LE JARDIN D'ÉDEN
LA décadence culturelle et l'indigence spirituelle résultant de la
chute de Caligastia et du désordre social qui suivit eurent peu d'effet
sur le statut biologique ou physique des peuples d'Urantia. L'évolution
organique se poursuivit à grands pas, tout à fait indépendamment du recul
moral et culturel qui suivit si rapidement la dissidence de Caligastia et
de Daligastia.
Il y a presque quarante mille ans vint un moment dans l'histoire
planétaire où les Porteurs de Vie en service prirent note qu'au point de
vue purement biologique le progrès du développement des races d'Urantia
approchait de son apogée. Les syndics Melchizédeks partagèrent cette
opinion et acceptèrent aisément de se joindre aux Porteurs de Vie pour
demander aux Très Hauts d'Édentia de faire inspecter Urantia en vue
d'autoriser l'envoi d'élévateurs biologiques, un Fils et une Fille
Matériels.
La requête fut adressée aux Très Hauts d'Édentia parce qu'ils avaient
exercé une juridiction directe sur beaucoup d'affaires d'Urantia depuis la
chute de Caligastia et la carence temporaire d'autorité sur Jérusem.
Tabamantia, superviseur souverain des séries de mondes décimaux ou
expérimentaux, vint inspecter la planète. Après examen du progrès racial,
il recommanda dûment que des Fils Matériels fussent accordés a Urantia. Un
peu moins de cent ans après son inspection, Adam et Ève, un Fils et une
Fille Matériels du système local, arrivèrent et commencèrent leur tâche
difficile. Il leur fallait essayer de débrouiller les affaires confuses
d'une planète retardée par la rébellion et mise au ban par isolement
spirituel.
1. -- LES NODITES ET LES AMADONITES
Sur une planète normale, l'arrivée du Fils Matériel annonce
généralement l'approche d'un grand âge d'inventions, de progrès matériel,
et d'éclairement intellectuel. L'ère post-adamique est le grand âge
scientifique sur la plupart des mondes, mais il n'en fut pas ainsi sur
Urantia. Bien que la planète fut peuplée de races physiquement aptes, les
tribus languissaient dans des abîmes de sauvagerie et de stagnation
morale.
Dix mille ans après la rébellion, pratiquement tous les gains de
l'administration du Prince avaient été annulés; les races du monde
n'étaient guère plus avancées que si ce Fils égaré n'était jamais venu sur
Urantia. Les traditions de Dalamatia et la culture du Prince Planétaire ne
subsistaient que chez les Nodites et les Amadonites.
Les Nodites étaient les descendants des membres rebelles de
l'état-major du Prince et tiraient leur nom de leur premier chef, Nod; qui
avait jadis présidé la commission de l'industrie et du commerce de
Dalamatia. Les Amadonites étaient les descendants des Andonites qui
avaient choisi de rester loyaux avec Van et Amadon. « Amadonite » est
davantage une dénomination culturelle et religieuse qu'un nom racial; du
point de vue racial, les Amadonites étaient essentiellement des Andonites.
« Nodite » est un nom à la fois culturel et racial, car les Nodites
eux-mêmes constituaient la huitième race d'Urantia.
Il existait une hostilité traditionnelle entre les Nodites et les
Amadonites. Cette inimitié revenait constamment à la surface toutes les
fois que les descendants des deux groupes essayaient de se lancer dans une
entreprise commune. Même plus tard, dans les affaires d'Ève, il leur fut
extrêmement difficile de travailler ensemble en paix.
Peu après la destruction de Dalamatia, les partisans de Nod se
divisèrent en trois groupes. Le groupe central resta dans le voisinage
immédiat de son foyer originel, près du fond du golfe Persique. Le groupe
oriental émigra vers les hauts plateaux d'Élam, juste à l'est de la vallée
de l'Euphrate. Le groupe occidental résida sur le rivage syrien du
nord-est de la Méditerranée et dans le territoire adjacent.
Les Nodites s'étaient souvent mariés avec les races Sangik et avaient
laissé une progéniture de qualité. Quelques descendants des rebelles
Dalamatiens rejoignirent ultérieurement Van et ses partisans loyaux dans
les terres situées au nord de la Mésopotamie. Là, au voisinage du lac Van
et dans la région au sud de la mer Caspienne, les Nodites se mêlèrent et
se mélangèrent aux Amadonites et furent comptés au nombre des « puissants
hommes d'autrefois ».
Avant l'arrivée d'Adam et d'Ève, ces groupes - les Nodites et les
Amadonites -- étaient les races les plus évoluées et les plus cultivées de
la Terre.
2. -- PROJETS DE JARDIN
Pendant près de cent ans avant l'inspection de Tabamantia, Van et ses
associés, opérant à partir de leur quartier général d'éthique et de
culture sur de hautes terres, avaient prêché la venue d'un Fils promis de
Dieu, un élévateur racial, un instructeur de la vérité, et un successeur
digne de confiance au traître Caligastia. La majorité des habitants du
monde en ces jours-là n'accordait guère ou pas d'intérêt à ces
prédictions, mais ceux qui se trouvaient en contact immédiat avec Van et
Amadon prirent cet enseignement au sérieux et commencèrent à faire des
projets pour recevoir effectivement le Fils de la promesse.
Van raconta à ses plus proches collaborateurs l'histoire des Fils
Matériels sur Jérusem, en leur disant ce qu'il avait connu d'eux avant de
venir sur Urantia. Il savait bien que les Fils Adamiques vivaient toujours
dans des foyers simples et charmants entourés de jardins.
Quatre-vingt-trois ans avant l'arrivée d'Adam et d'Ève, il proposa a ceux
qui l'entouraient de se consacrer à proclamer la venue des Fils Matériels
et à préparer un foyer-jardin pour les recevoir.
Depuis leur quartier général des hautes terres et depuis soixante et un
établissements très dispersés, Van et Amadon recrutèrent un corps de plus
de trois mille travailleurs enthousiastes et de bonne volonté. Ils se
réunirent en une assemblée solennelle où ils se dédièrent à la mission de
préparer l'arrivée du Fils promis ou tout au moins attendu.
Van divisa ses volontaires en cent compagnies avec un capitaine pour
chacune et un associé qui servait dans son état-major personnel comme
officier de liaison . Il garda Amadon comme associé personnel. Les
commissions commencèrent toutes sérieusement leurs travaux préliminaires,
et la commission du site du jardin se mit à parcourir le pays à la
recherche de l'endroit idéal.
Bien que Caligastia et Daligastia eussent été privés d'une grande
partie de leur pouvoir de nuire, ils firent tout ce qui leur était
possible pour contrecarrer et gêner le travail de préparation du Jardin.
Mais leurs manoeuvres perverses furent largement compensées par les
activités loyales de presque dix mille médians qui travaillèrent
infatigablement à faire progresser l'entreprise.
3. -- L'EMPLACEMENT DU JARDIN
Le comité du site fut absent pendant près de trois ans. Il fit un
rapport favorable sur trois emplacements possibles le premier était une
île du golfe Persique; le second était un emplacement fluvial qui servit
plus tard pour le second jardin; le troisième était une longue péninsule
étroite -- presque une île -- qui faisait saillie vers l'ouest sur la côte
orientale de la Méditerranée.
Le comité était presque unanime à préférer la troisième solution. Le
site fut choisi, et deux années furent occupées à transférer le quartier
général culturel du monde, y compris l'arbre de vie, sur cette péninsule
méditerranéenne. À l'exception d'un seul groupe, tous les habitants de la
péninsule évacuèrent paisiblement les lieux lorsque Van et sa suite
arrivèrent.
Cette péninsule méditerranéenne jouissait d'un climat salubre et d'une
température régulière. La stabilité du temps était due aux montagnes qui
l'entouraient et au fait que ce territoire était virtuellement une île
dans une mer intérieure. Il pleuvait abondamment sur les hautes terres
environnantes, mais rarement sur Éden proprement dit. Par contre chaque
nuit « un brouillard s'élevait (1) » pour rafraîchir la végétation du
Jardin.
Le rivage de la péninsule était très surélevé, et l'isthme qui la
reliait au continent n'était large que d'une quarantaine de kilomètres à
son point le plus étroit. Le grand fleuve qui arrosait le Jardin
descendait des hautes terres de la péninsule, coulait vers l'orient
jusqu'au continent, et de là traversait les basses terres de la
Mésopotamie jusqu'à la mer située au delà. Il était grossi de quatre
affluents qui prenaient leur source dans les collines côtières de la
péninsule Édénique. C'était les « quatre têtes » du fleuve qui « sortait
d'Éden (2) » et que l'on confondit plus tard avec les affluents des
fleuves qui entouraient le second jardin.
Les pierres précieuses et les métaux abondaient dans les montagnes
entourant le Jardin, mais on n'y prêtait que très peu d'attention. L'idée
dominante était de glorifier l'horticulture et d'exalter l'agriculture.
Le site choisi pour le Jardin était probablement le plu bel endroit de
cette sorte dans le monde entier, et le climat y était alors idéal. Nulle
part ailleurs il n'y avait d'emplacement susceptible de se prêter aussi
parfaitement à devenir un paradis d'expression botanique. L'élite de la
civilisation d'Urantia se rassembla en ce lieu de rencontre. À l'extérieur
et au delà, le monde vivait dans les ténèbres, l'ignorance, et la
sauvagerie. Éden était l'unique endroit brillant d'Urantia. Par nature, il
était un rêve de beauté, et il devint bientôt un poème où la gloire des
paysages était exquise et perfectionnée.
(1) Genèse II-6. |
(1) Genèse II-10 à 14. |
4. -- L'ÉTABLISSEMENT DU JARDIN
Quand des Fils Matériels, des élévateurs biologiques, commencent leur
séjour sur un monde évolutionnaire, leur demeure est souvent appelée le
Jardin d'Éden parce qu'elle est caractérisée par la beauté florale et la
splendeur botanique d'Édentia, capitale de la constellation. Van
connaissait bien ces coutumes et veilla en conséquence à ce que la
péninsule tout entière fût consacrée au Jardin. Des projets de pâturages
et d'élevages furent établis pour les terres contiguës de la zone
continentale. Du règne animal, on ne trouvait dans le parc que les oiseaux
et les diverses espèces d'animaux domestiques. Van avait ordonné qu'Éden
soit un jardin et seulement un jardin. Jamais il n'y eut d'animaux
massacrés dans son enceinte. Toute la viande mangée par les ouvriers du
Jardin pendant les années de sa construction provenait des troupeaux
entretenus sous bonne garde sur le continent.
La première tâche fut de construire un mur de briques isolant la
péninsule. Après son achèvement, on put se mettre sans encombre au vrai
travail d'embellissement du paysage et de construction des foyers.
Un jardin zoologique fut créé en construisant un mur plus petit juste
au delà du mur principal. L'espace intermédiaire, occupé par toutes sortes
d'animaux sauvages, servait de défense supplémentaire contre les attaques
hostiles. Cette ménagerie fut organisée en douze grandes divisions, avec
des sentiers muraux séparant les groupes et conduisant aux douze portes du
Jardin. Le fleuve et ses pâturages adjacents occupaient la zone centrale.
On n'employa que des volontaires pour préparer le Jardin; jamais aucun
salarié n'y prit part. Ils cultivaient le Jardin et soignaient leurs
troupeaux pour vivre ils recevaient aussi des contributions en nourriture
de la part de croyants du voisinage. La grande entreprise fut menée à
bonne fin, malgré les difficultés accompagnant le désordre du statut
mondial pendant ces temps troublés.
Ne sachant pas dans quel délai le Fils et la Fille attendus pourraient
venir, Van causa une grande déception en suggérant qu'il fallait aussi
entraîner les jeunes générations à poursuivre l'entreprise au cas où
l'arrivée d'Adam et d'Ève serait retardée. Cette suggestion parut
impliquer un manque de foi chez Van et provoqua un trouble considérable
accompagné de nombreuses désertions. Mais Van persista dans son plan de
préparation et combla les places vides des déserteurs avec des volontaires
plus jeunes.
5. -- LE FOYER DU JARDIN
Au centre de la péninsule Édénique se trouvait le charmant temple de
pierre du Père Universel, l'autel sacré du Jardin. Le quartier général
administratif fut établi vers le nord, et les maisons des ouvriers et de
leurs familles furent construites vers le sud. À l'ouest on réserva les
terrains nécessaires aux écoles que l'on se proposait de bâtir pour le
système éducatif du Fils attendu, tandis qu'à l'orient d'Éden on
construisait les domiciles destinés au Fils de la promesse et à sa
descendance en ligne directe. Les plans architecturaux d'Éden prévoyaient
des foyers et des terres abondantes pour un million d'êtres humains.
Au moment de l'arrivée d'Adam, le Jardin n'était qu'au quart achevé,
mais il avait déjà des milliers de kilomètres de rigoles d'irrigation et
plus de vingt mille kilomètres de routes et de sentiers pavés. Plus de
cinq mille bâtiments en briques s'élevaient dans les divers secteurs, et
les variétés d'arbres et de plantes étaient innombrables. Le nombre des
maisons constituant une agglomération dans le parc était limité à un
maximum de sept. Bien que les structures du Jardin fussent simples, elles
étaient fort artistiques. Les routes et les sentiers étaient bien
construits, et le dessin des paysages était exquis.
Les dispositifs sanitaires du Jardin étaient très en avance sur tout ce
que l'on avait tenté jusqu'alors sur Urantia. L'eau potable d'Éden était
maintenue saine par la stricte observation des règlements d'hygiène
destinés à conserver sa pureté. À ces époques primitives, la négligence de
ces règles entraînait beaucoup d'ennuis, mais Van fit bien sentir à ses
associés l'importance qu'il y avait à ne rien faire tomber dans les
réservoirs d'eau du Jardin.
Un réseau d'égouts fut établi plus tard mais, en attendant, les
Edénites pratiquèrent l'enfouissement scrupuleux de tous les déchets ou
des matières en décomposition. Les inspecteurs d'Amadon faisaient leur
ronde tous les jours en recherchant les causes possibles de maladie.
L'importance de la lutte préventive contre les maladies humaines ne fut
pas remise en vedette chez les Urantiens avant la fin du XIXième siècle et
au XXième siècle de l'ère chrétienne. Avant la dislocation du régime
adamique, on avait construit en briques un système d'égouts qui passaient
sous les murs du Jardin et se vidaient dans la rivière d'Éden plus d'un
kilomètre en aval de la muraille extérieure.
À l'époque de l'arrivée d'Adam, des spécimens de la plupart des plantes
de cette région du monde poussaient dans Éden. D'importante améliorations
avaient déjà été apportées aux fruits, aux céréales et aux noix. Beaucoup
de légumes et de céréales modernes y furent cultivés, pour la première
fois, mais des dizaines de variétés de plantes nutritives furent
ultérieurement perdues pour le monde.
Les cultures intensives artificielles s'étendaient sur environ cinq
pour cent du Jardin, et les cultures moins poussées sur quinze pour cent;
le reste de la surface fut laissé plus ou moins à l'état naturel en
attendant l'arrivée d'Adam, car on estima préférable d'achever le parc
selon ses idées.
C'est ainsi que le Jardin d'Éden fut préparé pour la réception de
l'Adam promis et de son épouse, et ce Jardin aura fait honneur à un monde
évoluant sous une administration perfectionnée et un contrôle normal. Adam
et Ève furent très contents du plan général d'Éden, tout en apportant de
nombreux changements à l'aménagement de leur demeure personnelle.
Bien que le travail d'embellissement ne fut pas tout à fait terminé au
moment de l'arrivée d'Adam, l'endroit était déjà un de splendeur
botanique; durant les début de son séjour, l'ensemble du Jardin prit une
nouvelle forme et assuma de nouvelles proportions de beauté et de
grandeur. Ni avant ni après cette époque, Urantia n'a jamais abrité une
exposition d'horticulture et d'agriculture aussi superbe et aussi
complète.
6. -- L'ARBRE DE VIE
Au centre du temple du Jardin, Van planta l'arbre de vie qu'il avait si
longtemps gardé, dont les feuilles étaient destinées a « la guérison des
nations » (1) , dont les fruits l'avaient si longtemps sustenté sur terre.
Van savait bien qu'Adam et Ève dépendraient aussi de ce don d'Édentia pour
se maintenir en vie une fois qu'ils et se seraient rematérialisés sur
Urantia.
(1) Apocalypse XXII-2.
Sur les capitales des systèmes, les Fils Matériels n'ont pas besoin de
l'arbre de vie pour subsister. C'est seulement dans leur
repersonnalisation planétaire qu'ils dépendent de cet accessoire pour être
physiquement immortels.
Il est possible que « l'arbre de la connaissance du bien et du mal
(1) » soit une figure de rhétorique, une désignation couvrant une
multitude d'expériences humaines, mais « l'arbre de vie (2) » n'était pas
un mythe; il était réel et fut longtemps présent sur Urantia. Lorsque les
Très Hauts d'Édentia approuvèrent la nomination de Caligastia comme Prince
Planétaire d'Urantia, et celle des cent citoyens de Jérusem pour son
état-major administratif, ils envoyèrent sur la planète par les
Melchizédeks un arbuste d'Édentia, qui grandit et devint l'arbre de vie
sur Urantia. Cette forme de vie non intelligente est propre aux
sphères-sièges des constellations; on la trouve également sur les
mondes-sièges des univers locaux et des superunivers, ainsi que sur les
sphères de Havona, mais non sur les capitales systémiques.
(1) Genèse II-9 et 17. |
(2) Genèse II-9 ; Genèse III-22 et 24
; Apocalypse II-7 ; Apocalypse XXII-2 et 14. |
Cette super-plante emmagasinait certaines énergies de l'espace,
antidotes des éléments produisant la sénescence dans l'existence animale.
Le fruit de l'arbre de vie agissait comme une batterie d'accumulateurs
super-chimiques, libérant mystérieusement, lorsqu'on le mangeait, la force
prolongatrice de vie de l'univers. Cette forme de sustentation était
complètement inassimilable par les mortels évolutionnaires d'Urantia, mais
elle était spécifiquement utile aux cent membres matérialisés de
l'état-major de Caligastia et aux cent Andonites modifiés qui avaient
apporté une contribution de leur plasma vital, à l'état-major du Prince.
Rappelons qu'en retour ces derniers avaient reçu en pleine propriété le
complément de vie qui leur rendait possible d'utiliser le fruit de l'arbre
de vie pour prolonger indéfiniment leur existence.
Pendant le règne du Prince, l'arbre planté en terre croissait dans la
cour circulaire centrale du temple du Père. Quand la rébellion éclata, Van
et ses associés en prirent une bouture qu'ils repiquèrent dans leur
campement temporaire. Cet arbuste d'Édentia fut ensuite emporté dans leur
retraite des hautes terres où il servit à Van et Amadon pendant plus de
cent cinquante mille ans.
Lorsque Van et ses associés préparèrent le Jardin pour Adam et Ève, ils
transportèrent l'arbre d'Édentia dans le Jardin d'Éden où il poussa de
nouveau dans la cour circulaire centrale d'un temple du Père. Adam et Ève
prenaient périodiquement un repas de ses fruits pour entretenir leur forme
duelle de vie physique.
Quand les plans du Fils Matériel furent détournés de la bonne voie,
Adam et sa famille n'obtinrent pas l'autorisation de déménager l'arbre du
Jardin. Quand les Nodites envahirent Éden, on leur raconta qu'ils
deviendraient comme « des dieux s'ils mangeaient du fruit de l'arbre »
(3). A leur grande surprise, ils le trouvèrent non gardé. Ils mangèrent
abondamment de son fruit pendant des années, mais cela ne leur produisit
aucun effet. Ils étaient tous des mortels matériels du royaume, dépourvus
du facteur à agit comme compliment du fruit de l'arbre. Leur inaptitude à
bénéficier de l'arbre de vie les rendit furieux et, à l'occasion d'une de
leurs guerres intestines, ils détruisirent le temple et l'arbre par le
feu. Seul le mur de pierre subsista jusqu'à l'engloutissement ultérieur du
Jardin dans les eaux. Ce fut le second temple du Père à être ruiné.
Il fallut alors que toute chair sur Urantia suive le cours naturel de
la vie et de la mort. Adam, Ève, leurs enfants, les enfants de leurs
enfants, et leurs associés moururent tous dans la suite des temps,
devenant ainsi soumis au plan d'ascension de l'univers local, où la
résurrection sur les mondes des maisons suit la mort physique.
(3) Genèse III-5.
7. -- LE SORT D'ÉDEN
Après le départ d'Adam, le premier jardin fut diversement occupé par
les Nodites, les Cutites, et les Suntites. Il devint plus tard le lieu
d'habitation des Nodites du nord qui s'opposaient à la coopération avec
les Adamites. Il y avait près de quatre mille ans que la péninsule avait
été envahie par ce Nodites inférieurs lorsque le fond oriental de la mer
Méditerranée s'enfonça, entraînant sous les eaux la péninsule Édénique
tout entière. L'événement eut lieu en connexion avec une violente activité
des volcans du voisinage et la submersion de l'isthme reliant la Sicile et
l'Afrique. En même temps que ce vaste effondrement, la côte orientale de
la Méditerranée fut considérablement surélevée. Telle fut la fin de la
plus belle création naturelle qu'Urantia ait jamais abritée. L'enfoncement
ne fut pas soudain; il fallut plusieurs centaines d'années pour submerger
complètement la totalité de la péninsule.
Nous ne pouvons considérer cette disparition du Jardin comme résultant
en aucune manière de l'avortement du plan divin ou des fautes d'Adam et
d'Ève. Nous estimons que la submersion d'Éden ne fut rien d'autre qu'une
occurrence naturelle, mais il nous semble que la date de l'engloutissement
du Jardin fut fixée pour coïncider à peu près avec celle ou les réserves
de la race violette suffiraient pour entreprendre la réhabilitation des
peuples du monde.
Les Melchizédeks avaient conseillé à Adam de ne pas inaugurer le
programme d'élévation et de mélange des races avant que sa propre famille
ne compte un demi-million de membres. Le Jardin ne fut jamais destiné à
être la demeure permanente des Adamites. Ceux-ci devaient être les
émissaires d'une nouvelle vie pour le monde entier et se mobiliser pour
une effusion désintéressée sur les races de la terre qui en avaient
besoin.
Les instructions données à Adam par les Melchizédeks impliquaient qu'il
aurait à établir des quartiers généraux raciaux, continentaux, et
divisionnaires dirigés par ses fils et ses filles immédiats, tandis que
lui et Ève partageraient leur temps entre ces diverses capitales mondiales
comme conseillers et coordonnateurs du ministère mondial d'élévation
biologique, de progrès intellectuel, et de réhabilitation morale.
[Présenté par Solonia,« la voix
séraphique dans le Jardin ».]
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