des autres par des disparités de culture offrant 
      le même contraste que cette nation continentale avec les autres nations de 
      la même planète. 
      L'effusion de l'Esprit de Vérité fournit la base pour réaliser de 
      grands accomplissements dans l'intérêt de la race humaine de la planète 
      qui en bénéficie. Urantia est donc beaucoup mieux préparée pour mettre au 
      point un gouvernement planétaire avec ses lois, ses mécanismes, ses 
      conventions, ses symboles, et son langage -- qui tous pourraient 
      contribuer si puissamment à établir la paix mondiale sous l'égide de la 
      loi et laisser présager l'aurore d'un véritable âge d'efforts spirituels. 
      Cet âge serait le seuil spirituel conduisant aux âges utopiques de lumière 
      et de vie. 
        
      [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.] 
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