DÉVELOPPEMENT DE LA CIVILISATION MODERNE
INDÉPENDAMMENT des hauts et des bas dans l'avortement des plans conçus
pour l'amélioration du monde dans les missions de Caligastia et d'Adam,
l'évolution organique fondamentale de l'espèce humaine continua
d'entraîner les races en avant sur l'échelle du progrès humain et du
développement racial. Il est possible de retarder l'évolution, mais non de
l'arrêter.
Les membres de la race violette furent moins nombreux que prévu, mais
leur influence depuis l'époque d'Adam a produit dans la civilisation une
avance qui dépasse de loin les progrès que l'humanité avait pu accomplir
au cours de son existence antérieure de presque un million d'années.
1. -- LE BERCEAU DE LA CIVILISATION
Pendant environ trente cinq mille ans après l'époque d'Adam, le berceau
de la civilisation se trouva en Asie du sud-ouest, s'étendant vers l'est
et légèrement vers le nord depuis la vallée du Nil à travers l'Arabie du
nord et la Mésopotamie jusqu'au Turkestan. Le climat fut le facteur
décisif de l'établissement de la civilisation dans cette zone.
Ce furent les grands changements climatiques et géologiques en Afrique
du Nord et en Asie occidentale qui mirent fin aux migrations initiales des
Adamites en leur fermant le passage vers le nord et l'est en direction du
Turkestan. A l'époque où se parachevèrent ces soulèvements de terrains et
les changements climatiques correspondants, environ 15.000 ans avant J.C.,
la civilisation était arrivée dans le monde entier à un point mort, sauf
en ce qui concernait les ferments culturels et les réserves biologiques
des Andites. Ceux-ci restaient enserrés à l'est par les montagnes d'Asie
et à l'ouest par les forêts envahissantes d'Europe.
L'évolution climatique allait maintenant réussir là où tous les autres
efforts avaient échoué, c'est-à-dire quelle allait contraindre les
Eurasiens à abandonner la chasse en faveur de l'appel plus civilisé de
l'élevage et de l'agriculture. L'évolution est peut-être lente, mais elle
est terriblement efficace.
Les premiers agriculteurs employèrent très généralement des esclaves,
et en conséquence les paysans furent autrefois méprisés par les chasseurs
et les éleveurs. Pendant des âges, on considéra la culture du sol comme
une occupation subalterne, d'où l'idée que le travail de la terre est une
malédiction, alors qu'il est la plus grande de toutes les bénédictions.
Même à l'époque de Caïn et d'Abel, les sacrifices de la vie pastorale
étaient encore tenus en plus haute estime que les offrandes de
l'agriculture.
Les hommes évoluèrent en général de l'état de chasseurs à celui de
cultivateurs avec une ère transitoire d'élevage de troupeaux, et ce fut
également vrai chez les Andites; mais il arriva plus souvent que la
contrainte évolutionnaire des changements climatiques amena des tribus
entières à passer directement de l'état de chasseurs à celui de
cultivateurs prospères. Toutefois, ce phénomène du passage immédiat de la
chasse à l'agriculture ne se produisit que dans les régions où le mélange
racial comportait une forte proportion de sang violet.
En observant la germination de graines accidentellement humidifiées ou
placées dans les tombeaux comme nourriture pour les trépassés, les peuples
évolutionnaires (notamment les Chinois) apprirent de bonne heure à planter
des semences et à faire pousser des récoltes. Mais dans toute l'Asie du
sud-ouest, le long des alluvions flu viales fertiles et des plaines
adjacentes, les Andites mettaient en oeuvre les techniques agricoles
améliorées qu'ils avaient héritées de leurs ancêtres, pour qui le fermage
et le jardinage avaient été la principale occupation à l'intérieur des
limites au second jardin.
Pendant des milliers d'années, les descendants d'Adam avaient cultivé,
dans toutes les hautes terres de la bordure supérieure de la Mésopotamie,
des variétés de blé et d'orge améliorées dans le Jardin. Les descendants
d'Adam et d'Adamson s'y rencontraient, commerçaient, et se fréquentaient
socialement.
Ce furent ces changements forcés dans les conditions de vie qui
amenèrent une si grande proportion de la race humaine à pratiquer un
régime alimentaire omnivore. La combinaison du blé, du riz, et des légumes
avec la chair des troupeaux marqua un grand pas en avant dans la santé et
la vigueur de ces anciens peuples.
2. -- LES OUTILS DE LA CIVILISATION
La croissance de la culture humaine est fondée sur le développement des
outils de la civilisation, et les outils que les hommes employèrent pour
sortir de l'état sauvage se révélèrent efficaces dans la mesure exacte où
ils libéraient la main-d'oeuvre humaine pour des tâches plus élevées.
Vous qui vivez aujourd'hui dans un cadre de culture florissante et de
commencement de progrès dans les affaires sociales, vous qui disposez d'un
peu de temps pour réfléchir au sujet de la société et de la
civilisation, ne perdez pas de vue le fait que vos ancêtres primitifs
n'avaient que très peu de loisirs susceptibles d'être consacrés a des
réflexions pensives et à des méditations sociales.
Les quatre premiers grands progrès dans la civilisation humaine furent:
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1. La conquête du feu. |
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2. La domestication des animaux. |
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3. La mise en esclavage des prisonniers. |
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4. La propriété privée. |
Le feu, la première grande découverte, finit par ouvrir les portes du
monde scientifique, mais sous ce rapport il avait peu de valeur pour les
hommes primitifs. Ceux-ci refusaient de reconnaître que les phénomènes
ordinaires pouvaient s'expliquer par des causes naturelles.
Quand on leur demanda l'origine du feu dont ils se servaient, ils ne
tardèrent pas à substituer à la simple histoire d'Andon et du silex la
légende d'un Prométhée et de la manière dont il déroba le feu du ciel. Les
anciens cherchaient une explication surnaturelle à tous les phénomènes
naturels qui sortaient des limites de leur compréhension personnelle, et
bien des modernes continuent à en faire autant. La dépersonnalisation des
phénomènes dits naturels a nécessité des âges et n'est pas encore
parachevée. Par contre, la recherche honnête, franche, et intrépide des
véritables causes a donné naissance à la science moderne: elle a
transformé l'astrologie en astronomie, l'alchimie en chimie, et la magie
en médecine.
Au cours de l'âge antérieur aux machines, la seule manière dont l'homme
pouvait accomplir un travail sans le faire lui-même consistait à utiliser
un animal. La domestication des animaux mit entre ses mains des outils
vivants, dont l'emploi intelligent prépara la voie à l'agriculture et aux
transports. Sans les animaux l'homme n'aurait pas pu s'élever de son état
primitif aux niveaux de la civilisation ultérieure.
La plupart des animaux convenant le mieux à la domestication se
trouvaient en Asie, spécialement dans les régions du centre et du
sud-ouest. Ce fut l'une des raisons pour lesquelles la civilisation y
progressa plus rapidement que dans d'autres parties du monde. Beaucoup de
ces animaux avaient déjà été domestiqués deux fois; dans l'âge des Andites,
ils furent domptés une fois de plus. Mais le chien était toujours resté
avec les chasseurs depuis son adoption par les hommes bleus longtemps,
très longtemps, auparavant.
Les Andites du Turkestan furent les premiers à domestiquer les chevaux
en grand nombre, et c'est une nouvelle raison que leur culture fut si
longtemps prédominante. Vers l'an 5.00 avant J.C., les fermiers de
Mésopotamie, du Turkestan, et de Chine avaient commencé à élever des
moutons, des chèvres, des vaches, des chameaux, des chevaux, des
volailles, et des éléphants. Ils employaient comme bêtes de somme le
boeuf, le chameau, le cheval, et le yak. Autrefois l'homme était lui-même
la bête de somme. Un chef de la race bleue eut jadis une colonie de
porte-faix de cent mille hommes.
L'esclavage et la propriété privée de la terre furent institués en même
temps qu'apparaissait l'agriculture. L'esclavage éleva le niveau de vie
des maîtres et leur procura plus de loisirs pour se cultiver socialement.
Les sauvages sont les esclaves de la nature, mais la civilisation
scientifique confère lentement à l'humanité une liberté croissante. Par
les animaux, le feu, le vent, l'eau, et l'électricité, les hommes se sont
libérés de la nécessité de travailler sans répit; ils continueront dans
cette voie en découvrant de nouvelles sources d'énergie. Indépendamment
des troubles provisoires engendrés par l'invention prolifique de machines,
les bénéfices ultimes que l'homme retirera de ces procédés mécaniques sont
inestimables. La civilisation ne peut jamais fleurir, et encore bien moins
s'établir, avant que les hommes aient le loisir de penser, de faire
des plans, et d'imaginer de nouvelles et meilleures méthodes pour
accomplir leur travail.
Au début, l'homme s'appropria simplement son abri. Ensuite il adapta
des matériaux naturels, tels que le bois et la pierre, à la création de
huttes pour sa famille. Enfin il entra dans le stade créatif d'édification
des maisons et apprit à fabriquer des briques et autres matériaux de
construction.
Les peuplades des hauts plateaux du Turkestan furent les premières
parmi les races relativement modernes à bâtir leurs habitations en bois;
leurs maisons ressemblaient assez aux cabanes primitives en rondins des
pionniers américains. Dans toutes les plaines, on éleva des demeures
humaines en briques crues, et plus tard en briques cuites.
Les anciennes races fluviales bâtissaient leurs huttes en enfonçant de
grands poteaux en cercle dans le sol; on réunissait ensuite les sommets
des poteaux, ce qui formait une armature pour la hutte; on l'entrelaçait
avec des roseaux transversaux, et l'ensemble ainsi créé ressemblait à un
immense panier inversé. On pouvait ensuite recouvrir le treillis d'une
couche d'argile et, séchage au soleil, on disposait d'une habitation
étanche rendant de grands services.
Ce fut à partir de ces huttes primitives que prit naissance
indépendamment l'idée ultérieure de tisser toutes sortes de paniers. Dans
une tribu, l'idée de faire des poteries naquit en observant l'effet
produit quand on barbouillait les cadres de bois avec de l'argile humide.
La pratique de durcir les poteries par cuisson fut découverte lors de
l'incendie accidentel d'une de ces huttes primitives recouverte d'argile.
Les arts de l'antiquité eurent souvent pour origine des circonstances
fortuites de la vie quotidienne des peuplades primitives. Du moins, ce fut
à peu près entièrement vrai pour les progrès évolutionnaires de l'humanité
jusqu'à l'arrivée d'Adam.
La poterie avait d'abord été introduite par l'état-major du Prince il y
a environ 500.000 ans, mais la fabrication de récipients d'argile avait
pratiquement cessé depuis 150.000 ans. L'art de faire des poteries fut
ranimé durant l'époque d'Adam. La propagation de cet art coïncida avec
l'extension des déserts d'Afrique, d'Arabie, et d'Asie centrale; il se
répandit dans l'hémisphère oriental en partant de Mésopotamie par vagues
successives de techniques améliorées.
Les civilisations de l'âge andite ne peuvent pas toujours être
retracées par les stades de leurs poteries ou de leurs autres arts. Le
cours normal de l'évolution humaine fut prodigieusement compliqué par les
deux régimes de Dalamatia et d'Éden. Il arrive souvent que la qualité des
vases et outils des époques plus tardives soit inférieure à celle des
produits initiaux des peuples andites plus purs.
3. -- VILLES, INDUSTRIES ET COMMERCE
La destruction climatique des riches savanes de chasse et des pâturages
du Turkestan, commencée vers l'an 12.000 avant J.-C., contraignit les
hommes de ces régions à recourir a de nouvelles formes rudimentaires
d'industrie et de manufacture. Certains s'orientèrent vers l'élevage de
troupeaux domestiqués, d'autres devinrent agriculteurs ou recueillirent
des aliments qu'ils transportèrent par eau, mais les Andites intelligents
de type supérieur choisirent de se lancer dans le commerce et l'industrie.
Il devint même habituel que des tribus entières se consacrent au
développement d'une seule industrie. De la vallée du Nil au Cush hindou et
du Gange au Fleuve Jaune, la principale occupation des tribus supérieures
devint la culture du sol, avec le commerce comme activité secondaire.
L'accroissement des échanges et la transformation des matières
premières en divers articles commerciaux contribua directement à faire
naître les communautés primitives et semi-pacifiques qui eurent tant
d'influence pour répandre la culture et les arts de la civilisation. Avant
l'ère du grand commerce international, les communautés sociales étaient
des tribus -- des groupes familiaux agrandis. Le troc amena des êtres
humains de différentes sortes à s'associer, ce qui permit par croisement
une hybridation plus rapide de la civilisation.
Il y a environ douze mille ans, l'ère des villes indépendantes était à
son aurore. Ces villes primitives commerçantes et manufacturières étaient
toujours entourées de zones d'agriculture et d'élevage de bétail. S'il est
vrai que l'industrie fut encouragée par l'élévation du niveau de vie, il
ne faudrait pas se faire d'idées fausses sur les raffinements de la vie
citadine à ses débuts. Les premières races n'étaient ni très propres ni
très soigneuses; par la simple accumulation des ordures et des détritus
sur le sol, les communautés primitives moyennes s'élevaient de trente à
soixante centimètres tous les vingt-cinq ans. Certaines villes antiques
s'élevèrent rapidement au-dessus des terres environnantes parce que leurs
huttes d'argile non cuite ne duraient pas longtemps et que l'on avait
coutume de bâtir de nouvelles demeures directement sur les ruines des
anciennes.
L'emploi généralisé des métaux fut une caractéristique des premières
villes industrielles et commerciales. Vous avez déjà découvert au
Turkestan une culture de l'âge du bronze datant de plus de 9.000 ans avant
J.-C., et les Andites apprirent de bonne heure à travailler également le
fer, l'or, et le cuivre. Mais à de grandes distances des centres les plus
avancés de la civilisation, les conditions étaient très différentes. On
n'y retrouve pas de périodes distinctes comme les âges de la Pierre
Taillée, du Bronze, et du Fer; tous trois existaient simultanément dans
des localités différentes.
L'or fut le premier métal recherché par les hommes; il était facile à
travailler et fut d'abord employé comme parure. On se servit ensuite du
cuivre, mais assez peu avant le moment où l'on sut le mélanger à l'étain
pour faire du bronze plus dur. La découverte du mélange cuivre-étain fut
faite par un Adamsonite au Turkestan dont la mine se trouvait située dans
les hautes terres au voisinage d'un dépôt d'étain.
Avec l'apparition d'ateliers rudimentaires et d'une industrie à ses
débuts, le commerce devint rapidement le truchement le plus puissant pour
répandre la civilisation culturelle. L'ouverture des routes commerciales
terrestres et maritimes facilita les voyages et les mélanges de cultures
ainsi que la fusion des civilisations. Vers l'an 5.000 avant J.-C., le
cheval était d'emploi général dans tous les pays civilisés et
semi-civilisés. Les races assez récentes possédaient non seulement des
chevaux domestiqués mais encore des charrettes et des chariots. La roue
était utilisée depuis des âges, mais alors des véhicules munis de roues
furent universellement employés tant pour le commerce que pour la guerre.
Les commerçants voyageurs et les explorateurs nomades firent plus
progresser la civilisation historique que toutes les autres influences
conjuguées. Les conquêtes militaires, la colonisation, et les entreprises
missionnaires entretenues par les religions plus récentes furent aussi des
facteurs de diffusion de la culture, mais ils furent tous secondaires par
rapport aux relations commerciales, constamment accélérées par les arts et
les sciences de l'industrie qui se développaient rapidement.
Non seulement l'infusion de sang adamite dans les races humaines
accéléra leur civilisation, mais aussi elle stimula grandement leur
penchant à l'aventure et à l'exploration de sorte que la majeure partie de
l'Eurasie et de l'Afrique du Nord fut bientôt occupée par les descendants
mixtes des Andites qui se multipliaient rapidement.
4. -- LES RACES MÊLÉES
À l'aurore des temps historiques, toute l'Eurasie, l'Afrique du Nord,
et les Îles du Pacifique étaient peuplées par les races composites de
l'humanité, et ces races modernes proviennent du mélange et du brassage
des cinq souches humaines fondamentales d'Urantia.
Chacune des races d'Urantia était identifiée par certaines
caractéristiques physiques distinctes. Les Adamsonites et les Nodites
étaient dolichocéphales; les Andonites étaient brachycéphales. Les races
Sangik avaient des têtes moyennes, avec tendance de leurs branches jaune
et bleue à être brachycéphales. Les races bleues, après mélange avec des
souches andonites, étaient nettement brachycéphales. Les têtes des Sangiks
secondaires étaient moyennes ou allongées.
Bien que ces dimensions crâniennes rendent service pour déchiffrer les
origines raciales, il est plus sûr de se fier à l'ensemble du squelette.
Dans le développement initial des races d'Urantia, il y eut à l'origine
cinq types distincts de structures osseuses qui furent ceux:
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1. Des Andonites, les premiers habitants d'Urantia. |
|
2. Des Sangiks primaires, rouges, jaunes, et bleus. |
|
3. Des Sangiks secondaires, orangés, verts, et indigo. |
|
4. Des Nodites, descendant des Dalamatiens. |
|
5. Des Adamites, la race violette. |
Au cours de ces grands brassages de groupes raciaux, les mélanges
continuels tendirent à atténuer le type andonite par une prédominance
d'hérédité Sangik. Les Lapons et les Esquimaux sont des métis d'Andonites
et de Sangiks de race bleue. La structure de leur squelette est celle qui
conserve le mieux le type andonique originel. Mais les Adamites et les
Nodites se sont tellement mêlés aux autres races qu'ils ne peuvent être
détectés que sous un aspect d'ensemble dit Caucasoïde.
Quand les restes humains des vingt derniers millénaires seront
déterrés, il sera donc généralement impossible de distinguer clairement
les cinq types originels. L'étude des structures osseuses révélera que
l'humanité est actuellement divisée à peu près en trois classes:
1. Les Caucasoïdes -- le mélange andite des souches
adamites et andites, modifié ensuite par un apport de Sangiks primaires et
d'un peu de secondaire, et par des croisements considérables avec les
Andonites. Les races blanches occidentales, ainsi que certains peuples
hindous et touraniens sont compris dans ce groupe. Le facteur unifiant de
cette division est la plus ou moins grande proportion d'hérédité andite.
2. Les Mongoloïdes -- les Sangiks du type primaire
comprenant les races originelles rouge, jaune, et bleue. Les Chinois et
les Amérindiens appartiennent à ce groupe. En Europe, le type mongoloïde a
été modifié par un mélange de Sangiks secondaires et d'Andonites, et plus
encore par un apport d'Andites. Les Malais et autres peuples indonésiens
sont inclus dans cette classification, bien que leur sang contienne un
pourcentage élevé d'hérédité sangik secondaire.
3. Les Négroïdes -- les Sangiks du type secondaire,
qui incluaient à l'origine les races orangée, verte, et indigo. C'est le
Nègre qui fournit le meilleur exemple de ce type, que l'on retrouve en
Afrique, aux Inde, et en Indonésie, dans tous les lieux où les races
sangik secondaires s'étaient installées.
En Chine du Nord, il existe un certain mélange des types caucasoïde et
mongoloïde. Dans le Moyen-Orient, les Caucasoïdes et les Négroïdes se sont
mêlés; aux Indes ainsi qu'en Amérique du Sud, les trois types sont
représentés. Les caractéristiques du squelette des trois types survivants
subsistent encore et aident à identifier les récents ancêtres des races
humaines actuelles.
5. -- LA SOCIÉTÉ CULTURELLE
L'évolution biologique et la civilisation culturelle ne sont pas
nécessairement liées au cours d'un âge quelconque, l'évolution organique
poursuit son cours sans obstacle, même au milieu d'une décadence
culturelle. Mais quand on passe en revue de longues périodes de l'histoire
humaine, on constate finalement que l'évolution et la culture ont un lien
de cause à effet. L'évolution peut progresser en l'absence de culture,
mais la civilisation culturelle ne fleurit pas sans un arrière-plan
approprié de progrès racial antérieur. Adam et Ève n'introduisirent aucun
art civilisé étranger au progrès de la société humaine, mais le sang
adamique accrut les aptitudes inhérentes aux races et accéléra le
développement économique et le progrès industriel. L'effusion d'Adam
améliora le pouvoir cérébral des races, ce qui hâta considérablement les
processus d'évolution naturelle.
Par l'agriculture, la domestication des animaux, et une meilleure
architecture, l'humanité échappa graduellement aux pires phases de la
lutte incessante pour la vie et commença à rechercher le moyen d'adoucir
le processus vital; ce fut le début de ses efforts pour parvenir à un
niveau de plus en plus élevé de confort matériel. Par les produits de
l'industrie, les hommes augmentent graduellement la somme des plaisirs de
la vie humaine.
Cependant, la société culturelle n'est pas un grand club bienfaisant de
privilèges hérités dans lequel tous les hommes sont nés membres libres et
entièrement égaux. Elle est plutôt une haute corporation, toujours en
progrès, d'artisans terrestres, n'admettant dans ses rangs que les plus
nobles des travailleurs qui s'efforcent de faire du monde un cadre
meilleur dans lequel leurs enfants et les enfants de leurs enfants
pourront vivre et progresser au cours des âges à venir. Et cette
corporation de la civilisation exige des droits d'admission coûteux,
impose des disciplines strictes et rigoureuses, inflige de lourdes amendes
à tous les dissidents et non conformistes, tandis quelle confère peu de
licences ou de privilèges personnels en dehors d'une sécurité accrue
contre les dangers communs et les périls raciaux.
L'association sociale est une forme d'assurance pour la survie, et les
hommes ont appris qu'elle était profitable; c'est pourquoi la plupart des
individus sont disposés à payer les primes de sacrifice de soi et de
restrictions des libertés personnelles que la société extorque à ses
membres comme rançon de cette protection collective accrue. Bref, le
mécanisme social d'aujourd'hui est un plan d'assurance par tâtonnements
destiné à fournir un certain degré de protection contre un retour aux
terribles conditions antisociales caractéristiques des premières
expériences de la race humaine.
La société devient ainsi un arrangement coopératif pour obtenir la
libération civile par des institutions, la libération économique par le
capital et les inventions, la libération social par la culture, et la
protection contre les violences par des règlements de police.
La force ne crée pas le droit, mais elle fait respecter les droits
communément reconnus de chaque génération successive. La mission
majeure du gouvernement consiste à définir le droit, la réglementation
juste et équitable des différences de classes, et l'obligation d'une
égalité de chances devant la loi. Chaque droit humain est associé à un
devoir social; un privilège de groupe est un mécanisme d'assurance qui
exige infailliblement le paiement total des primes astreignantes de
service au groupe. Et les droits collectifs, aussi bien que ceux des
individus, doivent être protégés, y compris la réglementation des
penchants sexuels.
La liberté soumise à des règles collectives est le but légitime de
l'évolution sociale. La liberté sans restrictions est le rêve chimérique
et vain de penseurs humains instables et superficiels.
6. -- L'ENTRETIEN DE LA CIVILISATION
Alors que l'évolution biologique a constamment progressé vers le mieux,
une grande partie de l'évolution culturelle est sortie de la vallée de
l'Euphrate en vagues successives qui s'affaiblirent avec le temps, jusqu'à
ce que finalement la totalité des descendants de pur sang adamique fût
partie enrichir les civilisations d'Asie et d'Europe. Les races ne
s'amalgamèrent pas complètement, mais leurs civilisations se mêlèrent dans
une large mesure. La culture se répandit lentement dans le monde. Il faut
que cette civilisation soit maintenue et encouragée, car il n'existe plus
aujourd'hui de nouvelles sources de culture, plus d'Andites pour renforcer
et stimuler le lent progrès évolutif de la culture.
La civilisation qui évolue maintenant sur Urantia est fondée sur les
facteurs suivants dont elle est issue:
1. Les circonstances naturelles. La nature et
l'étendue d'une civilisation matérielle sont déterminées dans une large
mesure par les ressources naturelles disponibles. Le climat, le temps, et
de nombreuses conditions physiques sont des facteurs dans l'évolution de
la culture.
Au début de l'ère andite, il n'y avait dans le monde entier que deux
zones étendues et fertiles constituant des territoires de chasse ouverts.
L'une se trouvait en Amérique du Nord et fut envahie par les Amérindiens;
l'autre se trouvait au nord du Turkestan et fut occupée par une race
andonique-jaune. Les facteurs essentiels de l'évolution d'une culture
supérieure dans le sud-ouest de l'Asie furent la race et le climat. Les
Andites étaient un grand peuple, mais le facteur décisif qui détermina le
cours de leur civilisation fut l'aridité croissante de l'Iran, du
Turkestan, et du Sinkiang, qui les força à inventer et à adopter
des méthodes nouvelles et avancées pour arracher des moyens d'existence à
leurs terres de moins en moins fertiles.
La configuration des continents et les autres dispositifs géographiques
exercent une grande influence pour déterminer la paix ou la guerre. Très
peu d'Urantiens ont pu bénéficier d'une occasion aussi favorable pour se
développer avec continuité, et sans être molestés, que celle dont ont joui
les peuples de l'Amérique du Nord -- protégés pratiquement de tous côtés
par de vastes océans.
2. Les biens d'équipement. La culture ne se
développe, jamais sous le règne de la misère; les loisirs sont essentiels
au progrès de la civilisation. Les individus peuvent acquérir sans fortune
matérielle un caractère ayant une valeur morale et spirituelle, mais une
civilisation culturelle ne peut vivre que dans des conditions de
prospérité matricée qui encouragent les loisirs conjugués avec l'ambition.
Durant les temps primitifs, la vie sur Urantia était une affaire
sérieuse et grave. Ce fut pour échapper à cette lutte incessante et à ce
labeur interminable que l'humanité tendit constamment à se laisser porter
vers les climats salubres des tropiques. Ces zones plus chaudes
d'habitation adoucirent sans doute quelque peu la lutte acharnée pour
l'existence, mais les races et les tribus qui recherchèrent ainsi la
facilité utilisèrent rarement leurs loisirs non gagnés pour faire avancer
la civilisation. Les progrès sociaux sont invariablement venus des idées
et des projets des races qui, par leurs efforts intelligents, ont appris à
tirer de leur pays des moyens d'existence avec moins d'efforts et avec des
journées de travail raccourcies, ce qui leur permettait de disposer d'une
marge profitable de loisirs bien mérités.
3. Les connaissances scientifiques. Les aspects
matériels de la civilisation doivent toujours attendre l'accumulation des
données scientifiques. Après la découverte de l'arc et de la flèche, et
l'utilisation des animaux comme force motrice, il se passa longtemps avant
que les hommes apprennent à mettre en valeur la puissance du vent et des
chutes d'eau, suivie de l'emploi de la vapeur et de l'électricité.
Cependant les outils de la civilisation s'améliorèrent lentement. Le
tissage, la céramique, la domestication des animaux, et le travail des
métaux furent suivis par un âge d'écriture et d'imprimerie.
La connaissance équivaut au pouvoir. Les inventions précèdent toujours
l'accélération du développement culturel à l'échelle mondiale. La science
et les inventions furent les plus grandes bénéficiaires de la presse a
imprimer, et l'interaction de toutes les activités culturelles et
inventives a considérablement accéléré le rythme de la civilisation.
La science enseigne aux hommes parler le nouveau langage des
mathématiques et leur apprend à penser selon des lignes d'une exigeante
précision. La science stabilise aussi la philosophie en éliminant les
erreurs, et purifie en même temps la religion en détruisant les
superstitions.
4. Les ressources humaines. La main-d'oeuvre est
indispensable pour répandre la civilisation. À conditions égales par
ailleurs, un peuple nombreux dominera la civilisation d'une race plus
réduite. En conséquence, une nation qui ne réussit pas à accroître le
nombre de ses citoyens jusqu'à un certain chiffre se trouve empêchée de
réaliser pleinement sa destinée, mais au delà d'un point donné, tout
accroissement supplémentaire de la densité de la population devient un
suicide. La multiplication des habitants au delà de la proportion normale
des hommes par rapport aux terrains disponibles conduit soit à abaisser le
niveau de vie, soit à étendre immédiatement les frontières terrestres par
pénétration pacifique ou par conquête militaire -- à l'occupation par la
force.
Bien que vous soyez parfois révoltés par les ravages de la guerre, vous
devriez reconnaître la nécessité de faire naître un grand nombre de
mortels pour fournir d'amples occasions au développement social et moral;
mais avec cette fécondité planétaire surgit bientôt le grave problème de
la surpopulation. La plupart des mondes habités sont petits. Urantia est
dans la moyenne, peut-être un peu en dessous. La stabilisation de la
population nationale au niveau optimum rehausse la culture et empêche la
guerre. Une nation est sage quand elle connaît le moment de s'arrêter de
croître.
Le continent le plus riche en dépôts naturels et le plus avancé en
équipements mécaniques fera peu de progrès si l'intelligence de son peuple
est sur son déclin. On peut obtenir la connaissance par l'éducation, mais
la sagesse, qui est indispensable à la vraie culture, s'acquiert seulement
grâce à l'expérience et par des hommes et des femmes nés intelligents. Des
gens de cet ordre sont capables d'apprendre par la pratique et de devenir
véritablement sages.
5. L'efficacité des ressources matérielles. Bien
des événements dépendent de la sagesse déployée dans l'utilisation des
ressources naturelles, des connaissances scientifiques, des biens
d'équipement, et des potentiels humains. Le facteur principal de la
civilisation primitive fut la force exercée par de sages chefs
sociaux. Les hommes primitifs se virent littéralement imposer la
civilisation par leurs contemporains qualifiés. Le monde a été largement
régi par des minorités supérieures et bien organisées..
La puissance ne crée pas le droit, mais elle crée ce qui existe et ce
qui a historiquement existé. Urantia vient seulement d'atteindre le point
où la société est disposé mettre en discussion la philosophie morale de la
puissance et du droit.
6. L'efficacité du langage. La civilisation a dû
attendre le langage pour se répandre. Des langues qui vivent et qui
s'enrichissent assurent l'expansion de la pensée et des projets civilisés.
Durant les âges primitifs, d'importants progrès furent apportés au
langage. Aujourd'hui, il y a grand besoin d'une terminologie nouvelle et
plus ample pour faciliter l'expression de la pensée en évolution.
Le langage prit naissance dans des associations de groupes, chaque
groupe local établissant son propre système d'échange de paroles. Le
langage se développa par des gestes, des signes, des cris, des sons
imitatifs, des intonations, et des accents, et parvint plus tard à la
vocalisation d'alphabets. Le langage est le plus grand et le plus utile
des instruments de la pensée humaine, mais il ne fleurit jamais avant que
des groupes sociaux acquièrent certains loisirs. La tendance à jouer avec
le langage crée de nouveaux mots -- l'argot. Si la majorité adopte
l'argot, l'usage en fait le langage. Un exemple de l'origine des dialectes
est l'habitude de « parler bébé » dans un groupe familial.
Les différences de langage ont toujours été le grand obstacle à
l'extension a la paix. Il faut triompher des dialectes avant de pouvoir
répandre une culture dans une race, sur un continent, ou dans un monde
entier. Un langage universel encourage la paix, assure la culture, et
accroît le bonheur. Il suffit même que les idiomes d'un monde soient
réduits à un petit nombre pour que leur maîtrise par les peuples cultivés
dirigeants influence puissamment la réalisation de la paix et de la
prospérité mondiales.
Urantia a fait très peu de progrès dans le développement d'un langage
international, mais l'établissement des échanges commerciaux
internationaux a beaucoup apporté. Toutes les relations internationales
devraient être encouragées, qu'il s'agisse de langages, de commerce,
d'art, de science, de jeux de compétition, ou de religion.
7. L'efficacité des dispositifs mécaniques. Le
progrès de la civilisation est directement lié au développement et à la
possession d'outils, de machines, et de canaux de distribution. Des outils
améliorés, des machines ingénieuses et efficaces, déterminent la survie
des groupes en lutte dans le cadre de la civilisation qui progresse.
Dans les temps primitifs, la seule énergie employée pour la culture du
sol était la main-d'oeuvre humaine. Il fallut une longue bataille pour
substituer les boeufs aux hommes, car cela réduisait des hommes au
chômage. Plus récemment, les machines ont commencé à remplacer les hommes,
et toute avance dans ce domaine contribue directement au progrès de la
société parce qu'elle libère de la main-d'oeuvre pour des tâches plus
nobles.
La science, guidée par la sagesse, peut devenir la grande libératrice
des hommes. Un âge de machinisme ne peut tourner au désastre que pour une
nation dont le niveau intellectuel est trop faible pour découvrir les
méthodes sages et les techniques saines lui permettant de s'adapter avec
succès aux difficultés de transition. En effet, pour un grand nombre
d'hommes, le progrès mécanique peut provoquer la perte soudaine de leur
emploi à la suite de l'invention trop rapide de machines économisant la
main-d'oeuvre.
8. Le caractère des porte-flambeau. L'héritage
social permet aux hommes de faire la courte échelle en s'appuyant sur tous
ceux qui les ont précédés et qui ont contribué si peu que ce soit à la
somme de culture et de connaissances. Dans l'oeuvre de transmission du
flambeau culturel à la génération suivante, le foyer restera toujours
l'institution fondamentale. Les jeux et la vie sociale viennent ensuite,
avec l'école en dernier lieu, mais également indispensable dans une
société complexe et hautement organisée.
Les insectes naissent pleinement éduqués et équipés pour la vie -- une
existence en vérité très étriquée et purement instinctive. Le bébé humain
naît sans éducation; les hommes possèdent donc, en contrôlant
l'entraînement éducatif des jeunes générations, le pouvoir de modifier
considérablement le cours évolutionnaire de la civilisation.
Au XXième siècle, les plus grandes influences qui contribuent à faire
avancer la civilisation et progresser la culture sont l'accroissement
marqué des voyages dans le monde et les améliorations inouïes dans les
moyens de communication. Mais les progrès de l'éducation n'ont pas marché
de pair avec l'expansion de la structure sociale; l'appréciation moderne
de l'éthique ne s'est pas non plus développée en proportion de la
croissance dans les domaines plus purement intellectuels et scientifiques.
En outre, la civilisation se trouve a un point mort dans son développement
spirituel et dans la sauvegarde de l'institution du foyer.
9. Les idéaux raciaux. Les idéaux d'une génération
creusent les chemins de la destinée pour sa postérité immédiate. La
qualité des porte-flambeau sociaux déterminera l'avancement ou le
recul de la civilisation. Les foyers, les Eglises, et les écoles dune
génération prédéterminent la tendance de caractère de la suivante. La
force vive morale et spirituelle d'une race détermine la rapidité du
développement culturel de sa civilisation.
Les idéaux élèvent la source du courant social. Nul courant ne peut
remonter plus haut que sa source, quels que soient la technique de
pression ou le contrôle de direction employés. La force propulsive des
aspects, même les plus matériels, d'une civilisation culturelle réside
dans les accomplissements les plus spirituels de la société.
L'intelligence peut contrôler le mécanisme de la civilisation, la sagesse
peut le diriger, mais l'idéalisme spirituel est l'énergie qui élève
réellement la culture humaine et la fait progresser d'un niveau
d'accomplissement au suivant.
Au début, la vie était une lutte pour l'existence; aujourd'hui c'est
une bataille pour le niveau de vie; demain ce sera une compétition pour la
qualité de pensée, prochain but terrestre de l'existence humaine.
10. La coordination des spécialistes. La division
du travail effectuée de bonne heure et son corollaire ultérieur de
spécialisation ont prodigieusement fait avancer la civilisation; celle-ci
dépend maintenant de la coopération efficace des spécialistes. Au fur et à
mesure de l'expansion de la société, il faudra trouver une méthode pour
regrouper les divers spécialistes.
Les spécialistes des affaires sociales, de l'art, de la littérature, de
la technique, et de l'industrie continueront à se multiplier et à
accroître leur habileté et leur dextérité. Cette spécialisation
d'aptitudes et cette dissemblance d'emplois finiront par affaiblir et par
désintégrer la société humaine si des moyens efficaces de coordination et
de coopération ne sont pas mis en oeuvre. Des intelligences capables d'une
telle fécondité d'invention et d'une telle spécialisation devraient être
entièrement compétentes pour imaginer des méthodes appropriées de contrôle
et d'adaptation permettant de résoudre tous les problèmes issus du
développement rapide des inventions et de l'accélération de l'expansion
culturelle.
11. Les procédés pour trouver des emplois. Le
prochain âge de développement social sera concrétisé par une meilleure
coopération et une coordination plus efficace des spécialisations en
accroissement et en expansion continus. A mesure que le travail se
diversifie davantage, il faut imaginer une technique pour orienter les
individus vers des emplois appropriés. Le machinisme n'est pas la seule
cause de chômage chez les peuples d'Urantia. La complexité économique et
l'accroissement régulier des spécialités industrielles et processionnelles
compliquent les problèmes de placement de la main-d'oeuvre.
Il ne suffit pas d'apprendre aux hommes à travailler; une société
complexe doit aussi fournir des méthodes efficaces pour leur trouver un
emploi. Avant d'apprendre aux citoyens des techniques hautement
spécialisés pour gagner leur vie, il faudrait leur enseigner une ou
plusieurs méthodes pour subsister par des travaux communs, des commerces,
ou des occupations qu'ils pourraient pratiquer pendant un chômage
temporaire dans leur travail spécialisé. Nulle civilisation ne peut
survivre au maintien prolongé de grandes classes de chômeurs. Avec le
temps, l'acceptation du soutien par le Trésor public déforme la mentalité
des citoyens, même des meilleurs, et les démoralise. La charité privée
elle-même devient pernicieuse si elle entretient longtemps des citoyens
valides.
Une société très spécialisée ne s'adonnera pas volontiers aux anciennes
pratiques communautaires et féodales des peules de l'antiquité. Il est
vrai que beaucoup de services communs peuvent être utilement et
profitablement socialisés, mais la meilleure manière de gouverner des
êtres humains hautement entraînés et ultra spécialisés est une technique
de coopération intelligente. Une coordination modernisée et une
réglementation fraternelle aboutiront à une coopération plus durable que
les anciennes et primitives méthodes communautaires ou les institutions
réglementaires dictatoriales basées sur la force.
12. Le consentement à coopérer. L'un des plus
grands obstacles au progrès de la société humaine est le conflit entre les
intérêts et le bien-être des collectivités humaines les plus nombreuses et
les plus socialisées d'une part, et les groupements moins nombreux
d'opposants insociables d'autre part, sans compter les individus isolés à
mentalité anti-sociale.
Nulle civilisation nationale ne dure longtemps à moins que ses méthodes
éducatives et ses idéaux religieux n'inspirent un patriotisme intelligent
et un dévouement national de type élevé. Sans cette espèce de patriotisme
intelligent et de solidarité culturelle, toutes les nations tendent à se
désagréger par suite des jalousies régionales et des égoïsmes locaux.
Pour maintenir une civilisation mondiale, il faut que les êtres humains
apprennent à vivre ensemble dans la paix et la fraternité. Sans
coordination efficace, la civilisation industrielle est mise en péril par
les dangers de l'ultra-spécialisation: monotonie, étroitesse, et tendance
à engendrer la méfiance et la jalousie.
13. Le commandement efficace et sage. La
civilisation dépend dans une grande, une très grande mesure, de l'état
d'esprit consistant à s'atteler à la besogne avec enthousiasme et
efficacité. Dix hommes n'en valent pas beaucoup plus qu'un pour soulever
un lourd fardeau, à moins qu'ils ne le soulèvent ensemble -- tous en même
temps. Ce travail d'équipe -- la coopération sociale -- dépend de la
qualité des chefs. Les civilisations culturelles du passé et du présent
ont été basées sur la coopération intelligente des citoyens avec des chefs
sages et progressifs. Jusqu'à ce que les hommes aient atteint par
évolution des niveaux plus élevés, la civilisation continuera à dépendre
d'un commandement sage et vigoureux.
Les hautes civilisations naissent dune liaison sagace entre la richesse
matérielle, la grandeur intellectuelle, la valeur morale, l'habileté
sociale, et la clairvoyance cosmique.
14. Les changements sociaux. La société n'est pas
une institution divine; elle est un phénomène d'évolution progressive; une
civilisation qui progresse est toujours retardée quand ses chefs sont
lents à effectuer dans l'organisation sociale les changements essentiels
pour marcher de pair avec les développements scientifiques de l'âge. Cela
dit, if ne faut pas mépriser certaines choses simplement parce qu'elles
sont vieilles, ni embrasser sans réserves une idée simplement parce quelle
est originale et neuve.
Les hommes ne devraient pas avoir peur d'expérimenter avec les
mécanismes de la société, mais les aventures d'adaptation culturelle
devraient toujours être contrôlées par ceux qui sont pleinement au courant
de l'histoire de l'évolution sociale; il faudrait toujours que les
innovateurs soient conseillés par la sagesse de ceux qui ont l'expérience
pratiqué dans les domaines des tentatives sociales ou économiques
envisagées. Nul grand changement social ou économique ne devrait être
essayé soudainement. Le temps est essentiel à tous les types
d'adaptations humaines -- physiques, sociaux, ou économiques. Seuls les
ajustements moraux et spirituels peuvent être effectués sous l'impulsion
du moment, et même pour ceux-là il faut du temps pour mettre pleinement en
oeuvre leurs répercussions matérielles et sociales. Ce sont les idéaux de
la race qui servent principalement d'appui et de soutien pendant les
périodes critiques où une civilisation se trouve en transition entre deux
niveaux consécutifs.
15. Les mesures préventives contre les brusques déclins
temporaires. La société est issue de nombreux âges de tâtonnements;
elle représente ce qui a survécu aux ajustements et réajustements
sélectifs dans les stades successifs de l'ascension millénaire des hommes
depuis les niveaux animaux jusqu'aux niveaux humains de statut planétaire.
Le grand danger pour une civilisation -- à n'importe quel moment -- est la
menace de déclin pendant la transition entre les méthodes établies du
passé et les procédés nouveaux et meilleurs, mais non éprouvés, de
l'avenir.
Il faut de bons chefs pour progresser. La sagesse, la perspicacité et
la prévoyance sont indispensables aux nations pour durer. La civilisation
n'est jamais réellement en péril tant que les chefs capables ne commencent
pas à disparaître. Le nombre des chefs sages n'a jamais dépassé un pour
cent de la population.
Par ces degrés de l'échelle évolutionnaire, la civilisation s'est
élevée au niveau où pouvaient être mises en oeuvre les puissantes
influences qui ont culminé dans la culture en expansion rapide au XXième
siècle. C'est seulement en adhérant à ces principes essentiels que les
hommes peuvent espérer maintenir leurs civilisations actuelles, tout en
assurant leur développement continu et leur survie certaine.
Telle est l'essence de la longue, longue lutte des peuples d'Urantia
pour établir la civilisation depuis l'époque d'Adam. La culture
d'aujourd'hui est le résultat de cette évolution opiniâtre. Avant la
découverte de l'imprimerie, les progrès étaient relativement lents, parce
que les hommes d'une génération ne pouvaient bénéficier aussi rapidement
des accomplissements de leurs prédécesseurs. Mais en ce moment, la société
humaine fonce en avant avec la puissance de la force vive accumulée de
tous les âges au cours desquels la civilisation a livré bataille.
[Présenté par un Archange de Nébadon.]
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