LES ENSEIGNEMENTS DE MELCHIZÉDEK EN
OCCIDENT
LES enseignements de Melchizédek pénétrèrent en Europe par un grand
nombre de voies, mais principalement par l'Égypte. Ils furent incorporés
dans la philosophie occidentale après avoir été complètement hellénisés et
plus tard christianisés. Les idéaux du monde occidental étaient
essentiellement socratiques. Sa philosophie religieuse ultérieure devint
celle de Jésus, avec les modifications et les compromis résultant du
contact avec la philosophie et la religion occidentales en évolution.
L'ensemble culmina dans l'Église chrétienne.
En Europe, les missionnaires de Salem poursuivirent longtemps leurs
activités et furent graduellement absorbés par les nombreux groupes
culturels et rituels qui surgissaient périodiquement. Il faut mentionner
les Cyniques parmi ceux qui maintinrent les enseignements de Salem dans
leur forme la plus pure. Ces prédicateurs de la foi et de la confiance en
Dieu s'activaient encore dans l'Europe romaine au premier siècle après le
Christ. Ils furent ultérieurement incorporés dans la religion chrétienne,
en formation.
La doctrine de Salem fut largement répandue en Europe par les soldats
mercenaires juifs qui prirent part à tant de guerres militaires en
Occident. Dans les temps anciens, les Juifs étaient réputés autant pour
leur valeur militaire que pour leurs particularités théologiques.
Les doctrines fondamentales de la philosophie grecque, de la théologie
juive, et de la morale chrétienne furent essentiellement des répercussions
des enseignements primitifs de Melchizédek.
1. -- LA RELIGION DE SALEM PARMI LES GRECS
Les missionnaires de Salem auraient pu édifier une grande structure
religieuse parmi les Grecs s'ils n'avaient pas interprété strictement leur
serment d'ordination selon les engagements imposés par Machiventa
Melchizédek. Ce dernier avait interdit d'organiser des congrégations
exclusives pour le culte, et arraché à chaque éducateur la promesse de ne
jamais exercer la fonction de prêtre ni de recevoir, pour un service
religieux, aucune autre rémunération que de la nourriture, des vêtements,
et un toit. Quand les éducateurs melchizédeks pénétrèrent dans la Grèce
pré-hellénique, ils y trouvèrent un peuple qui entretenait encore les
traditions d'Adamson et du temps des Andites, mais ces enseignements
avaient été fortement adultérés par les notions et croyances des hordes
d'esclaves inférieurs qui avaient été amenés en quantités croissantes sur
les rivages grecs. Cette adultération produisit un retour vers un animisme
grossier, avec des rites sanglants où les classes inférieures allaient
jusqu'à transformer en cérémonies les exécutions de criminels condamnés.
L'influence initiale des éducateurs de Salem fut presque détruite par
l'invasion dite aryenne venant de l'Europe méridionale et de l'Orient. Les
envahisseurs hellénique apportèrent avec eux des concepts des concepts
anthropomorphiques de Dieu, semblables à ceux que les compagnons aryens
avaient introduits aux Indes. Cette importation inaugura l'évolution de la
famille grecque de dieux et de déesses. La nouvelle religion était basée
en partie sur les cultes des envahisseurs hellènes barbares, mais
incorporait aussi des mythes des anciens habitants de la Grèce.
Les Grecs hellènes trouvèrent le monde méditerranéen largement dominé
par le culte de la mère. Ils imposèrent aux peuples leur dieu-homme,
Dyaus-Zeus qui, tel Jéhovah parmi les Sémites hénothéistes, était déjà
devenu le chef de tout le panthéon grec de dieux subordonnés. Les Grecs
auraient fini par aboutir à un vrai monothéisme s'ils n'avaient pas retenu
le supercontrôle du Destin. Un Dieu de valeur finale doit être lui-même
l'arbitre du destin et le créateur de la destinée.
Comme conséquence de ces facteurs dans l'évolution religieuse, la
croyance populaire aux dieux insouciants du Mont Olympe se développa
bientôt. C'étaient des dieux plus humains que divins, et les Grecs
intelligents ne les prirent jamais au sérieux. Ils n'aimaient ni ne
craignaient beaucoup ces dieux qu'ils avaient créés. Ils éprouvaient un
sentiment patriotique et racial pour Zeus et sa famille de demi-hommes et
de demi-dieux, mais ne les révéraient et ne les adoraient guère.
Les Hellènes devinrent si imbus des doctrines anticléricales des
éducateurs primitifs de Salem que nulle prêtrise importante ne put jamais
s'élever en Grèce. Même la confection d'idoles pour les dieux devint plus
une oeuvre artistique qu'une affaire de culte.
Les dieux olympiens illustrent l'anthropomorphisme typique des hommes.
La religion grecque était plus esthétique que morale. La religion grecque
rendit service en décrivant un univers gouverné par un groupe de déités,
mai bientôt la morale, l'éthique, et la philosophie grecques s'avancèrent
bien au delà du concept polythéiste. Ce déséquilibre entre le
développement intellectuel et le progrès spirituel fut aussi dangereux
pour la Grèce qu'il l'avait été pour l'Inde.
2. -- LA PENSÉE PHILOSOPHIQUE GRECQUE
Une religion superficielle et prise à la légère ne peut durer, surtout
quand elle n'a pas de prêtrise pour entretenir ses formes et pour remplir
de crainte et de respect le coeur de ses fidèles. La religion olympienne
ne promettait pas de salut et n'étanchait pas la soif spirituelle de ses
croyants; elle était donc condamnée à périr. Moins d'un millénaire après
ses débuts, elle avait presque disparu. Les Grecs se trouvèrent sans
religion nationale, les dieux de l'Olympe ayant perdu leur emprise sur les
meilleurs penseurs.
Telle était la situation, lorsqu'au sixième siècle avant l'ère
chrétienne une renaissance de la conscience spirituelle et un réveil de la
récognition du monothéisme se produisirent en Orient et au Levant
l'occident ne participa pas à ce développement; ni l'Europe ni l'Afrique
du Nord ne prirent une grande part à cette renaissance religieuse. Quant
aux Grecs, ils s'engagèrent dans un magnifique progrès intellectuel. Ils
avaient commencé à dominer la peur et ne recherchaient plus la religion
comme antidote, mais ils ne percevaient pas que la religion rassasie l'âme
et guérit l'inquiétude spirituelle et le désespoir moral. Ils cherchèrent
à consoler les âmes par la pensée profonde -- par la philosophie et la
métaphysique. Au lieu de méditer sur la préservation de soi -- le salut --
ils se tournèrent vers l'épanouissement et la connaissance de soi.
Par la logique de la pensée, les Grecs essayèrent d'atteindre une
assurance qui leur servirait de substitut à la croyance en la survie, mais
ils échouèrent complètement. Seuls les individus les plus intelligents des
classes supérieures pouvaient saisir ce nouvel enseignement. La
progéniture des esclaves des générations précédentes n'avait aucune
aptitude à recevoir ce nouveau substitut de la religion.
Les philosophes dédaignèrent tous les cultes, et pourtant ils restaient
tous vaguement attachés à un arrière-plan de croyance aux doctrines de
Salem sur « l'Intelligence de l'univers », « l'idée de Dieu », et « la
Grande Source ». Dans la mesure où les philosophes grecs reconnaissaient
le divin et le superfini, ils étaient franchement monothéistes et ne
s'inclinaient qu'avec réserve devant les myriades de dieux et de déesses
de l'Olympe.
Les poètes grecs des VIième et Vième siècles avant J.-C., et notamment
Pindare, tentèrent de réformer la religion grecque. Ils élevèrent ses
idéaux, mais ils furent plutôt des artistes que des religieux; ils ne
réussirent pas à établir une technique pour entretenir et conserver les
valeurs suprêmes.
Xénophane enseigna la doctrine d'un Dieu unique, mais son concept de la
Déité, était trop panthéiste pour représenter aux hommes un Père
personnel. Anaxagore était un mécaniste, sauf en ce qu'il reconnaissait
une Cause Première, Une Pensée Initiale. Socrate et ses successeurs,
Platon et Aristote, enseignèrent que la vertu est la connaissance, que la
bonté est la santé de l'âme, qu'il vaut mieux souffrir d'une injustice que
d'en être coupable, qu'il est mauvais de rendre le mal pour le mal, et que
les dieux sont sages et bons. Les vertus cardinales de ces philosophes
étaient la sagesse, le courage et la tempérance, et la justice.
L'évolution de la philosophie religieuse chez les Hellènes et es
Hébreux fournit, par contraste, un exemple de la fonction de l'Église
comme institution pour modeler le progrès culturel. En Palestine, la
pensée humaine était tellement contrôlée par les prêtres et dirigée par
les Écritures que la philosophie et l'esthétique furent entièrement
englouties dans la religion et la moralité' En Grèce, l'absence presque
complète de prêtres et d'Écritures saintes laissa la pensée humaine libre
et sans entraves, de sorte que la profondeur de pensée se développa d'une
manière surprenante; mais la religion en tant qu'expérience personnelle ne
réussit pas à suivre les sondages intellectuels dans la nature et la
réalité du cosmos.
En Grèce, la croyance était subordonnée à la pensée. En Palestine, la
pensée était maintenue asservie à la croyance. La force du christianisme
est due en grande partie à ce qu'il a fait de larges emprunts à la
moralité hébraïque aussi bien qu'à la pensée grecque.
En Palestine, le dogmatisme religieux se cristallisa au point de
compromettre tout développement ultérieur. En Grèce, la pensée humaine
devint si abstraite que le concept de Dieu se résolut en un brouillard
vaporeux de spéculations panthéistes se rapprochant de l'Infinité
impersonnelle des philosophes brahmaniques.
Les hommes ordinaires de ces temps ne pouvaient saisir la philosophie
grecque de la connaissance de soi et d'une déité abstraite. Ils ne s'y
intéressaient d'ailleurs pas beaucoup et recherchaient plutôt des
promesses de salut doublées d'un Dieu personnel susceptible d'écouter
leurs prières. Ils exilèrent les philosophes et persécutèrent les derniers
fidèles du culte de Salem, les deux doctrines s'étant alors beaucoup
mélangées. Ils se préparèrent à la terrible plongée orgiaque dans les
folies du culte des mystères qui envahissait les contrées
méditerranéennes. Les mystères d'Eleusis grandirent à l'intérieur du
panthéon olympien en tant que version grecque du culte de la fécondité. Le
culte dionysien de la nature fleurit également. Le culte du meilleur aloi
était la fraternité orphique, dont les sermons moraux et les promesses de
salut présentaient un grand attrait pour nombre de personnes.
Toute la Grèce se lança dans ces nouvelles méthodes pour atteindre le
salut par un cérémonial émotionnel et ardent. Nulle nation n'avait jamais
atteint en aussi peu de temps de pareilles hauteurs de philosophie
artistique ni créé, pratiquement sans Déité et sans la moindre promesse de
salut humain, un système moral aussi avancé. Par contre, nulle nation ne
plongea aussi rapidement, profondément, et violemment dans un abîme de
stagnation intellectuelle, de dépravation morale, et, de carence
spirituelle que ce même peuple grec quand il se lança dans le tourbillon
insensé du culte des mystères.
Des religions ont duré longtemps sans support philosophique, mais peu
de philosophies se sont perpétuées longtemps sans quelque identification
avec une religion. La philosophie se situe par rapport à la religion comme
la conception par rapport à l'action. L'état humain idéal est celui où la
philosophie, la religion, et la science sont mêlées en une unité pleine de
sens par l'action conjointe de la sagesse, de la foi, et de l'expérience.
3. -- LES ENSEIGNEMENTS DE MELCHIZÉDEK À ROME
Partant des formes primitives d'adoration des dieux de la famille, la
religion ultérieure des Latins devint une vénération de tribu pour Mars,
le dieu de la guerre. Il était donc naturel quelle ressemblât davantage à
une observance politique que les systèmes intellectuels des Grecs et des
Brahmanes ou que les religions plus spiritualistes de divers autres
peuples.
Au cours de la grande renaissance de l'évangile de Melchizédek pendant
le sixième siècle avant le Christ, les missionnaires de Salem furent trop
peu nombreux à pénétrer en Italie. Ceux qui y allèrent furent incapables
de vaincre l'influence de la prêtrise étrusque en expansion rapide, avec
ses nouvelles myriades de dieux et de temples qui furent tous incorporés
dans la religion d'État romaine. Cette religion des tribus latines n'était
ni futile et vénale comme celle des Grecs, ni austère et tyrannique comme
celle des Hébreux. Elle consistait en majeure partie à observer simplement
des formes, des voeux, et des tabous.
La religion romaine fut grandement influencée par de larges
importations culturelles de Grèce. Finalement, la plupart des dieux
olympiens furent transplantés et incorporés dans le panthéon latin. Les
Grecs adorèrent longtemps le feu de l'âtre familial -- Hestia était la
déesse vierge de l'âtre. Vesta était la déesse romaine du foyer. Zeus
devint Jupiter, Aphrodite devint Vénus, et ainsi de suite pour les
nombreuses divinités de l'Olympe.
L'initiation religieuse des jeunes Romains était l'occasion de leur
consécration solennelle au service de l'État. Les serments et les
admissions à la citoyenneté étaient en réalité des cérémonies religieuses.
Les peuples latins entretenaient des temples, des autels, et des
sanctuaires; en cas de crise, ils consultaient les oracles. Ils
conservaient les ossements des héros, et en firent autant plus tard pour
ceux des saints chrétiens.
Cette forme officielle et froide de patriotisme pseudo-religieux était
condamnée à disparaîtra, comme l'adoration hautement intellectuelle et
artistique des Grecs s'était effondrée devant l'adoration fervente et
profondément émotive des cultes des mystères. Le plus grand de ces cultes
dévastateurs était la secte religieuse de la mère de Dieu, qui avait alors
son siège à l'endroit exact de l'actuelle église Saint-Pierre de Rome.
L'État romain émergent triompha politiquement, mais fut à son tour
conquis par les cultes, rituels, mystères, et conceptions des dieux
d'Égypte, de Grèce, et du Levant. Ces cultes importés continuèrent à
fleurir dans tout l'empire romain jusqu'à l'époque d'Auguste. Pour des
raisons purement politiques et civiles, ce dernier fit un effort héroïque
et partiellement couronné de succès pour détruire les mystères et ranimer
l'ancienne religion politique.
Un prêtre de la religion d'État exposa à Auguste les tentatives
antérieures des éducateurs de Salem pour répandre la doctrine d'un Dieu
unique, d'une déité finale dominant tous les êtres surnaturels. Cette idée
s'implanta si fermement chez l'empereur qu'il construisit de nombreux
temples, les garnit abondamment de belles statues, réorganisa le sacerdoce
d'État, rétablit la religion correspondante, se nomma lui-même aux
fonctions de grand-prêtre et, en tant qu'empereur, n'hésita pas à se
proclamer dieu suprême.
La nouvelle religion du culte d'Auguste prospéra et fut observée dans
tout l'empire durant sa vie, sauf en Palestine, foyer des Juifs. L'époque
des dieux romains se prolongea jusqu'à ce que le culte officiel romain eût
un tableau de plus de quarante déités humaines s'étant élevées elles-mêmes
à cette dignité, et prétendant toutes à des naissances miraculeuses et à
des attributs surhumains.
Le groupe des croyants de Salem allait s'amenuisant; un sérieux
groupement de prédicateurs, les Cyniques, offrit un sursaut de résistance.
Ils exhortèrent les Romains à abandonner leurs rites religieux sauvages et
insensés et à revenir à une forme de culte incorporant l'évangile de
Melchizédek, tel qu'il avait été modifié et altéré par contact avec la
philosophie des Grecs. Dans son ensemble, le peuple rejeta les Cynique et
préféra se plonger dans le rituel des mystères, qui non seulement lui
offrait l'espoir du salut personnel, mais encore satisfaisait son désir de
diversion, d'excitation, et de distraction.
4. -- LES CULTES DES MYSTÈRES
Ayant perdu leurs religions primitives de famille et d'État, et ne se
trouvant ni capables ni désireux de saisir le sens de la philosophie
grecque, les habitants du monde gréco-romain tournèrent en majorité leur
attention vers les cultes spectaculaires et émotifs des mystères d'Égypte
et du Levant. Les gens du peuple recherchèrent ardemment des promesses de
salut -- une consolation religieuse pour aujourd'hui et des assurances
d'espoir pour après la mort.
Les trois cultes des mystères qui devinrent les plus populaires furent
les suivants:
|
1. Le culte phrygien de Cybèle et de son fils Attis. |
|
2. Le culte égyptien d'Osiris et de sa mère Isis. |
|
3. Le culte iranien d'adoration de Mithra comme sauveur et
rédempteur de l'humanité pécheresse. |
Les mystères phrygiens et égyptiens enseignaient que le fils de Dieu
(respectivement Attis et Osiris) avait passé par la mort et avait été
ressuscité par le pouvoir divin, et qu'en outre tous ceux qui avaient été
convenablement initiés au mystère, et célébraient respectueusement les
anniversaires de la mort et de la résurrection du dieu, participaient de
ce fait à sa nature divine et à son immortalité.
Les cérémonies phrygiennes étaient imposantes mais dégradantes. Leurs
fêtes sanglantes montraient à quelle point les mystères levantins
s'étaient avilis. Le jour le plus saint était le Vendredi Noir, « jour du
sang », commémorant la mort volontaire d'Attis. Après les trois jours où
l'on célébrait le sacrifice et la mort d'Attis, la fête tournait en liesse
en l'honneur de sa résurrection.
Les rites du culte d'Isis et d'Osiris étaient plus raffinés et plus
impressionnants que ceux du culte phrygien. Le rituel égyptien était bâti
autour de la légende de l'ancien dieu du Nil qui mourut et fut ressuscité.
Ce concept dérivait de l'observation que la croissance des plantes
s'arrête selon un rythme annuel récurrent, suivi de la régénération de
tous les végétaux vivants au printemps. La frénésie dans la participation
à ces cultes des mystères et les orgies de leurs cérémonies, qui étaient
censées aboutir à « l'enthousiasme » de la compréhension de la divinité,
atteignaient parfois des proportions absolument révoltantes.
5. -- LE CULTE DE MITHRA
Les mystères phrygiens et égyptiens finirent par s'effacer devant le
plus grand culte des mystères, l'adoration de Mithra. Le culte mithriaque
s'adressait à une vaste gamme de natures humaines et supplanta
graduellement ses deux prédécesseurs. Le mithracisme se répandit dans
l'empire romain par la propagande des légions romaines recrutées au
Levant, où cette religion était en vogue, car les soldats apportaient
cette croyance partout où ils allaient. Ce nouveau rituel religieux fut un
grand progrès sur les cultes primitifs des mystères.
Le culte de Mithra naquit en Iran et subsista longtemps dans sont pays
d'origine, malgré l'opposition militante des zélateurs de Zoroastre. À
l'époque où le mithracisme atteignit Rome, il avait été grandement
amélioré par l'assimilation de nombreux enseignements de Zoroastre. Ce fut
principalement par le culte mithriaque que la religion de Zoroastre exerça
une influence sur le christianisme apparu plus tard.
Le culte mithriaque décrivait un dieu militant prenant naissance dans
un grand rocher, se lançant dans de vaillants exploits, et faisant jaillir
de l'eau d'un rocher frappé par ses flèches. Il y avait une inondation à
laquelle un seul homme échappait dans un bateau spécialement construit, et
un dernier souper que Mithra célébrait avec le dieu-soleil avant de
s'élever au ciel. Ce dieu-soleil, Sol Invictus, était un concept dégénéré
du divin Ahura-Mazda dans la religion de Zoroastre. Mithra était conçu
comme le champion survivant du dieu-soleil dans sa lutte avec le dieu des
ténèbres. En reconnaissance d'avoir tué le taureau mythique sacré, Mithra
fut rendu immortel et élevé au poste d'intercesseur pour la race humaine
parmi les dieux d'en haut.
Les adhérents de ce culte le pratiquaient dans des grottes et autres
lieux secrets où ils chantaient des hymnes, marmottaient des paroles
magiques, mangeaient la chair des animaux sacrifiés, et buvaient leur
sang. Ils adoraient trois fois par jour, avec des cérémonies hebdomadaires
spéciales le jour du dieu-soleil et une observance encore plus minutieuse
lors de la fête annuelle de Mithra, le 25 décembre. La croyance était que
le partage du sacrement assurait la vie éternelle, le passage immédiat
après la mort dans le sein de Mithra, pour y demeurer dans la félicité
jusqu'au jour du jugement; ce jour-là, les chefs mithriaques du ciel
ouvriraient les portes du Paradis pour y recevoir les fidèles, après quoi
tous les non-baptisés parmi les vivants et les morts seraient anéantis
lors du retour de Mithra sur terre. On enseignait qu'après sa mort un
homme allait devant Mithra pour être jugé, et qu'à la fin du monde Mithra
ferait sortir tous les morts de leur tombe pour le jugement dernier. Les
méchants seraient détruits par le feu, et les bons régneraient avec Mithra
pour toujours.
Au début, c'était uniquement une religion pour les hommes; les croyants
pouvaient être initiés successivement dans sept ordres différents. Plus
tard, les femmes et les filles des croyants furent admises aux temples de
la Mère du Monde, qui étaient contigus aux temples mithriaques. Le culte
féminin était un mélange du rituel mithriaque et des cérémonies du culte
phrygien de Cybèle, mère d'Attis.
6. -- MITHRACISME ET CHRISTIANISME
Avant l'apparition des cultes des mystères et du christianisme dans les
pays civilisés d'Afrique du Nord et d'Europe, la religion personnelle ne
s'y était guère développée comme institution indépendante; elle était
plutôt une affaire de famille, de cité-État, de politique, et d'empire.
Les Grecs Hellènes n'instituèrent jamais un système de culte centralisé;
le rituel était local; ils n'avaient ni sacerdoce ni « livre sacré ».
Comme chez les Romains, leurs institutions religieuses manquaient d'un
puissant agent moteur pour préserver les valeurs morales et spirituelles
supérieures. Il est exact que si l'on fait de la religion une institution,
on porte généralement atteinte à sa qualité spirituelle, mais il faut bien
constater aussi que nulle religion n'a jusqu'ici réussi à survivre sans
l'aide d'une organisation qui en fasse plus ou moins une institution.
La religion de l'Occident a donc langui jusqu'aux jours des Sceptiques,
des Cynique, des Épicuriens, et des Stoïciens, mais surtout jusqu'à
l'époque de la grande controverse entre le mithracisme et la nouvelle
religion chrétienne de saint Paul.
Au cours du troisième siècle après J.-C., les Églises mithriaques et
chrétiennes se ressemblèrent beaucoup quant à l'aspect extérieur et au
caractère de leur rituel. Leurs lieux de culte étaient en majorité
souterrains et contenaient dans les deux cas des autels dont les
arrière-plans dépeignaient les souffrances du sauveur qui avait apporté le
salut à une race humaine maudite par le péché.
En entrant au temple, les adorateurs mithriaques avaient toujours eu
l'habitude de tremper leurs doigts dans de l'eau bénite. Or il y avait
dans certains districts des adorateurs appartenant aux deux religions; ils
apportèrent cette coutume dans la majorité des Églises chrétiennes
voisines de Rome. Les deux religions employaient le baptême et
partageaient le sacrement du pain et du vin. En dehors du caractère de
Mithra et de Jésus; la seule différence entre les religions mithriaque et
chrétienne était que la première encourageait le militarisme, tandis que
la seconde était ultra-pacifique. Sa tolérance envers les autres religions
(sauf le christianisme plus récent) conduisit le mithracisme à sa perte
finale, mais le facteur décisif de la lutte entre les deux fut l'admission
des femmes comme membres pleinement qualifiés parmi les adeptes du
christianisme.
La foi chrétienne finit par dominer l'Occident. La philosophie grecque
fournit les concepts de valeurs morales, le mithracisme apporta les rites
d'observance du culte, et le christianisme comme tel donna la technique
pour conserver les valeurs morales et sociales.
7. -- LA RELIGION CHRÉTIENNE
Ce n'est pas pour se concilier un Dieu courroucé qu'un Fils Créateur
s'est incarné dans la similitude d'une chair mortelle et effusé sur
l'humanité d'Urantia; c'est plutôt pour amener toute l'humanité à
reconnaître l'amour du Père et faire comprendre clairement aux hommes leur
filiation avec Dieu. Après tout, même le grand avocat de la doctrine de
l'expiation a quelque peu compris cette vérité, car il a proclamé que «
Dieu est en Christ, réconciliant le monde avec Lui-même (1)»
(1) 2 Corinthiens V-18 à 20; Colossiens
I-19 à 21; Romains V-10.
Le présent fascicule ne cherche pas à analyser l'origine et la
propagation de la religion chrétienne. Il suffit de dire quelle est bâtie
autour de la personne de Jésus de Nazareth, le Fils Micaël de Nébadon
humainement incarné, connu sur Urantia sous le nom du Christ, l'oint du
Seigneur. Le christianisme fut répandu dans tout le Levant et l'Occident
par les disciples de ce Galiléen. Leur zèle missionnaire égalait celui de
leurs illustres prédécesseurs, les Séthites et les Salémites, aussi bien
que celui de leurs sincères contemporains asiatiques, les maîtres
bouddhistes.
En tant que système de croyance urantien, la religion chrétienne a
grandi par l'amalgamation des enseignements, influences, croyances,
cultes, et comportements individuels ci-après:
1. Les enseignements de Melchizédek, facteur fondamental
dans toutes les religions d'Orient et d'Occident qui ont pris corps depuis
quatre mille ans.
2. Le système hébraïque de moralité, d'éthique, de
théologie, et de croyance simultanée en la Providence et en Jéhovah
suprême.
3. La conception zoroastrienne de lutte entre le bien
cosmique et le mal cosmique, conception qui avait déjà laissé son
empreinte sur le judaïsme et le mithracisme.
4. Les cultes des mystères, spécialement le mithracisme,
mais aussi l'adoration de la Mère du Monde dans le culte phrygien. Même
les légendes au sujet de la naissance de Jésus sur Urantia furent viciées
par la version romaine de la naissance miraculeuse du sauveur-héros
iranien Mithra, dont la venue sur terre était censée n'avoir eu pour
témoins qu'un petit groupe de bergers porteurs de présents, qui avaient
été informés de l'événement imminent par des anges.
5. Le fait historique de la vie humaine de Jésus ben
Joseph, la réalité que Jésus de Nazareth est venu comme Christ glorifié,
Fils de Dieu.
6. Le point de vue personnel de Paul de Tarse. Il faut
noter que le mithracisme était la religion dominante à Tarse pendant son
adolescence. Paul ne songeait guère que ses lettres bien intentionnées à
ses convertis seraient plus tard considérées par des Chrétiens comme la «
parole de Dieu ». Des éducateurs de bonne volonté comme lui ne doivent pas
être tenus pour responsables de l'usage que des successeurs venus bien
plus tard auront fait de leurs écrits.
7. La pensée philosophique des Hellénistes depuis
Alexandrie et Antioche, en passant par la Grèce, jusqu'à Syracuse et Rome.
La philosophie des Grecs était plus en harmonie avec la version
paulinienne du christianisme qu'avec aucun autre système religieux
courant. Elle devint un facteur important du succès du christianisme en
Occident. La philosophie grecque, doublée de la théologie de Paul forme
encore la base de la morale européenne.
À mesure que les enseignements originels de Jésus pénétrèrent
l'Occident, ils furent occidentalisés, et à mesure qu'ils furent
occidentalisés, ils commencèrent à perdre leur potentiel d'attrait
universel pour toutes les races et toutes les sortes d'hommes. Aujourd'hui
le christianisme est devenu une religion bien adaptée aux moeurs sociales,
économiques, et politiques des races blanches. Il a cessé depuis longtemps
d'être la religion de Jésus, bien qu'il dépeigne toujours fidèlement une
religion à propos de Jésus aux personnes qui cherchant sincèrement à
suivre la voie de son enseignement. Le christianisme a glorifié Jésus en
tant que Christ, l'oint messianique de Dieu, mais il a grandement oublié
l'évangile personnel du Maître: la Paternité de Dieu et la fraternité
universelle des hommes.
Telle est la longue histoire des enseignements de Machiventa
Melchizédek sur Urantia. Il y a bientôt quatre mille ans que ce Fils de
Nébadon fut envoyé d'urgence sur votre planète et s'y effusa. Au cours de
ces millénaires les enseignements du « prêtre d'El Elyon, le Dieu suprême
», ont entré chez toutes les races et tous peuples. Machiventa avait
atteint le but de son effusion exceptionnelle. Il avait réussi à ce que le
concept de Dieu fût présent dans le coeur des hommes et des femmes au
moment où Micaël se prépara à apparaître sur Urantia. Ce même concept de
Dieu jette toujours de nouvelles flammes dans l'expérience spirituelle
vivante des multiples enfants du Père Universel, pendant qu'ils vivent
leur mystérieuse vie temporelle sur les planètes tourbillonnantes de
l'espace.
[Présenté par un Melchizédek de Nébadon.]
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