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  The Urantia book

FASCICULE 129

 

 

SUITE DE LA VIE D'ADULTE DE JÉSUS

Jésus s'était complètement et définitivement dissocié de la direction des affaires domestiques de sa famille de Nazareth et de l'autorité directe sur ses membres. Il continua jusqu'à son baptême à contribuer aux finances familiales et à prendre un vif intérêt personnel au bonheur spirituel de chacun de ses frères et soeurs. Il était toujours prêt à faire tout ce qui était humainement possible pour le réconfort et la prospérité de sa mère devenue veuve.

Le Fils de l'Homme avait maintenant tout préparé pour se détacher d'une façon définitive du foyer de Nazareth, non sans chagrin pour lui. Jésus aimait naturellement son entourage, il aimait sa famille, et cette affection naturelle avait été très augmentée par son extraordinaire dévouement envers elle. Plus nous nous donnons à nos compagnons, plus nous en venons à les aimer; Jésus s'était complètement donné aux siens et les aimait donc d'une grande et fervente affection.

Toute la famille avait peu à peu pressenti que Jésus prenait des dispositions pour la quitter. La tristesse de la séparation envisagée n'était atténuée que par la manière graduelle dont le frère-père les préparait a l'annonce de son intention de partir. Pendant plus de quatre ans, ils discernèrent qu'il projetait cette séparation finale.

1. -- LA VINGT-SEPTIÈME ANNÉE (AN 21)

Au mois de janvier de l'an 21, par une pluvieuse matinée de dimanche, Jésus prit discrètement congé des membres de sa famille, expliquant seulement qu'il allait à Tibériade et, de là, visiter d'autres villes proches de la mer de Galilée. Il les quitta ainsi, et jamais plus il ne fréquenta régulièrement leur foyer.

Il passa une semaine à Tibériade, la nouvelle ville qui devait bientôt succéder à Séphoris comme capitale de la Galilée. Trouvant peu d'intérêt à cette ville, il passa successivement par Magdala et Bethsaïde pour aller à Capharnaüm, où il s'arrêta pour rendre visite à Zébédée, l'ami de son père. Zébédée construisait des bateaux, et ses fils étaient pêcheurs. Jésus de Nazareth était un dessinateur et un constructeur expert; il était passé maître dans le travail du bois, et Zébédée connaissait de longue date l'habileté de l'artisan de Nazareth. Depuis longtemps, Zébédée avait envisagé de faire de meilleurs bateaux; il montra alors ses plans à Jésus et invita le charpentier visiteur de se joindre à lui dans l'entreprise. Jésus y consentit volontiers.

Jésus ne travailla avec Zébédée qu'un peu plus d'un an, mais pendant ce temps-là il créa un nouveau type de bateau et mit sur pied des méthodes entièrement nouvelles pour en construire. Par une technique supérieure et une grande amélioration dans les procédés pour étuver les planches, Jésus et Zébédée commencèrent a construire des bateaux d'un type très supérieur, qui offraient beaucoup plus de sécurité que les anciens pour la navigation à voile sur le lac. Pendant plusieurs années, Zébédée reçut plus de commandes de ces bateaux nouveau modèle que son atelier n'en pouvait mettre en chantier. En moins de cinq ans, pratiquement tous les bateaux naviguant sur le lac avaient été construits dans les chantiers de Zébédée à Capharnaüm. Jésus fut bientôt connu du peuple des pêcheurs galiléens comme l'inventeur de ce nouveau type de bateaux.

Zébédée était moyennement fortuné. Ses chantiers se trouvaient au bord du lac au sud de Capharnaüm, et sa maison était située sur la rive du lac près du centre de pêche de Bethsaïde. Jésus vécut dans la maison de Zébédée pendant son séjour de plus d'un an à Capharnaüm. Il avait longtemps travaillé seul dans le monde, c'est-à-dire sans son père, et il apprécia cette période de travail avec un partenaire paternel.

La femme de Zébédée, Salomé, était parente d'Annas qui avait été grand-prêtre à Jérusalem et restait le membre le plus influent du groupe des sadducéens, car il avait été mis à la retraite depuis huit ans seulement. Salomé devint une grande admiratrice de Jésus. Elle l'aimait autant que ses propres fils Jacques, Jean, et David, tandis que ses quatre filles le considéraient comme leur frère aîné. Jésus allait souvent pêcher avec Jacques, Jean, et David, qui constatèrent que Jésus était aussi expérimenté comme pêcheur qu'habile comme constructeur de bateaux.

Pendant toute cette année, Jésus envoya chaque mois de l'argent à son frère Jacques. Il revint à Nazareth en octobre pour assister au mariage de Marthe. Ensuite il ne retourna plus à Nazareth pendant deux ans, jusqu'au double mariage de Simon et de Jude.

Durant toute l'année, Jésus construisit des bateaux et continua d'observer comment les hommes vivaient sur terre. Il allait fréquemment rendre visite au caravansérail, car la route directe de Damas vers le sud passait par Capharnaüm. La ville était un important poste militaire romain, et l'officier qui commandait la garnison était un Gentil croyant à Jéhovah, « un homme dévot » comme les Juifs avaient coutume de désigner ces prosélytes. Cet officier appartenait à une riche famille romaine, et il prit sur lui de bâtir une belle synagogue à Capharnaüm; il l'avait offerte aux Juifs peu de temps avant que Jésus ne vint vivre chez Zébédée. Jésus dirigea les offices dans la nouvelle synagogue pendant plus de la moitié de l'année; quelques caravaniers qui assistèrent par hasard se rappelèrent qu'il était le charpentier de Nazareth.

Quand arriva le moment de payer les impôts, Jésus s'inscrivit comme «artisan qualifié » de Capharnaüm. Depuis ce jour là et jusqu'à la fin de sa vie terrestre, il fut connu comme un habitant de Capharnaüm. Il ne se prévalut jamais d'aucune autre résidence légale bien que, pour diverses raisons, il ait permis à d'autres de le domicilier à Damas, à Béthanie, à Nazareth, ou même à Alexandrie.

À la synagogue de Capharnaüm, il trouva beaucoup de nouveaux livres dans les rayons de la bibliothèque et passa au moins cinq soirées par semaine à des études intensives. Il consacrait une soirée a la vie sociale avec les gens âgés, et en passait une autre avec la jeunesse. Il y avait dans la personnalité de Jésus quelque chose d'affable et d'inspirant qui attirait invariablement les jeunes. Ils se sentaient toujours à l'aise en sa présence. Son grand secret pour s'entendre avec eux tenait peut-être au double fait qu'il s'intéressait toujours à leurs occupations, tout en donnant rarement des conseils sans qu'on les lui ait demandés.

La famille de Zébédée avait presque de l'adoration pour Jésus; elle ne manquait jamais d'écouter les causeries avec questions et réponses qu'il dirigeait chaque soir après le souper, avant de partir étudier à la synagogue. La jeunesse du voisinage venait fréquemment aussi assister à ces réunions d'après-souper. À ces petits rassemblements, Jésus donnait un enseignement varié et avancé, juste le plus évolué que les auditeurs puissent comprendre. Il parlait tout à fait franchement avec eux, exposait ses idées et ses idéaux sur la politique, la sociologie la science, et la philosophie, mais jamais il ne prétendait parler avec une autorité finale sauf quand il analysait la religion -- les rapports de l'homme avec Dieu.

Une fois par semaine, Jésus tenait une réunion avec toute la maisonnée, le personnel de l'atelier, et celui des chantiers, car Zébédée avait beaucoup d'ouvriers. Ces travailleurs furent les premiers à appeler Jésus        « le Maître ». Tout le monde l'aimait. Son travail à Capharnaüm avec Zébédée lui plaisait, mais la présence des enfants jouant à côté de l'atelier du charpentier de Nazareth lui manquait.

De tous les fils de Zébédée, c'était Jacques qui s'intéressait le plus à Jésus en tant que pédagogue et philosophe. Jean préférait son enseignement et ses opinions sur la religion, David le respectait comme artisan, mais faisait peu de cas de ses vues religieuses et de ses enseignements philosophiques.

Jude venait fréquemment le jour du sabbat pour entendre Jésus parler à la synagogue et restait pour lui faire une visite. Plus Jude voyait agir son frère aîné, plus il se persuadait que Jésus était vraiment une grande figure.

Cette année-là, Jésus fit de grands progrès dans la maîtrise ascendante de la pensée humaine et atteignit des niveaux élevés et nouveaux de contact conscient avec son Ajusteur de Pensée intérieur.

Ce fut sa dernière année de vie stable. Jamais plus Jésus ne resta une année entière au même endroit ou dans la même entreprise. Le moment de ses pèlerinages terrestres approchait rapidement; des périodes d'activité intense n'étaient pas éloignées dans l'avenir mais, entre sa vie simple et fort remplie du passé et son ministère public encore plus actif et ardu, quelques années allaient maintenant s'intercaler où il voyagerait beaucoup et où son activité personnelle serait hautement diversifiée. Il lui fallait compléter sa formation en tant qu'homme du royaume avant de pouvoir aborder sa carrière d'enseignement et de prédication en tant qu'homme-Dieu perfectionné des phases divines et post-humaines de son effusion sur Urantia.

2. -- LA VINGT-HUITIÈME ANNÉE (AN 22)

En mars de l'an 22, Jésus prit congé de Zébédée et de Capharnaüm. Il demanda une petite somme d'argent pour couvrir ses frais de voyage jusqu'à Jérusalem. Pendant qu'il travaillait chez Zébédée il n'avait prélevé sur son crédit que les faibles montants envoyés mensuellement à sa famille de Nazareth. Un mois c'était Joseph qui venait à Capharnaüm prendre l'argent de Jésus et l'emporter à Nazareth; le mois suivant c'était Jude, dont le centre de pêche se trouvait à quelques kilomètres seulement au sud de Capharnaüm.

Quand Jésus quitta la famille de Zébédée, il fut d'accord pour rester à Jérusalem jusqu'à la Pâque, et eux promirent d'être tous présents à cet événement. Ils convinrent même de célébrer ensemble le souper de la Pâque. Ils furent tous très attristés par le départ de Jésus, spécialement les filles de Zébédée.

Avant de quitter Capharnaüm, Jésus eut une longue conversation avec son nouvel ami et compagnon intime, Jean Zébédée. Il dit à Jean qu'il envisageait de beaucoup voyager jusqu'à ce que « mon heure soit venue », et il demanda à Jean d'agir à sa place pour envoyer chaque mois un peu d'argent à la famille de Nazareth jusqu,à l'épuisement des fonds dont on lui restait redevable. Jean lui fit cette promesse: « Mon Maître, vaque à tes affaires et fais ton travail dans ce monde. J'agirai pour toi en ceci comme en toute autre manière; je veillerai sur ta famille comme si je devais entretenir ma propre mère et m'occuper de mes propres frères et soeurs. Je disposerai de ta créance sur mon père comme tu me l'as indiqué et selon les nécessités. Quand ton argent aura été dépensé, si je n'en reçois pas de toi et si ta mère est dans le besoin, alors je partagerai mes propres gains avec elle. Va en paix. J'agirai à ta place en toutes ces affaires ».

Après le départ de Jésus pour Jérusalem, Jean consulta donc son père Zébédée au sujet de l'argent dû à Jésus et fut surpris que le montant en fût si élevé. Comme Jésus avait laissé l'affaire entièrement entre leurs mains, ils convinrent que le meilleur plan était d'investir ces fonds en immeubles et d'en employer le revenu à aider la famille de Nazareth. Zébédée connaissait une petite maison de Capharnaüm qui était hypothéquée et à vendre; il recommanda à Jean de l'acheter avec l'argent de Jésus et de la détenir en fidéicommis pour son ami. Jean fit ce que son père lui avait conseillé. Pendant deux ans, le revenu de la maison fut affecté à rembourser l'hypothèque. En y ajoutant une importante somme d'argent que Jésus envoya bientôt à Jean pour être employée aux besoins de la famille, ce fut presque suffisant pour couvrir le montant de l'achat. Zébédée fournit la différence, de sorte que Jean paya le restant de l'hypothèque à l'échéance, acquérant ainsi la pleine propriété de cette petite maison de deux pièces. De cette manière, Jésus devint propriétaire d'une maison à Capharnaüm, mais on ne le lui avait pas dit.

Quand les membres de la famille de Nazareth apprirent que Jésus avait quitté Capharnaüm, et faute de connaître l'arrangement financier pris avec Jean, ils crurent que le moment était venu pour eux de se tirer d'affaire sans plus compter sur l'aide de Jésus. Jacques se rappela son accord avec Jésus et, avec l'aide de ses frères, il assuma aussitôt la pleine responsabilité des charges de la famille.

Revenons maintenant en arrière pour observer Jésus à Jérusalem. Pendant près de deux mois, il passa la plus grande partie de son temps à écouter les discussions au temple et à faire des visites occasionnelles aux différentes écoles de rabbins. Il passa à Béthanie la plupart des jours de sabbat.

Jésus avait emporté avec lui à Jérusalem une lettre de la femme de Zébédée pour l'ancien grand-prêtre Annas, dans laquelle Salomé présentait comme « l'un de mes propres fils ». Annas lui consacra beaucoup de temps et l'emmena personnellement visiter les nombreuses académies des éducateurs religieux de Jérusalem. Jésus inspecta à fond ces écoles et observa soigneusement leurs méthodes d'enseignement, mais ne posa pas la moindre question en public. Bien qu'Annas considérât Jésus comme un grand homme, il était perplexe pour le conseiller. Il reconnaissait qu'il serait stupide de lui suggérer d'entrer comme étudiant dans l'une des écoles de Jérusalem, et cependant il savait bien que l'on n'accorderait jamais à Jésus le statut d'un pédagogue de carrière, faute d'avoir été formé dans ces écoles.

Le moment de la Pâque approchait et, parmi la foule venant de partout, Zébédée et toute sa famille arrivèrent de Capharnaüm à Jérusalem. Ils descendirent tous dans la spacieuse maison d'Annas où ils célébrèrent la Pâque comme une famille heureuse et unie.

Avant la fin de la semaine de la Pâque, et apparemment par hasard, Jésus rencontra un riche voyageur et son fils, un jeune homme d'environ dix-sept ans. Ces voyageurs venaient des Indes, et comme ils allaient visiter Rome et divers autres points de la Méditerranée, ils avaient combiné d'arriver à Jérusalem pendant la Pâque, espérant trouver quelqu'un qu'ils pourraient engager à la fois comme interprète pour eux deux et comme précepteur pour le fils. Le père insista pour que Jésus consentit à voyager avec eux. Jésus lui parla de sa famille et lui dit qu'il était bien délicat de partir au loin pour presque deux années pendant lesquelles les siens pourraient se trouver dans le besoin. Sur ce, le voyageur venu de l'Orient proposa d'avancer à Jésus le salaire d'une année afin qu'il puisse confier ces fonds à ses amis pour préserver sa famille de la gêne, et Jésus accepta de faire le voyage.

Jésus remit cette importante somme a Jean, le fils de Zébédée. Vous savez comment Jean employa cet argent pour liquider l'hypothèque sur la propriété de Capharnaüm. Jésus mit Zébédée entièrement dans la confidence de ce voyage méditerranéen, mais lui enjoignit de n'en parler à personne, pas même a ceux de sa chair et de son sang. Zébédée ne révéla jamais qu'il connaissait les lieux de séjour de Jésus durant cette longue période de presque deux ans. Avant que Jésus ne rentrât de ce voyage, la famille de Nazareth était sur le point de le considérer comme décédé. Seules les assurances de Zébédée, qui vint à Nazareth à plusieurs occasions avec son fils Jean, laissèrent vivre l'espoir dans le coeur de Marie.

Pendant ce temps, la famille de Nazareth se tirait très bien d'affaire. Jude avait considérablement augmenté sa quote-part et maintint jusqu'à son mariage cette contribution supplémentaire. Nonobstant le peu d'assistance dont ils avaient besoin, Jean Zébédée continua d'envoyer chaque mois des cadeaux à Marie et à Ruth, selon les instructions de Jésus.

3. -- LA VINGT-NEUVIÈME ANNÉE (AN 23)

Toute la vingt-neuvième année de Jésus fut employée à compléter le tour du monde méditerranéen. Les principaux événements de ce voyage, pour autant que nous avons la permission de révéler ces expériences, constituent le sujet des récits qui suivent immédiatement ceux du présent fascicule.

Pour diverses raisons, Jésus fut surnommé le scribe de Damas pendant tout ce périple dans le monde romain. Toutefois, à Corinthe et à d'autres escales du chemin de retour, on l'appela le précepteur juif.

Ce fut une période mouvementée dans la vie de Jésus. Durant le voyage, il prit de nombreux contacts avec ses semblables, mais cette expérience fut une phase de sa vie qu'il ne révéla jamais à aucun membre de sa famille ni à aucun des apôtres. Jésus vécut jusqu'à la fin de son incarnation et quitta ce monde sans que personne (sauf Zébédée de Bethsaïde) a jamais su qu'il avait fait ce grand périple. Quelques-uns de ses amis crurent qu'il était retourné à Damas; d'autres pensèrent qu'il était parti pour les Indes. Les membres de sa famille inclinaient à croire qu'il était à Alexandrie parce qu'ils savaient qu'on l'avait une fois invité à s'y rendre pour devenir assistant du chazan.

Quand Jésus revint en Palestine, il ne fit rien pour changer l'opinion de sa famille; celle-ci croyait qu'il avait quitté Jérusalem pour Alexandrie. Il les laissa continuer à croire qu'il avait passé dans cette ville d'éducation et de culture tout le temps où il avait été absent de Palestine. Seul Zébédée, le constructeur de bateaux de Bethsaïde, connut la vérité sur ces sujets, et Zébédée n'en parla à personne.

Dans tous vos efforts pour déchiffrer la signification de la vie de Jésus sur Urantia il faut vous souvenir des motifs de l'effusion de Micaël. Si vous voulez comprendre le sens de beaucoup de ses agissements apparemment étranges, il faut discerner le but de son séjour sur votre planète. Jésus évita constamment et soigneusement d'échafauder une carrière personnelle spectaculaire et trop séduisante. Il ne voulait faire aucun appel insolite ou irrésistible à ses compagnon. Il était voué au travail de révéler le Père céleste à ses contemporains, et se consacrait en même temps la tâche sublime de vivre sa propre vie terrestre en restant constamment soumis à la volonté de ce même Père du Paradis.

Pour comprendre la vie de Jésus sur terre, il sera toujours utile à ceux qui étudient cette effusion divine de se rappeler que, tout en vivant son incarnation sur Urantia, il la vivait pour son univers tout entier. Sa vie dans une chair de nature mortelle apporta individuellement quelque chose de spécial et d'inspirant à chacune des sphères habitées de tout l'univers de Nébadon. La même chose sera également vraie pour tous les mondes qui seront habités par des créatures volitives dans toute l'histoire future de cet univers local.

Pendant la durée et grâce aux expériences de son voyage circulaire autour du monde romain, le Fils de l'Homme paracheva pratiquement son apprentissage éducatif par contact avec les peuples si divers du monde contemporain de sa génération. Au moment de son retour à Nazareth, ce voyage instructif lui avait à peu près appris comment les hommes vivaient et gagnaient leur vie sur Urantia.

Le but réel de son périple autour du bassin de la Méditerranée était de connaître les hommes. Durant ce voyage, il fut en contact très étroit avec des centaines d'êtres humains. Il rencontra et aima toutes sortes d'hommes, riches et pauvres, puissants et misérables, noirs et blancs, instruits et illettrés, cultivés et ignorants, matérialistes et spiritualistes, religieux et irréligieux, moraux et immoraux.

Au cours de ce voyage méditerranéen, Jésus franchit de grandes étapes dans sa tâche humaine de dominer la pensée matérielle et terrestre, et son Ajusteur intérieur fit de grands progrès dans la conquête ascensionnelle et spirituelle de cette même intelligence humaine. À la fin de son circuit, Jésus savait virtuellement -- en toute certitude humaine -- qu'il était un Fils de Dieu, un Fils Créateur du Père Universel. De plus en plus, son Ajusteur était capable de faire surgir dans la pensée du Fils de l'Homme des souvenirs brumeux de son expérience au Paradis quand il était en contact étroit avec son Père divin, avant de partir organiser et administrer l'univers local de Nébadon. Ainsi, petit à petit, l'Ajusteur apporta dans la conscience humaine de Jésus les souvenirs nécessaires de son existence divine antérieure aux diverses époques d'un passé presque éternel. Le dernier épisode de son expérience pré-humaine mis en lumière par l'Ajusteur fut son entretien d'adieu avec Emmanuel de Salvington, juste avant que Jésus ait abandonné la conscience de sa personnalité pour entreprendre son incarnation sur Urantia. L'image de ce dernier souvenir de son existence pré-humaine fut clarifiée dans la conscience de Jésus le jour même de son baptême par Jean dans le Jourdain.

4. -- LE JÉSUS HUMAIN

Pour les intelligences célestes de l'univers local qui l'observaient, ce voyage méditerranéen fut la plus captivante des expériences terrestres de Jésus, ou du moins de toute sa carrière jusqu'à sa crucifixion et sa mort. Ce fut la période fascinante de son ministère personnel, en contraste avec la période de son ministère public qui suivit bientôt. Cet épisode unique fut d'autant plus passionnant que Jésus était encore à ce moment-là le charpentier de Nazareth, le constructeur de bateaux de Capharnaüm, le scribe de Damas, bref le Fils de l'Homme. Il n'avait pas encore achevé de dominer complètement sa pensée humaine; l'Ajusteur n'avait pas pleinement maîtrisé et formé la contre-partie de l'individualité mortelle. Jésus était encore un homme parmi les hommes.

L'expérience religieuse purement humaine -- la croissance spirituelle et personnelle -- du Fils de l'Homme atteignit presque son apogée pendant sa vingt-neuvième année. Le développement spirituel de Jésus avait progressé régulièrement et graduellement depuis l'arrivée de son Ajusteur de Pensée jusqu'au jour du parachèvement et de la confirmation des rapports humain naturels et normaux entre la pensée matérielle de l'homme et le don mental de l'esprit. Le phénomène de la réunion de ces deux pensées en une seule fut une expérience que le Fils de l'Homme atteignit complètement et définitivement, en tant que mortel incarné du royaume, le jour de son baptême dans le Jourdain.

Durant toutes ces années, et sans paraître s'adonner à de nombreuses périodes de communion formelle avec son Père céleste, Jésus mit au point des méthodes de plus en plus efficaces pour communiquer personnellement avec la présence spirituelle intérieure du Père du Paradis, il vécut une vie réelle et pleine, une véritable vie incarnée, normale, naturelle, et ordinaire. Il apprit par expérience personnelle ce que représentent en réalité la somme et la substance de la vie des êtres humains sur les mondes matériels du temps et de l'espace.

Le Fils de l'Homme expérimenta la vaste gamme des émotions humaines qui s'étendent de la joie magnifique à la douleur profonde. Il était un enfant gai et un être d'une rare bonne humeur; il était aussi « un homme de douleurs habitué à la souffrance » (1). Dans un sens spirituel, il traversa la vie terrestre de bas en haut, du commencement jusqu'à la fin. D'un point de vue matériel, on pourrait croire qu'il évita de vivre les deux extrêmes sociaux de l'existence humaine mais, au point de vue mental, il se familiarisa pleinement avec l'expérience entière et complète de l'humanité.

  (1) Isaïe LIII-3.

Jésus connaît les pensées et sentiments, et impulsions des mortels évolutionnaires et ascendants des royaumes, depuis leur naissance jusqu'à leur mort. Il a vécu la vie humaine depuis ses débuts d'identification avec les niveaux physiques, intellectuels, et spirituels, en passant par la petite enfance, l'enfance, la jeunesse la maturité -- et même la mort. Non seulement il passa par les périodes humaines et bien connues d'avancement intellectuel et spirituel, mais aussi il expérimenta pleinement les phases supérieures et plus évoluées de rapprochement entre l'homme et son Ajusteur, conciliation à laquelle si peu d'hommes d'Urantia parviennent jamais. Ainsi éprouva-t-il dans sa plénitude la vie des mortels, non seulement comme on la vit sur votre monde, mais aussi comme elle est vécue sur tous les autres mondes évolutionnaires du temps et de l'espace, même sur les plus élevés et les plus avancés des mondes ancrés dans la lumière de la vie.

La vie parfaite qu'il vécut dans la similitude d'une chair mortelle n'a peut-être pas reçu l'approbation universelle et sans réserve de semblables, c'est-à-dire de ceux que le hasard a fait ses contemporains sur terre. Néanmoins, la vie incarnée de Jésus de Nazareth sur Urantia a été pleinement et totalement acceptée par le Père Universel comme constituant en même temps et dans la même vie personnalisée, la plénitude de la révélation du Dieu éternel aux hommes et la présentation d'une personnalité humaine perfectionnée satisfaisant complètement le Créateur Infini.

C'était là son but véritable et suprême. Jésus n'est pas descendu pour vivre sur Urantia comme un exemple, parfait dans tous ses détails, pour n'importe quel enfant ou adulte, n'importe quel homme ou femme de cette époque ou de toute autre. En vérité, il est certain que dans sa vie pleine, riche, belle, et noble nous pouvons tous trouver beaucoup de magnifiques exemples d'inspiration divine, mais cela tient à ce qu'il vécut une vie véritablement et authentiquement humaine. Jésus n'a pas vécu sa vie sur terre pour donner un exemple à copier par tous les autres êtres humains. Son ministère de miséricorde le conduisit à s'incarner pour que vous puissiez tous vivre votre vie sur terre. En vivant sa vie humaine à son époque et tel qu'il était, il nous a donné à tous l'exemple nous permettant de vivre la notre à notre époque et tels que nous sommes. Il est possible que vous n'aspiriez pas à vivre sa vie, mais vous pouvez décider de vivre la vôtre comme il a vécu la sienne et par les mêmes moyens. Jésus ne constitue peut-être pas un exemple pratique et détaillé pour tous les humains de tous les âges sur toutes les planètes de l'univers local, mais il est perpétuellement l'inspiration et le guide de tous les pèlerins venant des mondes initiaux d'ascension et qui s'élèvent par l'univers des univers et par Havona jusqu'au Paradis. Jésus est le chemin nouveau et vivant allant de l'homme à Dieu, de l'inachevé au parfait, du terrestre au céleste, du temporaire à l'éternel.

À la fin de sa vingt-neuvième année, Jésus de Nazareth avait virtuellement fini de vivre la vie d'incarnation que l'on exige des mortels. Il était venu sur terre pour manifester aux hommes la plénitude de Dieu; et il était parvenu à ce résultat avant l'âge de trente ans.

 

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