DÉITÉ ET RÉALITÉ
Même pour des ordres élevés d'intelligences universelles, l'infinité
n'est que partiellement compréhensible et la finalité de la réalité n'est
que relativement intelligible. Quand la pensée humaine cherche à pénétrer
le mystère de tout ce que l'on appelle réel, il peut lui être utile
d'aborder le problème en concevant l'éternité-infinité comme une ellipse à
peu près illimitée produite par une cause absolue unique fonctionnant dans
cette orbite universelle en se diversifiant perpétuellement et en
cherchant toujours quelque potentiel de destinée absolu et infini.
Quand l'intellect humain, qui est fini, cherche à saisir le concept de
la totalité de la réalité, la pensée se trouve face à face avec l'infinité-réalité.
La totalité de la réalité est l'infinité; elle ne peut donc jamais être
pleinement comprise par une pensée dont l'aptitude à concevoir est
subinfinie.
La pensée humaine ne peut guère se former un concept adéquat des
existences éternelles et, à défaut de cette compréhension, il est
impossible de décrire même nos propres concepts de la totalité de la
réalité. Nous pouvons néanmoins faire un effort pour les présenter, tout
en nous rendant pleinement compte qu'il leur faudra subir de profondes
déformations au cours du processus de traduction-modification qui amènera
ces concepts au niveau de compréhension de la pensée humaine.
1. -- LE CONCEPT PHILOSOPHIQUE DU « JE SUIS »
La causalité primordiale absolue dans l'infinité est attribuée par les
philosophes de l'univers au Père Universel agissant sous l'aspect du JE
SUIS infini, éternel, et absolu.
La présentation aux penseurs humains de l'idée d'un JE SUIS infini
comporte beaucoup de risques, parce que ce concept est si éloigné des
idées expérientielles humaines qu'il implique de sérieuses déformations de
sens et de graves malentendus sur les valeurs. Quoi qu'il en soit, le
concept philosophique du JE SUIS fournit aux êtres finis une base pour
essayer d'approcher la compréhension partielle des origines absolues et
des destinées infinies. Mais dans toutes nos tentatives pour élucider la
genèse et la maturation de la réalité, précisons que, dans toutes les
significations et valeurs personnelles, le concept du JE SUIS est synonyme
de la Première Personne de la Déité, le Père Uni de toutes les
personnalités. Ce postulat du JE SUIS n'est toutefois pas aussi facilement
identifiable dans les royaumes non-déifiés de la réalité universelle.
Le JE SUIS est l'Infini; le JE SUIS est aussi l'infinité. Du
point de vue de la continuité dans le temps, toute réalité a son origine
dans l'infini JE SUIS, dont l'existence solitaire dans l'éternité infinie
du passé doit être le premier postulat philosophique d'une créature finie.
Le concept du JE SUIS implique l'infinité inconditionnée, la
réalité indifférenciée de tout ce qui est susceptible d'exister dans une
éternité infinie.
En tant que concept existentiel, le JE SUIS n'est ni déifié ni
non-déifié, ni réel ni potentiel, ni personne ni impersonnel, ni statique
ni dynamique. Aucune qualification ne peut être appliquée à l'Infini, mais
on peut affirmer que le JE SUIS est. Le postulat philosophique du
JE SUIS est un concept universel un peu plus difficile à comprendre
que l'Absolu Inconditionné.
Pour la pensée finie, il faut absolument qu'il y ait un commencement.
Or, bien que la réalité n'ait jamais eu de vrai commencement, elle
manifeste envers l'infinité certaines relations de source. On peut
imaginer à eu près comme suit la situation d'éternité pré-réelle,
primordiale. À un moment infiniment lointain et hypothétique de l'éternité
passée, on peut concevoir que le JE SUIS était à la fois volition et
réaction. A ce moment hypothétique de l'éternité passée, l'infinité ne
présente nulle part de différenciation. L'infinité est remplie par
l'Infini; l'Infini englobe l'infinité. C'est le moment statique de
l'éternité; les manifestations sont encore incluses dans leur potentiel,
et les potentiels ne sont pas encore apparus dans l'infinité du JE SUIS.
Toutefois, même dans cette situation, il nous faut admettre que la
possibilité de volonté autonome existe.
Rappelez-vous toujours que la compréhension du Père Universel par
l'homme est une expérience personnelle. Dieu en tant que Père spirituel
est compréhensible par vous et par tous les autres mortels, mais votre
concept religieux expérientiel du Père Universel doit toujours rester
subordonné à votre postulat philosophique de l'infinité de la
Source-Centre Première, le JE SUIS. Quand nous parlons du Père, il
s'agit de Dieu tel qu'il est susceptible d'être compris par ses créatures
humbles ou élevées, mais une fraction bien plus grande de la Déité est
incompréhensible aux créatures de l'univers.
Dieu, votre Père et mon Père, est la phase de l'Infini que nous
percevons dans notre personnalité comme une réalité expérientielle
manifeste, mais le JE SUIS subsiste toujours comme hypothèse de tout ce
que nous sentons inconnaissable dans la Source-Centre Première. Cette
hypothèse elle-même reste probablement très en deçà de l'infinité insondée
de la réalité originelle.
L'univers des univers, avec les innombrables légions de personnalités
qui l'habitent, est un organisme immense et complexe, mais la
Source-Centre Première est infiniment plus complexe que les univers et
personnalités qui sont devenus manifestes en réponse ses ordres délibérés.
Quand vous contemplez avec une crainte respectueuse l'immensité du maître
univers, arrêtez-vous pour songer que même cette création inconcevable ne
peut rien être de plus qu'une révélation partielle de l'Infini.
L'infinité est assurément très éloignée du niveau d'expérience de la
compréhension humaine, mais même au cours du présent âge sur Urantia, vos
concepts de l'infinité grandissent et continueront à grandir durant vos
carrières sans fin qui s'échelonneront dans l'éternel futur. L'infinité
inconditionnée n'a pas de sens pour les créatures finies, mais l'infinité
est capable de se limiter et susceptible d'exprimer la réalité aux
existences de tous les niveaux de l'univers. La face que l'Infini tourne
vers toutes les personnalités de l'univers est le visage d'un Père, le
Père Universel d'amour.
2. -- LE « JE SUIS » TRIN ET SEPTUPLE
En étudiant la genèse de la réalité, n'oubliez jamais que toute réalité
absolue vient de l'éternité et n'a pas de commencement d'existence. Par
réalité absolue, nous voulons parler des trois personnes existentielles de
la Déité, de l'Île du Paradis, et des trois Absolus. Ces sept réalités
sont éternellement coordonnées, mais il nous faut recourir au langage de
l'espace-temps pour présenter aux êtres humains la séquence de leur
origine.
En suivant « chronologiquement » la description des origines de la
réalité, il faut admettre un instant théorique de « première » expression
volitive et de « première » répercussion réactive dans le JE SUIS. Dans
nos tentatives pour dépeindre la genèse et la génération de la réalité, on
peut concevoir qu'à ce stade l'Être Infini se différencie de L'Infinitude,
mais il faut toujours étendre ce postulat d'une relation double à une
conception triple en reconnaissant le continuum éternel de L'Infinité,
du JE SUIS.
La métamorphose spontanée du JE SUIS culmine dans les multiples
différenciations de la réalité déifiée et non-déifiée, de la réalité
potentielle et manifestée, et de certaines autres réalités que l'on ne
peut guère classer ainsi. Ces différenciations du JE SUIS théorique et
moniste sont éternellement intégrées par des relations simultanées qui
s'établissent dans le même JE SUIS la pré-réalité monothétique
pré-potentielle, pré-manifeste, pré-personnelle. Celle-ci, tout en étant
infinie, se révèle comme un absolu en présence de la Source-Centre
Première et comme une personnalité dans l'amour sans limite du Père
Universel.
Par ces métamorphoses internes, le JE SUIS établit les baies d'une
relation septuple. On peut maintenant élargir le concept philosophique
(temporel) du JE SUIS solitaire et le concept transitoire (temporel) du JE
SUIS trin pour englober le JE SUIS en tant que septuple. Pour se faire une
idée de cette nature septuple -- ou a sept phases -- le mieux est de
l'étudier par rapport aux Sept Absolus de l'Infinité:
1. Le Père Universel. JE SUIS père du Fils Éternel.
C'est la relation personnelle primordiale des réalités. La personnalité
absolue du Fils rend absolu le fait de la paternité de Dieu et institue la
filiation potentielle de toutes les personnalités. Cette relation établit
la personnalité de l'Infini et consomme sa révélation spirituelle dans la
personnalité du Fils Originel. Même les mortels encore incarnés peuvent
expérimenter partiellement cette phase du JE SUIS, s'ils adorent notre
Père.
2. Le Contrôleur Universel. JE SUIS cause de
l'éternel Paradis. C'est la relation impersonnelle primordiale des
réalités, l'association non-spirituelle originelle. Le Père Universel est
Dieu-amour; le Contrôleur Universel est Dieu-archétype. Cette relation
établit le potentiel des formes -- des configurations et détermine le
maître archétype des relations impersonnelles et non-spirituelles -- le
maître archétype -- d'après lequel toutes les copies sont faites.
3. Le Créateur Universel. JE SUIS Un avec le Fils
Éternel. Cette union du Père et du Fils (en présence du Paradis) inaugure
le cycle créateur, lequel est consommé dans l'apparition de la
personnalité conjointe et de l'univers éternel. Du point de vue fini des
mortels, la réalité commence vraiment avec l'apparition dans l'éternité de
la création de Havona. Cet acte créateur de la Déité s'effectue par le
Dieu d'Action, qui est en essence l'unité du Père-Fils manifestée sur et à
tous les niveaux de réalité. C'est pourquoi la créativité divine est
infailliblement caractérisée par une unité qui est le reflet extérieur de
l'unicité absolue de la dualité Père-Fils et de la Trinité
Père-Fils-Esprit.
4. Le Soutien Infini. JE SUIS associable à
lui-même. C'est l'association primordiale entre la réalité potentielle et
la réalité statique. Dans cette relation, tous les facteurs conditionnés
et inconditionnés sont compensés. La notion qui permet le mieux de
comprendre cette phase du JE SUIS de l'Absolu est celle de l'Absolu
Universel -- l'unificateur de la Déité Absolue et de l'Absolu
Inconditionné.
5. Le Potentiel Infini. JE SUIS conditionné par
lui-même. C'est la borne-repère de l'infinité portant témoignage éternel
que le JE SUIS s'est limité par sa propre volonté, à la suite de quoi il
s'est exprimé et révélé sous forme triple. Cette phase du JE SUIS est
généralement comprise en tant que Déité Absolue.
6. L'Aptitude Infinie. JE SUIS statique-réactif.
C'est la matrice sans bornes, la possibilité de toutes les expansions
cosmiques futures. La meilleure manière de concevoir cette phase du JE
SUIS est peut-être la notion de la présence super-gravitationnelle de
l'Absolu Inconditionné.
7. L'Unicité Universelle de l'Infinité. JE SUIS ce
que JE SUIS. C'est la stase, ou relation de l'Infinité avec elle-même, le
fait éternel de la réalité infinie et la vérité universelle de l'infini
réel. Dans la mesure où cette relation est discernable en tant que
personnalité, elle est révélée aux univers sous l'aspect du divin Père de
toutes les personnalités -- même de la personnalité absolue. Dans la
mesure où cette relation est exprimable impersonnellement, l'univers prend
contact avec elle en tant que cohérence absolue de pure énergie et de pur
esprit en présence du Père Universel. Dans la mesure où cette relation est
concevable comme un absolu, elle est révélée dans la primauté de la
Source-Centre Première. Depuis les créatures de l'espace jusqu'aux
citoyens du Paradis, c'est en elle que nous vivons, nous nous mouvons, et
avons notre existence (1) ; et ceci est tout aussi vrai du maître univers
que de l'infinitésimal ultimaton, tout aussi vrai de ce qui doit être que
de ce qui est, et de ce qui a été.
(1) Actes XVII-28.
3. -- LES SEPTS ABSOLUS DE L'INFINITÉ
Les sept relations primordiales à l'intérieur du JE SUIS deviennent
éternelles sous l'aspect des Sept Absolus d'Infinité. Nous décrivons les
origines de la réalité et les différenciations de l'infinité par un exposé
chronologique, mais en fait les sept Absolus sont tous éternels d'une
manière inconditionnée et coordonnée. Il est peut-être nécessaire aux
penseurs mortels de concevoir leur commencement, mais cette conception
devrait toujours être dominée par la notion claire que les sept Absolus
n'ont pas eu de commencement; ils sont éternels et l'ont toujours été en
tant qu'absolus. Les sept Absolus sont les prémices de la réalité; et ils
sont décrits comme suit dans les présents fascicules:
1. La Source-Centre Première. Première Personne de
la Déité et archétype primordial non-déifié, Dieu, l'Universel Père,
créateur, contrôleur, et soutien; amour universel, esprit éternel, et
énergie infinie; potentiel de tous les potentiels et source de toutes les
réalités; stabilité de toute statique et dynamisme de tout mouvement;
source des archétypes et Père des personnes. Collectivement, les sept
Absolus équivalent à l'infinité, mais le Père Universel lui-même est
effectivement infini.
2. La Source-Centre Seconde. La Seconde Personne de
la Déité, le Fils Éternel et Originel; les réalités personnelles absolues
du JE SUIS et la base pour la révélation-compréhension de « Je
SUIS personnalité ». Nulle personnalité ne peut espérer atteindre le
Père Universel sinon par son Fils Éternel. Les personnalités ne peuvent
pas non plus atteindre les niveaux spirituels d'existence sans l'action et
l'aide de cet archétype absolu de toutes les personnalités. Dans la
Source-Centre Seconde, l'esprit est inconditionné, tandis que la
personnalité est absolue.
3. La Source-Centre du Paradis. Deuxième archétype
non-déifié, l'Île éternelle du Paradis; la base pour la
révélation-compréhension de « JE SUIS force » et l'infrastructure pour
l'établissement du contrôle gravitationnel dans tous les univers. Par
rapport à toute la réalité manifestée, non-spirituelle, impersonnelle, et
non-volitive, le Paradis est l'archétype des absolus. De même que
l'énergie spirituelle est reliée au Père Universel par la personnalité
absolue du Fils-Mère, de même toute l'énergie cosmique est soumise au
contrôle gravitationnel de la Source-Centre Première par l'archétype
absolu de l'Île du Paradis. Le Paradis n'est pas dans l'espace, c'est
l'espace qui existe relativement au Paradis, et la chronicité du mouvement
est déterminée par des relations avec le Paradis. L'Île éternelle est
absolument au repos; toutes les autres énergies organisées ou en cours
d'organisation sont en mouvement perpétuel. Dans tout l'espace, seule est
en état de repos la présence de l'Absolu Inconditionné, et l'Inconditionné
est coordonné avec le Paradis. Le Paradis existe au foyer de l'espace,
l'Inconditionné l'imprègne, et tout ce qui est relatif a son existence
dans ce domaine.
4. La Source-Centre Troisième. Troisième Personne
de la Déité, l'Acteur Conjoint; l'intégrateur infini des énergies
cosmiques du Paradis avec les énergies spirituelles du Fils Éternel; le
parfait coordonnateur des motifs de la volonté et des mécanismes de la
force; l'unificateur de toute la réalité manifestée ou en voie de
manifestation. Par les soins de ses multiples enfants, l'Esprit Infini
révèle la miséricorde du Fils Éternel, tout en opérant en même temps comme
manipulateur infini, tissant perpétuellement l'archétype du Paradis dans
les énergies de l'espace. Cet Acteur Conjoint, ce Dieu d'Action, est
l'expression parfaite des plans et desseins du Père-Fils, tout en agissant
lui-même comme source de pensée et attributeur d'intelligence aux
créatures d'un immense cosmos.
5. La Déité Absolue. Les possibilités causales
potentiellement personnelles de la réalité universelle, la totalité du
potentiel de toute la Déité. Les intentions de la Déité Absolue
conditionnent les réalités inconditionnées, absolues, et non déifiées. La
Déité Absolue conditionne l'absolu et rend absolu le conditionné -- elle
est l'initiatrice de la destinée.
6. L'Absolu Inconditionné. Statique, réactif, et
passif; l'infinité cosmique non révélée du JE SUIS; la totalité de la
réalité non-déifiée et la finalité de tout le potentiel impersonnel.
L'espace limite les fonctions de l'Inconditionné, mais la présence de
l'Inconditionné est sans limites, elle est infinie. Il existe un concept
de périphérie pour le maître univers, mais la présence de l'Inconditionné
est illimitée; l'éternité elle-même ne saurait épuiser la paix sans bornes
de cet Absolu non-déifié.
7. L'Absolu Universel. Unificateur du déifié et du
non-déifié; corrélateur de l'absolu et du relatif. L'Absolu Universel
(étant statique, potentiel, et associatif) compense la tension entre
l'existentiel éternel et l'inachevé.
Les Sept Absolus de l'Infinité constituent les commencements de la
réalité. Vue par les penseurs mortels, la Source-Centre Première paraît
antérieure à tous les absolus. Si utile que soit ce postulat, il est
invalidé par la coexistence dans l'éternité du Fils, de l'Esprit, des
trois Absolus, et de l'Île du Paradis.
C'est une vérité que les Absolus sont des manifestations du JE
SUIS Source-Centre Première; c'est un fait que ces Absolus n'ont
jamais eu de commencement, mais sont d'éternels coordonnés de la
Source-Centre Première. Les relations des Absolus dans l'éternité ne
peuvent pas toujours être présentées sans que cela implique des paradoxes
dans le langage du temps et dans les archétypes conceptuels de l'espace.
Indépendamment de toute confusion concernant l'origine des Sept Absolus de
l'Infinité, c'est à la fois un fait et une vérité que toute réalité est
fondée sur leur existence éternelle et sur leurs relations infinies.
4. -- UNITÉ, DUALITÉ, ET TRIUNITÉ
Les philosophes de l'univers admettent le postulat que l'existence
éternelle du JE SUIS est la source primordiale de toute réalité. Ils
admettent en même temps le second postulat que le JE SUIS se segmente en
sept relations primaires avec lui-même -- les sept phases de l'infinité.
Ils acceptent encore simultanément un troisième postulat, l'apparition
dans l'éternité des Sept Absolus de l'Infinité, et l'éternité des
associations binaires des sept phases du JE SUIS avec ces sept Absolus.
Le JE SUIS se révèle donc à lui-même en partant de son existence
statique, en passant par la segmentation de lui-même et les relations avec
lui-même, pour aboutir à des relations absolues -- des relations avec des
Absolus dérivés de lui-même. La dualité devient ainsi existentielle dans
l'association éternelle des Sept Absolus de l'Infinité avec la septuple
infinité des phases auto-segmentées du JE SUIS auto-révélateur. Ces
relations binaires, s'éternisant pour les univers sous l'aspect des sept
Absolus, rendent éternelles les bases fondamentales de toute la réalité
universelle.
On a parfois affirmé que l'unité engendre la dualité, que la dualité
engendre la triunité, et que la triunité est l'ancêtre éternel de toutes
choses. En vérité y a trois grandes classes de relations primordiales, et
ce sont les suivantes:
1. Relations d'unité. Relations internes du JE SUIS
quand on en conçoit l'unité comme une différenciation trine, puis
septuple.
2. Relations de dualité. Relations existant entre
le JE SUIS en tant que septuple et les Sept Absolus de l'Infinité.
3. Relations de triunité. Ce sont les associations
fonctionnelles des Sept Absolus de l'Infinité.
Les relations de triunité s'élèvent sur des fondements de dualité parce
que l'interassociation des Absolus est inévitable. Les associations
trinitaires éternisent le potentiel de toute la réalité; elles englobent
la réalité déifiée et la réalité non-déifiée.
En tant qu'unité, le JE SUIS est l'infinité inconditionnée. Les
dualités éternisent les fondements de la réalité. Les triunités
font clairement concevoir l'infinité comme une fonction
universelle.
Les pré-existentiels deviennent existentiels dans les sept Absolus, et
les existentiels deviennent fonctionnels dans les triunités, associations
fondamentales des Absolus. En même temps que les triunités sont rendues
éternelles, le stade de l'univers est établi -- les potentiels existent et
les manifestations sont présentes. Alors la plénitude de l'éternité voit
l'énergie cosmique se diversifier, l'esprit du Paradis se répandre, et le
don de la pensée s'effectuer. Grâce à l'attribution de la personnalité,
tous ces dérivés de la Déité et du Paradis sont unifiés dans l'expérience
sur le niveau des créatures, et unifiés par d'autres techniques sur le
niveau des super-créatures.
5. -- PROMULGATION DE LA RÉALITÉ FINIE
De même que la diversification originelle du JE SUIS doit être
attribuée à une volition inhérente, de même la promulgation de la réalité
finie doit être imputée aux actes volitifs de la Déité du Paradis et aux
ajustements corrélatifs des triunités fonctionnelles.
Avant la divinisation du fini, il semblerait que toutes les
diversifications de la réalité aient pris place sur des niveaux absolus;
mais l'acte volitif promulguant la réalité finie comporte un caractère
absolu et implique l'apparition de relativités.
Bien que nous présentions cet exposé comme une séquence et que nous
décrivions l'apparition historique du fini comme dérivant directement de
l'absolu, il faut se rappeler que les transcendantaux ont à la fois
précédé et suivi tout ce qui est fini. Par rapport au fini, les ultimes
transcendantaux sont à la fois des causes et des aboutissements.
La possibilité du fini est inhérente à l'Infini, mais la transmutation
de la possibilité en probabilité et en inévitabilité doit être attribuée
au libre arbitre existentiel de la Source-Centre Première stimulant toutes
les associations de triunité. Seule l'infinité de la volonté du Père
pouvait conditionner le niveau absolu d'existence de manière à faire
apparaître des valeurs ultimes et à créer des valeurs finies.
Avec l'apparition de la réalité relative et conditionné, un nouveau
cycle de réalité -- le cycle de croissance -- prend naissance. C'est un
majestueux débordement allant des hauteurs de l'infini vers le domaine du
fini, convergeant perpétuellement vers le Paradis et la Déité, et
recherchant toujours les hautes destinées commensurable avec une source
infinie.
Ces opérations inconcevables marquent le commencement de l'histoire
universelle, dénotent la venue à l'existence du temps lui-même. Pour une
créature, le commencement du fini est la genèse de la réalité; sous
l'angle de pensée d'une créature, nulle réalité antérieure au fini n'est
concevable. La nouvelle réalité finie émergente existe sous deux phases
originelles:
1. Les maxima primaires, la réalité suprêmement
parfaite, le type Havonien d'univers et de créatures.
2. Les maxima secondaires, la réalité suprêmement
perfectionnée, le type superuniversel de créatures et de création.
Les deux manifestations originelles sont donc le parfait par
constitution et le perfectionné par évolution. Les deux sont coordonnées
en rapports d'éternité mais, dans les limites du temps, elles semblent
différentes. Le facteur temps signifie croissance pour ce qui grandit. Les
finis secondaires croissent, donc ce qui grandit doit apparaître comme
incomplet dans le temps. Ces différences, qui sont tellement importantes
de ce côté-ci du Paradis, sont inexistantes dans l'éternité.
Nous parlons du parfait et du perfectionné comme maxima primaires et
secondaires, mais il existe encore un autre type de maximum. La
trinitisation et certaines autres relations entre les maxima primaires et
les maxima secondaires se traduisent par l'apparition de maxima
tertiaires -- des créations, des significations, et des valeurs qui ne
sont ni parfaites ni perfectionnées, mais cependant coordonnées avec leurs
facteurs ancestraux.
6. -- RÉPERCUSSIONS DE LA RÉALITÉ FINIE
L'ensemble de la promulgation des existences fini se représente un
transfert du potentiel à la manifestation, à l'intérieur des associations
absolues de l'infinité fonctionnelle. Parmi les nombreuses répercussions
de la réalisation créative du fini on peut citer:
1. La réaction de la déité, l'apparition des trois
niveaux de suprématie expérientielle: la manifestation de la suprématie
spirituelle-personnelle dans Havona, le potentiel de suprématie
personne-pouvoir dans le grand univers en formation, et l'aptitude à une
fonction inconnue dans la pensée expérientielle agissant sur un niveau de
suprématie dans le futur maître univers.
2. La réaction de l'univers impliquait une
stimulation des plans architecturaux pour le niveau spatial superuniversel;
cette évolution se poursuit encore dans toute l'organisation physique des
sept superunivers.
3. La répercussion sur les créatures de la
promulgation de la réalité finie se traduisit par l'apparition d'êtres
parfaits de l'ordre des habitants éternels de Havona, et d'ascendeurs
évolutionnaires perfectionnés venant des sept superunivers. Mais le fait
d'atteindre la perfection par expérience évolutionnaire (créative de
temps) implique quelque chose d'autre-que-la- perfection comme point de
départ. L'imperfection apparaît alors dans les créations évolutionnaires,
et c'est l'origine du mal potentiel. Les défauts d'adaptation, les
inharmonies, et les conflits sont inhérents à la croissance
évolutionnaire, depuis les univers physiques jusqu'aux créatures
personnelles.
4. La réaction de la divinité à l'imperfection
inhérente aux délais de l'évolution se révèle dans la présence
compensatrice de Dieu le Septuple, dont les activités intègrent ce qui est
en voie de perfectionnement, à la fois avec ce qui est parfait et avec ce
qui est déjà perfectionné. L'hystérésis est inséparable de l'évolution,
qui est la créativité dans le temps. À cause de cela et pour d'autres
raisons encore le pouvoir tout-puissant du Suprême est fondé sur les
succès divins de Dieu le Septuple. Ce décalage rend possible aux créatures
de participer à la création divine, en permettant aux personnalités créées
de s'associer à la Déité pour atteindre un développement maximum. Même la
pensée matérielle d'une créature mortelle devient ainsi partenaire de
l'Ajusteur de Pensée pour donner sa dualité à l'âme immortelle. Dieu le
Septuple fournit aussi les techniques pour compenser les limitations
expérientielles de la perfection inhérente et les limitations
pré-ascensionnelles de l'imperfection.
7. -- APPARITION DES TRANSCENDANTAUX
Les transcendantaux sont subinfinis et subabsolus, mais superfinis et
supercréés. Les transcendantaux apparaissent comme un niveau intégrateur
reliant les supervaleurs des absolus avec les valeurs maxima des finis. Du
point de vue des créatures, ce qui est transcendantal semble avoir surgi
comme conséquence du fini. Du point de vue de l'éternité, c'est une
anticipation du fini; et d'autres encore le considèrent comme un «
pré-écho » du fini.
Un transcendantal peut être sujet à développement, mais dépasse
l'évolution au sens fini. Il n'est pas non plus non-expérientiel, mais il
est une super-expérience dans la mesure où cela a un sens pour les
créatures. Le meilleur exemple d'un tel paradoxe est l'univers central de
perfection. Havona n'est pas tout à fait absolu -- seule l'Île du Paradis
est vraiment absolue au sens « matérialisé ». Il n'est pas non plus une
création évolutionnaire finie comme les sept superunivers. Havona est
éternel, mais non immuable au sens d'être un univers sans croissance. Il
est habité par des créatures (les natifs de Havona) qui n'ont jamais été
effectivement créées, car elles existent de toute éternité. Havona est
ainsi un exemple de quelque chose qui n'est pas exactement fini ni
cependant absolu. Havona joue en outre le rôle de tampon entre le Paradis
absolu et les créations finies, ce qui donne un nouvel exemple de la
fonction des transcendantaux; mais Havona lui-même n'est pas un
transcendantal -- il est Havona.
De même que le Suprême est associé à des éléments finis, de même
l'Ultime est identifié à des transcendantaux. Bien que nous comparions
ainsi le Suprême et l'Ultime, ils diffèrent par quelque chose de plus que
le degré; la différence est également qualitative. L'Ultime est quelque
chose de plus qu'un super-Suprême projeté sur le niveau transcendantal. Il
est tout cela, mais aussi davantage: l'Ultime est une apparition de
nouvelles réalités divines, le conditionnement de nouvelles phases de ce
qui jusqu'alors était inconditionné.
Parmi les réalités associées au niveau transcendantal nous citerons les
suivantes:
|
1. La présence divine de l'Ultime. |
|
2. Le concept du maître univers. |
|
3. Les Architectes du Maître Univers. |
|
4. Les deux ordres d'organisateurs de force du
Paradis. |
|
5. Certaines modifications de la puissance spatiale. |
|
6. Certaines valeurs de l'esprit. |
|
7. Certaines significations de la pensée. |
|
8. Les qualités et réalités absonites. |
|
9. L'omnipotence, l'omniscience, et l'omniprésence. |
|
10. L'espace. |
On peut imaginer l'univers dans lequel nous vivons aujourd'hui comme
existant sur des niveaux finis, transcendantaux, et absolus. C'est
l'amphithéâtre cosmique dans lequel se jouent les scènes perpétuelles des
performances des personnalités et des métamorphoses de l'énergie.
Toutes ces multiples réalités sont unifiées absolument par les
diverses triunités, fonctionnellement par les Architectes du Maître
Univers, et relativement par les Sept Maîtres Esprits,
coordonnateurs sub-suprêmes de la divinité de Dieu le Septuple.
Dieu le Septuple représente la révélation de la personnalité et de la
divinité du Père Universel aux créatures de statut maximum et sub-maximum,
mais il existe d'autres relations septuples de la Source-Centre Première
qui ne concernent pas la manifestation du divin ministère spirituel de
Dieu qui est esprit.
Dans l'éternel passé, les forces des Absolus, les esprits des Déités,
et les personnalités des Dieux se mobilisèrent en réponse à la volonté
autonome primordiale du libre arbitre existant par lui-même. Au cours du
présent âge de l'univers, nous assistons aux prodigieuses répercussions de
l'immense panorama cosmique des manifestations subabsolues des potentiels
illimités de toutes ces réalités. Il est parfaitement possible que la
diversification continue de la réalité originelle de la Source-Centre
Première se poursuive et s'extériorise pendant des âges et des âges,
jusque dans les étendues lointaines et inconcevables de l'infinité
absolue.
[Présenté par un Melchizédek de Nébadon.]
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