LA RACE VIOLETTE APRÈS LES JOURS
D'ADAM
LE Second Éden fut le berceau de la civilisation pendant près de trente
mille ans. Les peuples adamiques se maintinrent là, en Mésopotamie, et
envoyèrent leur progéniture aux confins de la terre. Plus tard, quand ils
s'amalgamèrent avec les tribus Nodites et Sangik, ils furent connus sous
le nom d'Andites. De cette région partirent les hommes et les femmes qui
inaugurèrent les activités des temps historiques et accélérèrent
prodigieusement les progrès culturels sur Urantia.
Ce fascicule décrit l'histoire planétaire de la race violette, en
commençant peu après la faute d'Adam, environ 35.000 ans avant l'ère
chrétienne. Le récit se poursuit par la fusion de la race violette avec
les races Nodites et Sangik, vers l'an 15.000 avant J.-C., pour former le
peuple Andite qui disparut de son foyer de Mésopotamie environ 2.000 ans
avant J.-C.
1. -- RÉPARTITION RACIALE ET CULTURELLE
Bien que le moral et la mentalité des races fussent à un niveau assez
bas au moment de l'arrivée d'Adam, leur évolution physique s'était
poursuivie sans être aucunement affectée par la crise de la rébellion de
Caligastia. La contribution d'Adam au statut biologique des races, malgré
l'échec partiel de son entreprise, rehaussa énormément les peuples d'Urantia.
Adam et Ève apportèrent aussi beaucoup d'éléments précieux au progrès
social, moral, et intellectuel de l'humanité. La civilisation fut
immensément vivifiée par la présence de leurs descendants. Il y a 35.000
ans, le monde dans son ensemble était peu cultivé. Certains centres de
civilisation existaient çà et là, mais la majeure partie d'Urantia
languissait à l'état sauvage. La répartition raciale et culturelle était
la suivante:
1. La race violette -- les Adamites et les Adamsonites.
Le principal centre de culture adamite se trouvait dans le second jardin
situé dans le triangle du Tigre et de l'Euphrate; ce fut vraiment le
berceau des civilisations occidentales et indiennes. Le centre secondaire
ou nordique de la race violette était le quartier général adamsonite situé
à l'est de la rive sud de la Mer Caspienne, près des Monts Kopet. C'est à
partir de ces deux centres que se répandirent dans les pays voisins la
culture et le plasma vital qui vivifièrent immédiatement toutes les races.
2. Les Pré-Sumériens et autres Nodites. Il existait aussi en
Mésopotamie, près de l'embouchure des fleuves, des restes de l'ancienne
culture du temps de Dalamatia. Avec l'écoulement des millénaires, ce
groupe se mêla complètement aux Adamites du nord, mais ne perdit jamais
entièrement ses traditions nodites. Divers autres groupes de Nodites qui
s'étaient installés au Levant furent en général absorbés par la race
violette au cours de son expansion ultérieure.
3. Les Andonites entretinrent cinq ou six colonies assez
représentatives au nord et à l'est du quartier général d'Adamson. D'autres
Andonites étaient dispersés dans le Turkestan, et certains groupes isolés
d'entre eux subsistèrent dans toute l'Eurasie, spécialement dans les
régions montagneuses. Ces aborigènes occupaient encore les terres
septentrionales du continent eurasien ainsi que l'Islande et le Groenland,
mais ils avaient été depuis longtemps chassés des plaines d'Europe par les
hommes bleus, et des vallées des fleuves asiatiques plus éloignés par la
race jaune en expansion.
4. Les hommes rouges occupaient les deux Amériques après avoir été
chassés d'Asie plus de cinquante mille ans avant l'arrivée d'Adam.
5. Les peuples chinois étaient bien établis dans le contrôle de l'Asie
orientale. Leurs colonies les plus avancées se trouvaient au nord-ouest de
la Chine moderne, dans les régions limitrophes du Thibet.
6. La race bleue. Les hommes bleus étaient dispersés dans toute
l'Europe, mais leurs meilleurs centres de culture étaient situés dans les
vallées alors fertiles du bassin méditerranéen et dans le nord-ouest de
l'Europe. L'absorption des hommes du Néanderthal avait grandement retardé
la culture des hommes bleus, mais par ailleurs ils étaient les plus
agressifs, les plus aventureux, et les plus explorateurs de tous les
peuples évolutionnaires d'Eurasie.
7. L'Inde pré-dravidienne. Le mélange complexe des races aux Indes --
englobant toutes les races de la terre, mais surtout la verte, l'orangée,
et la noire -- entretint une culture légèrement supérieure à celle des
régions extérieures.
8. La civilisation saharienne. Les éléments supérieurs de la race
indigo avaient leurs colonies les plus progressives dans les terres qui
forment maintenant le grand désert du Sahara. Ce groupe indigo-noir
contenait de nombreuses lignées des races orangée et verte submergées.
9. Le bassin méditerranéen. La race la plus complètement mélangée en
dehors de l'Inde occupait ce qui est maintenant le bassin méditerranéen.
Les hommes bleus du nord et les Sahariens du sud s'y rencontrèrent et s'y
mêlèrent avec des Nodites et des Adamites orientaux.
Telle est l'image du monde avant les débuts des grandes expansions de
la race violette, il y a environ vingt cinq mille ans. L'espoir d'une
civilisation future se trouvait dans le second jardin, entre les fleuves
de Mésopotamie. Cette région de l'Asie du sud-ouest contenait le potentiel
d'une grande civilisation, la possibilité de répandre dans le monde les
idées et les idéaux des temps de Dalamatia et de l'époque d'Éden sauvés du
naufrage.
Adam et Ève avaient laissé derrière eux une progéniture limitée mais
puissante, et les observateurs célestes sur Urantia attendaient
anxieusement de voir comment se comporteraient ces descendants du Fils et
de la Fille Matériels égarés.
2. -- LES ADAMITES DANS LE SECOND JARDIN
Pendant des milliers d'années, les fils d'Adam travaillèrent le long
des fleuves de Mésopotamie, résolvant vers le sud leurs problèmes
d'irrigation et de contrôle des inondations, perfectionnant leurs défenses
au nord, et s'efforçant de préserver leurs traditions de la gloire du
premier Éden.
L'héroïsme dont ils firent preuve dans la direction du second jardin
constitue l'une des épopées les plus étonnantes et inspirantes de
l'histoire d'Urantia. Ces âmes splendides ne perdirent jamais entièrement
de vue les buts de la mission adamique; c'est pourquoi les Adamites
repoussèrent vaillamment les incursions des tribus environnantes et
inférieures, tandis qu'ils envoyèrent volontairement leurs fils et filles
les mieux doués en un flot constant d'émissaires auprès des races de la
terre. Cette expansion allait parfois jusqu'à épuiser les ressources de
leur foyer central, mais ce peuple supérieur réussit toujours à se
reconstituer.
Sa civilisation, sa société, et son statut culturel se situaient très
au-dessus du niveau général des races évolutionnaires d'Urantia. Il n'y
avait de civilisation comparable que parmi les colonies de Van et d'Amadon
et chez les Adamsonites. Mais la civilisation du second Éden était une
structure artificielle -- elle ne résultait pas d'une évolution -- et en
conséquence elle était condamnée à dégénérer jusqu'à son niveau
évolutionnaire naturel.
Adam avait laissé derrière lui une grande culture intellectuelle et
spirituelle, mais elle était pauvre en applications mécaniques, car toute
civilisation est limitée par les ressources naturelles disponibles, le
génie inné, et les loisirs suffisants pour assurer la mise en oeuvre des
inventions. La civilisation de la race violette était fondée sur la
présence d'Adam et les traditions du premier Éden. Après la mort d'Adam et
à mesure que les millénaires qui passaient estompaient les traditions, le
niveau culturel des Adamites ne cessa de décliner jusqu'à ce que
l'équilibre ait été atteint entre le statut des peuplades environnantes et
les aptitudes culturelles correspondant à l'évolution naturelle de la race
violette.
Cependant, vers l'an 19.000 avant l'ère chrétienne, les Adamites
formaient une véritable nation comptant 4.500.000 habitants, et ils
avaient déjà déversé des millions de leurs descendants chez les peuples
des alentours.
3. -- LES PREMIÈRES EXPANSIONS DES ADAMITES
La race violette conserva pendant de nombreux millénaires les
traditions pacifiques d'Éden, ce qui explique le long retard des Adamites
à faire des conquêtes territoriales. Quand ils souffraient d'un excès de
population, au lieu de faire la guerre pour s'assurer plus de territoires,
ils envoyaient l'excédent de leurs habitants comme instructeurs auprès des
autres races. L'effet culturel de ces premières migrations n'était pas
durable, mais l'absorption des éducateurs, des commerçants, et des
explorateurs adamiques fortifiait biologiquement les peuplades
environnantes.
Quelques Adamites se dirigèrent de bonne heure à l'ouest vers la vallée
du Nil; d'autres allèrent vers l'est et pénétrèrent en Asie, mais ils
formaient une minorité. Les mouvements de masse des époques plus tardives
s'orientèrent largement vers le nord et de là vers l'ouest. Dans
l'ensemble, ce fut une poussée graduelle mais incessante vers le nord, la
majorité des émigrants se dirigeant vers le nord, puis tournant vers
l'ouest autour de la Mer Caspienne et pénétrant en Europe.
Il y a environ 25.000 ans, un grand nombre des Adamites les plus purs
étaient bien en route pour émigrer vers le nord et, à mesure qu'ils
avançaient dans cette direction, ils devenaient de moins en moins
adamiques. À la fin, quand ils occupèrent le Turkestan, ils s'étaient
complètement mêlés aux autres races, et particulièrement aux Nodites. Les
éléments de pure race violette ne pénétrèrent profondément en Europe et en
Asie qu'en très petit nombre.
Entre l'an 30.000 et l'an 10.000 avant J.-C., des mélanges raciaux
faisant époque prirent place dans toute l'Asie du sud-ouest. Les habitants
des hautes terres du Turkestan étaient un peuple viril et vigoureux. Au
nord-ouest de l'Inde, une bonne partie de la culture du temps de Van
subsistait. Encore au nord de ces colonies, les meilleurs Andonites
primitifs s'étaient conservés. Ces deux races de culture et de caractère
supérieurs furent absorbées par les Adamites se déplaçant vers le nord.
Cette amalgamation conduisit à adopter bien des idées nouvelles; elle
facilita les progrès de la civilisation et fit avancer considérablement
toutes les phases de l'art, de la science, et de la culture sociale.
Quand la période des migrations adamiques primitives prit fin, vers
l'an 15.000 avant J.-C., il y avait déjà plus de descendants d'Adam en
Europe et en Asie centrale que partout ailleurs dans le monde, et même
qu'en Mésopotamie. Les races bleues européennes avaient été largement
imprégnées. Les pays que l'on appelle aujourd'hui la Russie et le
Turkestan étaient occupés dans toutes leurs régions méridionales par un
grand réservoir d'Adamites mêlés de Nodites, d'Andonites, et de Sangiks
rouges et jaunes. L'Europe du sud et la lisière de la Méditerranée étaient
habités par une race mixte d'Andonites et de Sangiks -- orangés, verts, et
indigo -- avec une touche de la race adamique. L'Asie-Mineure et les pays
du centre-est de l'Europe étaient occupés par des tribus de prédominance
andonite.
Une race mêlée de couleur, grandement renforcée vers cette époque par
des arrivées de Mésopotamiens, abordait l'Égypte et se préparait à
remplacer la culture en voie de disparition de la vallée de l'Euphrate.
Les peuplades noires se déplaçaient vers le sud de l'Afrique; comme la
race rouge, elles étaient virtuellement isolées.
La civilisation saharienne avait été disloquée par la sécheresse, et
celle du bassin méditerranéen par les inondations. Les races bleues
n'avaient pas encore réussi à développer une culture avancée. Les
Andonites étaient encore éparpillés dans les régions de l'Asie centrale et
arctique. Les races verte et orangée avaient été exterminées en tant que
races. La race indigo se dirigeait vers l'Afrique du Sud pour y commencer
sa longue, lente, et continuelle dégénérescence raciale.
Les peuples de l'Inde restaient stagnants, avec une civilisation qui ne
progressait pas. Les hommes jaunes consolidaient leur mainmise sur l'Asie
centrale. Les hommes bruns n'avaient pas encore inauguré leur civilisation
dans les îles du Pacifique proches de l'Asie.
Ces répartitions raciales, associées à de vastes changements de climat,
préparèrent la scène du monde pour l'inauguration de l'ère Andite de la
civilisation d'Urantia. Les premières migrations s'étendirent sur une
période de dix millénaires, entre l'an 25.000 et l'an 15.000 avant J.-C.
Les migrations ultérieures ou andites eurent lieu entre l'an 15.000 et
l'an 6.000 avant J.-C.
Les Adamites des premières migrations mirent tellement de temps à
traverser l'Eurasie qu'ils perdirent en cours de route une grande partie
de leur culture. Seuls les Andites venus plus tard se déplacèrent avec une
rapidité suffisante pour conserver leur culture édénique à de grandes
distances de la Mésopotamie.
4. -- LES ANDITES
Les races Andites étaient les mélanges primaires de la race violette et
des Nodites avec l'addition de peuplades évolutionnaires. En général, il
faut penser aux Andites comme ayant un pourcentage de sang adamique bien
plus élevé que les races modernes. Dans l'ensemble, on emploie le terme
Andite pour désigner les peuples possédant un sixième à un huitième
d'hérédité violette. Les Urantiens modernes, même ceux des races blanches
nordiques, contiennent un pourcentage bien inférieur du sang d'Adam.
Les tout premiers peuples andites eurent leur origine dans les régions
adjacentes à la Mésopotamie il y a plus de vingt cinq mille ans et
consistèrent en un mélange d'Adamites et de Nodites. Le second jardin
était entouré de zones concentriques où les habitants avaient de moins en
moins de sang violet, et c'est sur la périphérie de ce creuset racial que
naquit la race andite. Plus tard, quand les Adamites et les Nodites
migrateurs pénétrèrent dans les régions alors fertiles du Turkestan, ils
se mêlèrent rapidement à leurs habitants supérieurs, et le mélange racial
existant étendit vers le nord le type andite.
Les Andites furent à tous points de vue la meilleure race humaine
apparue sur Urantia depuis l'époque des peuplades de pure race violette.
Ils englobèrent la plupart des types supérieurs des restes survivants des
races adamite et nodite, et plus tard quelques unes des meilleures lignées
d'hommes jaunes, bleus, et verts.
Les premiers Andites n'étaient pas des Aryens, mais des pré-Aryens. Ils
n'étaient pas blancs, mais « pré-blancs ». Ils n'étaient ni un peuple
occidental ni un peuple oriental, mais c'est l'hérédité andite qui donne
au mélange polyglotte des races dites blanches cette homogénéité générale
que l'on a appelée caucasoïde.
Les lignées pures de la race violette avaient conservé la tradition
adamique de rechercher la paix, ce qui explique pourquoi les premiers
déplacements raciaux eurent plutôt la nature de migrations pacifiques.
Mais à mesure que les Adamites s'unirent avec les Nodites, qui étaient
alors une race belliqueuse, leurs descendants Andites devinrent, pour leur
époque, les militaristes les plus habiles et les plus sagaces qui aient
jamais vécu sur Urantia. Les déplacements des Mésopotamiens prirent
désormais un caractère de plus en plus militaire et s'apparentèrent
davantage à de réelles conquêtes.
Les Andites étaient aventureux; ils avaient des dispositions
vagabondes. Une addition de souches Sangik ou andonites tendit à les
stabiliser. Même ainsi, ils n'eurent pas de cesse avant d'avoir effectué
la circumnavigation du globe et découvert le dernier des continents
lointains.
5. -- LES MIGRATIONS ANDITES
La culture du second jardin persista pendant vingt mille ans, mais avec
un déclin continu jusqu'à l'an 15.000 avant J.-C., où la régénération due
à la prêtrise séthite et au commandement d'Amosad inaugura une ère
brillante. Les vagues massives de civilisation qui se répandirent plus
tard sur l'Eurasie suivirent immédiatement la grande renaissance du Jardin
consécutive à de nombreuses unions des Adamites avec les Nodites mixtes
des environs pour former les Andites.
Ces Andites pénétrèrent plus loin que précédemment en Eurasie et en
Afrique du Nord. De Mésopotamie jusqu'au Sinkiang inclus, la culture
andite dominait, et les migrations continues vers l'Europe étaient
constamment compensées par de nouvelles arrivées de Mésopotamie. Il ne
serait pas exact de parler des Andites en Mésopotamie comme d'une race
proprement dite avant les prodromes des migrations finales des descendants
mixtes d'Adam. A cette époque, même les races du second jardin étaient
tellement mêlées qu'elles ne pouvaient plus être considérées comme
adamites.
La civilisation du Turkestan était constamment vivifiée et rénovée par
les nouveaux arrivants de Mésopotamie, et spécialement par les cavaliers
andites venus plus tardivement. La langue mère dite aryenne était en cours
de formation dans les hautes terres du Turkestan; elle était un mélange du
dialecte andonique de cette région avec le langage des Adamsonites et des
Andites ultérieurs. Bien des langages modernes dérivent de ce vocabulaire
primitif des tribus d'Asie Centrale qui conquirent l'Europe, l'Inde, et la
partie supérieure des plaines de Mésopotamie. C'est cet ancien idiome qui
donna aux langues occidentales la similitude que l'on appelle aryenne.
Vers l'an 12.000 avant J.-C., les trois quarts des races andites du
monde résidaient dans le nord et l'est de l'Europe, et lorsque l'exode
ultérieur et final de Mésopotamie prit place, soixante-cinq pour cent des
dernières vagues d'émigration pénétrèrent en Europe.
Les Andites émigrèrent non seulement vers l'Europe, mais vers la Chine
du nord et l'Inde, tandis que de nombreux groupes allaient jusqu'aux
confins de la terre comme missionnaires, éducateurs, et commerçants. Ils
apportèrent une contribution considérable aux groupes des peuplades Sangik
du Sahara septentrional. Toutefois, seul un petit nombre d'instructeurs et
de commerçants pénétra en Afrique plus au sud que le cours supérieur du
Nil. Plus tard, des Andites mixtes et des Egyptiens descendirent le long
des côtes est et ouest de l'Afrique bien au-dessous de l'équateur, mais
sans atteindre Madagascar.
Ces Andites étaient les conquérants dits Dravidiens, et plus tard
Aryens, de l'Inde, et leur présence en Asie centrale rehaussa
considérablement les ancêtres des Touraniens. De nombreux individus de
cette race allèrent en Chine, tant par le Sinkiang que par le Thibet, et
ajoutèrent des qualités désirables aux souches chinoises ultérieures. De
temps à autre, de petits groupes arrivaient jusqu'au Japon, à Formose, en
Indonésie, et en Chine du sud, mais très peu pénétrèrent dans ce dernier
pays par la voie côtière.
Cent trente-deux membres de cette race s'embarquèrent au Japon sur une
flottille de petits bateaux et finirent par atteindre l'Amérique du Sud.
Par des mariages mixtes avec les natifs des Andes, ils donnèrent naissance
aux ancêtres des chefs ultérieurs des Incas. Ils traversèrent le Pacifique
par petites étapes, en s'arrêtant sur les nombreuses îles qu'ils
rencontraient sur leur route. Les îles de Polynésie étaient à la fois plus
nombreuses et plus grandes qu'aujourd'hui, et ces marins andites, ainsi
que quelques compagnons de voyage, modifièrent biologiquement les groupes
indigènes au cours de leur transit. A la suite de la pénétration andite,
de nombreux centres florissants de civilisation se développèrent sur ces
terres maintenant submergées. L'Ile de Pâques fut longtemps le centre
religieux et administratif de l'un de ces groupes insulaires disparus.
Toutefois, parmi les Andites qui naviguèrent sur le Pacifique de ces temps
lointains, les cent trente-deux mentionnés furent les seuls à jamais
atteindre le continent des Amériques.
Les migrations conquérantes des Andites se poursuivirent jusqu'à leurs
dernières dispersions entre l'an 8.000 et l'an 6.000 avant J.-C. Quand ils
se répandaient hors de Mésopotamie, ils épuisaient constamment les
réserves biologiques de leur terre natale, tandis qu'ils renforçaient
notablement les peuples environnants. Dans toutes les nations où ils
affluèrent, ils apportèrent une contribution d'humour, d'art, d'aventure,
de musique, et d'industrie. Ils étaient habiles à domestiquer les animaux
et experts en agriculture. A cette époque tout au moins, leur présence
améliorait généralement les croyances religieuses et les pratiques morales
des races plus anciennes. C'est ainsi que la culture mésopotamienne se
répandit paisiblement sur l'Europe, l'Inde, la Chine, l'Afrique du Nord,
et les îles du Pacifique.
6. -- LES DERNIÈRES DISPERSIONS ANDITES
Les trois dernières vagues d'Andites déferlèrent de Mésopotamie entre
l'an 8.000 et l'an 6.000 avant J.-C. Ces trois grands courants culturels
furent refoulés de Mésopotamie par la pression des tribus montagnardes à
l'est et par le harcèlement des hommes des plaines de l'ouest. Les
habitants de la vallée de l'Euphrate et des territoires adjacents
partirent pour leur exode final dans plusieurs directions:
Soixante-cinq pour cent pénétrèrent en Europe par la route de la Mer
Caspienne pour vaincre les races blanches nouvellement apparues et
s'amalgamer avec elles.
Dix pour cent, y compris un important groupe de prêtres séthites,
traversèrent les hautes terres élamites vers l'est jusqu'au plateau de
l'Iran et au Turkestan. Beaucoup de leurs descendants furent
ultérieurement repoussés dans les Indes avec leurs frères Aryens des
régions plus septentrionales.
Dix pour cent des Mésopotamiens ayant émigré vers le nord s'orientèrent
ensuite vers l'est pour entrer dans le Sinkiang, où ils se mêlèrent aux
Andites jaunes qui y habitaient. La majorité des descendants bien doués de
cette union pénétra plus tard en Chine et contribua beaucoup à
l'amélioration immédiate de la fraction nordique de la race jaune.
Dix pour cent des Andites en fuite traversèrent l'Arabie et entrèrent
en Égypte.
Cinq pour cent des Andites, appartenant à la plus haute culture du
district côtier à l'embouchure du Tigre et de l'Euphrate, avaient évité de
se marier avec les individus inférieurs des tribus voisines et refusèrent
de quitter leurs foyers. Ce groupe représentait la survivance de
nombreuses lignées Nodites et Adamites supérieures.
Les Andites avaient à peu près entièrement évacué cette région vers
l'an 6.000 avant J.-C., bien que leurs descendants, largement mêlés aux
races Sangik environnantes et aux Andonites d'Asie Mineure, y fussent
présents pour livrer bataille aux envahisseurs du nord et de l'est à une
date beaucoup plus tardive.
L'âge culturel du second jardin prit fin par l'infiltration croissante
des souches inférieures environnantes. La civilisation se déplaça vers
l'ouest dans la vallée du Nil et les îles de la Méditerranée, où elle
continua à progresser et à prospérer longtemps après que sa source
d'origine en Mésopotamie eût dégénéré. L'afflux sans contrôle des
peuplades inférieures prépara la voie à la conquête ultérieure de toute la
Mésopotamie par les barbares nordiques qui en chassèrent ce qui restait de
bonnes lignées. Même à une époque plus récente, le reliquat des éléments
cultivés s'irritait encore de la présence de ces envahisseurs ignorants et
grossiers.
7. -- LES INONDATIONS EN MÉSOPOTAMIE
Les riverains des fleuves étaient habitués aux inondations en certaines
saisons. Ces débordements périodiques étaient des événements annuels de
leur vie. Mais de nouveaux périls menacèrent la Mésopotamie par suite de
changements géologiques progressifs dans le nord.
Pendant des milliers d'années après l'engloutissement du premier Éden,
les montagnes voisines de la côte orientale de la Méditerranée et celles
du nord-ouest et du nord-est de la Mésopotamie continuèrent à s'exhausser.
L'élévation des hautes terres s'accéléra grandement vers l'an 5.000 avant
J.-C., et ce facteur, s'ajoutant à des chutes de neige considérablement
accrues, causa chaque printemps des inondations terribles dans la vallée
de l'Euphrate. Ces inondations printanières empirèrent d'année en année,
si bien que les habitants des régions riveraines furent chassés vers les
hauts plateaux orientaux. Pendant près de mille ans, des dizaines de
villes furent pratiquement abandonnées à cause de ces déluges.
Près de cinq mille ans plus tard, les prêtres hébreux en captivité à
Babylone cherchèrent à faire remonter à Adam l'origine du peuple juif et
éprouvèrent de grandes difficultés à faire cadrer les fragments de leur
histoire. L'un d'eux eut l'idée de renoncer à l'effort, de laisser le
monde entier s'engloutir dans sa perversité à l'époque du déluge de Noé,
et de se trouver ainsi en meilleure posture pour attribuer directement
comme ancêtre à Abraham l'un des trois fils survivants de Noé.
Les traditions relatant une époque où les eaux couvraient toute la
surface de la terre sont universelles. L'histoire d'une inondation
mondiale à une certaine époque des âges passés est commune à de nombreuses
races. L'histoire biblique de Noé, de l'arche, et du déluge est une
invention de la prêtrise hébraïque durant sa captivité à Babylone. Il n'y
a jamais eu de déluge universel depuis que la vie fut établie sur Urantia.
La seule fois où la surface de la terre fut entièrement couverte par les
eaux eut lieu pendant les âges archéozoïques, avant que la terre sèche ait
commencé à apparaître.
Mais Noé vécut réellement; il était un viticulteur d'Aram, colonie
fluviale proche d'Érech. D'année en année il conserva des notes écrites
sur les crues du fleuve. On le couvrit de ridicule tandis qu'il parcourait
l'amont et l'aval du fleuve en recommandant de construire toutes les
maisons en bois et en forme de bateau, et de faire monter chaque nuit à
bord tous les animaux de la famille à l'approche de la saison des
inondations. Il se rendait chaque année dans les colonies riveraines et
avertissait les habitants de la date à laquelle les crues se produiraient.
Il vint finalement une année où l'inondation annuelle fut considérablement
accrue par de fortes pluies, si bien que la montée subite des eaux emporta
tout son village. Seuls Noé et sa famille, furent sauvés par leur maison
flottante.
Ces inondations achevèrent de disloquer la civilisation andite. A la
fin de cette période diluvienne, le second jardin n'existait plus. C'est
seulement dans le sud et parmi les Sumériens que subsista quelque trace de
son ancienne gloire.
On peut retrouver, dans ces régions de Mésopotamie, ainsi qu'au
nord-est et au nord-ouest, des restes de cette civilisation qui compte
parmi les plus anciennes. Il existe des vestiges encore antérieurs de
l'époque de Dalamatia sous les eaux du Golfe Persique. Quant au premier
Éden, il gît englouti sous l'extrémité orientale de la Mer Méditerranée.
8. -- LES SUMÉRIENS — LES DERNIERS ANDITES
Quand la dernière dispersion des Andites brisa l'armature biologique de
la civilisation mésopotamienne, une petite minorité de cette race
supérieure resta dans son pays natal près de l'embouchure des fleuves.
C'étaient les Sumériens; vers l'an 6.000 avant J.-C., leur souche était
largement devenue andite, bien que le caractère de leur culture fût plutôt
nodite et qu'ils fussent restés attachés aux anciennes traditions de
Dalamatia. Néanmoins, ces Sumériens des régions côtières furent les
derniers Andites en Mésopotamie; mais à cette date tardive les races
mésopotamiennes étaient déjà entièrement mêlées, ainsi qu'en témoignent
les types de crânes que l'on trouve dans les tombeaux de cette époque.
Ce fut durant la période des inondations que Suse connut sa grande
prospérité. La première cité, ou ville basse, fut inondée, de sorte que la
seconde, ou ville haute, lui succéda comme quartier général des métiers
particuliers à ce temps. Plus tard, quand les crues diminuèrent, Ur devint
le centre de l'industrie de la poterie. Il y a sept mille ans, Ur se
trouvait sur le Golfe Persique. Depuis lors, les dépôts d'alluvions des
fleuves ont prolongé la terre jusqu'à ses limites actuelles. Les colonies
d'aval souffrirent moins des inondations que celles d'amont, parce que
leurs ouvrages de protection étaient meilleurs et que les embouchures des
fleuves allaient en s'élargissant.
Les paisibles cultivateurs de céréales des vallées du Tigre et de
l'Euphrate avaient été longtemps harcelés par les barbares du Turkestan et
du plateau iranien. A cette époque, une invasion concertée de la vallée de
l'Euphrate fut provoquée par la sécheresse croissante des pâturages des
hautes terres. Cette invasion fut d'autant plus grave que les chasseurs et
les pâtres du voisinage possédaient un grand nombre de chevaux
apprivoisés. Ce fut la possession des chevaux qui leur donna une immense
supériorité militaire sur leurs riches voisins du sud. En peu de temps ils
envahirent toute la Mésopotamie et en expulsèrent les dernières vagues de
culture, qui se répandirent sur toute l'Europe, l'Asie occidentale, et
l'Afrique du Nord.
Les conquérants de la Mésopotamie comptaient dans leurs rangs un grand
nombre des meilleures lignées andites des races mixtes nordiques du
Turkestan, y compris certaines souches d'Adamsonites. Ces tribus du nord,
moins évoluées mais plus vigoureuses, assimilèrent rapidement et
volontiers les restes de la civilisation de Mésopotamie. Elles formèrent
bientôt les peuplades mêlées que l'on trouve dans la vallée de l'Euphrate
au commencement des temps historiques. Elles ranimèrent vite certaines
phases de la civilisation moribonde de Mésopotamie, en adoptant les arts
des tribus de la vallée et une grande partie de la culture des Sumériens.
Elles cherchèrent même à construire une troisième tour de Babel, et
adoptèrent plus tard ce nom pour désigner leur nation.
Quand les cavaliers barbares du nord-est envahirent toute la vallée de
l'Euphrate, ils ne triomphèrent pas des survivants Andites qui habitaient
vers l'embouchure du fleuve sur le Golfe Persique. Ces Sumériens furent
capables de se défendre à cause de leur intelligence supérieure, de leurs
armes meilleures, et du vaste système de canaux militaires qu'ils avaient
ajouté à leur plan d'irrigation par étangs communicants. Ils formaient un
peuple uni parce qu'ils avaient une religion collective uniforme. Ils
purent ainsi maintenir leur intégrité raciale et nationale bien après que
leurs voisins du nord-ouest eussent été divisés en cités-États isolées.
Aucun de ces groupes urbains ne fut capable de vaincre les Sumériens unis.
Les envahisseurs du nord apprirent bientôt à faire confiance à ces
pacifiques voisins et à apprécier leurs aptitudes de constructeurs et
d'administrateurs. Les Sumériens furent fort respectés et recherchés comme
éducateurs dans les arts et l'industrie, comme dirigeants commerciaux, et
comme chefs civils par toutes les peuplades du nord, et aussi depuis
l'Égypte à l'ouest jusqu'aux Indes à l'est.
Après la dislocation de la première confédération sumérienne, les
cités-États qui suivirent furent gouvernées par des descendants apostats
des prêtres séthites. Ces prêtres ne prirent le nom de rois qu'après avoir
conquis les villes voisines. Les rois citadins ultérieurs ne réussirent
pas à former de puissantes confédérations avant l'époque de Sargon, parce
qu'ils étaient jaloux de leurs dieux. Chaque ville croyait que son dieu
municipal était supérieur à tous les autres dieux, et en conséquence les
habitants refusaient de se subordonner à un chef commun.
Sargon, le prêtre de Kish, mit fin à cette longue période de
gouvernements faibles par les prêtres urbains. Il se proclama roi et
partit à la conquête de toute la Mésopotamie et des pays avoisinants. Pour
le moment, cela mit fin aux cités-États commandées et tyrannisées par les
prêtres, où chaque ville avait son propre dieu municipal et pratiquait son
propre cérémonial.
Après la rupture de cette confédération de Kish, il y eut entre les
villes de la vallée une longue période de guerres constantes pour la
suprématie. Le gouvernement eut des fortunes diverses et son siège oscilla
entre Sumer, Akad, Kish, Érech, Ur, et Suse.
Environ 2.500 ans avant J.-C., les Sumériens subirent de graves
défaites par les Suites et les Guites du nord. Lagash, la capitale
sumérienne bâtie sur des tertres alluvionnaires, tomba. Érech se maintint
pendant trente ans après la chute d'Akad. A l'époque de l'établissement du
règne de Hammourabi, les Sumériens avaient été absorbés dans la masse des
Sémites du nord, et les Andites de Mésopotamie furent effacés des pages de
l'histoire.
Entre l'an 2.500 et l'an 2.000 avant J.-C., les nomades commirent
toutes sortes d'excès, depuis l'Atlantique jusqu'au Pacifique. Les Nérites
constituèrent l'invasion finale du groupe caspien des descendants
mésopotamiens des races andonites et andites mêlées. Ce que les barbares
n'avaient pas fait pour ruiner la Mésopotamie, les changements ultérieurs
de climat réussirent à l'accomplir.
Telle est l'histoire de la race violette après l'époque d'Adam, et du
sort de son foyer national entre le Tigre et l'Euphrate. Son ancienne
civilisation tomba à cause de l'émigration de ses éléments supérieurs et
de l'immigration de ses voisins inférieurs. Mais longtemps avant que les
cavaliers barbares eussent conquis la vallée, la culture du Jardin s'était
largement répandue en Asie, en Afrique, et en Europe, pour y produire les
ferments qui donnèrent la civilisation urantienne du XXième siècle.
[Présenté par un Archange de Nébadon.]
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