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LA VISITE INTÉRIMAIRE À JÉRUSALEM
Jésus et les apôtres arrivèrent à Capharnaüm le mercredi 17 mars et
passèrent deux semaines à leur quartier général de Bethsaïde avant de
partir pour Jérusalem. Pendant ces deux semaines, les apôtres enseignèrent
le peuple au bord de la mer, tandis que Jésus passait beaucoup de temps
seul dans les montagnes à s'occuper des affaires de son Père. Au cours de
cette période, Jésus, accompagné de Jacques et de Jean Zébédée, fit deux
voyages secrets à Tibériade où ils rencontrèrent les croyants et les
instruisirent dans l'évangile du royaume.
Divers membres de la maison d'Hérode croyaient en Jésus et assistèrent
à ces réunions. L'influence de ces proches parents d'Hérode avait
contribué à diminuer l'inimitié de ce chef envers Jésus. Ces croyants de
Tibériade avaient clairement expliqué à Hérode que le « royaume » proclamé
par Jésus était de nature spirituelle, et non une aventure politique.
Hérode avait tendance à croire ces membres de sa propre maison; il ne se
laissa donc pas indûment alarmer par la large diffusion des rapports
concernant les enseignements et les guérisons de Jésus. Il n'avait pas
d'objections contre les activités de Jésus en tant que guérisseur ou
instructeur religieux. Nonobstant l'attitude favorable de bien des
conseillers d'Hérode, et même d'Hérode en personne, un certain nombre de
ses subordonnés étaient tellement influencés par les chefs religieux de
Jérusalem qu'ils restaient des ennemis acharnés et menaçants de Jésus et
des apôtres; plus tard, ce groupe gêna considérablement leurs activités
publiques. C'étaient les chefs religieux de Jérusalem, et non Hérode, qui
constituaient le plus grand danger pour Jésus. C'est pour cette seule
raison que Jésus et les apôtres passèrent tant de temps en Galilée et y
firent la plupart de leurs sermons publics, plutôt qu'à Jérusalem et en
Judée.
1. -- LE SERVITEUR DU CENTURION (1)
(1) Cf. Matthieu VIII-6 à 13 et Luc VII-2 à
10.
La veille du jour où ils allaient partir pour la fête de la Pâque à
Jérusalem, Mangus, un centurion ou capitaine de la garde romaine
stationnée à Capharnaüm, vint trouver les chefs de la synagogue en disant:
« Mon fidèle ordonnance est malade et à l'article de la mort.
Voudriez-vous aller voir Jésus de ma part et le supplier de guérir
mon serviteur? » Le capitaine romain agit ainsi parce qu'il croyait que
les dirigeants juifs auraient plus d'influence sur Jésus. Les anciens
allèrent donc trouver Jésus, et leur porte-parole lui dit: « Maître, nous
te demandons instamment de te rendre à Capharnaüm et de sauver le
serviteur favori du centurion romain. Ce capitaine est digne de ton
attention, car il aime notre nation, et c'est même lui qui a fait bâtir la
synagogue où tu as si souvent pris la parole ».
Après les avoir entendus, Jésus leur dit « Je vais vous accompagner ».
À l'approche de la maison du centurion et avant que la compagnie ne soit
entrée dans sa cour, le soldat romain envoya ses amis à la rencontre de
Jésus avec instruction de lui dire: « Seigneur, ne te dérange pas pour
entrer dans ma maison, car je ne suis pas digne que tu viennes sous mon
toit. Je ne m'estime pas non plus digne de m'approcher de toi, et c'est
pourquoi je t'ai envoyé les anciens de ton propre peuple. Mais je sais que
tu peux prononcer la parole à l'endroit où tu te trouves et que mon
serviteur sera guéri. Car je suis moi-même sous les ordres d'autrui, et
j'ai des soldats sous mes ordres, et je dis à l'un d'aller, et il va; à un
autre de venir, et il vient; et à mes serviteurs de faire ceci ou cela, et
ils le font ».
Lorsque Jésus entendit ces paroles, il se tourna vers ses apôtres et
vers ceux qui les accompagnaient et leur dit: « Je suis émerveillé
de la croyance de ce Gentil. En vérité, en vérité, je vous le dis, je n'ai
trouvé nulle part une si grande foi, non, pas même en Israël ». Jésus
tourna ensuite le dos à la maison et dit:
« Allons-nous en ». Les amis du centurion entrèrent dans la maison et
répétèrent à Mangus ce que Jésus avait dit. À partir de cet instant, le
serviteur commença à se rétablir et retrouva finalement sa santé normale
et ses capacités.
Nous n'avons jamais su exactement ce qui s'était passé en cette
occasion. Nous relatons simplement l'histoire. Quant à savoir si des êtres
invisibles apportèrent, ou non, la guérison au serviteur du centurion,
cela ne fut pas révélé aux accompagnateurs de Jésus. Nous connaissons
seulement le fait que le serviteur fut complètement rétabli.
2. -- LE VOYAGE À JÉRUSALEM
De bonne heure dans la matinée du mardi 30 mars, Jésus et le groupe
apostolique partirent pour assister à la Pâque à Jérusalem en prenant
l'itinéraire de la vallée du Jourdain. Ils arrivèrent le vendredi 2 avril
et établirent comme d'habitude leur quartier général à Béthanie. En
passant à Jéricho, ils firent une pause pendant que Judas déposait une
partie de leurs fonds communs à la banque d'un ami de sa famille. C'était
la première fois que Judas transportait un excédent d'argent. Le dépôt
resta intact jusqu'au moment où le groupe repassa par Jéricho au cours de
son dernier et mémorable voyage, juste avant le jugement et la mort de
Jésus.
Le trajet jusqu'à Jérusalem se passa sans incident, mais à peine le
groupe s'était-il installé à Béthanie que de loin et de près
commencèrent à s'assembler des gens qui cherchaient la guérison pour leur
corps, la consolation pour leur pensée troublée, et le salut pour leur
âme. Leur nombre était tel que Jésus n'avait guère le temps de se reposer.
Son groupe alla donc planter ses tentes à Gethsémani, et le Maître fit la
navette entre Béthanie et Gethsémani pour éviter les foules qui le
débordaient constamment. Les apôtres passèrent près de trois semaines à
Jérusalem, mais Jésus leur enjoignit de ne pas prêcher en public et de se
limiter à l'enseignement privé et au travail personnel.
Ils célébrèrent paisiblement la Pâque à Béthanie, et ce fut la première
fois que Jésus et les douze au complet mangèrent la Pâque sans effusion de
sang. Les apôtres de Jean ne mangèrent pas la Pâque avec Jésus et ses
apôtres; ils célébrèrent la fête avec Abner et un grand nombre des
premiers croyants aux prédications de Jean. C'était la seconde Pâque que
Jésus observait avec ses apôtres à Jérusalem.
Quand Jésus et les douze repartirent pour Capharnaüm, les apôtres de
Jean ne revinrent pas avec eux. Ils restèrent à Jérusalem et aux environs
sous la direction d'Abner, travaillant tranquillement à l'expansion du
royaume, tandis que Jésus et les douze retournaient oeuvrer en Galilée.
Jamais plus les vingt-quatre ne furent tous réunis jusqu'au moment
précédant de peu celui où les soixante-dix évangélistes reçurent leur
mission et leur ordre de départ. Mais les deux groupes s'entraidaient et
restaient dans les meilleurs termes, malgré leurs divergences d'opinion.
3. -- À L'ÉTANG DE BÉTHESDA
L'après-midi de leur second sabbat à Jérusalem, tandis que le Maître et
les apôtres allaient participer aux offices du temple, Jean dit à Jésus: «
Viens avec moi, je voudrais te montrer quelque chose ». Jean fit sortir
Jésus par l'une des portes de Jérusalem et le conduisit à un étang appelé
Béthesda. Sur ses bords, on avait édifié cinq porches sous lesquels un
grand nombre de malades se traînaient en quête de guérison. Cet étang
était une source chaude dont les eaux rougeâtres bouillonnaient à des
intervalles irréguliers par suite d'accumulations de gaz dans les cavernes
rocheuses sous-jacentes. La perturbation périodique des eaux chaudes était
considérée par la foule comme due à des influences surnaturelles, et la
croyance populaire affirmait que la première personne entrant dans l'eau
après une perturbation serait guérie de ses infirmités.
Sous l'effet des restrictions imposées par Jésus, les apôtres étaient
quelque peu agités, et cette contrainte rendait Jean, le plus jeune des
douze, particulièrement nerveux. Il avait amené Jésus à l'étang en
espérant que la vue des malades assemblés ferait un appel suffisant à la
compassion du Maître pour qu'il accomplisse une guérison miraculeuse, et
qu'ainsi tout Jérusalem serait stupéfait et amené à croire à l'évangile du
royaume. Jean dit à Jésus: « Maître, regarde tous ces malades; n'y a-t-il
rien que nous puissions faire pour eux? » Jésus répondit: « Jean, pourquoi
me soumets-tu à la tentation de m'écarter du chemin que j'ai choisi?
Pourquoi persistes-tu dans ton désir de substituer l'accomplissement de
prodiges et la guérison des malades à la proclamation de l'évangile de la
vérité éternelle? Mon fils, il ne m'est pas permis de faire ce que tu
désires, mais rassemble ces malades et ces affligés pour que je leur
adresse des paroles d'encouragement et de consolation éternelle ».
S'adressant à ceux qui s'étaient rassemblés, Jésus dit: « Beaucoup
d'entre vous sont ici, malades et affligés, parce que vous avez vécu de
longues années dans de mauvaises voies. Les uns souffrent des accidents du
temps, d'autres par suite des fautes de leurs ancêtres, alors que certains
d'entre vous luttent sous les handicaps des conditions imparfaites de
votre existence temporelle. Mais mon Père travaille, et je voudrais
travailler aussi, à améliorer votre état terrestre, et plus spécialement à
assurer votre statut éternel. Aucun de nous ne peut largement contribuer à
aplanir les difficultés de la vie, à moins de découvrir que le Père
céleste a voulu ce changement. Après tout, nous sommes tous tenus de faire
la volonté de l'Éternel. Si vous pouviez être guéris de vos afflictions
physiques, vous vous émerveilleriez certainement, mais il est encore plus
important que vous soyez purifiés de toute maladie spirituelle et que vous
vous trouviez guéris de toutes les infirmités morales. Vous êtes tous les
enfants de Dieu; vous êtes les fils du Père céleste. Les liens du temps
peuvent paraître vous affliger, mais le Dieu de l'éternité vous aime.
Quand viendra le moment du jugement, ne craignez pas; vous trouverez tous
non seulement la justice, mais une abondante miséricorde. En vérité, en
vérité, je vous le dis: Quiconque entend l'évangile du royaume, et croit à
cet enseignement de la filiation avec Dieu, possède la vie éternelle. Déjà
ces croyants passent du jugement et de la mort à la lumière et à la vie.
Et l'heure arrive où même ceux qui sont dans les tombes entendront la voix
de la résurrection ».
Beaucoup d'auditeurs crurent à l'évangile du royaume. Certains affligés
furent tellement inspirés et spirituellement revivifiés qu'ils allèrent de
ci de là en proclamant qu'ils avaient également été guéris de leurs maux
physiques.
Un homme qui avait été déprimé durant de longues années et gravement
atteint de troubles mentaux se réjouit aux paroles de Jésus. Il ramassa
son lit et rentra chez lui, bien que ce fût un jour de sabbat. Durant des
années, cet homme avait attendu que quelqu'un l'aide. Il était
tellement victime du sentiment de sa propre impuissance qu'il n'avait pas
eu une seule fois l'idée de s'aider lui-même; or c'était la seule chose
qu'il avait à faire pour se remettre -- ramasser son lit et marcher.
Jésus dit alors à Jean: « Partons d'ici avant que les chefs des prêtres
et les scribes ne nous surprennent et ne s'offensent de ce que nous ayons
adressé des paroles de vie à ces affligés ». Ils retournèrent au temple
rejoindre leurs compagnons, et bientôt ils partirent tous passer la nuit à
Béthanie. Jean ne raconta jamais aux autres apôtres la visite qu'il avait
faite avec Jésus ce samedi après-midi à l'étang de Béthesda.
4. -- LA RÈGLE DE VIE
Le soir de ce même jour de sabbat, à Béthanie, tandis que Jésus, les
douze, et un groupe de croyants étaient réunis autour du feu dans le
jardin de Lazare, Nathanael posa à Jésus la question suivante: « Maître,
bien que tu nous aies appris la version positive de l'ancienne règle de
vie nous commandant de faire aux autres ce que nous voudrions qu'ils nous
fassent, je ne vois pas comment nous pouvons toujours obéir à cette
injonction. Permets-moi d'éclairer le débat en citant l'exemple d'un homme
sensuel qui regarde avec lubricité la partenaire qu'il a l'intention
d'associer à son péché. Comment pouvons-nous apprendre à cet homme mal
intentionné à faire aux autres ce qu'il voudrait qu'on lui fasse? »
Lorsque Jésus entendit la question de Nathanael, il se leva
immédiatement, montra l'apôtre du doigt, et dit: « Nathanael, Nathanael!
Quelles sortes de pensées entretiens-tu dans ton coeur? Ne reçois-tu pas
mes enseignements comme un homme né d'esprit? N'entendez-vous pas la
vérité comme des hommes sages et spirituellement intelligents? Quand je
vous ai recommandé de faire à autrui ce que vous voudriez que l'on vous
fasse, je parlais à des hommes ayant un idéal élevé, et non à ceux qui
seraient tentés de déformer mon enseignement et de le transformer en
licence pour encourager les mauvaises actions ».
Quand le Maître eut ainsi parlé, Nathanael se leva et dit: » Maître, il
ne faut pas croire que j'approuve cette interprétation contraire à ton
enseignement. J'ai posé cette question parce que j'ai supposé que beaucoup
d'hommes pourraient méjuger ainsi tes recommandations, et j'espérais que
tu complèterais tes instructions sur ce point. « Après que Nathanael se
fût rassis, Jésus poursuivit: « Je sais bien, Nathanael, que ta pensée
n'approuve aucune mauvaise idée de cette sorte, mais je suis déçu de voir
que vous manquez tous si souvent de véritable spiritualité pour
interpréter mes enseignements ordinaires; il faut bien que je vous les
donne en langage humain et à la façon dont les hommes doivent parler.
Laissez-moi maintenant vous apprendre les divers niveaux de signification
attachés à l'interprétation de cette règle de vie, à cette recommandation
de « faire aux autres ce que vous voudriez qu'ils vous fassent »:
1. Le niveau charnel. Cette interprétation purement
égoïste et lascive trouve un bon exemple dans l'hypothèse de ta question.
2. Le niveau sentimental. Ce plan se situe
immédiatement au-dessus de celui de la chair; il implique que la sympathie
et la pitié rehaussent votre interprétation de notre règle de vie.
3. Le niveau mental. Le raisonnement de la pensée
et l'intelligence de l'expérience entrent maintenant en jeu. Un bon
jugement dicte que la règle de vie doit être interprétée en harmonie avec
l'idéalisme le plus élevé concrétisé dans la noblesse d'un profond respect
de soi.
4. Le niveau de l'amour fraternel. En s'élevant
encore, on découvre le niveau de dévouement désintéressé au bonheur de vos
semblables. Ce plan supérieur de service social sincère est issu de la
conscience de la paternité de Dieu et de la récognition corollaire de la
fraternité des hommes. On y découvre une interprétation nouvelle et
beaucoup plus belle de la règle de vie fondamentale.
5. Le niveau moral. Ensuite, quand vous atteignez
les vrais niveaux philosophiques d'interprétation, quand vous apercevez
réellement et clairement ce qui est bien et mal dans les
événements, quand vous percevez l'éternel à-propos des relations humaines,
vous commencez à voir le problème sous un autre angle. Vous interprétez la
règle de vie en l'imaginant de la même manière qu'une tierce personne de
mentalité élevée, idéaliste, sage, et impartiale, considérerait et
interpréterait cette injonction en l'appliquant à vos problèmes personnels
d'adaptation, à vos situations dans la vie.
6. Le niveau spirituel. En dernier lieu nous
atteignons le niveau de clairvoyance d'esprit et d'interprétation
spirituelle, le plus élevé de tous. Il nous pousse à reconnaître dans
cette règle de vie le divin commandement de traiter tous les hommes comme
nous concevrions que Dieu les traiterait. Tel est l'idéal universel des
relations humaines, et tel est aussi votre comportement envers tous ces
problèmes quand votre suprême désir est de toujours faire la volonté du
Père. Je voudrais donc que vous fassiez à tous les hommes ce que vous
savez que je ferais pour eux dans des circonstances semblables.
Rien de ce que Jésus avait dit jusqu'à ce jour aux apôtres ne les avait
jamais étonnés davantage. Ils continuèrent à discuter les préceptes du
Maître bien après qu'il se fût retiré. Nathanael mit du temps à se
remettre de l'hypothèse que Jésus avait mal interprété l'esprit de sa
question, mais les autres furent plus que reconnaissants à leur collègue
philosophe d'avoir eu le courage de poser une question incitant
pareillement à réfléchir.
5. -- LA VISITE À SIMON LE PHARISIEN
Bien que Simon ne fût pas membre du sanhédrin juif, il était un
pharisien influent de Jérusalem. Il croyait avec tiédeur à l'évangile. Au
risque d'en être sévèrement critiqué, il osa inviter chez lui Jésus et ses
apôtres personnels, Pierre, Jacques, et Jean, pour un banquet. Simon avait
observé le Maître depuis longtemps; il était très impressionné par ses
enseignements, et encore plus par sa personnalité.
Les riches pharisiens pratiquaient l'aumône et ne fuyaient pas la
publicité au sujet de leur philanthropie. Ils annonçaient même parfois à
son de trompe la charité qu'ils se proposaient de faire à un mendiant.
Quand ces pharisiens offraient un banquet à des hôtes distingués, ils
avaient l'habitude de laisser ouvertes les portes de leur maison, de sorte
que même les mendiants des rues pouvaient entrer; ces mendiants se
tenaient debout le long des murs de la salle, derrière les divans des
dîneurs, de manière à être en bonne place pour attraper les morceaux de
nourriture que les participants au banquet pourraient leur lancer.
En cette occasion particulière, il se trouva parmi les gens qui
venaient de la rue une femme de réputation douteuse, qui s'était récemment
mise à croire à la bonne nouvelle de l'évangile du royaume. Elle était
bien connue dans tout Jérusalem comme l'ancienne tenancière d'une luxueuse
maison de prostitution attenante à la cour des Gentils dans le temple. En
acceptant l'enseignement de Jésus, elle avait fermé la maison où elle
exerçait son vil métier et incité la majorité de ses pensionnaires à
accepter l'évangile et à changer leur mode de vie. Malgré cela, elle était
fort méprisée des pharisiens et obligée de porter ses cheveux flottants --
le signe distinctif de la prostitution. Cette femme non dénommée avait
apporté avec elle un grand flacon de lotion parfumée. Elle se tint
derrière Jésus allongé pour son repas, et commença à oindre ses à pieds en
les mouillant aussi de ses larme de reconnaissance et en les essuyant avec
ses cheveux. Lorsqu'elle eut terminé l'onction, elle continua à pleurer et
à lui embrasser les pieds.
Voyant tout cela, Simon se dit en lui-même: « Si cet homme était un
prophète, il saurait qui le touche ainsi et de quel genre de femme il
s'agit, une pécheresse notoire ». Sachant ce qui se passait dans la pensée
de Simon, Jésus prit la parole et dit: « Simon, il y a quelque chose que
j'aimerais te dire ». Simon répondit: «
Maître, dis-le ». Alors Jésus répondit: « Un riche prêteur d'argent avait
deux débiteurs. L'un lui devait cinq cents deniers, l'autre cinquante.
Aucun des deux n'ayant de quoi le payer, il remit leur dette à tous deux.
À ton avis, Simon, lequel des deux l'aimera le plus? Simon répondit: «Je
suppose que c'est celui à qui il a remis le plus ». Et Jésus dit: « Tu as
bien jugé ». Puis, montrant du doigt la femme, il poursuivit: « Simon,
regarde bien cette femme. Je suis entré dans ta maison comme invité, et
cependant tu ne m'as pas donné d'eau pour mes pieds. Cette femme
reconnaissante m'a lavé les pieds avec des larmes et les a essuyés avec
ses cheveux. Tu ne m'as pas donné le baiser d'accueil amical, mais cette
femme, depuis quelle est entrée, n'a pas cessé de m'embrasser les pieds.
Tu as négligé d'oindre d'huile ma tête, mais elle a oint mes pieds avec
une lotion précieuse. Que signifie tout ceci? Simplement que ses nombreux
péchés lui ont été pardonnés, ce qui l'a conduite à beaucoup aimer. Ceux
qui n'ont reçu qu'un peu de pardon n'aiment parfois qu'un peu ». Puis
Jésus se retourna vers la femme, la prit par la main, la fit lever, et
dit: « En vérité, tu t'es repentie de tes péchés, et ils sont pardonnés.
Ne te laisse pas décourager par le comportement irréfléchi et désagréable
de tes semblables; va ton chemin dans la joie et la liberté du royaume des
cieux.
À l'audition de ces paroles, Simon et ses convives furent encore plus
étonnés et commencèrent à chuchoter entre eux: « Qui est cet homme qui ose
même pardonner les péchés? » En les entendant murmurer ainsi, Jésus se
retourna pour congédier la femme en disant: « Femme, va en paix, ta foi
t'a sauvée ».
Lorsque Jésus se leva avec ses amis pour prendre congé, il se tourna
vers Simon et dit: « Je connais ton coeur, Simon. Je sais combien tu es
bouleversé par la peur et troublé par l'orgueil, mais je prie pour toi,
pour que tu t'abandonnes à la lumière. Je prie pour que, dans ta
situation, tu subisses de puissantes transformations de pensée et
d'esprit, comparables aux prodigieux changements que l'évangile du royaume
a déjà opérés dans le coeur de la convive qui n'était ni invitée ni
bienvenue. Je vous déclare à tous que le Père a ouvert les portes du
royaume céleste à tous ceux qui ont assez de foi pour y entrer. Nul homme
et nulle association d'hommes ne peuvent fermer ces portes, même à l'âme
la plus humble ou au pécheur supposé le plus flagrant de la terre s'ils
désirent sincèrement y entrer ». Puis Jésus, Pierre, Jacques, et Jean,
prirent congé de leur hôte et allèrent rejoindre les autres apôtres au
camp, dans le jardin de Gethsémani.
Le même soir, Jésus fit aux apôtres le mémorable discours sur la valeur
relative du statut auprès de Dieu et du progrès dans l'ascension éternelle
du Paradis. Jésus dit: « Mes enfants, s'il existe un véritable lien vivant
entre l'enfant et le Père, l'enfant est certain de progresser
continuellement vers les idéaux du Père. Il est vrai que les progrès de
l'enfant peuvent d'abord être lents, mais ils n'en sont pas moins sûrs. La
chose importante n'est pas tant la rapidité de vos progrès que leur
certitude. Vos accomplissements actuels sont moins importants que la
direction de vos progrès vers Dieu. Ce que vous devenez jour après
jour a infiniment plus d'importance que ce que vous êtes aujourd'hui.
« La femme convertie que trois d'entre vous ont vue tout à l'heure chez
Simon vit actuellement sur un niveau très inférieur à celui de Simon et de
ses amis bien intentionnés. Mais ces pharisiens s'occupent du progrès
illusoire consistant à pratiquer des rites trompeurs dépourvus de
signification, tandis que cette femme est partie résolument sur la route
longue et mouvementée de la recherche de Dieu; son sentier vers le ciel
n'est bloqué ni par l'orgueil spirituel ni par le contentement moral de
soi. Humainement parlant, cette femme est beaucoup plus éloignée de Dieu
que Simon, mais son âme suit un mouvement progressif; elle est en route
pour un but éternel. Cette femme offre de prodigieuses possibilités
spirituelles pour l'avenir. Certains d'entre vous peuvent ne pas se
trouver à des niveaux réellement élevés d'âme et d'esprit, mais vous
faites des progrès quotidiens vers Dieu sur le chemin vivant que votre foi
a ouvert. Mieux vaut avoir une foi restreinte, mais vivante et croissante,
que de posséder un puissant intellect avec son poids mort de sagesse
temporelle et d'incrédulité spirituelle.
Jésus mit ses apôtres sérieusement en garde contre la folie de l'enfant
de Dieu qui abuse de l'amour du Père. Il déclara que le Père céleste n'est
pas un père négligent, détaché, ou sottement indulgent, toujours prêt à
excuser le péché et à pardonner l'insouciance. Il recommanda à ses
auditeurs de ne pas abuser de la comparaison en faisant apparaître Dieu
comme semblable à certains parents malavisés et trop indulgents qui
conspirent avec la folie de la terre pour consommer la ruine morale de
leur progéniture écervelée, et qui contribuent ainsi certainement et
directement à démoraliser de bonne heure leurs propres enfants et à en
faire des délinquants. Jésus dit: « Mon Père n'excuse pas avec indulgence
les pratiques de ses enfants quand elles mènent à la destruction
automatique de toute croissance morale et à la ruine de tout progrès
spirituel. Ces pratiques impies sont une abomination aux yeux de Dieu ».
Jésus assista à bien d'autres réunions et banquets semi-privés avec des
grands et des humbles, avec des riches
et des pauvres de Jérusalem, avant de partir finalement avec ses apôtres
pour Capharnaüm. Beaucoup de convives se mirent à croire à l'évangile du
royaume et furent ensuite baptisés par Abner et ses adeptes restés
en arrière pour soutenir les intérêts du royaume à Jérusalem et aux
environs.
6. -- LE RETOUR À CAPHARNAÜM
Au cours de la dernière semaine d'avril, Jésus et les douze quittèrent
leur quartier général de Béthanie près de Jérusalem et commencèrent leur
voyage de retour à Capharnaüm par la route de Jéricho et du Jourdain.
Les principaux prêtres et les chefs religieux des Juifs tinrent de
nombreuses réunions secrètes pour décider du sort de Jésus. Ils étaient
tous d'accord sur le point qu'il fallait faire quelque chose pour mettre
fin à son enseignement, mais ils ne pouvaient s'entendre sur la méthode à
employer. Ils avaient espéré que les autorités civiles disposeraient de
Jésus de la manière dont Hérode avait mis fin à la carrière de Jean, mais
ils découvrirent que Jésus conduisait ses opérations de telle sorte que
les fonctionnaires romains n'étaient pas trop alarmés par ses sermons. En
conséquence, à une réunion tenue la veille du départ de Jésus pour
Capharnaüm, ils décidèrent qu'il fallait l'appréhender sous l'inculpation
d'une infraction religieuse et le faire juger par le sanhédrin. Une
commission de six espions secrets fut donc nommée pour suivre Jésus et
observer ses paroles et ses actes. Quand cette commission aurait accumulé
suffisamment de preuves de blasphèmes et de violations de la loi, elle
devait revenir à Jérusalem avec son rapport. Les six Juifs rattrapèrent à
Jéricho le groupe apostolique qui comptait une trentaine de membres. Sous
prétexte qu'ils désiraient devenir des disciples, ils s'attachèrent à la
famille des fidèles de Jésus et restèrent avec le groupe jusqu'au
commencement de la seconde tournée de prédication en Galilée. Ensuite,
trois d'entre eux retournèrent à Jérusalem pour soumettre leur rapport aux
chefs des prêtres et au sanhédrin.
Pierre prêcha à la multitude assemblée au gué du Jourdain, et le
lendemain matin le groupe remonta le fleuve vers Amathée. Les apôtres
voulaient aller droit dans la direction de Capharnaüm, mais une foule si
nombreuse se rassembla autour du gué qu'ils y restèrent trois jours à
prier, à enseigner, et à baptiser. Ils ne repartirent vers leur foyer que
le premier mai de bonne heure dans la matinée. C'était un jour de sabbat.
Les espions de Jérusalem étaient maintenant certains de pouvoir formuler
leur première accusation contre Jésus -- celle d'avoir violé le sabbat --
car il avait la présomption de commencer son voyage le jour du sabbat.
Mais ils allaient être déçus car, juste avant le départ, Jésus appela
André et lui donna devant toute la compagnie des instructions pour limiter
le trajet à mille mètres, ce qui représentait la distance légale maximum
pour un déplacement le jour du sabbat.
Toutefois, les espions m'eurent pas longtemps à attendre pour trouver
l'occasion d'accuser Jésus et ses compagnons de violer le sabbat. Tandis
que le groupe cheminait le long de la route étroite, il y avait des deux
côtés, à portée de la main, du blé ondulant qui venait de mûrir, et
certains apôtres, qui avaient faim, cueillirent des grains mûrs et les
mangèrent. C'était la coutume pour les voyageurs de grappiller du blé en
passant le long de la route, de sorte qu'aucune idée de mauvaise action ne
s'attachait à cette manière de faire. Mais les espions saisirent cela
comme prétexte pour attaquer Jésus. Quand ils virent André triturer
les grains dans sa main, ils allèrent à lui en disant: « Ne sais-tu pas
qu'il est illicite de cueillir et de triturer du blé le jour
du sabbat? » André répondit: « Mais nous avons faim et nous n'en triturons
que juste assez pour nos besoins. Depuis quand est-ce un péché de manger
du blé le jour du sabbat? » Mais les pharisiens rétorquèrent: « Il n'y a
rien de mal à en manger, mais tu violes la loi en cueillant le blé et en
triturant les grains entre tes mains; ton Maître n'approuverait
certainement pas ces agissements ». Alors André dit: « S'il n'est pas
contraire à la loi de manger les grains, leur trituration entre les mains
ne représente guère plus de travail que leur mastication, qui est permise.
Alors pourquoi ergotez-vous sur de pareilles vétilles ». Lorsqu'André les
traita d'ergoteurs, ils furent indignés et se précipitèrent vers Jésus qui
marchait en causant avec Matthieu; ils protestèrent en disant: « Regarde,
Maître, tes apôtres font ce qui est illégal le jour du sabbat; ils
cueillent, triturent, et mangent du blé. Nous sommes surs que tu vas leur
ordonner de cesser ». Jésus répondit aux accusateurs: « Vous avez en
vérité beaucoup de zèle pour la loi, et vous faites bien de vous rappeler
le jour du sabbat pour le garder sanctifié. Mais n'avez-vous jamais lu
dans les Écritures qu'un jour où David avait faim il entra dans la maison
de Dieu avec ses compagnons et mangea des pains de proposition (1) que nul
n'avait le droit de manger sauf les prêtres? Et David donna aussi de ce
pain à ceux qui étaient avec lui. Et n'avez-vous pas lu dans notre loi
qu'on a le droit de faire beaucoup de choses utiles le jour du sabbat? Et
ne vais-je pas vous voir, avant la fin de la journée, manger ce que vous
avez emporté pour les besoins d'aujourd'hui? Mes bons amis, vous avez
raison d'être des zélateurs du sabbat, mais vous feriez mieux de veiller à
la santé et au bien-être de vos semblables. Je déclare que le sabbat a été
fait pour l'homme, et non l'homme pour le sabbat. Si vous êtes ici avec
nous pour surveiller mes paroles, alors je proclamerai ouvertement que le
Fils de l'Homme est maître même du sabbat ».
(1) Matthieu XII-4 et I Samuel XXI-3 à 6.
Les pharisiens furent confondus par son discernement et sa sagesse.
Pendant le reste de la journée ils se tinrent cois et n'osèrent plus poser
de questions.
L'antagonisme de Jésus envers les traditions juives et les rites
serviles était toujours positif; il se traduisait par des actes et
des affirmations. Le Maître passait peu de temps à des critiques
négatives. Il enseignait que quiconque connaît Dieu peut jouir de la
liberté de vivre sans se tromper lui-même par les licences du péché. Jésus
dit aux apôtres: « Mes amis, si vous êtes éclairés par la vérité et si
vous savez réellement ce que vous faites, vous êtes bénis; mais si vous ne
connaissez pas la voie divine, alors vous êtes malheureux et vous violez
déjà la loi ».
7. -- DE RETOUR À CAPHARNAÜM
C'est vers midi le lundi 3 mai que Jésus et les douze arrivèrent par le
lac à Bethsaïde, venant de Tarichée. Ils avaient voyagé par bateau pour
échapper à ceux qui les accompagnaient; mais dès le lendemain ceux-ci, y
compris les espions officiels de Jérusalem, avaient rejoint Jésus.
Le mardi soir, alors que Jésus dirigeait l'une de ses conférences
coutumières faites de questions et de réponses, le chef des six espions
lui dit: « Je parlais aujourd'hui à l'un des disciples de Jean, ici
présent pour assister à ton enseignement, et nous n'arrivions pas à
comprendre pourquoi tu ne commandes jamais à tes disciples de jeûner et de
prier comme nous autres pharisiens nous jeûnons, et comme Jean le
recommande à ses disciples ». Jésus se référa à une affirmation de Jean et
répondit à l'interrogateur: « Les garçons d'honneur jeûnent-ils pendant
que le marié est avec eux ?(1) Tant que l'époux est avec eux, ils ne
peuvent guère jeûner. Mais le temps arrive où l'époux sera enlevé, et
alors les garçons d'honneur jeûneront et prieront indubitablement. La
prière est naturelle aux enfants de lumière, mais le jeûne ne fait pas
partie de l'évangile du royaume des cieux. Je vous rappelle qu'un bon
tailleur ne coud pas un morceau de drap neuf et non décati sur un vieil
habit, de crainte qu'au moment où le morceau sera mouillé il ne rétrécisse
et ne produise une déchirure pire. Les hommes ne mettent pas non plus le
vin nouveau dans de vieilles outres, de crainte que le vin nouveau ne
fasse éclater les outres et que le vin et les outres ne soient perdus. Le
sage met le vin nouveau dans des outres neuves. Mes disciples font donc
preuve de sagesse en n'incorporant pas trop d'anciennes traditions dans le
nouvel enseignement de l'évangile du royaume. Vous qui avez perdu votre
instructeur Moïse, vous pouvez à juste titre jeûner un certain temps. Le
jeûne fait peut-être correctement partie de la loi de Moïse mais, dans le
royaume à venir, les fils de Dieu seront libérés de la peur et ils
éprouveront de la joie dans l'esprit divin ». En entendant ces paroles,
les disciples de Jean furent réconfortés, tandis que les pharisiens furent
encore plus déconcertés.
(1) Cf. Matthieu IX-14 et la suite.
Le Maître mit ensuite ses auditeurs en garde contre la notion que tous
les anciens enseignements devaient être entièrement remplacés par de
nouvelles doctrines. Jésus dit: « Ce qui est ancien, mais vrai,
doit demeurer. De même, ce qui est nouveau, mais faux, doit être rejeté.
Ayez le courage d'accepter ce qui est nouveau et vrai. Rappelez-vous qu'il
est écrit: « N'abandonne pas un vieil ami, car le nouveau ne lui est pas
comparable. Un nouvel ami est comme un vin nouveau; s'il devient vieux, tu
le boiras avec bonheur ».
8. -- LA FÊTE DE LA BONTÉ SPIRITUELLE
Ce soir-là, longtemps après que les auditeurs habituels se fussent
retirés, Jésus continua à enseigner ses apôtres. Il commença cette
instruction spéciale en citant le prophète Isaïe (1):
(1) Cf. Isaïe LVIII-3 à 12.
« Pourquoi avez-vous jeûné? Pour quelle raison mortifiez-vous votre
âme, alors que vous trouvez plaisir à opprimer vos semblables et que vous
vous délectez dans l'injustice? Voici, vous priez pour pouvoir contester
et discuter, et pour frapper du poing avec méchanceté. Mais ce n'est pas
en jeûnant de cette manière que vous ferez entendre votre voix au ciel.
« Est-ce là le jeûne que j'ai choisi -- un jour pour que l'homme
afflige son âme? Faut-il qu'il baisse la
tête comme un roseau, qu'il se traîne avec le sac et la cendre?
Oserez-vous appeler cela un jour faste et acceptable aux yeux du Seigneur?
N'est-ce pas ici le jeûne que j'ai choisi: rompre les chaînes de
l'iniquité, délier les noeuds des lourds fardeaux, renvoyer libres les
opprimés, et briser tous les jougs? Ne consiste- t-il pas à partager
mon pain avec l'affamé et à mener dans ma maison les pauvres qui errent
sans asile? Et quand je verrai des gens nus, je les vêtirai.
« Alors ta lumière jaillira comme l'aurore et ta santé s'épanouira
promptement. Ta droiture te précédera et la gloire de l'Éternel sera ton
arrière-garde. Alors tu feras appel à l'Éternel, et il te répondra. Tu
crieras, et il dira: Me voici. Il fera tout cela si tu t'abstiens
d'opprimer, de condamner, et de montrer de la vanité. Le Père désire
plutôt que tu prodigues ton coeur aux affamés et tes soins aux âmes
affligées; alors ta lumière brillera dans les ténèbres, et ton obscurité
ressemblera au soleil de midi. Alors l'Éternel te guidera continuellement,
satisfaisant ton âme et renouvelant ta vigueur. Tu deviendras semblable à
un jardin arrosé, à une source dont les eaux ne tarissent pas. Ceux qui
font ces choses rétabliront les gloires ruinées; ils relèveront les
souches de nombreuses générations; on les appellera les reconstructeurs
des murs ébréchés, les rénovateurs des chemins sûrs que l'on peut
fréquenter ».
Ensuite, durant de longues heures jusque tard dans la nuit, Jésus
exposa à ses apôtres que c'était leur foi qui leur assurait la sécurité
dans le royaume du présent et de l'avenir, et non le jeûne du corps et de
l'âme. Il exhorta les apôtres à vivre au moins à la hauteur des
idées du prophète de jadis; il exprima l'espoir qu'ils progresseraient
très loin, même au delà des idéaux d'Isaïe et des anciens prophètes. Ses
dernières paroles furent les suivantes: « Grandissez en grâce par la foi
vivante qui saisit le fait que vous êtes les fils de Dieu, et qui
reconnaît en même temps chaque homme comme un frère ».
Il était plus de deux heures du matin lorsque Jésus cessa de parler et
que les auditeurs se séparèrent pour aller dormir.
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