LA FORMATION D'ÉVANGÉLISTES À BETHSAÏDE
Du 3 mai au 3 octobre de l'an 28, Jésus et le groupe apostolique
résidèrent chez Zébédée à Bethsaïde. Durant ces cinq mois de la saison
sèche, un vaste camp fut entretenu au bord de la Mer de Galilée, près
de la maison de Zébédée, laquelle avait été considérablement agrandie pour
loger la famille spirituelle croissante de Jésus. Le camp du bord de la
mer fut occupé par une population constamment renouvelée de
chercheurs de vérité, de candidats à la guérison, et de dévots curieux,
comptant de cinq cents à quinze cents personnes. David Zébédée, assisté
des jumeaux Alphée, assurait la supervision générale de cette ville de
toile. Le campement était un modèle d'ordre, d'hygiène, et de bonne
administration générale. Les malades de différentes catégories étaient
séparés, et surveillés par un médecin croyant, un Syrien nommé Elman.
Durant toute cette période, les apôtres allèrent à la pêche au moins un
jour par semaine; ils vendaient leur poisson à David pour la consommation
du camp du bord de la mer. Les fonds étaient remis au trésorier du groupe.
Les douze avaient la permission de passer une semaine par mois dans leur
famille ou chez leurs amis.
André continuait à assumer la responsabilité générale des activités
apostoliques, tandis que Pierre avait la charge complète de l'école des
évangélistes. Le matin, les apôtres s'occupaient tous d'éduquer des
groupes d'évangélistes. L'après-midi, maîtres et élèves enseignaient les
campeurs. Après le repas du soir, et cinq jours par semaine, les apôtres
dirigeaient des conférences où les évangélistes pouvaient poser des
questions. Une fois par semaine, Jésus présidait ces séances
d'interrogations et répondait aux questions reportées des sessions
précédentes.
En cinq mois, plusieurs milliers de personnes passèrent par ce camp. On
y voyait souvent des intéressés venant de toutes les parties de l'empire
romain et des pays à l'est de l'Euphrate. Ce fut la plus longue période
stable et bien organisée de l'enseignement du Maître. La famille terrestre
de Jésus passa la majeure partie de ce temps soit à Nazareth soit à Cana.
Le camp n'était pas dirigé comme une communauté d'intérêts, à l'instar
de la famille apostolique. David Zébédée géra cette grande ville de tentes
de manière à en faire une entreprise autonome, bien que l'accès n'en ait
jamais été refus à personne. Ce camp constamment renouvelé était un
facteur indispensable de l'école de Pierre pour la formation des
évangélistes.
1. -- UNE NOUVELLE ÉCOLE DES PROPHÈTES
Pierre, Jacques, et Jean formaient le comité désigné pour admettre les
candidats à l'école des évangélistes. Toutes les races et nationalités de
l'empire romain, ainsi que celles de l'Orient jusqu'aux Indes, étaient
représentées parmi les étudiants de cette nouvelle école des prophètes. Le
programme consistait à apprendre et à exécuter. Ce que les étudiants
apprenaient le matin, ils l'enseignaient à l'assemblée de l'après-midi au
bord de la mer. Après le souper, ils analysaient librement les leçons du
matin et les enseignements de l'après-midi.
Chaque instructeur apostolique enseignait son propre point de vue sur
l'évangile du royaume. Ils ne s'efforçaient pas d'enseigner tous
exactement de la même manière. L'élaboration des doctrines théologiques
n'était ni uniforme ni dogmatique. Ils enseignaient tous la même vérité,
mais chaque apôtre présentait sa propre interprétation personnelle de
l'enseignement du Maître. Jésus approuvait cette présentation variée des
expériences personnelles diverses dans les choses du royaume. Lors de la
séance hebdomadaire de questions, il harmonisait et coordonnait d'une
manière infaillible les nombreux points de vue divergents sur l'évangile.
Malgré ce grand degré de liberté personnelle en matière d'enseignement,
Simon Pierre tendait à dominer la théologie de l'école des évangélistes.
Après Pierre, c'était Jean Zébédée qui exerçait la plus grande influence
personnelle.
Les cent et quelque évangélistes instruits durant ces cinq mois au bord
du lac représentaient la réserve d'où furent tirés plus tard (en dehors
d'Abner et des apôtres de Jean) les soixante-dix éducateurs et
prédicateurs de l'évangile. Les évangélistes de l'école ne mettaient pas
tout en commun au même degré que les douze apôtres.
Ces soixante-dix évangélistes enseignèrent et prêchèrent l'évangile,
mais ne baptisèrent pas les croyants avant la date plus tardive où Jésus
leur conféra l'ordination et la mission d'être des messagers du royaume.
Parmi le grand nombre de personnes qui avaient été guéries en cet endroit
lors de la scène au coucher du soleil, sept seulement devinrent des
étudiants évangélistes. Le fils du noble de Capharnaüm comptait parmi ceux
qui furent évangélisés à l'école de Pierre.
2. -- L'HÔPITAL DE BETHSAÏDE
En liaison avec le camp du bord du lac, Elman, le médecin syrien, aidé
de vingt-cinq jeunes femmes et de douze hommes, organisa et dirigea durant
quatre mois ce que l'on peut considérer comme le premier hôpital du
royaume. Dans cette infirmerie située un peu au sud du centre de la ville
de tentes, ils traitèrent les malades selon toutes les méthodes
matérielles connues, utilisant en même temps les pratiques spirituelles
d'encouragement par la prière et la foi. Jésus visitait au moins trois
fois par semaine les malades de ce campement et prenait un contact
personnel avec chacun d'eux. Autant que nous le sachions, nul miracle de
guérison surnaturelle ne se produisit parmi les mille malades qui
sortirent améliorés ou guéris de cette infirmerie. Toutefois, en grande
majorité, ils ne cessèrent de proclamer que Jésus les avait guéris.
En vérité, un grand nombre de cures effectuées par Jésus en liaison
avec son ministère auprès des patients d'Elman ressemblaient à des
miracles. Mais nous avons été informés qu'elles étaient simplement des
transformations de pensée et d'esprit, comme il peut s'en produire dans
l'expérience de personnes expectantes et dominées par la foi quand elles
se trouvent sous l'influence immédiate et vivifiante d'une forte
personnalité, affirmée et bienveillante, dont le ministère bannit la peur
et supprime l'anxiété.
Elman et ses associés s'efforcèrent d'enseigner à ces malades la vérité
au sujet de la « possession par de mauvais esprits », mais sans grand
succès. La croyance que les maladies physiques et les dérangements mentaux
pouvaient être causés par la présence d'esprits, dits impurs, dans la
pensée ou le corps de la personne atteinte était à peu près universelle.
Dans tous ses contacts avec les malades et les affligés, quand on en
venait à la technique du traitement ou à la révélation des causes
inconnues de la maladie, Jésus tenait compte des instructions que son
frère paradisiaque Emmanuel lui avait données avant qu'il ne s'engageât
dans l'aventure de son incarnation sur Urantia. Malgré cela, ceux qui
soignèrent les patients apprirent bien des leçons utiles en observant la
manière dont Jésus inspirait la foi et la confiance aux malades et aux
souffrants.
Le camp se dépeupla un peu avant l'approche de la saison des
refroidissements et des fièvres.
3. -- LES AFFAIRES DU PÈRE
Durant toute cette période, Jésus ne dirigea qu'une douzaine de
cérémonies publiques au campement; il ne prit la parole qu'une seule fois
dans la synagogue de Capharnaüm, le jour du second sabbat avant son départ
avec les évangélistes nouvellement entraînés pour la seconde tournée de
prédication publique en Galilée.
Jamais depuis son baptême, le Maître n'avait passé dans la solitude
autant de temps que durant cette période d'éducation des évangélistes au
camp de Bethsaïde. Toutes les fois qu'un apôtre s'aventurait à demander à
Jésus pourquoi il les quittait si souvent, Jésus répondait invariablement
qu'il s'occupait des « affaires du
Père ».
Durant ses absences, Jésus n'était accompagné que par deux apôtres. Il
avait libéré temporairement Pierre, Jacques, et Jean de leur affectation
comme compagnons personnels pour leur permettre de participer à
l'entraînement des nouveaux candidats évangélistes, dont le nombre
dépassait la centaine. Quand le Maître désirait aller dans la montagne
pour s'occuper des affaires du Père, il se faisait accompagner par deux
quelconques des apôtres se trouvant libres. De la sorte, chacun des douze
eut des occasions d'association étroite et de communion intime avec Jésus.
Bien que cela ne nous ait pas été révélé en vue du présent exposé, nous
avons été amenés à conclure que, durant beaucoup de ces
périodes de solitude dans la montagne, le Maître était en liaison directe
et exécutive avec un grand nombre des principaux administrateurs des
affaires de son univers. Depuis l'époque de son baptême, le Souverain
incarné de notre univers avait pris consciemment une part de
plus en plus active à la direction de certaines phases de l'administration
universelle. Nous avons toujours estimé que, durant ces semaines de
moindre participation aux affaires terrestres, et d'une manière non
révélée à ses compagnons immédiats, il s'occupait de diriger les hautes
intelligences spirituelles chargées d'assumer la bonne marche d'un
vaste univers; ce sont ces activités que le Jésus humain avait choisi
d'appeler « s'occuper des affaires de son Père ».
Durant ses longues heures de solitude, il arriva maintes fois que deux
de ses apôtres se trouvèrent assez près de lui pour observer de rapides et
multiples changements sur les traits de son visage, mais sans l'entendre
prononcer aucune parole. Ils ne remarquèrent nulle manifestation visible
d'êtres célestes susceptibles de communiquer avec leur Maître, comme
certains apôtres eurent l'occasion d'en voir plus tard (1).
(1) Durant la
Transfiguration.
4. -- LE MAL, LE PÉCHÉ, ET L'INIQUITÉ
Dans un coin isolé et abrité du jardin de Zébédée, Jésus avait
l'habitude de réserver deux soirées par semaine à des entretiens privés
avec des personnes désireuses de lui parler. Au cours dune de ces
conversations du soir, Thomas posa au Maître la question suivante: «
Pourquoi est-il nécessaire que les hommes soient nés d'esprit pour entrer
dans le royaume? La renaissance est-elle indispensable pour échapper au
contrôle du malin? Maître, qu'est-ce que le mal? » Après avoir entendu ces
questions, Jésus dit à Thomas:
« Ne commets pas la faute de confondre le mal et le malin,
qu'il serait plus exact d'appeler l'inique. Celui que tu appelles
le malin est le fils de l'amour de soi, le haut administrateur qui se
rebelle délibérément contre le règne de mon Père et de ses Fils loyaux.
J'ai déjà vaincu ces rebelles impies. Clarifie dans ta pensée les divers
comportements envers le Père et son univers, et n'oublie jamais les lois
suivantes réglant les rapports avec la volonté du Père.
« Le mal est la transgression inconsciente ou involontaire de la loi
divine, de la volonté du Père. Le mal est également la mesure de
l'imperfection avec laquelle on obéit à la volonté du Père.
« Le péché est la transgression consciente, connue et délibérée, de la
loi divine, de la volonté du Père. Le péché mesure la mauvaise volonté à
se laisser conduire divinement et diriger spirituellement.
« L'iniquité est la transgression volontaire, déterminée, et
persistante de la loi divine, de la volonté du Père. L'iniquité mesure le
rejet continu de l'affectueux plan du Père pour la survie des
personnalités, et du miséricordieux ministère de salut du Fils.
« Avant leur renaissance d'esprit, les hommes sont sujets aux mauvaises
tendances inhérentes à leur nature, mais ces imperfections naturelles de
conduite ne sont ni des péchés ni des iniquités. Les mortels ne font que
commencer leur longue ascension vers la perfection du Père au Paradis. Ce
n'est pas un péché que d'être imparfait ou de n'avoir que des dons
naturels partiels. Il est vrai que l'homme est soumis au mal, mais il
n'est en aucun sens le fils du malin, à moins d'avoir sciemment et
délibérément choisi les sentiers du péché et la vie d'iniquité. Le mal est
inhérent à l'ordre naturel de ce monde, mais le péché est une attitude de
rébellion consciente qui fut amenée sur terre par ceux qui déchurent de la
lumière spirituelle pour tomber dans de grossières ténèbres.
« Thomas, tu es troublé par les doctrines des Grecs et les erreurs des
Persans. Tu ne comprends pas les relations entre le mal et le péché parce
que tu considères l'humanité comme ayant commencé sur terre avec un Adam
parfait, puis dégénéré rapidement, par le péché, jusqu'au déplorable état
actuel des hommes. Mais pourquoi refuses-tu de comprendre la signification
de l'histoire qui révèle comment Caïn, le fils d'Adam, alla dans le pays
de Nod et s'y choisit une femme? Et pourquoi refuses-tu d'interpréter la
signification de l'histoire qui décrit les Fils de Dieu prenant des femmes
parmi les filles des hommes? (1)
(1) Genèse IV-16 et VI-2.
« Il est exact que les hommes sont naturellement pervers, mais non
nécessairement pêcheurs. La nouvelle naissance -- le baptême de l'esprit
-- est essentielle pour être délivré du mal et nécessaire pour entrer dans
le royaume des cieux, mais rien de cela n'infirme le fait que l'homme est
fils de Dieu. La présence inhérente du mal potentiel ne signifie pas non
plus que, d'une manière mystérieuse, l'homme soit séparé du Père céleste
de sorte qu'il doive, en tant qu'étranger ou enfant d'un autre mariage,
chercher à se faire adopter légalement par le Père. Toutes ces notions
sont nées en premier lieu de votre mauvaise compréhension du Père, et en
second lieu de votre ignorance sur l'origine, la nature, et la destinée
des hommes.
« Les doctrines grecques et autres vous ont enseigné que l'homme
descend continuellement de sa perfection divine vers l'oubli ou la
destruction. Je suis venu démontrer que l'homme, en entrant dans le
royaume, s'élève d'une façon sûre et certaine vers Dieu et la perfection
divine. Tout être qui, d'une manière quelconque, ne s'aligne pas sur les
idéaux divins et spirituels de la volonté du Père, est potentiellement
pervers, mais en aucun sens pêcheur, et encore bien moins inique.
« Thomas, n'as-tu pas lu à ce sujet les passages des Écritures où il
est dit: « Vous êtes les enfants du Seigneur votre Dieu ». « Je serai son
Père et il sera mon fils ». « Je l'ai choisi pour être mon fils -- je
serai son Père ». « Amène mes fils de loin et mes filles des confins de la
terre, et aussi quiconque porte mon nom, car je les ai créés pour ma
gloire ». « Vous êtes les fils du Dieu vivant ». « Ceux qui ont l'esprit
de Dieu sont en vérité les ils de Dieu ». L'enfant terrestre contient une
fraction matérielle de son père humain, et il existe une fraction
spirituelle du Père céleste dans chaque fils du royaume par la foi.
Jésus exposa à Thomas toutes ces choses et encore bien d'autres, et
l'apôtre en comprit une grande partie. Toutefois Jésus lui recommanda « de
ne pas parler aux autres de ces sujets avant que je ne sois retourné
auprès du Père ». Et Thomas ne fit jamais mention de cet entretien avant
que le Maître n'eût quitté ce monde.
5. -- LE BUT DE L'AFFLICTION
Au cours d'un autre entretien privé dans le jardin, Nathanael demanda à
Jésus: « Maître, bien que je commence à saisir pourquoi tu refuses de
guérir sans discrimination, j'ai de la peine à comprendre pourquoi le Père
céleste qui nous aime permet qu'un si grand nombre de ses enfants
terrestres souffrent de tant d'afflictions ». Le Maître répondit à
Nathanael en disant:
Toi et beaucoup d'autres vous êtes ainsi perplexes parce que vous ne
comprenez pas que l'ordre naturel du monde a été maintes fois désorganisé
par les aventures coupables de certains traîtres rebelles à la volonté du
Père. Je suis venu pour commencer à rétablir l'ordre, mais il faudra bien
des âges pour réorienter cette partie de l'univers dans la voie préétablie
et libérer ainsi les enfants des hommes des fardeaux supplémentaires du
péché et de la rébellion. À elle seule, la confrontation avec le mal est
une épreuve suffisante pour juger si un homme est digne de survivre -- il
n'est pas indispensable qu'il y ait succombé.
« Mon fils, tu devrais savoir que le Père n'afflige pas délibérément
ses enfants. Ce sont les hommes qui attirent sur eux-mêmes des afflictions
inutiles par suite de leur refus persistant de marcher dans les voies
meilleures de la volonté divine. Les afflictions sont potentiellement
contenues dans le mal, mais une grande partie d'entre elles résultent du
péché et de l'iniquité. Bien des événements anormaux se sont produits sur
ce monde, et il n'est pas étonnant que tous les penseurs soient perplexes
devant les scènes de souffrance et d'affliction dont ils sont témoins.
Vous pouvez toutefois être certains d'une chose, c'est que le Père
n'envoie pas d'affliction à titre de châtiment arbitraire pour de
mauvaises actions. Les imperfections et les handicaps sont inhérents au
mal; la punition des péchés est inévitable; les conséquences destructrices
de l'iniquité sont inexorables. Les hommes ne doivent pas blâmer Dieu pour
des maux résultant naturellement de la vie qu'ils ont choisi de vivre; ils
ne devraient pas non plus se plaindre des expériences qui font partie de
la vie telle quelle est vécue sur ce monde. Le Père veut que les mortels
travaillent avec persévérance et logique au perfectionnement de leur état
sur terre. Une application intelligente devrait permettre aux hommes de
triompher d'une grande partie de leurs misères physiques.
« Nathanael, notre mission consiste à aider les hommes à résoudre leurs
problèmes spirituels et à vivifier ainsi leur pensée pour qu'ils soient
mieux préparés et incités à s'occuper de résoudre leurs multiples
problèmes matériels. Je sais que vous êtes embarrassés après avoir lu les
Écritures. La tendance a trop souvent prévalu d'attribuer à Dieu la
responsabilité de tout ce que les ignorants n'ont pas réussi à comprendre.
Le Père n'est pas personnellement responsable de ce que vous ne comprenez
pas. Ne doutez pas de l'amour du Père simplement parce qu'une loi juste et
sage de ses ordonnances vous punit pour voir involontairement ou
délibérément transgressé un commandement divin.
« Toutefois, Nathanael, bien des passages des Écritures t'auraient
instruit si seulement tu les avais lus avec discernement. Ne te
souviens-tu pas qu'il est écrit: « Mon fils, ne méprise pas la
mortification du Seigneur et ne te lasse pas de sa réprimande, car
l'Éternel corrige celui qu'il aime comme un père corrige le fils en qui
son âme prend plaisir » (1). « L'Éternel n'afflige pas volontiers ». «
Avant d'être affligé, je m'étais égaré, mais maintenant j'observe la loi.
L'affliction a été bonne pour moi, car elle m'a permis d'apprendre les
statuts divins ». « Je connais vos chagrins. Dieu est votre refuge et vous
soutient de ses bras éternels ». « Le
Seigneur est aussi un refuge pour les opprimés, un havre de repos dans les
temps troublés ». « Le Seigneur le fortifiera sur le lit de l'affliction.
Le Seigneur n'oubliera pas les malades ». « De même qu'un père montre de
la compassion à ses enfants, de même L'Éternel est compatissant pour ceux
qui le craignent. Il connaît votre corps; il se souvient que vous êtes
poussière ». « Il guérit les coeurs brisés et panse leurs blessures ». «
Il est l'espoir du pauvre, la force de l'indigent dans sa détresse, un
refuge contre la tempête, une ombre qui protège de la chaleur suffocante
». « Il donne du pouvoir aux faibles et accroît la force de ceux qui ne
disposent d'aucune puissance ». « Il ne brisera pas le roseau froissé et
n'éteindra pas la mèche qui fume encore » (2). «Quand vous traverserez les
eaux de l'affliction, je serai avec vous, et quand les fleuves de
l'adversité déborderont sur vous, je ne vous abandonnerai pas». « Il m'a
envoyé pour panser les coeurs brisés, pour proclamer la liberté aux
captifs, et pour consoler tous les endeuillés ». La souffrance contient en
soi un redressement. L'affliction n'est pas issue de la poussière ».
(1) Proverbes III-11; Job V-17, etc. |
(2) Isaïe XLII-3. |
|
6.-- LE MALENTENDU SUR LA SOUFFRANCE — |
DISCOURS SUR JOB |
Le même soir à Bethsaïde, Jean demanda également à Jésus pourquoi un si
grand nombre de personnes apparemment innocentes souffraient de tant de
maladies et subissaient tant d'afflictions. En répondant aux questions de
Jean, le Maître donna entre autres les indications suivantes:
« Mon fils, tu ne comprends ni la signification de l'adversité ni la
mission de la souffrance. N'as-tu pas lu le chef-d'oeuvre de la
littérature sémitique -- l'histoire de l'affliction de Job? Ne te
souviens-tu pas que cette merveilleuse parabole commence par le récit de
la prospérité du serviteur de l'Éternel? Tu te rappelles bien que Job
jouissait de la bénédiction d'avoir des enfants, de la fortune, de la
dignité, une situation, une bonne santé, et tout le reste des choses
auxquelles les hommes attachent de la valeur dans leur vie temporelle.
Selon les enseignements traditionnellement respectés des enfants
d'Abraham, cette prospérité matérielle était une preuve indiscutable de la
faveur divine. Or les possessions matérielles et la prospérité matérielle
ne dénotent pas la faveur de Dieu. Mon Père céleste aime les pauvres tout
autant que les riches; il ne fait pas acception de personnes.
« La transgression de la loi divine est suivie tôt ou tard par la
moisson du châtiment. Bien que les hommes doivent certainement récolter en
fin de compte ce qu'ils ont semé, tu devrais savoir que les souffrances
humaines ne représentent pas toujours une punition pour des péchés
antérieurs. Ni Job ni ses amis ne trouvèrent la vraie réponse à leurs
perplexités. Avec les lumières que tu possèdes maintenant, tu n'aurais
guère l'idée d'attribuer à Dieu ou à Satan les rôles qu'ils jouent dans
cette parabole extraordinaire. Job ne trouva pas, par la souffrance, la
solution de ses soucis intellectuels ou de ses difficultés philosophiques,
mais il gagna de grandes victoires. Même devant l'effondrement de ses
défenses théologiques, il s'éleva aux hauteurs spirituelles où il put dire
sincèrement: « Je m'abhorre moi-même ». Alors lui fut accordé le salut
d'une vision de Dieu. Donc, même par des souffrances incomprises,
Job s'éleva au niveau surhumain de compréhension morale et de clairvoyance
spirituelle. Quand le serviteur souffrant obtient une vision de Dieu, il
s'ensuit une paix indicible (1).
(1) Philippiens IV-7.
« Le premier ami de Job, Eliphaz, exhorta le malheureux à montrer dans
ses afflictions la même force d'âme qu'il recommandait autour de lui à
l'époque de sa prospérité. Ce faux consolateur dit: « Aie confiance en ta
religion, Job. Souviens-toi que ce sont les méchants et non les justes qui
souffrent. Tu dois mériter cette punition, car autrement tu ne serais pas
affligé. Tu sais bien que nul homme ne peut être juste aux yeux de Dieu.
Tu sais que les méchants ne prospèrent jamais réellement. Quoi qu'il en
soit, l'homme paraît prédestiné à des troubles, et peut-être que l'Éternel
te châtie seulement pour ton propre bien ». Bien entendu, le pauvre Job ne
fut guère consolé par cette interprétation du problème de la souffrance
humaine.
« Les conseils de son second ami, Bildad, furent encore plus
déprimants, malgré leur justesse au point de vue de la théologie alors
acceptée. Bildad dit: « Dieu ne peut être injuste. Tes enfants doivent
avoir été des pécheurs, puisqu'ils ont péri. Tu dois être dans l'erreur,
car autrement tu ne serais pas affligé ainsi. Si tu es réellement juste,
Dieu te délivrera certainement de tes afflictions. L'histoire des rapports
de Dieu avec les hommes devrait t'apprendre que le Tout-Puissant ne
détruit que les pervers ». « Ensuite tu te rappelles comment Job répondit
à ses amis en disant: « Je sais bien que Dieu n'entend pas mon appel au
secours. Comment Dieu peut-il être juste et en même temps méconnaître si
complètement mon innocence? J'apprends que je ne peux tirer aucune
satisfaction d'un appel au Tout-Puissant. Ne pouvez-vous discerner que
Dieu tolère la persécution des bons par les méchants? Et puisque l'homme
est si faible, quelle chance a-t-il de trouver de la considération auprès
d'un Dieu omnipotent? Dieu m'a fait tel que je suis, et quand il se
retourne ainsi contre moi, je suis sans défense. Pourquoi Dieu m'a-t-il
créé simplement pour souffrir de cette misérable façon? »
« Qui peut critiquer le comportement de Job, vu les conseils de ses
amis et les idées erronées sur Dieu qui occupaient sa propre pensée? Ne
vois-tu pas que Job désirait ardemment un Dieu humain? Il avait soif de
communier avec un Être divin qui connaisse l'état mortel des hommes et
comprenne que les justes doivent souvent souffrir dans l'innocence; cette
souffrance fait partie de leur première vie au cours de la longue
ascension du Paradis. C'est pourquoi le Fils de l'Homme est venu de chez
le Père pour vivre une vie incarnée capable de réconforter et de secourir
tous ceux qui vont désormais être appelés à endurer les afflictions de
Job.
« Le troisième ami de Job, Zophar, lui adressa des paroles encore moins
consolantes lorsqu'il lui dit: « Tu es stupide de prétendre que tu es
juste, puisque tu es ainsi affligé. Mais j'admets que les voies de Dieu
sont insondables. Peut-être y a-t-il un dessein caché dans toutes tes
misères ». Après avoir écouté ses trois amis, Job appela directement Dieu
au secours, plaidant le fait que « l'homme, né de femme, a peu de jours à
vivre et qu'il est rassasié de misères » (2).
(2) Job XIV-1.
« Puis commença la seconde séance avec ses amis. Eliphaz devint plus
sévère, accusateur, et sarcastique. Bildad s'indigna du mépris de Job pour
ses amis. Zophar réitéra ses conseils mélancoliques. Alors Job fut dégoûté
de ses amis et fit à nouveau appel à Dieu; cette fois il fit appel à un
Dieu juste, contre le Dieu d'injustice incorporé dans la philosophie de
ses amis et inclus dans le comportement religieux de Job
lui-même. Ensuite Job se réfugia dans la consolation d'une vie future dans
laquelle les injustices de l'existence terrestre pourraient être plus
équitablement rectifiées. Faute de recevoir de l'aide des hommes, Job est
poussé vers Dieu. La grande lutte entre la foi et le doute s'ensuit dans
son coeur. Finalement, l'affligé humain commence à apercevoir la lumière
de la vie; son âme torturée s'élève à de nouvelles hauteurs d'espérance et
de courage; il peut souffrir et même mourir, mais son âme illuminée pousse
maintenant le cri de triomphe: « Mon Justificateur est vivant » (3).
(3) Job XIX-25.
« Job avait entièrement raison lorsqu'il critique la doctrine selon
laquelle Dieu afflige les enfants pour punir leurs parents. Job était
toujours prêt à admettre que Dieu est juste, mais, pour la satisfaction de
son âme, il désirait ardemment une révélation du caractère personnel de
l'Éternel. Or cette révélation est précisément notre mission sur terre.
Les mortels souffrants ne se verront plus refuser la consolation de
connaître l'amour de Dieu et de comprendre la miséricorde du Père céleste.
Le discours de Dieu « dans le tourbillon » était une conception
majestueuse pour l'époque où il fut proféré, mais tu as déjà appris que ce
n'est pas la manière dont le Père se révèle; il parle plutôt dans le coeur
humain comme une petite voix silencieuse disant: « Voilà le chemin;
suis-le ». Ne comprends-tu pas que Dieu habite en toi, qu'il est devenu ce
que tu es pour pouvoir faire de toi ce qu'il est! » Jésus fit ensuite
l'exposé final suivant:
« Le Père céleste n'afflige pas volontairement les enfants des hommes.
Les hommes souffrent en premier lieu des accidents du temps et des
imperfections du mal dans leur existence physique encore dépourvue de
maturité. En second lieu ils souffrent des conséquences inexorables du
péché de la transgression des lois de la lumière et de la vie. Finalement,
les hommes récoltent la moisson de leur propre persistance inique dans la
rébellion contre la juste souveraineté du ciel sur la terre, mais leurs
misères ne sont pas infligées personnellement par le jugement
divin. Les hommes peuvent faire et feront beaucoup pour diminuer leurs
souffrances temporelles. Sois délivré une fois pour toutes de la
superstition que Dieu afflige les hommes sur ordre du malin. Étudie le
Livre de Job simplement pour découvrir le nombre d'idées fausses sur Dieu
que même des hommes de bien peuvent concevoir sincèrement; ensuite
remarque comment Job, même douloureusement éprouvé, trouva le Dieu de
consolation et de salut malgré ces enseignements erronés. À la fin, sa foi
perça les nuages de la souffrance pour discerner la lumière de la vie
répandue par le Père en tant que miséricorde curative et que droiture
éternelle ».
Jean médita ces explications dans son coeur pendant de longs jours.
Cette conversation dans le jardin avec le Maître provoqua un
changement notable dans toute sa vie ultérieure. Plus tard, Jean contribua
beaucoup à faire changer le point de vue des autres apôtres au sujet de la
source, de la nature, et du but des afflictions humaines ordinaires. Mais
Jean ne parla jamais de cet entretien avant le trépas du Maître.
7. -- L'HOMME À LA MAIN DESSÉCHÉE
Lors de l'avant-dernier sabbat avant le départ des apôtres et du
nouveau corps d'évangélistes pour leur seconde tournée de prédication en
Galilée, Jésus prit la parole à la synagogue de Capharnaüm sur les « Joies
de la Vie de Droiture ». Lorsqu'il eut fini de parler, un groupe nombreux
d'estropiés, de boiteux, de malades, et d'affligés afflua autour de lui
pour chercher la guérison. Mêlés à ce groupe se trouvaient aussi les
apôtres, un bon nombre des nouveaux évangélistes, et les espions
pharisiens de Jérusalem. Où que Jésus allât (sauf dans la montagne pour
s'occuper des affaires de son Père) on était sûr de voir les six espions
de Jérusalem le suivre. Tandis que le Maître parlait au peuple, le chef
des espions pharisiens incita un homme ayant une main desséchée à
s'approcher de Jésus pour lui demander s'il était licite d'être guéri le
jour du sabbat, ou s'il devait attendre le lendemain pour chercher
secours. Quand Jésus vit l'homme, entendit ses paroles, et perçut qu'il
avait été envoyé par les pharisiens, il dit: « Avance-toi pour que je te
pose une question. Si tu avais une brebis et quelle tombe dans une fosse
le jour du sabbat, étendrais-tu la main pour la saisir et la retirer de la
fosse? (1)» Et l'homme répondit: « Oui, Maître, il serait licite de faire
cette bonne action le jour du sabbat ». Alors Jésus s'adressa à tout
l'auditoire en disant: « Je sais pourquoi vous avez envoyé cet homme en ma
présence. Vous voudriez trouver un motif pour m'inculper en me tentant de
faire preuve de miséricorde le jour du sabbat. Par votre consentement
tacite, vous avez tous estimé qu'il était licite de retirer de la fosse la
malheureuse brebis, même le jour du sabbat. Je vous prends tous à témoins
qu'il est licite de montrer une affectueuse bonté le jour du sabbat, non
seulement envers les animaux, mais envers les hommes. Combien un homme a
plus de valeur qu'une brebis! Je proclame qu'il est légal de faire du bien
aux hommes le jour du sabbat ». Puis, tandis que l'assemblée se tenait
devant lui en silence, Jésus se tourna vers l'homme à la main desséchée et
lui dit: « Tiens-toi debout à côté de moi pour que tout le monde puisse te
voir. Et maintenant, afin que tu saches que mon Père veut que l'on fasse
du bien le jour du sabbat, et si tu as la foi pour être guéri, je te
demande d'étendre ta main » (1).
(1) Cf. Matthieu XII-9 à 13.
Pendant que l'homme étendait sa main desséchée, elle fut rendue saine.
Les spectateurs eurent envie de se retourner contre les pharisiens, mais
Jésus les pria de rester calmes et dit: « Je viens de vous dire qu'il est
permis de faire du bien le jour du sabbat, de sauver une vie, mais je ne
vous ai pas commandé de faire du mal et de céder au désir de tuer ». Les
pharisiens s'en allèrent irrités et, bien que ce fût le jour du sabbat,
ils se rendirent en hâte à Tibériade pour prendre conseil d'Hérode. Ils
firent tout ce qui était en leur pouvoir pour éveiller ses préventions
afin de s'assurer l'alliance des Hérodiens contre Jésus, mais Hérode
refusa de prendre des mesures contre Jésus et leur conseilla de porter
leurs doléances à Jérusalem.
Cette guérison fut le premier miracle accompli par Jésus en réponse au
défi de ses ennemis. Le Maître accomplit ce miracle non pour démontrer son
pouvoir de guérison, mais pour protester efficacement contre la loi
transformant le repos religieux du sabbat en un véritable esclavage de
restrictions vides de sens pour toute l'humanité. L'homme guéri reprit son
travail de maçon et se révéla comme l'un de ceux dont la guérison fut
suivie d'une vie d'actions de grâces et de droiture.
8. -- LA DERNIÈRE SEMAINE À BETHSAÏDE
Durant la dernière semaine du séjour à Bethsaïde, les espions de
Jérusalem furent très partagés sur l'attitude à prendre envers Jésus et
ses enseignements. Trois de ces pharisiens étaient prodigieusement
impressionnés par ce qu'ils avaient vu et entendu. Entre temps, à
Jérusalem, un jeune membre influent du sanhédrin, nommé Abraham, adopta
publiquement les enseignements de Jésus et fut baptisé dans l'étang de
Siloé par Abner. Tout Jérusalem fut en émoi à propos de cet événement, et
des messagers furent immédiatement envoyés à Bethsaïde pour rappeler les
six espions pharisiens.
Le philosophe grec qui avait été gagné au royaume lors de la précédente
tournée en Galilée revint avec certains riches Juifs d'Alexandrie, qui
invitèrent une fois de plus Jésus à se rendre dans leur ville pour y
établir une école mixte de philosophie et de religion, ainsi qu'une
infirmerie pour les malades; mais Jésus déclina courtoisement leur
invitation.
Vers ce moment arriva au campement de Bethsaïde un prophète extatique
nommé Kirmeth, venant de Bagdad. Ce prétendu prophète avait des visions
spéciales quand il était en transe, et faisait des rêves fantastiques
quand il était troublé dans son sommeil. Il créa une perturbation
considérable au camp. Simon le Zélote était d'avis de traiter plutôt
rudement le simulateur qui se trompait lui-même, mais Jésus intervint pour
lui laisser toute liberté d'action pendant quelques jours. Tous ceux qui
l'entendirent prêcher reconnurent bientôt que son enseignement était
malsain par comparaison avec l'évangile du royaume. Kirmeth ne tarda pas à
repartir pour Bagdad en n'emmenant avec lui qu'une demi-douzaine d'âmes
instables et erratiques. Toutefois, avant que Jésus n'eût intercédé en
faveur du prophète de Bagdad, David Zébédée, assisté d'un
comité qui s'était formé spontanément, avait emmené Kirmeth en bateau sur
le lac; après l'avoir plongé à plusieurs reprises dans l'eau, on lui avait
conseillé de s'en aller au plus vite
-- d'organiser et de construire son propre camp.
Le même jour, une Phénicienne nommée Beth-Marion devint si fanatique
quelle perdit la tête et fut renvoyée par ses amis après avoir manqué de
se noyer en essayant de marcher sur l'eau.
Abraham le pharisien, le nouveau converti de Jérusalem, donna tous ses
biens terrestres au trésor apostolique. Cet apport contribua beaucoup a
rendre possible l'envoi immédiat en mission des cent évangélistes
nouvellement instruits. André avait déjà annoncé la fermeture du camp, et
chacun se prépara soit à rentrer dans ses foyers, soit à suivre les
évangélistes en Galilée.
9. -- LA GUÉRISON DU PARALYTIQUE
Le vendredi après-midi 1ier octobre, Jésus tint sa dernière réunion
avec les apôtres, les évangélistes, et les autres chefs du campement
dispersé. Les six pharisiens de Jérusalem étaient assis au premier rang de
cette assemblée dans la spacieuse salle agrandie, sur la façade de la
maison de Zébédée. Un des plus étranges et des plus extraordinaires
épisodes de la vie terrestre de Jésus eut alors lieu. Le Maître était en
train de parler debout dans la vaste pièce qui avait été construite pour
abriter ces réunions durant la saison des pluies. La maison était
entièrement entourée par une grande affluence de gens qui tendaient
l'oreille pour saisir quelques bribes du discours de Jésus.
Tandis que la maison était ainsi bondée et entourée d'auditeurs
ardents, un homme depuis longtemps atteint de paralysie fut amené de
Capharnaüm, sur un petit lit, par ses amis. Ce paralytique avait entendu
dire que Jésus était sur le point de quitter Bethsaïde. Après en avoir
parlé avec Aaron, le maçon tout récemment guéri, il résolut de se faire
porter devant Jésus pour y chercher la guérison. Ses amis essayèrent de
pénétrer dans la maison de Zébédée par la porte de devant et par la porte
de derrière, mais la foule était trop compacte. Le paralytique refusa
néanmoins d'accepter la défaite; il demanda à ses amis de se procurer des
échelles grâce auxquelles ils montèrent sur le toit de la salle où Jésus
parlait. Après avoir détaché des tuiles, ils firent audacieusement
descendre le paralytique par des cordes, jusqu'à ce que son lit reposât
sur le plancher immédiatement devant le Maître. Lorsque Jésus vit ce
qu'ils avaient fait, il s'arrêta de parler, tandis que l'assistance dans
la salle s'émerveillait de la persévérance du malade et de ses amis. Le
paralytique dit: « Maître, je ne voudrais pas troubler ta leçon, mais je
suis résolu à devenir bien portant. Je ne ressemble pas à ceux qui
reçurent la guérison et oublièrent aussitôt ton enseignement. Je voudrais
être guéri pour servir dans le royaume des cieux ». Bien que cet homme eût
été frappé d'infirmité à cause de sa vie dissolue, Jésus, voyant sa foi,
dit au paralytique: « Fils, ne crains point; tes péchés sont pardonnés; ta
foi te sauvera » (1).
(1) Cf. Matthieu IX-2, Marc II-5 et Luc
V-20.
Quand les pharisiens de Jérusalem, ainsi que d'autres scribes et
légistes assis avec eux, entendirent cette déclaration de Jésus, ils
commencèrent à se dire: « Comment cet homme ose-t-il parler ainsi? Ne
comprend-il pas qu'il blasphème? Qui peut pardonner les péchés, sinon
Dieu? » Percevant dans son esprit qu'ils raisonnaient ainsi dans leur
propre pensée et entre eux, Jésus s'adressa à eux en disant: « Pourquoi
raisonnez-vous ainsi dans votre coeur? Qui êtes-vous pour me juger? Quelle
différence y a-t-il si je dis à ce paralytique: tes péchés sont pardonnés,
ou si je lui dis: lève-toi, prends ton lit, et marche? Mais afin que vous,
qui assistez à tout ceci, sachiez définitivement que le Fils de l'Homme a
autorité et pouvoir sur terre pour pardonner les péchés, je dis à cet
infirme: Lève-toi, prends ton lit, et rentre chez toi ». Lorsque Jésus eut
ainsi parlé, le paralytique se leva, l'assistance lui fit un passage, et
il sortit devant tout le monde. Ceux qui virent ces choses furent
stupéfaits. Pierre congédia l'assemblée, tandis que nombre de spectateurs
priaient et glorifiaient Dieu en confessant que jamais auparavant ils
n'avaient vu des événements aussi étonnants.
C'est à ce moment que les messagers du sanhédrin arrivèrent pour
demander aux six espions de rentrer à Jérusalem. Lorsqu'ils reçurent ce
message, ils eurent une sérieuse discussion entre eux. Après en avoir
terminé, le chef et deux de ses associés retournèrent avec les messagers à
Jérusalem, tandis que les trois autres espions pharisiens confessèrent
leur foi en Jésus, allèrent immédiatement au lac, furent baptisés par
Pierre, et furent admis par les apôtres dans la communauté en tant
qu'enfants du royaume.
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