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FASCICULE 118

 

 

LE SUPRÊME ET L'ULTIME — TEMPS ET ESPACE

AU sujet des diverses natures de la Déité, on peut dire que:

  1. La nature du Père est d'exister en soi.
  2. La nature du Fils est de coexister.
  3. La nature de l'Esprit est d'exister conjointement.
  4. La nature du Suprême est évolutionnaire-expérientielle.
  5. La nature du Septuple est de répartir la divinité.
  6. La nature de l'Ultime est transcendantale-expérientielle.
  7. La nature de l'Absolu est existentielle-expérientielle.

Dieu le Septuple est indispensable à l'épanouissement évolutionnaire du Suprême, mais le Suprême est également indispensable à l'émergence finale de l'Ultime. La double présence du Suprême et de l'Ultime constitue l'association fondamentale de la Déité subabsolue et dérivée, car tous deux sont interdépendants et complémentaires pour accomplir la destinée. Ensemble ils forment le pont expérientiel qui relie les commencements et les parachèvements de toute croissance créative dans le maître univers.

La croissance créative est sans fin, mais toujours satisfaisante; elle est indéfinie en étendue, mais toujours ponctuée par les moments plaisants pour la personnalité, où le but est provisoirement atteint, et qui servent si efficacement de prélude à la mobilisation des forces de l'être pour de nouvelles aventures de croissance cosmique, d'exploration de l'univers, et d'aboutissement de la Déité.

Bien que le domaine des mathématiques soit entouré de limitations qualitatives, il procure à la pensée finie un concept de base pour contempler l'infinité. Les nombres n'ont pas de limitation quantitative, même dans la compréhension des penseurs finis. Si grand que soit le nombre conçu, vous pouvez toujours envisager d'y ajouter une unité. Vous pouvez également comprendre que vous restez en deçà de l'infini, car quel que soit le nombre de fois où vous répétez cette addition, vous pouvez toujours la répéter une fois de plus.

En même temps, les séries infinies peuvent être totalisées à un point donné quelconque, et ce total (ou plus exactement cette somme partielle) procure à une personne donnée, ayant à un moment donné un statut donné, la pleine douceur d'avoir atteint un but. Mais tôt ou tard la même personne recommence à languir après des buts nouveaux et supérieurs; et ces aventures de croissance se renouvellent éternellement dans la plénitude des temps et dans les cycles de l'éternité.

Chaque âge successif de l'univers est le prélude de l'ère suivante de croissance cosmique, et chaque époque de l'univers attribue une destinée immédiate à tous les stades précédents. En soi et par soi, Havona est une création parfaite, mais limitée dans sa perfection. La perfection de Havona, se répandant dans les superunivers évolutionnaires, y trouve non seulement une destinée cosmique, mais aussi la libération des entraves de l'existence pré-évolutionnaire.

1. -- LE TEMPS ET L'ÉTERNITÉ

Il est utile à l'homme, pour son orientation cosmique, d'arriver à comprendre aussi bien que possible les rapports de la Déité avec le cosmos. La Déité absolue est éternelle par nature, mais les Dieux sont reliés au temps à titre expérientiel dans l'éternité. Dans les univers évolutionnaires, l'éternité est la perpétuité temporelle l'éternel maintenant.

La personnalité des créatures humaines peut devenir éternelle en s'identifiant avec l'esprit intérieur par la technique consistant à choisir de faire la volonté du Père. Cette consécration de la volonté équivaut à concevoir clairement un but dans sa réalité et son éternité. Cela signifie que le dessein de la créature est devenu invariant par rapport à la succession des instants; ou en d'autres termes, que les moments qui se succèdent ne verront aucun changement d'intention. Un million ou un milliard de moments n'y changeront rien. Les nombres ont cessé d'avoir une signification pour les desseins de la créature. C'est ainsi que le choix de la créature s'ajoutant au choix de Dieu se traduit par les réalités éternelles de l'union sans fin entre l'esprit de Dieu et la nature de l'homme, au service perpétuel des enfants de Dieu et de leur Père du Paradis.

Il existe dans tout intellect donné une relation directe entre la maturité d'esprit et la conscience d'une unité de mesure du temps. Cette unité de temps peut être un jour, une année, ou une période plus longue, mais elle est inévitablement le critère par lequel la personne consciente apprécie les circonstances de la vie et par lequel l'intellect imaginateur mesure et évalue les faits de l'existence temporelle.

L'expérience, la sagesse, et le jugement coïncident avec l'allongement de l'unité de temps dans l'expérience humaine. Quand la pensée humaine remonte dans le passé, elle évalue l'expérience antérieure avec l'intention d'influencer la situation actuelle. Quand la pensée s'étend dans l'avenir, elle essaye d'évaluer la signification future d'un acte possible. Ayant ainsi tenu compte de l'expérience et de la sagesse, la volonté humaine prend une décision-jugement dans le présent, et le plan d'action ainsi né du passé et de l'avenir devient manifeste.

Dans la maturité de la personne qui se développe, le passé et l'avenir sont réunis pour éclairer la vraie signification du présent. À mesure que la personne mûrit, elle recourt pour son expérience à un passé de plus en plus lointain, tandis que ses prévisions de sagesse cherchent à pénétrer de plus en plus profondément dans l'avenir inconnu. Et à mesure que la personne étend davantage ses conceptions dans le passé et le futur, son jugement dépend de moins en moins du présent momentané. La décision-action commence alors à échapper aux liens du présent momentané, tandis quelle revêt progressivement les aspects de la signification passé-futur.

La patience est le lot des hommes dont les unités de temps sont courtes. La vraie maturité transcende la patience par une longanimité née d'une réelle compréhension de la valeur du temps.

Mûrir, c'est vivre plus intensément dans le présent et en même temps se dégager des limitations du présent. Les plans de maturité, fondés sur l'expérience passée, se réalisent dans le présent de manière à rehausser les valeurs de l'avenir.

L'unité de compte du temps chez les personnes non mûres concentre les significations-valeurs dans le moment présent de telle manière que le présent est séparé du non-présent -- du passé-futur. L'unité de temps de la maturité a des proportions qui révèlent les relations coordonnées du passé-présent-futur de telle manière que la personne pénètre par clairvoyance dans l'ensemble des événements. Elle commence à apercevoir le paysage du temps sous la perspective panoramique des horizons élargis, et peut-être à soupçonner le continuum éternel sans commencement ni fin dont les fragments s'appellent le temps.

Sur les niveaux de l'infini et de l'absolu, le moment présent contient tout le passé aussi bien que tout le futur. JE SUIS signifie également J'AI ÉTÉ et JE SERAI, et ceci représente notre meilleure conception de l'éternité et de l'éternel.

Sur les niveaux absolus et éternels, la réalité potentielle a tout autant de signification que la réalité manifestée. C'est seulement sur les niveaux finis et pour les créatures liées par le temps que la différence paraît si vaste. Pour Dieu en tant qu'absolu, un ascendeur qui a pris la décision éternelle est déjà un finalitaire du Paradis; mais grâce aux Ajusteurs de Pensée intérieurs, le Père Universel n'est pas limité à cela dans sa conscience; il peut aussi connaître et participer à toutes les luttes temporelles concernant les problèmes de l'ascension des créatures, depuis les niveaux d'existence où celles-ci ressemblent à des animaux jusqu'à ceux où elles ressemblent à Dieu.

2. -- OMNIPRÉSENCE ET UBIQUITÉ

Il ne faut pas confondre l'ubiquité de la Déité avec l'ultimité de la divine omniprésence (1). Le Père Universel veut que le Suprême, l'Ultime, et l'Absolu compensent, coordonnent, et unifient son ubiquité dans l'espace-temps et son omniprésence dans l'espace-temps-transcendé avec sa présence absolue et universelle indépendante de l'espace et du temps. N'oubliez pas que si l'ubiquité divine est bien souvent associée à l'espace, elle n'est pas nécessairement conditionnée par le temps.

  (1) L'ubiquité est la possibilité d'être présent n'importe quand et n'importe où. l'omniprésence est le fait d'être constamment présent partout à la fois.

En tant qu'ascendeurs humains et morontiels, vous discernez progressivement Dieu par l'intermédiaire de Dieu le Septuple. Par Havona, vous découvrez Dieu le Suprême. Au Paradis, vous trouvez Dieu comme une personne, et ensuite, en tant que finalitaires, vous essayerez bientôt de le connaître comme l'Ultime. Il semble qu'après avoir atteint l'Ultime la finalité ne comporte qu'une voie, celle de commencer la recherche de l'Absolu. Nul finalitaire ne sera troublé par les incertitudes du chemin vers la Déité Absolue, puisqu'à la fin des ascensions suprême et ultime il aura rencontré Dieu le Père. Les finalitaires croiront certainement que, même s'ils réussissent à trouver Dieu l'Absolu, ils ne feront que découvrir le même Dieu, le Père du Paradis se manifestant sur des niveaux plus proches de l'infini et de l'universel. Il est hors de doute que l'aboutissement à Dieu dans l'absolu révélerait l'Ancêtre Primordial des univers aussi bien que le Père Final des personnalités.

Dieu le Suprême peut ne pas être une démonstration de l'omniprésence de la Déité dans l'espace-temps, mais il est littéralement une manifestation de l'ubiquité divine. Entre la présence spirituelle du créateur et les manifestations matérielles de la création se trouve le vaste domaine du devenir ubiquitaire -- l'émergence universelle de la Déité évolutionnaire.

Si Dieu le Suprême assume jamais le contrôle direct des univers du temps et de l'espace, nous sommes convaincus que cette administration divine fonctionnera sous le supercontrôle de l'Ultime. Dans ce cas, Dieu l'Ultime commencerait à devenir manifeste aux univers du temps en tant que Tout-Puissant Transcendantal (l'Omnipotent) exerçant le contrôle du supertemps et de l'espace transcendé relatifs aux fonctions du Tout-Puissant Suprême.

Les penseurs humains peuvent se poser, comme nous-mêmes, la question suivante: Si l'évolution de Dieu le Suprême atteignant l'autorité administrative dans le grand univers est accompagnée par des manifestations accrues de Dieu l'Ultime, une émergence homologue de Dieu l'Ultime dans les univers hypothétiquement habités de l'espace extérieur sera-telle accompagnée de révélations similaires et rehaussées de Dieu l'Absolu? En réalité, nous n'en savons rien.

3. -- RAPPORTS ENTRE LE TEMPS ET L'ESPACE

C'est seulement par l'ubiquité que la Déité a pu unifier les manifestations de l'espace-temps pour les mentalités finies, car le temps est une succession d'instants, tandis que l'espace est un système de points associés. Après tout, vous percevez l'espace par analyse et le temps par synthèse. Vous coordonnez et vous associez ces deux conceptions dissemblables par la clairvoyance intégratrice de la personnalité. Dans le monde animal, l'homme est seul à posséder la faculté de percevoir l'espace-temps. Pour un animal, le mouvement a une signification, mais il ne prend une valeur que pour une créature ayant statut de personnalité.

Les choses sont conditionnées par le temps, mais la vérité est éternelle. Plus vous connaissez la vérité (plus vous êtes la vérité), mieux vous pouvez comprendre le passé et vous rendre compte de l'avenir.

La vérité est inébranlable -- éternellement exempte des vicissitudes transitoires, bien que jamais inerte et conventionnelle, mais toujours vibrante et adaptable rayonnant la vie. Quand la vie est reliée aux faits, alors l'espace et le temps conditionnent tous deux ses significations et mettent en corrélation ses valeurs. Ces réalités de la vérité couplées aux faits deviennent des concepts, et sont en conséquence reléguées au domaine des réalités cosmiques relatives.

La liaison de la vérité absolue et éternelle du créateur avec l'expérience pratique des créatures finies et temporelles fait apparaître de nouvelles valeurs émergentes du Suprême. Le concept du Suprême est essentiel pour coordonner le monde supérieur invariant et divin avec le monde inférieur fini et toujours changeant.

Parmi toutes les choses non absolues, c'est l'espace qui est le plus proche d'être absolu. En apparence, l'espace est absolument ultime. La réelle difficulté que nous avons à comprendre l'espace sur le niveau matériel provient du fait que les corps matériels existent dans l'espace, mais que l'espace existe aussi dans les corps matériels. Nombre de facteurs concernant l'espace sont absolus, mais cela ne signifie pas que l'espace soit absolu.

Pour comprendre les rapports de l'espace, il peut être utile de supposer, relativement parlant, que l'espace est après tout une propriété de tous les corps matériels. Donc, quand un corps se meut dans l'espace, il emporte aussi avec lui toutes ses propriétés matérielles, même l'espace qui fait partie de ce corps en mouvement.

Tous les archétypes de la réalité occupent de l'espace sur les niveaux matériels, mais les archétypes spirituels n'en occupent pas; ils n'existent qu'en relation avec l'espace; ils n'occupent ni ne déplacent d'espace, et n'en contiennent pas. Pour nous, l'énigme maîtresse de l'espace concerne l'archétype d'une idée. Quand nous abordons le domaine mental, nous rencontrons bien des problèmes embarrassants. L'archétype d'une idée -- sa réalité occupe-t-il de l'espace? En vérité nous n'en savons rien, bien que nous soyons certains qu'un archétype d'idée ne contient pas d'espace; mais il ne serait guère prudent d'admettre que l'immatériel est toujours non-spatial.

4. -- CAUSES PRIMAIRES ET SECONDAIRES

Bien des difficultés théologiques et des dilemmes métaphysiques sont dus à ce que les hommes ne situent pas bien la personnalité de la Déité, et attribuent en conséquence des aspects infinis et absolus à la Divinité subordonnée et à la Déité évolutionnaire. Il existe certainement une vraie Cause Première, mais il ne faut pas oublier qu'il existe aussi une foule de causes coordonnées et subordonnées, à la fois associées et secondaires. La différence essentielle entre causes premières et causes secondes réside en ce que les causes premières produisent des effets originels dépourvus de facteurs héréditaires dérivés d'une causalité antécédente quelconque. Les causes secondaires produisent des effets comportant invariablement une hérédité provenant d'autres causes antérieures.

Les potentiels purement statiques inhérents à l'Absolu Inconditionné réagissent aux causes engendrées par la Déité Absolue au moyen des activités de la Trinité du Paradis. En présence de l'Absolu Universel, ces potentiels statiques imprégnés de causalité deviennent aussitôt actifs et sensibles à l'influence de certains agents transcendantaux, dont l'activité transmue les potentiels activés en leur conférant le statut de véritables possibilités universelles de développement, d'aptitudes manifestes à la croissance. C'est sur des potentiels ainsi développés que les créateurs et contrôleurs du grand univers jouent les scènes sans fin de l'évolution cosmique.

Si l'on ne tient pas compte des existentiels, la causalité a une constitution fondamentale triple. Telle quelle opère dans le présent âge de l'univers, et en ce qui concerne le niveau fini des sept superunivers, on peut la concevoir comme suit:

   1. L'activation des potentiels statiques. C'est l'établissement de la destinée dans l'Absolu Universel par les actions de la Déité Absolue, opérant sur l'Absolu Inconditionné par suite des commandements volitifs de la Trinité du Paradis.

   2. L'apparition d'aptitudes universelles. Ceci implique la transformation de potentiels indifférenciés en niveaux séparés et définis. C'est l'acte de la Déité Ultime et des multiples agents du niveau transcendantal. Ces actes anticipent parfaitement sur les futurs besoins de l'ensemble du maître univers. C'est en liaison avec la ségrégation des potentiels que les Architectes du Maître Univers existent en tant que véritables personnifications du concept divin des univers. Leurs niveaux ultimes paraissent limités en étendue dans l'espace par le concept de la périphérie du maître univers, mais en tant que niveaux, ils ne sont pas autrement limités par le temps ou l'espace.

   3. La création et l'évolution des manifestations universelles. La présence de l'Ultimité de la Déité produit des aptitudes. C'est sur un cosmos imprégné de cette présence que les créateurs Suprêmes opèrent pour effectuer dans le temps les transmutations de potentiels mûris en manifestations expérientielles. A l'intérieur du maître univers, toute manifestation de la réalité potentielle est limitée par la capacité ultime de développement, et conditionnée par l'espace-temps aux stades finaux de son émergence. Les Fils Créateurs sortant du Paradis sont, en manifestation, des créateurs transformateurs au sens cosmique. Cela n'invalide en aucune manière le concept de créateurs que les hommes s'en font; du point de vue fini, il est certain qu'ils peuvent créer et qu'ils le font.

5. -- OMNIPOTENCE ET COMPATIBILITÉ

L'omnipotence de la Déité n'implique pas le pouvoir de faire ce qui est infaisable. Dans le cadre de l'espace-temps, et en se plaçant au point de vue intellectuel de la compréhension humaine, même le Dieu infini ne peut créer des cercles carrés ni produire du mal qui soit naturellement bon. Dieu ne peut faire des choses non divines. Cette contradiction de termes philosophiques équivaut à une absence de figure et implique que rien n'a été ainsi créé. Un trait de caractère personnel ne saurait être à la fois semblable à Dieu et non divin. La compatibilité est innée dans le pouvoir divin. Tout ceci dérive du fait que l'omnipotence ne se borne pas à créer des entités ayant une nature, mais quelle donne aussi naissance à la nature de toutes les choses et de tous les êtres.

Au commencement, le Père fait tout mais à mesure que le panorama de l'éternité se déroule en réponse à la volonté et aux commandements de l'Infini, il ressort de plus en plus que les créatures, même les hommes, doivent devenir des partenaires de Dieu pour réaliser la finalité de la destinée. Ceci est vrai même dans la vie incarnée; quand l'homme et Dieu entrent en association, on ne peut assigner aucune limite aux possibilités futures de cette association. Quand l'homme se rend compte que le Père Universel est son partenaire dans la progression éternelle, quand il fusionne avec la présence intérieure du Père, il a rompu, en esprit, les entraves du temps et il est déjà entré dans les progressions de l'éternité, à la recherche du Père Universel.

La conscience humaine passe des faits aux significations, et ensuite aux valeurs. La conscience du Créateur part de la valeur de l'idée, passe par la signification des mots, et arrive au fait de l'action. Pour sortir de l'impasse de l'unité inconditionnée inhérente à l'infinité existentielle, il faut toujours que Dieu agisse. La Déité doit toujours fournir l'univers archétypal, les personnalités parfaites, la vérité, la beauté, et la bonté originelles que toutes les créations subdivines s'efforcent d'atteindre. Il faut toujours que Dieu trouve d'abord l'homme, pour que l'homme puisse ensuite trouver Dieu. Un Père Universel est toujours nécessaire avant que puissent exister une filiation universelle et la fraternité universelle qui s'ensuit.

6. -- OMNIPOTENCE ET OMNIFICENCE

Dieu est vraiment omnipotent, mais non omnificent -- il ne fait pas personnellement tout ce qui se fait. L'omnipotence englobe le potentiel de pouvoir du Tout-Puissant Suprême et de l'Être Suprême, mais les actes volitifs de Dieu le Suprême ne sont pas des agissements personnels de Dieu l'Infini.

Soutenir l'omnificence de la Déité primordiale équivaudrait à priver de leur liberté près d'un million de Fils Paradisiaques Créateurs, sans mentionner les innombrables légions des divers autres ordres d'aides qui apportent leur concours créatif. Dans tout l'univers, il n'y a qu'une seule Cause sans cause. Toutes les autres causes sont dérivées de cette unique Source-Centre Première, et rien dans cette philosophie ne fait violence au libre arbitre des myriades d'enfants de la Déité disséminés dans un immense univers.

Dans un cadre local, la volition peut paraître fonctionner comme une cause sans cause, mais elle comporte infailliblement des facteurs héréditaires qui établissent des relations avec la Première Cause unique, originelle, et absolue.

Toute volition est relative. Au sens initial, seul le Père-JE SUIS possède une finalité volitive. Au sens absolu, seuls le Père, le Fils, et l'Esprit exercent les prérogatives d'une volonté non conditionnée par le temps et non limitée par l'espace. Les hommes sont doués de libre arbitre, du pouvoir de choisir; bien que ce choix ne soit pas absolu, il est néanmoins relativement final sur le niveau fini et en ce qui concerne la personnalité qui choisit.

Sur un niveau quelconque n'atteignant pas l'absolu, la volition rencontre des limitations inhérentes à la personnalité qui exerce le pouvoir de choix. L'homme ne peut choisir au delà du domaine de ce qui est choisissable. Par exemple, il ne peut choisir d'être autre chose qu'un humain, sauf qu'il peut décider de devenir plus qu'un homme. Il peut choisir d'entreprendre l'ascension de l'univers, mais cela tient en l'espèce à une coïncidence spéciale entre le choix humain et la volonté divine. Ce qu'un fils désire et que le Père veut doit certainement advenir.

Dans la vie humaine, des lignes de conduite optionnelles s'ouvrent et se ferment continuellement. Durant les périodes où le choix est possible, la personnalité humaine décide constamment entre de nombreuses lignes d'action. La volition temporelle est reliée au temps et doit attendre l'écoulement du temps pour trouver l'occasion de s'exprimer. La volition spirituelle a commencé à goûter la liberté hors des entraves du temps, car elle a réussi à échapper partiellement à la séquence du temps; elle consiste en effet à s'identifier avec la volonté de Dieu.

La volition, l'acte de choisir, doit fonctionner dans le cadre universel qui s'est formé en réponse à des choix supérieurs et antérieurs. Tout le champ de la volonté humaine est strictement limité au fini, sauf sur un point particulier: quand l'homme choisit de trouver Dieu et de lui ressembler, ce choix est super-fini; l'éternité seule peut révéler s'il est également super-absonite.

Reconnaître l'omnipotence de la Déité, c'est jouir de la sécurité dans votre expérience de citoyenneté cosmique, c'est posséder l'assurance de la sûreté dans le long voyage au Paradis. Par contre, accepter le sophisme de l'omnificence, c'est embrasser la colossale erreur du Panthéisme.

7. -- OMNISCIENCE ET PRÉDESTINATION

Dans le grand univers, la volonté du créateur et le vouloir de la créature fonctionnent dans les limites et selon les possibilités établies par les Maîtres Architectes. Toutefois, la prédestination de ces limites maxima n'abroge pas le moins du monde la souveraineté du vouloir de la créature à l'intérieur de ces frontières. La pré-connaissance ultime -- la pleine tolérance de tous les choix finis -- ne constitue pas non plus une abrogation de la volonté finie. Un être humain mûr et perspicace peut parfois prévoir fort exactement les décisions d'un associé plus jeune, mais cette prescience n'enlève rien à la liberté ni à la sincérité des décisions de l'associé. Les Dieux ont sagement limité le champ d'action de la volonté prématurée, mais à l'intérieur de ces limites définies elle n'en reste pas moins une véritable volonté.

Même la corrélation suprême de tous les choix passés, présents, et futurs n'invalide pas l'authenticité de ces choix. Elle dénote plutôt la tendance prédestinée du cosmos et suggère la prescience des êtres volitifs qui peuvent choisir ou refuser de devenir des parties contributives à la manifestation expérientielle de toute la réalité.

Les erreurs dans le choix fini sont liées au temps et limitées par lui. Elles ne peuvent exister que dans le temps et à l'intérieur de la présence évoluante de l'Être Suprême. Les choix erronés sont possibles dans le temps et dénotent (en dehors de l'inachèvement du Suprême) le domaine certain de choix dont les créatures non mûres doivent être dotées pour bénéficier de la progression de l'univers en établissant par leur libre arbitre le contact avec la réalité.

Le péché dans l'espace conditionné par le temps prouve clairement la liberté temporelle -- et même la licence -- de la volonté finie. Le péché dépeint l'immaturité, d'une part éblouie par la liberté volitive relativement souveraine de la personnalité, et d'autre part manquant de percevoir les obligations et devoirs suprêmes de la citoyenneté cosmique.

L'iniquité dans les domaines finis révèle que toute autonomie non identifiée avec Dieu n'est qu'une réalité passagère. Une créature ne devient véritablement réelle dans les univers que si elle s'identifie à Dieu. La personnalité finie ne se créée pas elle-même mais, dans le cadre superuniversel du choix, elle détermine elle-même sa destinée.

Le don de la vie rend les systèmes matériels-énergétiques capables de se perpétuer, de se propager, et de s'adapter eux-mêmes. Le don de la personnalité communique aux organismes vivants des prérogatives additionnelles de disposer d'eux-mêmes, d'évoluer eux-mêmes, et de s'identifier eux-mêmes avec un esprit de la Déité susceptible de fusionner avec eux.

Les entités vivantes sub-personnelles dénotent des intelligences animant l'énergie-matière, d'abord comme contrôleurs physiques et ensuite comme esprits-mentaux adjuvats. Le don de la personnalité vient du Père et communique au système vivant d'uniques prérogatives de choix. Or, si la personnalité a la prérogative d'exercer le choix volitif de s'identifier à la réalité, et si ce choix est sincère et libre, alors il faut que la personnalité évoluante ait aussi le choix possible de se dévoyer, de se disloquer, et de se détruire elle-même. La possibilité de suicide cosmique ne peut être évitée si l'on veut que la personnalité évoluante soit vraiment libre dans l'exercice de son vouloir fini.

C'est pourquoi la sécurité de l'ensemble est accrue si l'on rétrécit les limites du choix personnel sur tous les niveaux inférieurs d'existence. Le choix se dégage de plus en plus à mesure que l'on s'élève dans les univers. À la fin, il devient très proche de la liberté divine quand la personnalité ascendante atteint le statut de divinité, la suprématie de consécration aux desseins universels, le parachèvement de la sagesse cosmique, et l'identification finale de la créature avec la volonté et les voies de Dieu.

8. -- CONTRÔLE ET SUPERCONTRÔLE

Dans les créations de l'espace-temps, le libre arbitre est enserré dans des restrictions et des limitations. L'évolution de la vie matérielle est d'abord machinale, puis activée par la pensée; enfin, après avoir été douée de personnalité, elle peut se laisser gouverner par l'esprit. L'évolution organique sur les mondes habités est physiquement limitée par le potentiel des implantations originelles de vie physique faites par les Porteurs de Vie.

L'homme physique est une machine, un mécanisme vivant; ses racines se trouvent vraiment dans le monde physique d'énergie. Bien des réactions humaines sont de nature machinale; une grande partie de la vie ressemble à une mécanique. Mais l'homme, qui est un mécanisme, est beaucoup plus qu'une machine; il est doué de pensée et habité par l'esprit. Bien qu'au cours de sa vie matérielle il ne puisse jamais échapper à la machinerie électrochimique de son existence, il peut apprendre à subordonner de plus en plus ce mécanisme de vie physique à la sagesse directrice de l'expérience. Il lui suffit de consacrer sa pensée humaine à exécuter les incitations spirituelles de l'Ajusteur de Pensée intérieur.

L'esprit libère le fonctionnement de la volonté; le mécanisme le limite. Le choix imparfait, non contrôlé par le mécanisme et non identifié à l'esprit, est dangereux et instable. La domination mécanique assure la stabilité au prix du progrès. L'alliance avec l'esprit dégage le choix du niveau physique, et en même temps assure la stabilité résultant d'une clairvoyance universelle accrue et d'une compréhension cosmique plus vaste.

Le grand danger qui menace les créatures quand elles achèvent de se libérer des entraves du mécanisme vital est quelles ne réussissent pas à compenser cette perte de stabilité en effectuant une liaison fonctionnelle harmonieuse avec l'esprit. Le choix des créatures, quand elles sont relativement dégagées de la stabilité mécanique, pourrait tendre à les libérer elles-mêmes davantage sans quelles reconnaissent la nécessité d'une plus grande identification avec l'esprit.

Tout le principe de l'évolution biologique rend impossible l'apparition sur les mondes habités d'hommes primitifs doués d'une grande maîtrise sur eux-mêmes. C'est pourquoi le même plan créatif, qui traduit le dessein de l'évolution, fournit également les restrictions extérieures de temps et d'espace, de faim et de peur, qui circonscrivent efficacement le champ d'option sub-spirituel des créatures non cultivées. À mesure que la pensée de l'homme réussit à traverser des barrières de plus en plus difficiles à franchir, le même plan créatif contient aussi des dispositions pour que l'héritage racial de sagesse expérientielle péniblement acquis s'accumule lentement. En d'autres termes, ce plan prévoit un équilibre entre les contraintes extérieures en régression et les contraintes intérieures croissantes.

La lenteur de l'évolution, du progrès culturel humain, témoigne de l'efficacité de ce frein -- l'inertie matérielle -- qui agit si puissamment pour ralentir les vitesses dangereuses du progrès. C'est ainsi que le temps lui-même amortit et répartit les conséquences (qui autrement seraient mortelles) du fait d'échapper prématurément aux barrières successives qui limitent l'activité humaine. Car si la culture progresse trop rapidement, si les accomplissements matériels dépassent l'évolution de la sagesse adoratrice, alors la civilisation contient en elle-même des germes de récession. À moins que cette civilisation ne soit rapidement étayée par un accroissement de sagesse expérientielle, les sociétés humaines correspondantes redescendront des niveaux élevés, mais prématurés, quelles ont atteints. Les « âges de ténèbres » de l'interrègne de la sagesse témoigneront alors de la restauration inexorable de l'équilibre entre l'autonomie et la maîtrise de soi.

L'iniquité de Caligastia consista à court-circuiter le régulateur du temps qui fait progresser la libération humaine. Il détruisit arbitrairement les barrières restrictives dont la pensée matérielle de cette époque n'avait pas encore triomphé par expérience.

Le penseur qui peut abréger partiellement le temps et l'espace prouve par cet acte qu'il possède en lui-même les germes de sagesse qui peuvent efficacement remplacer le mur de contrainte qu'il a transcendé.

Lucifer chercha similairement à empêcher le fonctionnement régulateur du temps qui freinait l'aboutissement prématuré à certaines libertés dans le système local. Un système local ancré dans la lumière de la vie a acquis expérientiellement les points de vue et la clairvoyance qui rendent praticable la mise en oeuvre de nombreuses techniques nouvelles, alors que celles-ci ne feraient que bouleverser et détruire le même royaume pendant les âges antérieurs à cet ancrage.

À mesure que les hommes s'affranchissent des entraves de la peur, qu'ils relient les continents et les océans avec leurs machines, et les générations et les siècles avec leur documentation, ils doivent substituer aux contraintes transcendées une contrainte nouvelle et volontaire assumée en accord avec les impératifs moraux de la sagesse humaine en expansion. Parmi tous les facteurs de la civilisation humaine concepts de justice et idéaux de fraternité -- les restrictions que l'on s'impose volontairement sont à la fois les plus puissants et les plus subtils. L'homme se refrène en acquérant les qualités de miséricorde quand il ose aimer ses semblables, quand il réussit à débuter dans la fraternité spirituelle, quand il décide de traiter ses compagnons de la manière dont il voudrait être traité, et même de leur accorder le traitement qu'il suppose que Dieu leur accorderait.

Les réactions automatiques de l'univers sont stables et se poursuivent sous une certaine forme dans le cosmos. Une personnalité qui connaît Dieu et désire faire sa volonté, qui a de la clairvoyance spirituelle, est divinement stable et éternellement existante. La grande aventure de l'homme dans l'univers consiste à faire transiter sa pensée de la première stabilité à la seconde, de celle de la mécanique statique à celle de la dynamique spirituelle divine. L'homme réussit cette transformation par la force et la persévérance de ses propres décisions personnelles dans chaque situation de la vie en déclarant: « Ma volonté est que la volonté de Dieu soit faite ».

9. -- LES MÉCANISMES DE L'UNIVERS

Le temps et l'espace sont un mécanisme conjoint du maître univers. Ils sont les dispositifs permettant aux créatures finies de coexister avec l'Infini dans le cosmos. Les créatures finies sont efficacement isolées des niveaux absolus par le temps et l'espace, mais ces moyens d'isolement, sans lesquels nul homme ne pourrait exister, fonctionnent directement pour limiter le champ de l'action finie. Sans eux, nulle créature ne pourrait agir, mais par eux, les actes de chaque créature sont nettement limités.

Les mécanismes créés par les pensées supérieures fonctionnent pour libérer leurs sources créatives, mais dans une certaine mesure ils limitent invariablement l'action de toutes les intelligences subordonnées. Pour les créatures, ces limitations deviennent apparentes sous l'aspect du mécanisme de l'univers. L'homme ne dispose pas d'un libre arbitre sans frein. Il y a des limites à l'étendue de son choix, mais à l'intérieur de son champ libre, sa volonté est relativement souveraine.

Le corps physique, mécanisme vital de la personnalité humaine, est le produit d'un projet créatif supra-mortel; il ne pourra donc jamais être parfaitement contrôlé par l'homme lui-même. C'est seulement quand l'ascendeur, en liaison avec l'Ajusteur fusionné, créera par lui-même le mécanisme destiné à exprimer sa personnalité, qu'il parviendra à le contrôler à la perfection.

Le grand univers est un mécanisme aussi bien qu'un organisme. Il est mécanique et vivant. C'est un mécanisme vivant animé par une Pensée Suprême, se coordonnant avec un Esprit Suprême, et trouvant son expression sur les niveaux maxima d'unification de pouvoir et de personnalité sous l'aspect de l'Être Suprême. Nier le mécanisme de la création finie, c'est contester les faits et méconnaître la réalité.

Les mécanismes sont le produit de la pensée, de la pensée créatrice agissant sur les potentiels cosmiques et en eux. Les mécanismes sont des concrétisations déterminées de la pensée du créateur, et ils fonctionnent toujours conformément au concept volitif qui leur a donné naissance; mais la raison d'être d'un mécanisme quelconque se trouve dans son origine, et non dans sa fonction.

Il ne faudrait pas penser que les mécanismes limitent l'action de la Déité. La vérité est bien plutôt que, par ces mécanismes eux-mêmes, la Déité est parvenue à une phase d'expression éternelle. Les mécanismes fondamentaux de l'univers sont venus à l'existence en réponse à la volonté absolue de la Source-Centre Première; ils fonctionneront donc éternellement en parfaite harmonie avec le plan de l'Infini. En vérité, ils sont les archétypes non-volitifs de ce plan lui-même.

Nous comprenons quelque peu comment le mécanisme du Paradis est en corrélation avec la personnalité du Fils Éternel par la fonction de l'Acteur Conjoint. Nous avons des idées sur les opérations de l'Absolu Universel concernant les mécanismes théoriques de l'Absolu Inconditionné et la personne potentielle de la Déité Absolue, Quant aux Déités évoluantes du Suprême et de l'Ultime, nous constatons que certaines de leurs phases impersonnelles s'unissent actuellement avec leurs contreparties volitives, et qu'en conséquence de nouvelles relations se dessinent entre l'archétype et la personnalité.

Dans l'éternité passée, le Père et le Fils trouvèrent l'union dans l'unité d'expression de l'Esprit Infini. Si, dans l'éternité future, les Fils Créateurs et les Esprits Créatifs des univers locaux du temps et de l'espace devaient parvenir à une union créative dans les royaumes de l'espace extérieur, on peut se demander ce que créerait leur unité comme expression conjuguée de leurs divines natures. Il se pourrait bien que nous assistions à une manifestation non encore révélée de la Déité Ultime, à l'apparition d'un nouveau type de super-administrateurs. Ces êtres engloberaient d'extraordinaires prérogatives de personnalité, puisqu'ils seraient l'union du créateur personnel, de l'Esprit Créatif impersonnel, de l'expérience des créatures humaines, et de la personnalisation progressive de la Divine Ministre. Ces êtres pourraient être ultimes, en ce sens qu'ils engloberaient les réalités personnelles et impersonnelles tout en conjuguant les expériences du créateur et des créatures. Quels que soient les attributs de ces tierces personnes, de ces trinités fonctionnelles hypothétiques des créations de l'espace extérieur, elles entretiendraient avec leurs Pères Créateurs et leurs Mères Créatives certaines relations homologues de celles que l'Esprit Infini entretient avec le Père Universel et le Fils Éternel.

Dieu le Suprême est la personnalisation de toute l'expérience de l'univers, la focalisation de toute l'évolution finie, la réalité de toutes les créatures portée au maximum, la consommation de la sagesse cosmique, l'incorporation des harmonieuses beautés des galaxies du temps, la vérité des significations de la pensée cosmique, et la bonté des valeurs spirituelles suprêmes. Dans l'éternel futur, Dieu le Suprême synthétisera ces multiples diversités finies en un ensemble expérientiel significatif, de même quelles sont déjà unies existentiellement sur les niveaux absolus de la Trinité du Paradis.

10. -- LES FONCTIONS DE LA PROVIDENCE

La Providence ne signifie pas que Dieu ait décidé toutes choses pour nous et d'avance. Dieu nous aime trop pour faire cela, car ce ne serait rien d'autre qu'une tyrannie cosmique. L'homme a des pouvoirs relatifs de choix. L'amour divin n'est pas non plus la sorte d'affection à courte vue qui dorloterait et gâterait les enfants des hommes.

Le Père, le Fils. et l'Esprit -- en tant que Trinité -- ne sont pas le Tout-Puissant Suprême. Mais la suprématie du Tout-Puissant ne peut jamais se manifester sans eux. La croissance du Tout-Puissant est centrée sur les Absolus de manifestation et fondée sur les Absolus de potentialité, mais les fonctions du Tout-Puissant Suprême sont reliées à celles de la Trinité du Paradis.

Il semblerait que, chez l'Être Suprême, toutes les phases d'activité de l'univers soient partiellement réunies par sa personnalité de Déité expérientielle. En conséquence, si nous désirons envisager la Trinité comme un seul Dieu, et si nous limitons ce concept au présent grand univers connu et organisé, nous découvrons que l'Être Suprême en évolution est la réplique partielle de la Trinité du Paradis. Nous voyons ensuite que cette Déité Suprême évolue en tant que synthèse personnalisée de la matière, de la pensée, et de l'esprit finis dans le grand univers.

Les Dieux ont des attributs, mais la Trinité a des fonctions, et à l'instar de la Trinité, la providence est une fonction, le composé du supercontrôle autre-que-personnel de l'univers des univers. Elle s'étend depuis les niveaux évolutionnaires du Septuple, qui se synthétisent dans le Pouvoir du Tout-Puissant, et s'élève au delà, à travers les royaumes transcendantaux de l'Ultimité de la Déité.

Dieu aime chaque créature comme un enfant, et son amour domine chaque créature dans le temps et dans l'éternité. La providence fonctionne en considération du total et s'occupe de la fonction de chaque créature dans la mesure où cette fonction est reliée au total. Quand la providence intervient auprès d'un être, cela dénote l'importance de la fonction de cet être en ce qui concerne la croissance évolutionnaire d'un ensemble donné. Cet ensemble peut être la race totale, la nation totale, la planète totale, ou même un total plus élevé. C'est l'importance de la fonction de la créature qui occasionne une intervention providentielle, et non l'importance de la créature en tant que personne.

Néanmoins le Père, en tant que personne, peut à tout moment interposer une main paternelle dans le courant des événements cosmiques qui se déroulent selon la volonté de Dieu, en harmonie avec la sagesse de Dieu, et sont motivés par l'amour de Dieu.

Ce que l'homme appelle la providence est trop souvent le produit de sa propre imagination, la juxtaposition fortuite de circonstances dues au hasard. Il existe toutefois dans le domaine fini de l'existence universelle une providence réelle et émergente, une véritable corrélation, en cours de réalisation, des énergies de l'espace, des mouvements du temps, des idées de l'intellect, des idéaux du caractère, des désirs des natures spirituelles, et des actes volitifs intentionnels des personnalités évoluantes. Les circonstances des royaumes matériels trouvent leur intégration finie définitive dans les présences imbriquées du Suprême et de l'Ultime.

Il est de plus en plus possible de discerner la providence à mesure que les mécanismes du grand univers se perfectionnent jusqu'à un point de précision finale par le supercontrôle de la pensée, à mesure que la pensée des créatures s'élève à la perfection de l'aboutissement humain par une intégration perfectionnée avec l'esprit, et en conséquence à mesure que le Suprême émerge comme un unificateur manifesté de tous ces phénomènes de l'univers.

Quelques conditions étonnamment fortuites prévalant occasionnellement sur les mondes évolutionnaires peuvent être dues à la présence graduellement émergente du Suprême; elles laissent présager ses futures activités universelles. La plupart des événements que les mortels appellent providentiels ne le sont pas; le jugement humain en ces matières est fortement handicapé par un manque de vision pénétrant les vraies significations des circonstances de la vie. Bien des circonstances qu'un homme appellerait bonnes chances peuvent en réalité être des malchances. Le sourire de la fortune qui donne des loisirs non gagnés et des richesses imméritées peut se révéler la plus grande des afflictions humaines. La cruauté apparente d'un destin pervers qui accumule les tribulations sur un individu peut en réalité être le feu de recuit qui transmue le fer doux de la personnalité non mûre en acier trempé d'un vrai caractère.

Il existe une providence dans les univers en évolution, et les créatures peuvent la découvrir exactement dans la mesure où elles ont atteint l'aptitude à percevoir le dessein de ces univers en évolution. La capacité complète de discerner les buts de l'univers équivaut au parachèvement évolutionnaire de la créature; en d'autres termes, on peut dire quelle a alors atteint le Suprême dans les limites du présent état des univers incomplets.

L'amour du Père agit directement dans le coeur de l'individu, indépendamment des actions et réactions de tous les autres individus. La relation est personnelle homme et Dieu. La présence impersonnelle de la Déité (Tout-Puissant Suprême et Trinité du Paradis) manifeste de la considération pour le tout, mais non pour la partie. La providence du supercontrôle de la Suprématie devient de plus en plus apparente à mesure que les fragments successifs de l'univers progressent dans la réalisation de leurs destinées finies. À mesure que les systèmes, constellations, univers, et superunivers s'ancrent dans la lumière de la vie, le Suprême émerge de plus en plus comme corrélateur significatif de tout ce qui se passe, tandis que l'Ultime émerge graduellement comme unificateur transcendantal de toutes choses.

Au commencement, sur un monde évolutionnaire, les événements naturels d'ordre matériel et les désirs personnels des êtres humains paraissent souvent contradictoires. Bien des faits qui se passent sur un monde en évolution sont plutôt difficiles à comprendre pour les mortels -- la loi de la nature paraît si souvent cruelle, impitoyable, et indifférente à tout ce qui est vrai, beau, et bon pour l'intelligence humaine. Mais à mesure que l'humanité poursuit son développement planétaire, nous constatons que ce point de vue est modifié par les facteurs suivants:

   1. L'élargissement de la vision de l'homme -- sa meilleure notion du monde dans lequel il vit, ses aptitudes accrues à comprendre les faits matériels du temps, les idées significatives de sa pensée, et les idéaux valables de sa perspicacité spirituelle. Tant que les hommes ne prennent pour étalon de mesure que des objets de nature physique, ils n'ont aucune chance de trouver l'unité dans le temps et l'espace.

   2. L'accroissement de la maîtrise de l'homme -- l'accumulation graduelle de la connaissance des lois du monde matériel, des buts de l'existence spirituelle, et des possibilités de coordonner ces deux réalités par la philosophie. L'homme sauvage était impuissant devant les massacres causés par les forces naturelles, servile devant la domination cruelle de ses propres peurs intérieures. L'homme à demi-civilisé commence à puiser dans les réserves de secrets des royaumes naturels; sa science détruit lentement mais sûrement ses superstitions, tout en lui procurant une nouvelle base pratique élargie pour comprendre les significations de la philosophie et les valeurs de la véritable expérience spirituelle. L'homme civilisé atteindra un jour la maîtrise relative des forces physiques de sa planète. L'amour de Dieu qu'il porte dans son coeur se traduira efficacement par son amour pour ses semblables, tandis que les valeurs de l'existence s'approcheront de la limite des aptitudes humaines.

   3. L'intégration de l'homme dans l'univers -- L'accroissement de la perspicacité des hommes et de leurs accomplissements expérientiels les amène à une harmonie plus étroite avec les présences unifiantes de la Suprématie -- la Trinité du Paradis et l'Être Suprême. C'est cela qui établit la souveraineté du Suprême sur les mondes ancrés depuis longtemps dans la lumière de la vie. Ces planètes évoluées sont en vérité des poèmes d'harmonie, des tableaux magnifiques de la bonté atteinte par la poursuite de la vérité cosmique. Si ces choses peuvent arriver à une planète, alors de plus grandes encore peuvent advenir à un système et aux plus vastes unités du grand univers à mesure quelles aussi parviennent à une stabilité dénotant que leur potentiel de croissance finie est épuisé.

Sur les planètes de cet ordre avancé, la providence est devenue une réalité. Les circonstances de la vie y sont harmonisées, non seulement parce que l'homme a réussi à dominer les problèmes matériels de son monde, mais aussi parce qu'il a commencé à vivre conformément à la tendance des univers. Il suit le sentier de Suprématie qui aboutit au Père Universel.

Le royaume de Dieu est dans le coeur des hommes. Quand il devient manifeste dans le coeur de chaque individu d'une planète, alors la loi de Dieu est devenue manifeste sur cette planète; cela dénote que l'Être Suprême y a atteint la souveraineté.

Pour comprendre l'action de la providence dans le temps, il faut que l'homme atteigne la perfection. Mais il peut déjà avoir l'avant-goût de la providence dans ses significations éternelles en méditant sur le fait universel que toutes choses, bonnes ou mauvaises, concourent à faire progresser les humains connaissant Dieu dans leur recherche du Père de tous.

La providence se discerne de mieux en mieux à mesure que les hommes s'élèvent du plan matériel au plan spirituel. L'acquisition d'une clairvoyance spirituelle parachevée permet aux personnalités ascendantes de détecter l'harmonie dans ce qui était auparavant un chaos. Même la mota morontielle représente un réel progrès dans cette direction.

La providence est en partie le supercontrôle du Suprême inachevé, manifesté aux univers inachevés. Elle restera donc toujours:

   1. partielle, parce que la manifestation réelle de l'Être Suprême est incomplète, et
   2. imprévisible, à cause des fluctuations dans le comportement des créatures, qui varie de niveau en niveau en causant une réaction réciproque apparemment variable chez le Suprême.

Quand les hommes prient pour que la providence intervienne dans les circonstances de leur vie, la réponse à leurs prières est bien souvent leur propre changement d'attitude envers la vie. La providence n'est pas capricieuse; elle n'est pas non plus fantastique ni magique. Elle représente l'émergence lente et sûre du puissant souverain des univers finis, dont les créatures évoluantes détectent occasionnellement la majestueuse présence au sein de leur progrès dans l'univers.

La providence est la marche sûre et certaine des galaxies de l'espace et des personnalités du temps vers les buts de l'éternité, d'abord dans le Suprême, ensuite dans l'Ultime, et peut-être dans l'Absolu. Nous croyons que la même providence existe dans l'infini et quelle représente la volonté, les actes, et le dessein de la Trinité du Paradis, qui motive ainsi l'apparition de myriades d'univers dans le panorama cosmique.

 

[Présenté par un Puissant Messager en séjour temporaire sur Urantia.]

 

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